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vendredi, septembre 30, 2005

être français, se plaindre 

je viens de passer une heure à une tâche que je n'oserais désigner de rébarbative tant ce mot me semble poli. un éditeur adorable ayant décidé de ne pas attendre notre dernière version (avec un co-auteur) pour commencer son travail de mise en forme ET NE NOUS AYANT PAS PREVENUS, j'ai eu à découvrir une fonction de word infernale : fusion et comparaison de document, pour pouvoir signaler à monsieur, ex-post, toutes les modifications que nous avions effectuées. j'ai donc colorié de bleu, à sa demande, des petits mots répartis parmi les 5000 que nous avions étalés puis modifiés. la vie de chercheur présente des aspects fascinants.
j'ai oublié de raconter deux petites choses qui ont effleuré ma conscience dans un de ces instants rares bénis où elle était éveillée.
pour ceux que ça intéresse : il n'y a toujours pas d'eau chaude au hombu dojo (qu'on écrit 本部 j'ai trouvé toute seule). c'est un peu dur maintenant mais en hiver ?
sinon avec vladimir (appelé ici valodja qui est le surnom habituel russe, car vladimir est imprononçable par les japonais), nous parlons parfois en japonais plutôt qu'en anglais car il parle comme une vache espagnole. cette situation vaguement cocasse a fait beaucoup rire kuribayashi sensei, au 本部.
les détails du japonais qui sont toujours aussi traumatisants : j'entendais ce matin a. dire taishoofu (pour daijoobu). j'ai demandé si ça avait un rapport avec le fait que les français qui lui écrive des emails oublie les てんてん - ゛- qui changent la pronociation de beaucoup d'hiragana en durcissant le son (f à b, t à d, k à g, sh à j, ts à dz, s à z, j'en oublie sûrement et exhaustiver n'est jamais très bon de toute façon). est donc apparu la ジュリエット 道 si j'ai bien compris la fin de la blague. je ne suis pas sûre que ce soit typiquement de l'humour nippon, ça. je n'y connais toujours rien.
pour lire des histoires d'amour il faut se tourner vers kawabata me dit-on...

jeudi, septembre 29, 2005

les lectures 

il ne faut jamais oublier de lire. les auteurs du XXième, parfois étaient des femmes. il y a deux que j'aime bien, un peu grâce à des amis qui les ont mises sur ma route, même si elle n'étaient de toute façon pas très difficiles à trouver. marguerite yourcenar et colette. elles parlent d'amour, et je pense qu'elles savent de quoi il s'agit, d'amour qui passe par les corps qui se découvrent et se trouvent, des feux que cet amour provoque dans l'âme, de l'impossible communication du désir et de la flamme entre des amants autrement qu'à travers des unions qui les comblent et les vident en même temps (ce sont des grands auteurs, la contradiction est leur beurre quotidien). dans ce que je lis, les hommes jeunes ont peur de leur désir et se perçoient violents et destructeurs dans la relation. ça me rassure de constater que je ne suis pas la seule à avoir observé cette angoisse (ou cru observer cette angoisse, puisqu'il y a prédominance de points de vue féminins dans cette histoire). dans la possession, l'homme est violent et la femme jalouse et exclusive, voilà ce qui ressort des lectures.
alors maintenant, chez les japonais, je ne me suis penché qu'un peu sur le sujet, et ça m'a semblé plus simple si les amants réussissent à être honnête l'un envers l'autre (chez mishima, qui croit å la fusion dans l'amour où idéalisation et fantasme ne gène pas la communication) et infiniment plus violent et mesquin quand la relation est plus tendue (mais il s'agit d'un polar, et d'un être hors du monde réel, chez edogawa ranpo). trop limité.

mercredi, septembre 28, 2005

le mensonge 

je mens à mes lecteurs sans cesse, en bidouillant les dates d'édition du blog, faire oublier mes manquements et mes retards, voilà mon principal souci. le blog pèse plus à celui qui l'écrit qu'à celui qui le lit en ce moment. on se perd dans des contradictions internes. le désir de rester dans un pays où la vraie raison de la présence (la pratique martiale) apporte plus qu'on ne le souhaiterait, amenant à imploser un peu sous la pression d'un apprentissage trop complet ; où le plaisir dilletante lié à la découverte d'une langue qui marche la tête à l'envers est immense et quotidien, despérant et drôle ; où certaines amitiés adultes reconfortent étrangement par une sensation de confiance calme. le désir de construire chez soi, à la maison, le sens qui manque quand on vit comme une étrangère, quand on donne du bout des doigts électronique et qu'on ne participe pas à constuire des îles (essayer de) au milieu du naufrage idéologique et écologique international. on peut vivre comme des enfants toutes sa vie, finalement, c'est assez simple et personne ne le reprochera en ce moment.
je refais le monde en parlant du japon. p.b., un professeur, il y a quelque temps, m'a dit "je ne dis plus rien sur le japon, car ma vision évolue à chaque fois que j'y viens". j'y viens chez lui signifie un ou deux mois par an depuis 20 ans, et il parle un peu, lit un peu (et un peu n'a l'air de rien, mais signifie toujours ici une immersion très importante). je garde toujours sa phrase en tête, en me demandant si elle ne s'applique pas à tous les groupes humains, à tous les individus, à toutes les situations ; mais comme je n'ai pas peur des mots, je me permets de donner des avis et poser des phrases qui se contredisent d'un jour à l'autre. alors j'ai discuté avec olivier, un nouveau jeune collègue de ma belle institution mère, tout nouvellement recruté, et qui entretient des liens forts et professionnels avec le japon. et nous n'étions pas d'accord sur la notion de groupe, peut-être, de société, de solidarité, d'économie et avec un regard sur des objets similaires, ne portions jamais les mêmes conclusions. Peut-être est-ce parce qu'à travers l'aikido je m'étais habitué depuis longtemps à la notion de responsabilité individuelle, qui exclut de façon définitive l'idée que la charité est une forme de redistribution necessaire et légitime de la société. Si les gestes sont différents pour la redistribution des richesses, ici (donner du travail à tout le monde, traditionnellement, avec difficulté à effectuer une transition vers un état stable quand ce processus n'est plus possible) les logiques qui la sous-tendent sont aussi d'un autre ordre, puisque l'on dit bien qu'il faut appartenir et que celui qui est dehors n'existe pas. une solidarité forte et une construction identitaire possible seulement à l'intérieur d'un groupe, avec un coût d'entrée dans ce groupe qui est inimaginable pour des français qui ne sont pas passé par des classes prépa (anciennement) ou médecine (je crois encore, même si les pratiques claniques sont un peu combattues chez nous maintenant). humiliation, lenteur dans l'ascension sociale, ostracisme légèrement aléatoire, reproduction subséquente vers les plus jeunes qui doivent eux aussi accepter des rites initiatiques qui leur mangent une énergie et un temps aberrants, tout cela est ici généralisé à la moindre activité et toutes les classes de la société, pas seulement aux cercles dirigeants. c'est largement choquant pour les enfants de la république. en tout cas ça crée des différences cognitives nettes dans la définition de l'échec social, de la reconnaissance d'un exclu économique comme un autre ou un soi, le racisme, et tout un tas de traits secondaires. nous parlions de ça et nous n'étions pas d'accord. et comme je ne suis pas d'accord avec le moi de la semaine dernière sur le sujet, je suis un peu perdue.
à chaque fois que je vais dans une conférence, les gens demandent ce que l'on doit choisir comme théorie sociale, et j'admire sans cesse ceux qui parlent d'une théorie sociale comme d'un objet stable, avec un début et une fin, des paradigmes et des causalités, des axiomes. c'est au-delà de ma cognition.
je tiens à préciser que j'écris ça en écoutant du tricky, mon oreille du moment, qui me réjouit par sa perversité cynique.

