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lundi, octobre 31, 2005

courir d'un bout a l'autre 

je fais visiter la ville a mon frere une seconde fois, avant qu'il ne disparaisse dans son oiseau de fer demain matin. nous cherchons en vain une exposition que je positionnais faussement sur la carte. nous goutons de bonnes specialites halloween (un melon pan - le pain sucre qu'on trouve partout - ici en forme de citrouille verte emplie de creme et donc bonne pour le regime) de chez donq, une des rares boulangeries qui sait faire de la croute a kyoto, je l'entraine a ippodo tea ou il goute avec plaisir le the vert ultra dense et son gateau au marron. comme il est le courage incarne, il part vers fushimi inari la nuit, pour affronter les esprits.
ce matin reveil en trompette pour voir mon temple prefere en haut de la montagne, mais sans soleil le visage du superbe moine nous est invisible. c'est lundi et le travail est de retour lui aussi.

dimanche, octobre 30, 2005

toujours du lard 

samedi soir etait butoh a osaka, dans un lieu surrealiste, genre de parc d'attraction ou l'on trouve la principale salle de danse contemporaine en kansai, une salle de catch au rez-de-chaussee, un grand huit pour faire le tour, deux hotesses a l'air depressif malgre leur chapeau bleu sur le crane, bien rangees dans une petite boite "information", un grand manege central, le tout vide, la nuit, au centre de la ville.
la danse etait bien. comme nous n'avions pas reserve, il fallait attendre de savoir si des places resteraient et nous avons recu un petit papier de numero. comme 16 et 17 ont ete appeles, nous avons pose les fesses dignement sur des sieges. une des danseuses (il n'y avait que des jeunes femmes, j'aurais bien aime un ou deux males, a force, surtout au vu du minimalisme vestimentaire ambiant) etait un arbre dans le vent tres beau et incroyablement impressionnant - difficile de concevoir comment elle faisait s'agiter ses habits comme sous l'effet d'une tempete (en vibrant). les troisiemes etaient plus normales-butoh avec neanmoins des bruits de chutes mates tres reussies et aidees de caoutchou assez drole; un peu trop narrative pour la deuxieme qui prenait des images de manga et les refaisait sous nos yeux - mouvements tres reussis mais dont la genese etait trop expliquee ; la derniere etait accompagnee de musique et pas forcement tres comprehensible (sensiblement) ni belle a regarder.
on note qu'il y avait une femme assez agee derriere la table de regie, ce qui est deja rare en france, mais ici au-dela de l'anormal.
osaka est drole. surtout le quartier des jeunes branchouilles, shinsaibashi. toujours ici les habits sont chers, non ?

samedi, octobre 29, 2005

hyperactivite posee 

ce matin, je me reveille dans mon lit, tandis que j'avais prevu d'etre encore en train de danser dans un club d'osaka. je me prepare pour des entretiens a kobe pour apprendre, un peu tard pour l'aikido, que les entretiens sont annules. je reste a ne rien faire, seule dans mon appartement, et le plaisir d'un instant inoccupe me rend euphorique. j'ecris mon western - quete identitaire. un jour j'arreterai d'ecrire des quete, mais plutot demain.
me voila neanmoins repartie pour faire du shopping a osaka, un vieux plan qui traine en tete depuis des lustres.
je passe devant la fac et sous le crachin, des etudiantes sautent et sourient a pleines dents de pom pom girls, tandis que leurs amis decorent l'atmosphere avec leurs trombones a coulisse. on les entend de loin. un des invites de la villa kujoyama a, il y a quelques mois, utilise ces image d'entrainement sautillant dans un film. son film en dv etait du cote du chiant, ce qui tombait bien car il racontait une attente. mais je ne reprendrai pas son idee de montage (passer des images relativement identiques, ou peu de choses se passent, a l'endroit et a l'envers plein de fois successives (subrepticement)) car j'ai trouve ca tres laid des le debut. c'est personnel, et l'idee etait bonne a priori, je ne dis pas de mal.

avant de parler de ozon, je vais attendre de voir plus de films, mais son "sous le sable" m'a semble plutot pas mal. le drame en contexte bourgeois semble etre son interet (sur le dvdv on voit aussi ses films d'enfance), et il a fait jouer merveilleusement bien une immense actrice - rampling. c'est un film tres triste. il est interessant de l'entendre commenter les choix d'image et de montage (dans les supplements, on peut voir l'integral du film ou il discute avec la femme qui l'a aide a ecrire son scenario - un bon educatif).

