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lundi, février 23, 2004

[aujourd'hui la pluie et le sable se transforment en une boue glissante et purificatrice]
il n'y a plus de moyen de regarder le monde sans trembler sur sa couche, on se dit qu'il y a tant de violence ; si tant que personne n'est plus épargné par sa vue, son odeur, et les sons qui montent d'affrontements sans buts. hier, la manif de lepen finissait à castellane, près du cinéma qui m'attirait, et j'ai regardé l'homme qui pliait son drapeau les yeux un peu vides. c'est moi qui avais les yeux vides car je rêvais en souriant "donc, ces gens sont ceux qui aiment lepen, je n'en connais pas [que je sache], alors regardons si ces humains sont différents [de couleur, forme de nez, étincelle du regard, habits, mouvements, façon de s'exprimer] - et je savais la réponse négative, puisqu'il n'y a pas de différence, même si les apparences varient. et l'homme me demande si je cherche mon bus - car tous rentraient dans leur petite vie après cette démonstration d'amour pour celui qu'ils estiment honnête et est un voleur comme presque tous les grands riches du moment. alors j'ai dit que non puisque je suis de l'autre camp, de ceux qui continuent à croire que l'amour et le partage aident à organiser l'activité humaine de façon plus valorisante pour tous, qui ne croient pas qu'on gagne à humilier son ennemi et que la mort de l'autre ne peut jamais réjouir. mais j'ai eu peu de place pour parler car une femme à l'air normal, se transforma en furie pour m'expliquer que je ne comprenais rien parce que j'étais trop jeune, et qu'avec son expérience, je saurai le danger venant. et l'homme de m'annoncer la tiers-mondisation de mon pays, sur quoi je le suis facilement, mais malheuresement sans les mêmes prémisses. je suis perdue face à ces gens qui me veulent du bien, mais ne savent parler qu'en criant, je vois pourtant qu'il m'aiment bien et me voient comme une des leurs. je suis où, là ? devant les yeux d'une caméra qui me suis avidement je réponds que je ne suis pas avec eux puisque je crois à l'amour - a-t-on entendu réplique plus stupide ? a-t-on vu adulte d'apparence si bêtement sortir des rêves d'enfants devant un public qui ne connaît pas le mot ? et de leur dire avec un sourire "je ne peux pas répondre si vous criez tous en même temps." ce qui me semble vrai à cet instant-là. mais la question peut devenir : "si on regarde la télé, sait-on de quel côté je suis et me croit-on de ce bord-là ?"
mais ma demande d'amour universel n'est pas exaucé puisque l'homme qui a osé crier et taper une affiche de lepen se retrouve coincé sous les coups de 15 policiers (les républicains qui font la sécurité) - si les photos sortent bien, je les posterai. je trouve ça horrible et parle aux policiers, tandis que le responsable du cinéma où je me rends crie à pleurer, est à deux doigts de s'en prendre une, mais tous les deux sommes gérés par un chef aux yeux bleus perçants et à la bouche sèche, ni méprisant, ni agressif, mais d'un dirigisme sûr et froid, qui nous enjoint à partir. tandis que mon compagnon de réaction crie "il n'a rien fait, je l'ai vu", je regarde l'homme dans les yeux "expliquez-moi pourquoi vous vous croyez tout permis, expliquez moi pourquoi vous avez tous les droits", et mon petit ami m'engueule le soir car parler à cet homme ne sert à rien, et moi je crois que si, qu'il pourra choisir un jour, qu'il est un homme avant d'être un soldat, et que la conscience de cette appartenance à un mode unique d'existence ne lui est pas interdit du fait de sa profession.
le type n'était pas très amoché, et surtout leur parlait très calmement en disant "oui je vous suis", mais je le trouvais très fort. ils ont un peu tapé ailleurs aussi, je crois, sur d'autres têtes. et puis mon film parlait de l'esclavage moderne, produit par un esclave lui même, où les rapports de pouvoir injustes ressemblent à des poupées gigognes emboîtées sans grand ordre. et le soir encore, j'ai vu un homme en battre un autre, taper sous son menton en lui relevant la tête vers l'arrière (ce qui me fait frémir car je connais en ce moment une entorse cervicale qui se joue de moi).
et donc je crie - toujours inutile sous le ciel chargé de nuages - "on ne bat pas quelqu'un, il ne faut pas battre les gens". et les femmes autour crient, leur enfant dans les bras, l'homme fait semblant de s'éloigner pour recommencer vite le combat. je n'ai rien à faire là.
comment puis-je encore, dans un corps de presque trente ans, avoir des croyances aussi absurdes que celle de croire que l'on pourrait vivre mieux que ça avec un peu de raison, de compassion, et d'empathie. si seulement des sentiments pouvaient naître qui ne soient ni l'attrait du pouvoir et de l'argent - mais je me fais l'impression d'un enfant ignare et un peu benêt, mal sorti du giron familial, incapable de suivre le principe de réalité et coincé entre des apparences trompeuses. il faut donc faire la fête et boire de longues gorgées de bière pour sentir une légèreté perdue. je ne veux pas que mes pensées idiotes dérangent les gens. alors il faut les taire. mais l'alcool ne semble pas si efficace que ça.
je me demande pourquoi manger des loukoums ne transforme pas les monstres en innocents, moi qui croyait que la rose avait toutes les vertus. et puis sais-je même dicerner les monstres des braves gens ? peut-être que ce sable du désert qui nous envahit et se transforme sous la pluie en anti-savon sale et glissant, agaçant les possesseurs de voitures, est un avant-signe des calamités à venir ? les sauterelles la semaine prochaine ? qu'en pense la télé ?

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