mardi, septembre 27, 2005

organisation reussie 

parfois l'organisation japonaise est efficace. hier je suis sortie du train a shinagawa a 19h48. a 19h50 je me presentai devant la machine automatique, qui me parla en anglais (mieux que beaucoup de machines de la sncf), je payai mon ticket avec des billets et des pieces avalees goulument par la petite fente. a 19h52 je passai mes billets dans le tourniquet, qui tournicota, je descendis l'escalator, j'arrivai sur le quai au niveau de la voiture 3 (1,2,3 sont pour les billets sans place reservee, 3,4,5 sont pour les fumeurs). le shinkansen fit son entree devant mes yeux ebahis et demarra a 19h54. je n'ai pas sué une goutte de course ou de peur de le rater. et shinagawa c'est pas une gare particulièrement minuscule (bon je la connais bien maintenant : il y a triche).

lundi, septembre 26, 2005

le paradis des hommes-pingouins 

a chaque fois que je penetre dans le temple de l'aikido, je tremble un peu, car je suis sure de ne rencontrer que la creme de la creme. cette remarque ne concerne pas, bien sur, les secretaires de l'accueil qui sont d'un inamabilite rare et qui ne sont pas capables de mobiliser un interprete pendant trois minutes (j'euphemise en disant qu'il y a beaucoup d'etrangers qui passent au hombu dojo). d'apres ceux qui connaissent, cette realite est de toute eternite - faut il donc par la mauvaise grace signaler l'importance du sanctuaire que l'on protege ?
il n'empeche que le lieu n'a pas besoin d'un tendre accueil pour etre tres agreable, avec une ambiance de serieux qui aide a se centrer des avant le debut du cours, que ce soit a l'etage des grands ou a l'etage des petits (le troisieme c'est les grand, le deuxieme c'est le cours debutants, ou l'on est aussi autorise a aller faire des galipettes meme si on a les jambes bleues). l'ambiance change beaucoup en fonction des horaires (plus ou moins de gens) et les profs. le cours de yasuno sensei est plein de jeunes qui bastonnent serieux (par exemple). seki sensei est tres gentil et l'ambiance est plus calme. il explique tres calmement au uke ce qu'il doit faire et a l'air de vous garder tant que vous ne suivez pas comme il veut. il parait qu'il fait la meme chose depuis 30 ans, et meme si on peut prendre ca d'une facon negative, pour moi c'est signe d'une constance impressionnante, vraiment. ca me semble aussi fort que d'innover tout le temps. je souris en regardant les jeunes ushedeshi (l'un d'entre eux etant assez joli, ce qui rajoute au plaisir de le regarder se faire ecraser par terre avec souplesse et sincerite) et en me disant que les vieux profs calmes ont ete eux aussi des animaux bondissants de ce type, plein d'entrain et d'une vitalite d'hormones bizarrement placees (il faut etre bizarre pour utiliser ses hormones a prendre des pains sur un tatami trop dur).
car le tatami du hombu dojo ne donne pas envie de faire des chutes claquees. il est tres gentil quand il s'agit de marcher ou de se relever, car on ne s'enfonce pas dans 20 cm a chaque fois. pour ce qui est de l'accueil du petit corps pas assez detendu quand il va vers le sol, je trouve qu'il est moins au point. il est blanc et peu glissant, tres elegant sous les rayons du soleil levant.
au soleil du matin, je l'ai d'ailleurs contemple, puis j'ai eu moins le temps car le doshu est entre, nous avons salue puis j'ai dit salut a mon voisin, qui s'est revele etre un monsieur age et plein de ressources qui m'a fatiguee pour la journee. en fait, l'ambiance du cours du matin (apparemment ma generalisation est assez juste) est peuple de vieux (majoritairement), profs, qui ne viennent pas pour travailler, refusent d'etre uke sinceres, vous expliquent plein de choses et vous disent a la fin que c'est bien. en fait, on a presque l'impression d'etre en france dans les pires stages (attention : ca ne veut pas dire qu'on n'apprend pas plein de choses tres interessantes sur la technique precise, c'est un cours tres enrichissant mais pas tres rigolo). conclusion : en devenant vieux, les japonais ressemblent plus aux francais. c'est bien. (en fait cette remarque est placée ici dans un but purement comique).
pour ce qui est de yasuno sensei, je le trouve eminemment impressionnant, classe et donnant une energie immense. on le touche, on est plus fort (sensation qui s'evapore des qu'on recommence a essayer de manipuler ou de faire chuter a., dans mon club, et que l'echec flagrant ramene sur terre, mais bon...). il fait toujours sa blague de balancer le uke la ou c'est juste par rapport a sa position, sans s'interesser aux limites de la salle ou aux presences humaines eparpillees autour, alors certains finissent sur le parquet, sur leurs copains ou dans les vestiaires. c'est tres beau a voir, mais encore plus beau a sentir. d'aucuns (des francais qui repartent dans leur pays lointain la tete pleine d'images qu'ils veulent partager avec leurs amis) disent qu'ils n'aiment pas car il est violent. pour moi, il vient juste se mettre à l'emplacement qu'on pense atteindre en l'attaquant. comme il y a quelqu'un et que les lois de la physique sont assez stables, on repart en arriere. mais sans plus. apres il marche vers son attaquant alors on recule en étant un peu dans tous les sens. puis il rigole un peu. tres agreable et un peu tres fatigant. il passe voir tout le monde à peu près.
voila un peu une journee où manger beaucoup au milieu et boire de nombreux cafés aide a la survie de l'animal.