vendredi, octobre 28, 2005

l'heure de tous les dangers 

quand on retourne a la fac vers 18h (n'aimez vous pas, parfois, cesser le travail vers 15h pour repartir apres une sieste reparatrice et un petit casse-dalle, vers quelques heures de travail ?) il faut se mefier des velos. Les heures de pointes entre chien et loup impliquent qu'une multitude de cyclistes tous plus vifs les uns que les autres s'entrecroisent sur des trottoirs ou de gros salary men (fort agiles quand ils s'agit de sauver leur beefsteak) cotoient des vieilles penchees sur leur petit chariot a roulettes typique ou les femmes qui rentrent pleines de courses a la maison. Les etudiants, cheveux decolores et a l'air nonchalant par essence (l'essence de jeune), roulent comme des furies pour aller manger le meme casse-croute que celui que je digere tranquillement sur mon velo, et aux abords de la fac je sens soudain mon estomac se rebiffer quand ils me forcent a piler, devier, baisser la tete sous les branches.
heureusement, nous assistons en ce moment au rafraichissement d'automne - les employes municipaux coupent les branches des arbres dont les feuilles colorees ne se transformeront pas de resplendissants attrape-touristes mais produiront de salissantes et glissantes bouillasses sur la rue. mon velo (que d'aventures pour ce brave objet) etait decore de branches legeres lorsque je suis descendue de chez moi il y a deux jours. magnifique.
ce que dit marguerite y., c'est que les arbres ont leur vraie couleur seulement en automne, et d'un vert relativement uniforme quand la chlorophylle les colore trop. c'est qu'elle a toujours raison, voyez-vous.
a propos des notes d'hier : si l'on attend pas le chef pour manger, on attend le signale du sous-chef qui autorise a oublier le chef. les formes sont tres importantes.
notre sensei est revenue de portland, oregon, et nous sommes donc heureux. personnellement, j'ai pratique comme une patate molle mais a peine cuite, donc encore dure a l'interieur. tres tres desagreable, mais surement un passage necessaire dans la vie.

jeudi, octobre 27, 2005

reunion de labo 

règle 1: les chefs arrivent en retard, c'est leur rôle de chef.
règle 2 : on a le droit de manger sans attendre le chef.
constat 1 : le chef est tout le temps en train de trouver des supers financements, mais a besoin de l'aide de ses étudiants à l'air peu convaincu pour mener à bien des projets. aujourd'hui des petits informaticiens vont devoir écrire un projet qui a trait à du travail de terrain à propos de la socio-informatique. pour moi ça reste vague, présentement.
constat 2 : mis en contexte du repas de travail, je me fais des copains dans le labo, qui en profitent pour me parler. ce sont des copains de court terme car je les perds dès que je sors de réunion.
constat 3 : le chef est bienveillant car il propose des cours de formation à l'expression orale en anglais. peu d'étudiants semblent intéressés tandis que je note l'expression orale en shakespearien n'est pas leur fort.
règle 3 : une fille s'occupe des bento. elle prend toujours des bento trop gros à 500 yen.
constat 4 : mon nouvel ami qui a osé me parler aujourd'hui m'a félicitée pour mon maniement de baguette (ça fait deux japonais qui me le disent, je suis certainement une cador)
constat 5 : le professeur de mon labo a une façon de parler en japonais qui me rappelle endo sensei quand il nous parle. est-ce l'âge, le rang de professeur ?

autre série
constat a : les cours de japonais touchent à leur fin et le japonais est encore un vague galimatias qui prend un "s" dit mon littré préféré. comment le monde va-t-il continuer à tourner par la suite. peut-être le ciel nous tombera-t-il sur la tête ? ou peut-être que les dieux trouveront un compromis plus efficace pour nous faire continuer nos petits progrès.
constat b : la tortue qui s'appelait franckenstein et maintenant se nomme juliette est totalement neurasthénique et ne bouge jamais. elle est chiante à la limite. peut-être la tortue n'est-elle pas le plus chouette de tous les animaux de compagnie. pourtant dans le temple où on peut se connecter avec bouddha avec un petit bout de ficelle, les tortues sont drôlissimes.
note 1 : mon frère est à tokyo.