dimanche, septembre 25, 2005

pluie (taille-fou ?) 

je reprends taille-fou d'un pote, je trouve ca mignon.
j'ai rerouve le magasin de disque de shibuya qui m'avait tant plu et trouve des habits un peu moins bien avec mes couleurs prfere marron et bleu mais moins bien implique vraiment moins bien meme si moins cher, vous me suivez ?
nous constatons avec les collegues que la comprehension des negociation sur le climat est difficile pour les chercheurs en science politique, surtout quand on voit que les problemes de pollution sont tels et que les americains maintenant s'en prennent directement plein la tete, on ne comprend meme pas pourquoi ils ne changent pas de politique ces gens plein de pouvoir et d'argent. je ris en me disant que peut-etre que les rapports de force vont evoluer tellement vite qu'il faudrait tout de suite prendre des jeunes filles au pair chinoises pour les petits pour etre sur quils puissent parler le mandarin (impossible presque a apprendre a l'age adulte, pour la moyenne de la population). parce que memes si je connais des gens (proches) qui repugnent a parler anglais, je peux assurer a mes lecteurs que nous sommes tres tres chanceux d*avoir cette langue universelle qui est la soeur de la notre, et que quand le grand mirage hollywoodien se sera casse la figure, remplace par les comedies chantantes bengalaises et les films austeres du pays communiste le plus stable et le plus poussiereux, il va falloir s'adapter culturellement pour pouvoir jouer un micro-role sur la scence internationale. les etats-unis sans petrole et sous l'eau, j'ai beau aimer l'humanite et savoir que ces braves gens sont affoles, les images de petasses qui font la queue a 10 stations services vides d*affilee me font plaisir - comme de voir se realiser des predictions avec lesquelles j*ai appris a lire, je me dis que parfois la logique a un impact sur le deroulement des evenements mondiaux.

samedi, septembre 24, 2005

shibuyettes 

comme on le sait, shibuya est le quartier ou est nee la prostitution adolescente au Japon, car les jeunes filles voulaient de l'argent pour s'acheter des habits de luxe. Effectivement, tout y est excessivement cher, sauf ce qui est franchement merdique. personnellement ma preference va a un pagasin ou le moindre pantalon comment a 27000 yen, c'est dire si je suis raisonnable. mais c'est beau, leur street wear de luxe, ya pas a dire, un assemblage de marron et de bleu petard en particulier qui me rejouit la vue.
en attente a la sortie est de la gare je vois quelques personnages, dont des beaux mecs aux long cheveux qui se prennent pour des stars et les minettes qui vont avec, a moitie a poil, qui se precipitent les magasins de luxe ou leur minet doit s'assoir dans un coin pour les laisser choisir. petasse et barres sont donc bien au rendez-vous.
il y a aussi un type qui passe a toute allure sur son skate en tenant un velo a la main et en slalomant entre les innocents pietons. une fille qui est tournee face au mur, sns particulierement telephoner ou faire quoi que ce soit, juste face au mur. certains distributeurs de rues (des distributeurs humains) ne donnent pas des mouchoirs, des flyers ou des eventails, mais cette fois fournissent des petites boites rouges qui m'intriguent mais auquelles je n'ai pas droit en tant que gaijin.
je note pendant ma conference que quand les questions sont posees en japonais il y en a plein, et meme des qui sont limites irreverencieuses par les jeunes vers les professeurs. je vois la presentation d'un systeme ou on decrit la situation avec un langage qui ressemble a uml et qui produit direct le code en java, je suis bluffee en voulant bien y croire et en imaginant comme c'est utile pour nos buts proches de recherche, en me souvenant alors douloureusement que je dois apprendre a programmer en java et fissa. enfin, un monsieur est completement couvert de plaques rouges sur le corps, et comme on m'a dit que ca arrive souvent ici je me demande si c'est maladie de genre allergie a la pollution ou de genre stress-based. ca a l'air pas tres agreable car il se plaint parfois. je n'ose pas lui demander.

vendredi, septembre 23, 2005

encore du mouvement 

d'auncuns prétendent que je ne tiens pas en place. Je réponds que c'est faux mais que je parfois bouge. C'est vrai que là c'est un départ à Tokyo qui va me séparer de mon petit blog qui reçoit un peu peu d'attention en ce moment, comme si les mots oublaient que la fluidité est le seul état où on les accepte. alors je rate une fête sur les bords de la kamogawa partie est ce week-end, juste après les puces de Kitano, un des plus chouettes spot de puces de Kyoto où j'amènerai sûrement mon petit frère le mois prochain chouette.
car ce mois à venir sera celui des visites, ce qui laisse à penser que mon blog se gorgera d'aventures extraordinaires, bien plus palpitantes que celles qui émanent de mes lectures sur les comptoirs au Japon à la fin du XIXème et les problèmes dans l'établissement des contrats entre les différents marchands, certainement tous pas copains entre eux, avec les mêmes problèmes de communication que ceux que l'on trouve entre Madame Butterfly et son mari marin du nouveau continent. mb se marie en croyant que l'âme soeur lui offre un mariage de chez lui, à contrat ferme d'où l'on se désebgage difficilement, mais le bougre prend ça pour un mariage japonais d'où l'on divorce unilatéralement. le drâme débute avec peu de chance de s'arrêter, avec des malentendus pareils. et voici le japon toujours en mal dans ses relations avec ces satanés américains qui apprennent à jouer au poker avant de savoir parler. c'est pas en s'associant à ces fanatiques de dieu que leur pays va s'en sortir, tiens.

sinon, avec y. nous nous ravissions d'une grande capacité des autochtones peu connue dans nos contrées. nos remarques rejoignaient une phrase que y. sensei (je ne met que les initiales tant que j'ai oublie de demander si je peux notifier leur identite aux participants inconscients de cette grande fresque orientale qui s'étale devant vos yeux): "e. et les autres filles, a l'aikido, elles ont peur, mais ca ne se voit pas". et c'est ca qui fait la difference avec nous autres petits occidentaux mal degrossis. quand nous avons peur, on peut le voir sur notre visage par des expressions dont l'interpretation est nette et sans appel. poru les nippons, sauf s'ils font du butoh ou du kyogen, on ne lit pas les sentiments. pour la peur, avec un peu d'entrainement, on peut identifier immediatement un comportement un peu aberrant, vaguement compulsif et repetitif serait la description la plus neutre, mais on ne peut pas le voir sur la face. et ca, nous, on admire (outre le fait qu'a l'aikido c'est reellement utile et meme une base exigee de nos professeurs divers).

avec y., nous discutions de cela dans un restau a ramen a côté de chez moi, où les serveurs ont ce look impayable de l'employé qui bosse dans des lieux un peu salissants où de la nourriture est impliquée : mouchoir-serviette sur la tete, tablier, pantalon court et grosses bottes de caoutchou. élégance et raffinement exotique au rendez-vous.

sur ce, allons visiter la capitale qui chaque fois nous emplit de surprise zet d'émerveillement.

jeudi, septembre 22, 2005

les amitites evolutives 

on peut observer que l'amitie est un des liens sociaux qui evoluent d'une facon incomprehensible. l'amour est pas mal non plus pour l'etrangete, mais quand il est dans sa pente ascendante, on se garderait bien de faire des commentaires.
or donc, ici j'ai un nouvel ami, le seul que je sens a peu pres au labo bien que nous echangions 4 mots par semaine, ras du bitume dans un anglais-nippon approximatif. il reussit neanmoins a m'integrer un peu dans le groupe. maintenant qu'il a compris que j'apprends douloureusement le japonais (comprenant d'autant mieux qu'il galere grave chez shakespeare) il me fait dire une phrase a chaque rencontre. souvent assez simple, mais avec sa facon de voir, ce qui rend les choses un peu plus justes que ce que je produits normalement. cela a permis il y a quelques jours une scene incroyable ou 5 mecs du labo m'ont parle (en meme temps, comme dans un groupe normal, c'est une premiere pour des gens qui n'osent toujours pas me dire bonjour) en me racontant les epreuves qu'ils doivent passer en anglais pour obtenir un travail. au moment ou ils partent pour le job quest (a la fin de la premiere annee de master - un an avant d'avoir fini il faut avoir trouve une position), il mettent un petit diplome de type toefl dans leur poche. un bonus voire une necessite.
vu comment ils mettent les mots l'un derriere l'autre, je ne sais pas si les employeurs sont assez cons pour se laisser avoir par leur bout de papier.
mais bref, je vois maintenant l'interet d'avoir au moins une personne qui m'aime bien, ca me fait communiquer.
pour les autres amities, je suis incapables d'entretenir, j'ai l'impression, que ce soit franco ou japonais, comme si le temps etait si rare. je pense que je me debrouille comme une m. mais ce n'est surement pas un drame intersideral. alors je lis. je reve. je n'ecris pas puisque (comme les lecteurs assidus ont pu remarque) les mots sont absents comme les idees et les remarques pertinentes. je ne vois plus rien, car l'habitude tue le regard.
ici il n'y a pas de poubelle individuelle. soit on met ses sacs sur le trottoir, uniquement le jour de ramassage (lundi-jeudi) et on se demerde chez soi avant, soit on vit dans un grand immeuble collectif (c'est mon cas), et on a droit a une petite piece qui sent mauvais pour deposer des poubelles accumulatives. un monsieur, celui qui nettoie la cage d'escalier, sort les sacs les matin dits (aujourd'hui donc). il fait partie de ces tres nombreux vieux qui travaillent encore a des taches peu gratifiantes et surement epuisantes car le nettoyage de sol pour des collectivites, c'est pas ce que je recommanderais apres 60 ans.
dans mon garage il y a de tres grosses et belles voitures creme et grise. on se demande pourquoi vivre dans un taudis (mon immeuble est tres laid jusqu'a la porte de l'appartement) et avoir une caisse de luxe. enfin, on se demande quand on est membre des 5% de l'humanite qui trouve que la voiture personnelle est un objet inutile et encombrant, en aucun cas valorisant pour la personnalite.

mercredi, septembre 21, 2005

scions scions du bois 

il me semble que c'est la coupe d'automne des arbres du coin. depuis deux jours les tronconneuses s'agitent et les odeurs d'herbe fraiche entourent la fac.
j'ai passer ma journee a installer des donnees ou faire du japonais. je n'ai rien a raconter. ici l'ambiance est au mou. tout le monde dort comme une patate (de m. a guillaume), les changements de temps vont mal aux petits europeens. il parait qu'il faut plusieurs annees pour se faire au climat d'ici.

mardi, septembre 20, 2005

conseil de guerre 

j'ai bu un cafe avec y. sensei, qui m'a donne des conseils pour un passage de dan. peut-etre ne pourrais-je pas passer le nidan ici, pour des raisons administratives classiques (il faut etre inscrit au japon avec un shodan depuis au moins deux ans - a verifier lundi quand je serai au hombu) mais tout vaut pour un passage de shodan, de toute facon...
il faut devenir plus forte. surtout que j'ai dit mon desir de devenir enseignante un jour, et pour cela il faut pouvoir casser la gueule a des grands costauds qui veulent la baston, aussi. c'est-a-dire ce qu'on appellera "s'adapter a toutes les corconstances". y. sensei encourage les filles a devenir enseignantes parce qu'elle estime qu'il n'y en a pas assez. peut-etre que sur le tatami les japonais sont moins macho, mais il n'y a malgre tout pas de femme prof au hombu.
il faut aussi avoir une bonne alimentation quand on fait beaucoup de sport comme 4 entrainements par semaine, et ca permet de rester forte meme quand on devient encore plus vieille qu'on ne l'est deja (car trente ans est la limite de la vieillesse a partir de laquelle il faut faire attention a soi). bien sur, nous autres voulons monter avec plaisir sur un tatami jusqu'a 70 ans au moins, et il s'agit donc de se preserver.
il faut aussi que je fasse des progres en ukemi en augmentant la stamina, en travaillant la posture et en reduisant la peur. pour ca, je dois choisir avec qui je pratique sur le tatami (c'est bien la premiere fois qu'un prof dit ca, mais c'est une instruction qui se situe localement dans le temps) pour que l'entrainement soit toujours fluide et rapide et donc fatigant. je dois aussi diversifier les professeurs en allant faire des stages, passant au hombu, allant voir des dojo vers kobe et autres.
finalement, je suis trop statique et dois travailler l'avant-arriere pour aspirer-renvoyer, et arreter d'avoir mes bras a l'exterieur de mon corps - les rendre solidaires.
si je raconte tout ca, c'est parce que je suppose que ces problemes sont un peu des universaux, n'est-ce pas ?

lundi, septembre 19, 2005

manger des soba 

il ne faut pas oublier que la nourriture japonaise est tres variee (meme si les occidentaux n'y voient que sushi) et que l'on peut vraiment etre triste de ne pas tout trouver en europe.
si le tempura peut-etre un delice et le domburi un bon casse-dalle aux gouts multiples, la soba est un bonheur de tous les instants, subtil et leger. bizarrement, meme productrice de sarrazin, la france ne l'utilise guere ailleurs que dans les crepes. en russie et en pologne (et peut-etre autour dans le coin), on mange le sarrazin en graine directement, c'est bien. ici, la graine s'utilise grillee pour faire un the parfume et sans cafeine. la soba est une nouille verdatre qu'on peut manger en soupe ou froide trempee dans une petite sauce de soja, avec de la moutarde et du radis rape. a la fin du repas, on verse l'eau de cuisson dans la sauce et on boit la soupe obtenue.
je raconte ca parce que je m'en vais dans la foret marcher jusqu'a yamashina et tester un restau de soba au toit de chaume et a la reputation excellente.