mercredi, octobre 26, 2005

les fous partout 

Dans chaque culture, les fous sont un peu différents. Ici, ils parlent dans la rue, bougonnent, ou viennent discuter de façon totalement decomplexée et à la limite du bizarre. Au Cameroun, je me souviens qu'ils se promenaient nus dans la rue. Je suppose que partout on trouve des origines bien diverses et contextuelles à la folie et que cela donne des modes d'expression subséquents très variés. Toujours on ne s'ennuie pas dans l'humanité.
Je continue à mal comprendre pourquoi les sociétés contemporaines sont à un degré si bas de socialisation qu'on trouve tant de malheur psychique, même dans des pays où officiellement on est bouddhiste (et donc on combat ce malheur). C'est étonnant que tant d'entre nous croient y voir une malédiction de l'espèce. Je n'y crois guère, présentement. Des fois je suis portée à suivre cette vision pessimiste. Parfois je suis portée à croire que l'homme est à ses débuts.
En ce moment, lectures sont Kolm et le bouddhisme profond, Yourcenar et le temps.

mardi, octobre 25, 2005

m. qui sait tout 

pourquoi les japonais montrent leurs fesses etait la question d'il y a quelques jours. m. qui sait tout (vous savez, celui qui est intelligent beau et fort comme tous les membres de mon club d'aikido) m'a repondu. a poil ils vivaient, les japonais, jusqu'au XIXieme. le japon etait tres pauvre, globalement, et seuls les tres riches qui atteignaient difficilement 5% de la population (approximation m.esque) daimo et compagnie, avaient de quoi masquer leur physionomie et avoir chaud.
ai-je suffisamment ressasse que l'hiver est froid ? en slip ca doit faire mal.
il dit que les europeens arrivant tout d'abord etaient etonnes de ce denuement denude. voici pour la reponse.
m. est mon partenaire prefere pour tous les exercices en suwariwasa (a genou) car il est aussi blesse que moi - lui le genou, moi le gros orteil. reste a esperer (mon voeu du moment) que nous serons remis ensemble et qu'il ne restera pas un eclope seul sur le bord du tatami.
m. est grand et mince plus, il est dans une situation etrange dans ce pays ou les aikidoka moyens sont petits et denses. il a du beaucoup travailler, je crois.
nous attendons le retour d'une professeur partie sur le continent nord-americain pour la semaine. en attendant notre senpai nous fatigue en rigolant. est-ce que tous les plus forts se marrent face a nos efforts desesperes ?

lundi, octobre 24, 2005

lectures croisement 

mon grand petit frere est arrive. le petit petit frere n'a pas planifie de venue. les parents viennent la semaine prochaine. la semaine derniere la visite venait de marseille. les rythmes evoluent au gre des promeneurs, c'est interessant et un peu fatigant, mais il faut bien cette decouverte du japon par d'autres yeux. nous regardons les reactions de surprise. comment reagissent-ils face aux accueils sonores chez les marchands. face au pliage de dos recurrents. que pensent-ils des chapeaux des vieux, du shinkansen, des souvenirs des temples, des uniformes obscenes des collegiennes pre-nubiles ? aiment-ils les memes temples et les meme vues, la meme nourriture et les odeurs des temples ?
on se demande.

dimanche, octobre 23, 2005

l'hiver sera froid 

Déjeuner de filles dans un bâtiment d’artistes. j’achète un sweat-shirt lui aussi d’artiste et me plaint légèrement d’un défaut peu notable, ce qui réduit le prix sans marchandage - autre que de faire préciser plusieurs fois en montrant que je comprend mal que non, il n’y a pas d’exemplaire neuf - de 8500 à 5000. Je trouve de plus en plus délicat de faire une théorie de la négociation ici, alors que chaque événement rend plus opaque ma perception.
Le déjeuner de filles me confirme que les japonais achètent des colliers pour chien Louis Vuitton. J’apprends que longtemps les objets Vuitton étaient au japon une quai-monnaie qui pouvaient être revendus facilement à tout moment. Les rolex en Chine ont apparemment ce rôle.
Je découvre aussi que le second festival qui a eu lieu hier, plus institutionnel et qui, passant à côté de chez moi m’a permis de constater que ces braves gens déguisés en samouraïs à cheval et pages à pieds s’emmerdaient à mourir devant une foule assez limitée, réquisitionne chaque année de façon impérative les membres des l’association d’un quartier sélectionné. Il fait froid, on marche plusieurs heures, si l’on manque de motivation, c’est normal de transmettre de genre de froideur hébétée. Au moins, dans ce type d’événement il n’y a pas besoin que les photographes étouffent chaque mouvement des participants pour accroitre la distance entre fete et observateur, puisque a la base, fete il n’y a pas.

samedi, octobre 22, 2005

feu ! 