dimanche, septembre 18, 2005

sous la lune la fete 

hier soir, presque la pleine lune (surement qu'elle est plutot ce soir), les hippies americains ont organise une fete a l'est de Shugakuin. ca nous permet (d. et moi) de visiter un debut de montagne enchanteur. nous arrivons trop tot, mais nous en profitons pour etre utiles et nous amuser en mettant le feu. les hippies sont bien organises, puisqu'une fois que le petit bois a commence a bruler sec et s'est consume de moitie, nous demandons ou est le vrai bois. alors la, seulement la, les hippies partent chercher du bois (humide). jai eu une petite inquietude pour la suite. injustifiee.
il y a eu de la musique sortant d'un ipod, des lumieres oscillantes qui faisaient croire a des arbres furieux sous la lune, des jeunes femmes jonglant avec des arcs en ciel, du djembe et des danseurs autour d'un feu new age. dans le petit ruisseau, des jambes de mannequin en plastique posees a l'envers ajoutaient au decalage de notre presence, caches au milieu des arbes et regardant a peine la lune pour laquelle nous etions venus. les kami ne se sont pas plaint du derangement, mais certainement que ces braves dieux s'ennuient le soir et que cette distraction sans mechancete les occupent un peu tous les mois.
en redescendant le terrain pierreux sur mon velo de ville, la nuit sans lumiere, je tombe sur des policiers qu'une vieille dame sollicite pour entendre ses plaintes. il parait que le mois dernier un policier seul est passe, a regarde si le feu etait dangereux, et est reparti rassure. car l'empereur etait dans sa residence dans le coin (c'est dire si c'est un lieu agreable), et les forces de l'ordre craignaient un incendie. vu l'humidite du bois en cette fin d'ete, je n'aurais pas craint grand chose a leur place.

samedi, septembre 17, 2005

des hommes dans des boites 

en partant a l'aikido j'ai
toute seule cette fois
voulu acheter une carte kansai qui me permet de ne pas acheter de billet de train a chaque voyage. guillaume m'avait aidee pour la precedente.
je tape sur kaato, et attends que la machine me dise quoi faire, innocemment. puis je sens que rien ne va marcher, je cherche le bouton d'annulation, le suppose jaune avec quelques lettres barbares dessus, appuie. un homme sors la tete en ouvrant prestement une fenetre sur le cote de la machine. surprise integrale puisque je ne m'attendais pas particulierement a ce que cette boite en aluminium fatigue recele un tresor de ce type. il m'explique en souriant et referme la petite fenetre sur ma gauche. j'ai ma carte.
(l'explication : les machines sont situees a l'arriere du petit habitacle ou sont installes les surveillants a chaque entree principale des gares - non ce ne sont pas de fausses machines visant a conserver les emplois de vendeurs de tickets sous des airs de modernite).

je tiens a preciser que je n'ai rien contre la religion. rien de rien. mais que les temoins de jehovah me reveillent pendant ma sieste, ca ne me va pas du tout. je prefere que ce soit clair.

m. est revenu de son mariage en france. sa femme, japonaise, vit a lyon pour encore un an pour finir ses etudes de chant. j'essaie de lui faire cracher que ce n'est pas si grave que sa cherie soit au loin pendant deux ans, qu'on s'y habitue. il refuse d'aller dans mon sens. la conspiration des hommes.

vendredi, septembre 16, 2005

maruzen 

un des evenements du moment c'est la fermeture de maruzen kawaramachi. c'etait jusqu'alors LA grande librairie pour livres etrangers (principalement anglophones) de la ville. il y a aussi green e-book, sur marutamachi a cote du metro keihan, avec beaucoup de livres d'occasion. et puis pour les francophones l'institut franco-japonais.
apres, il faut etre a l'aise avec le jargon local.
mais l'institution maruzen qui disparait a de quoi rendre triste puisque c'est une branche d'une des plus vieille librairie du japon.
et pourtant, les japonais lisent en apparence beaucoup.
cours de japonais filme pour que la prof puisse faire une demande de travail dans une autre ecole. c'est maintenant.

bien, le cours, c'est du passé.
notez que maintenant, quand je me saisis de pillow (mon power book s'appelle pillow book, il faudrait que je vérifie combien je radotte), je sais faire des accents. je ne sais toujours pas utiliser les majuscules car on ne m'a pas appris lorsque j'étais enfant, un regrettable oubli des affectueux enseignants qui ont à l'occasion tapoté ma tête blonde de contentement (pas blonde de contentement, tapoter de contentement). ils n'ont pas vu, les pauvres, qu'ils avaient par leur négligence engendré un monstre orthographique dont la fainéantise légendaire irait jusqu'à torturer des lecteurs innocents situé à des distances commensurables certes, mais grandes.
tout ca pour dire (je reste ignorante en ce qui concerne le c cedille) que le cours de japonais a eu lieu et que la professeur pour nous remercier a : apporté des gâteaux de sa ville natale, nagoya (j'ai le droit de mettre les noms des villes dans mon blogs, je crois que la loi ne s'y oppose pas) ; fait un détour à la vending-machine pour nous rapporter qui son jus de fruits, qui son café, thé, coca,... ; donné à chacun d'entre nous une shoto card (c'est écrit en romanji mais l'explication est à demander à un nippophone - je ne sais pas comment on dit un "lisant japonais" - même si le nom ressemble hachement à しょとかん dont l'orthographe est approximative car je ne sais pas s'il y a ni où des voyelles longues) qui ressemble à une carte de métro enfermée dans une petite enveloppe charmante qui fait juste sa taille et qui est un bon de 500¥ pour acheter des livres dans des librairies.
je dis : elle fait vraiment les choses bien.

jeudi, septembre 15, 2005

oh une 4L 

c'est pas tous les jours qu eje croise une 4L ici, alors ca me met en joie.
j'ai courru hier sur le chemin des philosophes, la nuit etant tombee, et je me suis souvenue qu'une fois j'ai courru dessus un dimanche matin, et que j'avais ete serieusement perturbatrice. a certaines heures certains jours, ce chemin est interdit aux coureurs et aux velos. c'est un lieu pour vieux a bob et chaussures de marche sportives.
je prefere ne pas commenter l'actualite, parce qu'en dehors du prix du petrole qui augmente (vivement les energie renouvelables, disait Reiser le genie dans les annees 70), des attentats en irak merci les americains, des textes qu'on me fait parvenir sur la pauperisation tragique des etats-unis, je me passe tout a fait de l'exercice de l'analyse. je me demande meme comment on peut encore commenter ce qui depasse ainsi l'affligeant. je suis sans voix.
je me demande si je mettrai un seul nom propre maintenant dans ce blog parce que je sens que tout le monde est pret a appeler son avocat des qu'un mot est de travers. le blog, ca perd du gout a force...

mercredi, septembre 14, 2005

surprise 

il y a deux jours, avec guillaume nous roulions l'un a cote de l'autre sur le trottoir et un type s'est - volontairement- non ecarte de mon chemin. il aurait voulu me mettre un coup d'epaule que ca n'aurait pas ete different. un peu large, il etait tres dense. j'ai meme fait un "oh" de surprise quand j'ai constate qu'il ne faisait aucun effort pour m'eviter. on aurait dit un vieux con prof de karate qui ne sait pas quoi faire pour embeter les gens. il s'en est pris a guillaume en l'engueulant car je me suis arretee un peu plus loin, mais guillaume s'en fiche un peu de se faire insulter dans une langue qu'il ne comprend pas (dixit). j'etais plutot choquee car les cons, ici, on en voit peu. apres tous les textes sur le renouveau du nationalisme au japon, on finit par se demander si c'est pas pour le plaisr de nous insulter que le type a fait ca. sinon c'est parce qu'on est jeunes. je n'ai pas d'autre explication car de la place il y avait largement et de la visibilite itou.

mardi, septembre 13, 2005

あつい 

je croyais l'ete fini mais la sueur trempe encore tee-shirt et kimono quand je me depense (plus un gramme de toxine maintenant).
asako a achete une petite tortue et je me dis que voila bien la solution pour pallier a l'immense vide affectif qui attend la voyageuse dont le mec est a 180゜de lattitude. en fait j'avais pense a un poisson rouge, c'est plus facile a gerer, mais la tortue a un je ne sais quoi de comique. constat : je m'installe mentalement dans une vie pepere pour preparer l'hiver.
hier soir, reception pour la conference que je viens de fuir. quelques discours, et un professeur qui tenait absolument a mettre de la musique de merde dans nos oreilles tout du long. un the a peine assez fort servi par des jolies jeunes femmes en kimono. des discussions avec un professeur qui interdit de divulguer quoi que ce soit des discussions privees. il note en public (apres les discussions qu'on a eues, mais comme ca devient public je peux le dire) que google est une catastrophe en terme d'informations car les gens ne contreverifient rien et prennent seulement le premier hit. je dis : un monde de lobbies que voila ! je trouve aussi affolant de trouver des citation de wikipedia dans des textes scientifiques. de nombreux textes wikipedia ont ete corriges suite a des enormites, mais on suppose que ces enormites foisonnent sec. je constate avec delice que la surveillance par portable (telephone) est bien engagee car un mec du MIT nous montre de jolies cartes ou on voit ou sont les gens au cours de la journee. dans une exposition ils font apparemment du temps reel. le reve ! d'apres le professeur, nos compagnies de telephone savent tout sur nous (il dit ca car en temps que sociologue, travailler avec les boites qui tiennent la communication interindividuelle lui permet de savoir bien plus de choses interessantes).

lundi, septembre 12, 2005

ca decale l'heure 

l'effet tant attendu du cerveau lourd et des yeux qui pesent est enfin installe dans la machine. j'en profite pour participer aux activites du labo : symposium vague sur la cyberinfrastructure ou comment inventer des mots moches pour avoir de l'argent de l'etat americain. donc mi-roupillon mi-lecture de sf d'un livre plutot du cote du bien, mais un peu long (noos).
je me demande de plus en plus si je ne fais pas des delires interpretatifs lorsque j'observe mes contemporains. hier en arrivant a l'aeroport, j'etais avec mon nouvel ami yamamura sensei, qui voulait m'aider a l'aeroport. je passe donc a la douane en meme temps que lui, fournissant passeport et carte d'immigration au gentil douanier a l'air sever mais juste. comme nous continuons a discuter avec yamamura san il me demande si nous sommes ensemble, je reponds que pas vraiment, mais je sens comme une hesitation desagreable pour le fonctionnaire. il me regarde, regarde la carte, regarde ce vieux monsieur respectable et decide de me laisser passer sans fouiller mes affaires. je ne me plains pas mais, je l'avoue, m'etonne un peu de cette largesse dont je sens qu'elle le fait souffrir. mon interpretation : il n'a pas ose triturer l'amie de quelqu'un qui se situe socialement sur une un bout superieur de l'echelle. il semblait si mal a l'aise que je lui ai souri et il a enfin relache sa tension. pauvre garcon.
ensuite, je me suis etonnee une fois de plus de la superbe organisation de MK shuttle, le service de livraison d'humains entre l'aeroport et les maisons du kansai, et qui permettent de ne pas se fatiguer dans un sens ou dans un autre quand on a deja 12 heures d'avion au cours d'un trajet. on part a 8, puis on retire un dans une station service ou un autre taxi mk le prend pour l'amener plus proche de chez lui (dans l'autre sens, dans la meme station juste a l'oree de kyoto, on ajoute un).
finalement pour cuver la fatigue, hier soir, je suis tombee sur un concert a la fac, ou un rocker en costume et houpe sur le haut du crane chantait sur sa vieille guitare tandis que la femme au clavier portait sur son ventre un petit enfant endormi. je sais maintenant que le casque de dark vador est en deux parties : un masque sur la figure et un chapeau sur le crane (comme c'etait un concert de vieux, etudiants de la decennie precedente surement, il y avait foule d'enfants bondissants).
le japonais, c'est bien parti. je suis plus nulle qu'au premier jour de la creation.