C’est sûr que parfois on se pose légitimement des questions. A toutes les fêtes plus ou moins traditionnelles on voit des fesses à l’air. Pour le Taito c’était à l’origine l’argument traditionnel pour que toutes les femelles européennes se saisissent fissa de billets. A la fête du feu à Kurama, ce fut une demi-surprise. Mais finalement si on ne nous sort pas de jolis costumes de samouraïs et des kimonos, la fête traditionnelle amène les hommes à des exploits physiques et des dénuements gaillards. Face à ces attributs sociaux systématiques qui s’éloignent radicalement d’un quotidien aux codes plus sérieux, on est en droit de s’interroger. Que disent les ethnologues sur le sujet ?
Le déguisement, en la circonstance et plus précisément, est une forme de pagne å petites lanières de cuir sur le devant, posée par-dessus le traditionnel (ai-je déjà dit hideux ou ridicule ?) slip de type sumos qui rentre dans la raie des fesses, des chaussures de paille, une demi-chemise à charmantes décorations sur le bras gauche tandis qu’épaule et bras droits sont dénudés. Parfois, ils portent par dessus une robe de chambre - beaucoup moins de tissu qu’un kimono ou un yukata, plus proche du vêtement qui protège nos boxeurs de leurs vestiaires au ring et retour. Le but des hommes en moyenne jeunes mais parfois franchement grand-père est d’allumer puis porter une grosse torche fabriquée avec amour par la famille pendant plusieurs semaines auparavant - plusieurs pouvant sûrement être un grand nombre. Il y a devant chaque maison, à une hauteur d’environ un mètre, un foyer de pin agréablement odorant, dont la combustion démarrée à l’essence pollue un peu l’atmosphère avant d’honorer les narines. Les enfants en habits de tradition, robe de chambre rouge et bandeau dans les cheveux, des clochettes tintant au moindre mouvement, viennent se piquer les yeux à la fumée en jouant avec les braises ou de petits branches. Ce foyer sert à allumer les grosses torches qu’au moins quatre hommes déplacent en chantant le long de l’unique rue, avec plus ou moins d’aisance. Certains dansent d’un pas altier en se dandinant et en écrasant au passage quelques photographes venus en masse hystérique.
Toutes les familles pour l’occasion ont ouvert la pièce avant de la maison pour montrer aux passants les trésors familiaux. Ce terme de “trésor” m’a tout d’abord beaucoup intriguée lorsque que je me décidais à monter dans le train bondé dans la direction de la montagne, où m’attendait a priori un temps encore plus froid que dans la vallée. Il s’agit en général d’un paravent décoré somptueux devant lequel on pose un vase visiblement travaillé avec soin selon une des traditions d’ikebana (je ne sais pas bien comment formuler cette phrase, ignorante que je suis de cet art et de ses enseignements). Parfois la branche vivante il y a peu rencontre le décor et s’y fond, et malgré les policiers alentours qui nous tassent, la respiration devient aisée face à la finesse matérialisée. Des armures de samouraï, des cordes utilisées il y a cent ans dans d’autres matsuri et maniées par des femmes qui souhaitent une grossesse heureuse, des épées, de vieux meubles, et un original qui nous montre sa Ford T encore immatriculée et vigoureusement sur les routes il y a 4 ans. Je suis prête à m’attacher à ce vieux à l’air triste qui chante de la country dans un groupe et exhibe deux voitures - une mini et sa ford - des vieilles radio et deux inénarrables croûtes à l’huile à l’air bien de chez nous. Il dit avoir fait la fête dans sa jeunesse mais avoir arrêté, et sa maison fait partie des quelques bicoques où il n’y a ni homme dans la fleur de l’âge ni petit-enfant pour porter un flambeau miniature, aidé par sa mère, son père ou son grand-frère qui chantonne les deux phrases que j’ai déjà oubliée pour donner le rythme. L’ambiance, avant que le bonhomme en blanc ne remonte en psalmodiant jusqu’aux dernières maisons, sa torche à la main pour signaler à 18h le début des festivités, est très proche d’un Noël, et donc sûrement très triste sans petit à déguiser - plus joliment qu’un adulte.
En ce soir de chaleur et d’attroupement dangereux, la nourriture pour les esprits est le gimgembre et le daiko (notre brave navet, qui ici se mange avec les soba ou en tsukemono, dit pickles). De nombreux baquets d’eau s’espacent le long de la rue qui mène au seul onsen de kyoto, et nous nous demandons à quelle fréquence s’enflamment ces vêtement léger en contact quasi-permanent avec le brasier. Les maisons sont de bois, très spacieuses et visiblement rénovées. Nous sommes en quartier riche et qui évite au maximum l’installation de nouveaux arrivants (je n’ai pas de détail sur les procédure d’exclusion).
Dans le train de retour nous tombons sur des connards, et tandis que nous évoquons les circonstances diverses où l’on en rencontre au japon, en s’étonnant du manque de logique de ces individus, leur fille qui comprend l’anglais, à deux doigts de la crise de nerfs, nous demande d’arrêter. Nous sommes désolés pour elle. Les parents ne se changent pas et elle a l’air plus que consciente du problème.
Le froid est bien installé. Nous avons vaincu les cafards qui se terrent en agonisant dans les frimas. Je sais qu’ils nous battent face a la bombe atomique, mais elle vient dieu merci moins souvent que l’hiver.

vendredi, octobre 21, 2005

japoesie 

avec maki de visite, on a vu la poesie. on n'a pas compris grand chose mais on est tellement cool et avant-gardiste que ca nous derange pas du tout (certaines personnes auraient l'idee de nous traiter de bourgeois snobs, mais je vois pas d'ou ils tirent cette tournure d'esprit saugrenue).

jeudi, octobre 20, 2005

immersion 

c'est ainsi que l'on designe en general le total abandon de soi a l'interieur d'une culture etrangere. pour cela, plusieurs activites sont necessaires.
manger: http://www.kitcho.com/kyoto/english/chef/index.html
participer: a des reunions-dejeuner ou on fait des sourires et ou on mange un bento pas tres "haute cuisine" en essayant de dechiffrer quelques phrases. aujourd'hui j'ai compris que tout le monde parlait du travail trouve pour la fin de l'annee scolaire.
regarder: les messieurs ivres qui descendent du taxi et titubent jusqu'a la maison ver minuit le soir.
travailler: jusqu'a onze heures 45, c'est une des facons de ne pas se faire remarquer
dormir: du sommeil du juste apres que l'immersion ait vide un cerveau qui se croyait a peu pres structure

mercredi, octobre 19, 2005

ben ca alors!!!! 

la ou ca sert de rester tard le soir : j'ai decouvert que frantico a reapparu...
son quota de commentaires a chute de facon salutaire.

boumboumboum 

hier, kondo jouait du taito en slip de sumo (ridicule). je redis : hier, a okasaki kaikan, nous avons pu assister a un spectacle qui a lieu tous les ans a kyoto, la tournee de kodo, un des groupes les plus cotes du taito contemporain.
donc, des musiciens en habits traditionnels, ou les muscles a l'air, tapent sur des tambours tres impressionnants et beaux, chantent, dansent, clownent un peu, sifflent, frottent un pseudo-violon local. j'avais un peu peur, en allant a un spectacle ultra institutionnel, tres connu, dans un espace que je pense municipal plus ou moins (au milieu du tas de musees de kyoto), voir un crouton pseudo traditionnel pour amuser les foules. mon cynisme habituel a ete bien degoutte, car le spectacle etait tres beau.
deja, les musiciens sont vraiment de tout premier ordre et maitrise les percussions a un degre assez rare. les pieces contemporaines (celles du debut) etaient superbes, en particulier une de 77 intitulee monochrome m'a vraiment scotchee par la capacite des tambourins a faire emerges des harmoniques envoutantes. tous les morceaux du debut montraient un vrai renouveau du taito, plus adaptee a la salle qu'a la rue, et tout a fait au courant de la recherche musicale. la scenographie plutot bas niveau fonctionne tres bien du fait d'un public simplement enthousiasme, donc rien a redire non plus.
la suite, un peu longue, etait constituee de pas mal de pieces qui jouaient sur la performance physique des brutasses qui occupaient la scene (pas si impressionants malgre tout, car les muscles japonais semblent toujours moins epais que ceux de chez moi). j'avoue que voir des athletes de haut niveau triturer de facon assez monotone et repetitive un pauvre tambour (a la patine sublime aux deux points d'impact des marteaux) m'a un peu ennuyee. j'ai cru voir une raison d'etre a cette frime dans la reprise, juste apres le salut, tandis que deux groupes semblaient faire une vraie battle pour determiner qui savait faire le plus de bruit. la scene evoquait reellement le matsuri populaire que l'on a parfois la chance de voir ici : des groupes assembles par quartier ou affinite se disputent grace a leurs qualites artistiques (souvent c'est la danse et le chant- on peut voir ca tres nettement dans Shara). remis dans le contexte du delire populaire - montrer qui sait le mieux manier la grosse caisse ou les cymbales et les faire resonner ardemment - le type de dos qui sue un quart d'heure en faisant ces beaux (mais si repetititifs) gestes amples pour assener les coups les plus puissants possibles prend un sens. resistance et puissance macho en competition claire, je comprends mieux que tout seul en train de briller sur une scene - je dois etre habituee a marseille, tiens...
ce qui rassure (ou inquiete), c'est que c'est ici aussi. surement le depassement de soi, quelle que soit la raison, peut donner de belles choses.