dimanche, septembre 11, 2005

demantelement du cafe 

bien sur, des que je rentre, une mauvaise nouvelle : ils ont demantele le cafe qui surplombait le mur en face de la mizuo de hyakumanben. je ne suis jamais montee sur l'echaffaudage, repoussant au lendemain ma pause lecture militante, et me voila sans possibilite de rencontrer les vaillants lutteurs.
quand on lit libe et le monde d'aujourd'hui, on se dit que pourtant, les gauchistes du japon sont vraiment une rarete telle qu'il faut se hater de les connaitre. je garde mes contacts avec les bio pour ne plus rater l'agitation. le monsieur a cote de qui je m'assieds dans l'avion se dit inquiet de la tension qui monte a propos du gaz entre japon et chine et n'aime pas la presence des bateaux de guerre qui protegent ceux de forrage. heureusement que mon gentil pays rapatrie ses ressortissants en cas de conflit majeur, comme on dit avec pudeur. mais c'est sur qu'avec la capacite de mobilisation plus ou moins aveugle que l'on sent dans la population, on ne se sent pas rassure avec des chefs neo-nationalistes qui s'eternisent au pouvoir.
plus sur le voyage lui-meme. j'ai decouvert a l'aller que nous avons fait un pas dans la science fiction (un de plus a ma grande satisfaction) avec l'identification retinienne au lieu du controle de passeport pour les vol lufthansa. a l'aeroport de francfort il suffit de s'enregistrer a un comptoir special et voila. en outre, il est possible d'utiliser une connection wifi dans l'avion, ce qui semble essentiel car nous sommes des individus si centraux dans la marche du monde qu'il ne saurait etre question que nous nous arretions d'etre joignable a haut debit plus de 10 heures. sacredieu.
mais l'humain moyen a l'air d'avoir du mal a s'adapter a la trop grande acceleration technique. a la gare de francfort, un homme tape sur un ecran tactile pour une dame qui ne sait pas utiliser les machines. il pose les questions qui s'inscrivent a l'ecran et propose les alternatives. elle regarde a peine ce qu'il fait et lui parle directement, et je doute donc de sa courbe d'apprentissage a court terme. a l'aeroport un topo equivalent : des dizaines de machines pour enregistrement automatique (avec bagage) decorent un hall ou les sapiens-sapiens font une queue d'une demi-heure en attendant leur tour. meme avec un ticket electronique je peux regler le probleme en trois minutes (la dame presente pour aider et qui se jette sur moi du fond de son desoeuvrement me dit que les gens ont peur car l'identification se fait par la carte de credit et qu'ils pensent que de l'argent leur sera debite - noter que meme si l'on n'a pas achete avec cette carte, on peut l'utiliser, ce qui est outrageusement pratique). j'arrive donc a avoir une non-place sur un vol en sur-booking. on nous propose 700 euros en cash pour ne pas monter dans le vol pour osaka de ce matin et attendre 24 heures. ca represente a l'occasion plus que le prix du billet, je pense, ce qui devient assez chouette.
j'ai donc, durant le voyage, ete assis a cote d'un tres gentil monsieur parlant un excellent anglais, professeur de medecine en micro-biologie (c'est lui qui a decouvert d'enzyme SYK qui permet au calcium de ressortir des lymphocytes B ou T et qui est necessaire dans les processus de mort cellulaire de ceux-ci B ou T). il m'explique comment on vote au japon et me montre la petite carte qu'il recoit une semaine avant pour lui indiquer ou se rendre pour le vote. eux aussi vont dans les ecoles primaires. par contre, ils peuvent ecrire sur leur bulletion (le nom du parti qu'ils souhaitent, mais il n'etait pas completement sur de la procedure pour cette fois-ci).
question art et culture : je vois le documentaire etrange sur le 11/09 qui passe sur la tele allemande, filme par un type qui etait avec les pompiers de new-york a ce moment-la, plus ou moins par hasard je pense. le moment ou il se fait submerger par les gravas, on peut dire que c'est vraiment quelque chose. des scenes qui pourraient etre emouvantes aussi, mais l'image est si pourrie (mal filme et camera moyenne) que finalement on ne ressent pas grand chose que l'affolement qu'on doit connaitre en cas de grande catastrophe naturelle ou autre. la marche hagarde des gens qui se precipitent ensuite sur l'eau ou se mettent des gouttes dans les yeux, voila la realite.
mais ca ne les derange pas trop de balancer des bombes atomiques sur la gueule des civils pour en decouvrir les effets cliniques.
la soif. c'est aussi le grand theme du film de ridley scott sur jerusalem (lui aussi filme comme une patate grave, mais lui c'est parce qu'il est dans la super mode "seigneur des anneaux" avec une camera qui virevolte pour soi-disant je suppose donner une sensation de grand espace - mais au moins dans le seigneur des anneaux que j'ai vu, on avait droit a des scenes un peu lentes qui permettaient de comprendre ce qui se passe, de capter un peu les mouvements et par la les personnalites des personnages - inutile de dire que je considere cette pellicule-la comme un navet truffe d'archetypes debiles). je reviens a l'eau : car sans eau les soldats meurent de deshydratation et se font trucider de fatigue par les troupes de saladin. donc finalement, l'homme dans la vie quotidienne (agriculture) comme dans la vie de combattant a besoin de la meme chose, qui n'est pas beaucoup, mais qu'il s'amuse a polluer inutilement. chouette.
en parallele, je lisais un superbe roman qui rappellerait presque mon livre culte (= l'invention de morel, de bioy casares, dont je me demande s'il y a eu connaissance cette "ile panorama"). c'est une histoire vaguement angoissante de demesure artistique d'un nouveau genre, une immense installation permanente sur une ile de milliardaire, un peu dans un style polar nippon en demi-teinte. le nom de l'auteur, edogawa ranpo, est une imitation prononcee a la japonaise d'edgar allan poe (d'ou on comprend la difficulte de s'adapter a l'anglais adapte par les autochtones).
sinon le ciel noir-gris plombe de chaleur une atmosphere un peu triste d'orage qui ne se decide pas. un helicoptere est passe dans le ciel en devidant une annonce a la voix feminine debutant par "mamonaku", bientot, qui me faisait me demander si on n'etait pas en train de m'annoncer l'arrive d'une catastrophe naturelle dont il faudrait me garder. oui oui l'atmosphere est a ce point electrique et lourde, d'une energie plus exhberante que ma dimension de petit humaine deracinee.
sinon, un secret : decidee que je suis a progresser en japonais, je commence a regarder les offres de television. un comble.