mardi, octobre 18, 2005

manger tous les poulets 

on le sait, de nombreuses exploitations agricoles vivent de l'esclavage d'un animal qui n'a fait de mal a personne et qui subi depuis trop longtemps les pires outrages genetiques (qui reduisent d'autant ses competences initiales surement un peu basses). doit-on torturer la nature quand elle ne sait pas se defendre et qu'elle a un air vaguement niais ? le nouvel allie du poulet (H5, virus pour la liberation du poulet d'elevage) va faire des ravages si on ne se depeche pas de tous les liquider et les manger un bon coup. on va mettre un minimum de stock de l'autre cote de l'atlantique (les etats-unis ne voudront pas nous aider, mais bresil ou venezuela seront prets a nous soutenir) pour conserver un peu de diversite.
apres, on attend un peu et on relance des methodes d'elevage plus rationnelles, au sens d'une rationnalite un chouilla plus complexe que la simple reduction des couts, on arrete de faire des excedents alimentaires, on arrete de coincer des pattes que l'on arrache quand on tire trop fort sur l'animal qui n'a deja plus d'ailes alors un peu de respect. et on attend un peu, on mange moins, on evite KFC quelques temps, l'oeuf je vous le rappelle est assez mauvais pour le cholesterol. ca va faire faire des economies a la secu si on se debrouille bien.
au passage on erradique le pigeon des villes, honte universelle. je ne pense pas que la population de charmants pigeons voyageurs non degeneres va nous faire une grosse epidemie, il n'y a pas la masse critique.
bien sur, il fallait faire ca avant, la ou ca a commence. il fallait une conscience internationale et une chine un peu moins dictatoriale. je vis dans un conte de fees.

lundi, octobre 17, 2005

le travail 

on passe beaucoup de temps en organisation, en politique, en accords, en negociations oiseuses, en distribution d'argent, en refus, en mensonge, en agacement, en tactique, en alliance, en decouverte tardive.
pourquoi moins en lectures, discussions, comparaisons, observations, corrections, assistance.
notre ministre nous demande d'etre internationalement competitifs, pour avoir toujours une revolution technologique d'avance, et j'ai l'impression que beaucoup de chercheurs veulent se conformer a ce modele plutot que de lui demander une redefinition de la mission. c'est faineantise ou accord ?
j'ai vu peu de japon, fait peu d'aikido, appris lamentablement trois kanji, immediatement, je ne me sens nulle part, tentant de comprendre le rapport entre des gens que l'on rencontre et qui nous parle, et des electrons qui dessinent des mots sur un ecran. comment associer l'un a l'autre et qualifier le premier sur la base des traits que l'on observe ? mon chef alan le dit "je suis trop sensible", et ca n'est pas une solution dans mon metier.
carnassier, c'est comme ca qu'on nous veut. soyons.

dimanche, octobre 16, 2005

nikku ou le bonheur de la maison 

j'ai rendu une visite supplementaire a nikku, le jardiland local, qui offre en plus des habits et materiels divers pour remplir la maison ideale. et donc : tele, gants pour le cyclisme et le jardinage, blouses et tabliers de cuisine, petits animaux (j'ai achete une tortue qui a fait plaisir a la recipendiaire pour son anniversaire - je tiens a rappeler que le compteur pour les petits animaux est ひき), siege a pique-nique, plantes et accesoires pour les planter, les rempoter, les rendre vaillantes.
je pense que les colliers pour chien lumineux sont aussi accessibles, tout comme les feux d'artifice interdits au bord de la kamogawa, les tapis de sol utilises par les habitants des quartier calmes qui organisent de petits barbecue dans leur garage ouvert sur la rue le samedi soir ou ceux qui vont au bord de la riviere au meme moment.
tout est bon pour partager et socialiser, preparer a manger, pecher. c'est un bon endroit pour voir ce qui est vraiment important. je recommande une visite attentive a tout sociologue en herbe. en plus, quand on signale qu'on a trop paye, ils remboursent sans douter (mais qui voudrait arnaquer ici?).

samedi, octobre 15, 2005

jean de la fontaine 

en cette journee de pluie battante j'ai eu l'occasion de parcourir la ville dans tous les sens et de m'exhiber les cheveux mouillees devant des japonaises impecables malgre les intemperies. car impeccable est un mot-clef.
j'ai donc vu la presentation de l'ecole de ceremonie de the de mon amie yola, et ai deguste un grand nombre de bon petits gateaux. le the epais, je suis plutot du cote des fanatiques, meme si l'occasion je prends peu de deguster. ecoeurement risque avec la mousse verte. interet de la visite : explications de l'enseignante qui supervisait et racontait les calligraphies, les fleurs, les objets. le maitre de the nous accueille et choisit pour nous les gateaux et the les plus adaptes. j'etais par hasard assise a la place d'honneur, avec mes cheveux plaques et mon look de punk, assez drole.
cours de japonais puis opera d'un artiste en residence a la villa fujoyama. la musique etait tres belle et les interpretes itou (on apprend a la fin que le compositeur est truffe de prix). j'ai plus cale sur le visuel : une mime et des ombres chinoises pas super reussies, manquant de personnalite. une adaptation des fables de la fontaine en francais (peu comprehensible a travers le chant d'un cantatrice japonaise) et en nippon. en fait l'adaptation etait tres bizarre pour moi, pas du tout le style de representation que j'avais de la fontaine. en fait le compositeur-metteur en scene est bulgare (ne a Bourgas) et donc il n'a surement pas la meme image que moi des textes, qu'il n'a pas lu a l'ecole primaire, et appris par coeur
a l'aikido, on a la salle tous les jours sauf un.
mais les mois d'apres ?

vendredi, octobre 14, 2005

le flic au velo rose 

un grand policier fait rouler un petit velo d'enfant en remontant imadegawa. je ne sais pas pourquoi. le velo est rose-barbie. le policier est bleu.
un copain a des infos nippones de premiere main (tres drole sur la banque j'ai pas lu pour le reste)
http://bencamenen.ifrance.com/
en accompagnant un collegue italien et sa femme dans les coins rares que j'aime bien (on discute boulot l'air de rien, c'est decontractant) nous avons vu bouddha un peu kitsch que je ne connais pas. le super bouddha est une peinture sur tissu et on s'agenouille devant. il a des fils multicolores attaches a la main et qui sont relies a un marteau. on met un peu d'argent, on prend le marteau et on tape sur le tambour pose a cote. ca fait un son fort et assez aigu, on regarde bouddha. a priori ca sert a connecter a bouddha (le fil est evocateur) et en fait le rituel est assez efficace a mon gout. c'est joli en tout cas. c'est mon temple presque prefere.

jeudi, octobre 13, 2005

"you must be juliette" 

a la fin du concert d'hier (tranq room pour le 5ieme anniversaire, little creatures jouait, groupe semi-celebre puisque la salle etait comble un mercredi soir) un anglais m'aborde pour me demander si c'est moi juliette. une fois mon etonnement passe, je decouvre qu'a l'entree, comme des amis mis sur ma liste n'etaient pas venus, on lui a demande s'il etait un des amis de juliette (c'est moins cher quand on reserve a l'avance). donc, ce n'etait pas la celebrite.
un jeune homme avait son ipod dans un etui artisanal en bois laque de kyoto, grande tradition japonaise. il a mis 3 mois pour la forme en bois et *seulement* une semaine. c'etait tres tres beau. ca couterait en gros 15000 yen (100 euros), une bagatelle pour avoir une classe pareil.

fin de la culture, vive l'actualite.
maroc - afrique subsaharienne / "Tous ne quitteront pas le Maroc par la voie des airs. Malgré les démentis officiels du Maroc, un convoi d'autocars encadrés par la police et ayant à leur bord des centaines de Subsahariens de diverses nationalités ­ dont des femmes ­ a pris la route en direction du Sahara-Occidental. "On ne sait pas où ils nous amènent. Même le chauffeur du bus ignore la destination", disait l'un des passagers."
japon - yakusa / "La puissante pègre nippone a récemment élu un nouveau chef, au vu et au su des autorités. Bien que le Japon se targue d'un très bas niveau de criminalité, sa mafia est l'une des plus riches du monde. Mais à l'instar d'un grand groupe économique cherchant à s'adapter, les yakuzas semblent en pleine restructuration. (...)A lire la presse locale et les communiqués de la police, l'étranger pouvait croire à une fusion tout ce qu'il y a de plus courant dans la vie économique. Quant au passage de témoin à la tête des Yamaguchi-gumi, la police a seulement bien voulu confirmer que la réunion avait eu lieu. Impossible de savoir pourquoi Yoshinori Watanabe a décidé de prendre sa retraite pour laisser la place à son No2 en la personne de Kenichi Shinoda. "
france - scandales / et bizarrement, en quelques minutes les titres ont change alors j'ai perdu les supers diplomates francais qui se sont fait graisser la patte, pour recuperer la sncm qui fait sonner les navires la nuit pour empecher les enfants de se reposer.
japon - developpement / Aussi apprit-on hier que Satoru Narahara, 36 ans, rescapé du tremblement de terre de Kobe en 1995, en sortit si secoué, si l'on ose dire, qu'il quitta l'industrie de l'acier qui l'employait pour rejoindre la coopération et le développement. Samedi, à Islamabad, un séisme l'a rejoint, et tué."