improbable errance 

les rues de francfort sont decorees de statues, david sur son geant terrasse, totems animaliers pleins de couleurs, jolies naiades aux larges cuisses, et finalement grand euro lumineux au milieu du centre d'affaires.
je me promene avec rodolfo qui me raconte la saudade portugaise a travers la tragedie de sa concierge et son mari (dans le batiment) dont la vie de travail ennuyeux sous le ciel gris parisien frissonnait dans l'attente de leur retraite dans leur maison au payx, au bord de l'eau. il y voit une alienation specifique a sa culture, mais sa demonstration ne m'a pas rendu la vie decrite plus triste que toutes celles qui sont peuplees de reves petits bourgeois de toutes formes. j'aimerais mieux comprendre.
nous passons un moment dans la cathedrale ou les orgues font fuser un son qui me rappelle l'enfer par les vibrations effrayantes tout au centre. elles evoquent l'assomption a rodolfo. j'ecoute les sept premiers jours de la creation en allemand et du fait de mes lacunes de vocabulaire, je ne sais pas tres bien ce que dieu crea les troisieme et quatrieme jours (et je lui fais confiance d'avoir bien bosse tout en pestant contre mon inculture de jeune anti-clericale qui preferait regarder goldorak pour pouvoir faire de grandes batailles avec les copains apres plutot que d'aller se faire chier au cathechisme). point interessant : en arrivant en allemagne, mon cerveau semble s'etre mis sur la position "langue etrangere ou je comprends un tout petit peu mais ou je ne sais pas parler" qui est un peu indeterminee, car j'ai passe deux jours a repondre systematiquement en japonais a toute phrase en allemand. quand je dis que les processus cognitifs sont des miracles ! (un miracle n'est pas toujours utile).
nous finissons a la riviere, ou des groupes de jeunes eclaires aux torches et aux bougies jouent a un jeu d'adresse par equipe, avec des bouts de bois legers poses droits sur le sol. une petanque plus legere et rectangulaire.
le lendemain matin je vois le marche aux puces que j'avais une fois visite il y a une quinzaine d'annees de ca. un saut spatio-temporel qui en appelle un autre, que je vais vivre en tournant autour de la terre et en oubliant d'un coup le jour, l'heure, la faim, la soif, le sommeil, l'eveil. pour les fringues, j'ai rarement vu moins cher que ce marche.

vendredi, septembre 09, 2005

lorelei lorelei... 

sur le bord de la moselle, les oisons sont a maturite. aussi grand que papa maman et d'une couleur grise qui n'est plus tres utile (vu leur format) pour assurer la discretion face aux predateurs. les canards col vert aussi sont en fin d'adolescence, gros comme papa maman mais avec seulement une petite tache de couleur sur l'aile au milieu de l'uniforme marron de leur plumage. les familles de canards sont plus peuplees que les familles d'oies.
le bateau est venu nous chercher en retard hier soir, nous avons joue les touristes en bateau mouche, et mange du non-infame pour une fois. comme la nuit est tombee vite, nous avons vu un paysage d'ombre au lieu des chateaux sur les collines, et un pont immense qui surplombait d'un gris metallique la riviere. avec ses phares de voiture et son manque de contraste dans l'immensite, il imprimait la retine comme un decor de dessin anime, irreel et mat. j'ai bien aime.
ce matin, j'ai commence a intervenir et a casser (a juste titre il me semble) tout le monde a la conference, d'aucuns disent que j'ai retrouve la forme. si on ne parle pas, on ne risque pas d'influencer les ideologies, il parait.

jeudi, septembre 08, 2005

mon blog raconte mieux que moi 

c'est l'exacte sensation que j'ai eu durant trois semaines en france, alors que je devais expliquer ma vie au loin a ceux qui ne savent pas, et que je restais sans voix. je ne sais pas quoi dire du japon, car la contradiction ne tient pas dans une phrase ; des lignes et des lignes plus tard on retrouve une idee qui ressemble a celle du depart ; au milieu le contraire et son contraire encore.
je seche la conference, sous l'epuisement de ne pas dormir (les puces ne me lachent pas cet ete et enflamment des lieux finement caches sous les vetements) et de la chaleur qu'on croit impossible dans ce nord de l'europe. nous crevons sous un soleil qui nous liquefie, et nous en sommes surpris.
ici, la nourriture est abjecte. d'aucuns se sont etrangles a la choucroute sur puree avec des saucisses et des boules de viande. on trouve aussi des tartes a la rhubarbe sans gout sur base de carton assoupli au lait pendant trois jours. je vous jure. restent le pain qui sauve tout, et le jambon fume. vous connaissez surement le decalage culturel allemand sur l'eau : on demande un verre d'eau et on obtient une bouteille d'eau gazeuse a l'arriere gout de medicament qui fait roter. je suis a peu pres aussi enervee par la nourriture qu'a varsovie, porc-patates pendant quatre jours, qui reste un de mes grands classiques. on note aussi que j'ai laisse mon homme a la maison pour un long moment et que l'agacement est a son comble.
des histoires plus gaies. francois raconte que l'on commence a avoir des preuves que dans les processus de modelisation d'accompagnement, les acteurs impliques "importent leur realite" dans les jeux de role organises par les chercheurs. (www.cormas.cirad.fr) un exemple : en colombie, quand on fait participer les paysans a des jeux sur l'usage de l'espace, ils laissent de nombreux champs vides. tout blancs. sans culture. et pas un seul qui remplissent tout au mais ou a la palme. non non non, il y a toujours un petit carre qui ne se declare pas vraiment jachere non plus. nous ca nous fait rigoler.
bruce suggere des actions extremes pour convaincre les individus de mauvaise volonte. pendant une presentation trop longue ou la personne refuse de s'arreter malgre les demandes repetees de la chair woman (c'est moi), il propose de dire "maintenant c'est fini, et si vous ne vous arretez pas, je dis ce que je pense vraiment de votre presentation". ce qui changerait un peu des introductions du type "this paper is very interesting ..." alors que c'est un mensonge. et face a la dame qui tente de me convaincre que j'ai ete attaquee par des moustiques plutot que des puces, il suggere de montrer mes marques les plus intimes (elles sont toutes dans des lieux caches par la morale judeo-chretienne), en plein milieu de son restaurant, pour qu'elle reconnaisse que ces monstrueux furoncles ne sont en aucun cas des moustiquades.
je sais, je parle trop des insectes. mais je prefere en dire du mal que des presentations de mes collegues, et comme mon humeur est au plus aigre....

mercredi, septembre 07, 2005

sur le chemin du retour 

profitant de quelques jours de travail bien merites, je me trouve sur les bords de la moselle, dans une petite universite allemande. a koblenz, jolie bourgade entouree de vignes a sekt, on a du mal a accueillir le touriste : l'anglais est inconnu et l'amabilite un peu lointaine des preoccupations locales. prendre un bus releve d'une vraie course d'orientation, ou l'on oscille entre des stands de glace et des boulangeries pleines de brotchen appetissants.
il y a un plaisir a etre en europe et une perte de reperes enorme. les humains bougent differemment et veulent toujours avoir raison, parlent forts meme sans avoir bu, gesticulent. en allemagne, ils conduisent prudemment ; meme les clochards attendent le feu vert pour traverser.
mes aventures personnelles : une hotesse reverse un cafe sur moi et mon livre ; la serveuse du restaurant tache de jus d'orange ma jupe et mes chaussures neuves. je me constitue en personne a arroser.

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