mercredi, octobre 12, 2005

les progres en japonais 

ils sont tout petits (les progres), mais guillaume et moi nous rejouissons des belles phrases d'adulte que nous sommes capable de construire maintenant. lentement baffouillant, mais...
vous souvenez-vous que dans l'enfance tout a du sens, rien ne semble faux, la confiance est au centre de l'univers, et lui-meme est normal. la feuille au vent, l'insecte et le gravier, la voix grave, le soleil, l'odeur du caramel, on se satisfait d'une pleine realite et d'une pleine reverie. l'age, blasant, dissoud les connaissances simples pour les rendre obscures et confuses, oblige et discipline, ordonne la ou rien n'est avant ou apres.
eh bien, faire du japonais permet de se souvenir que l'envers est aussi vrai que l'endroit, et que jamais rien ne s'aborde selon un unique point de vue.
surement d'autres methodes existent, le tout est de les trouver.

mardi, octobre 11, 2005

un bien beau pays 

le serveur etait casse et moi aussi, ce qui explique des retards de post, mais j'ecrivais tres serieusement de ma petite chambre. j'ai probablement un nouveau rendez-vous avec les gens du teikei qui avaient un peu disparu, pour poser mes questions (les bio japonais), ce qui veut dire que faire reseau (et donner des conseils aux etudiants, individus outrageusement meprises et delaisses dans ce pays), meme quand on ne parle pas la langue, fonctionne a son petit rythme...
guillaume vient de recevoir un coup de fil du commissariat pour dire qu'on lui a retrouve son telephone portable. a part mon cheri, je ne connais pas grand monde en france qui ne garde pas un telephone oublie/perdu. ici, je me repete surement, on rapporte de l'argent trouve par terre a la police. (je ne pense pas que je le ferais, sincerement)....
en meme temps, le vol de l'argent se fait a haut niveau puisque ca yest, koizumi l'homme dont le visage indique qu'il faut s'en mefier (pratiques les hommes politiques contemporains) privatise la poste.

comme bien beau pays, citons aussi la belgique qui est capable de greve generale, elle, pas comme ces mollassons de franchouillards. ah la la.

lundi, octobre 10, 2005

encore un jour férié 

c’est incroyable ce pays où les jours fériés s’accumulent et où le serveur ne marche pas pour accéder au monde. il y a un grand festival d’art à kyoto depuis un mois (j’apprends) et je vois des petits films d’animation d’après-guerre assez nuls. je ne recommande pas non plus leon, un film-patate-succès de plus.
hier soir, j’ai fait deux fêtes d’anniversaire, l’une avec des plus vieux et l’autre avec des plus jeunes. les plus vieux m’emmènent au restaurant (nouvelle cuisine japonaise, très bon), je vois des anglo-saxons et allemands artisto-new age qui parlent parfaitement japonais sans frimer avec leurs copains sculpteur et photographe (une fille qui s’appelle maki - je dis ça pour le maki de marseille aussi photographe). On rit et traite de gaijin l’une d’entre nous qui oublie de retirer ses chaussures en sortant des toilettes (les fameux chaussons des toilettes) et dit d’un air désolé “12 years in japan”. j’apprends qu’il existe un karaoke mythique ancienne salle de boxe, le rocky 5, où il faut absolument aller (mais je les abandonne pour la seconde fête, 今度 on dit - prochaine fois). j’apprends qu’il arrive que l’on refuse l’accès aux homosexuels dans un love hotel en prétextant “pas à kyoto, peut-être à osaka mais ici, pas deux hommes” ce qui est faux bien sûr sauf chez les snobs - j’ai quand même eu une inquiétude. je n’ai guère le goût au travail et pourtant tente de lire des penseurs : autre que marguerite, tout m’em*

dimanche, octobre 09, 2005

kyoto electric circus 

ce n’est pas la première fois que je fais de la pub aux petits jeunes qui organisent ces fêtes quasiment vides (la plupart du temps). cette fois ils étaient en concurrence avec un monstre ultra cher qui s’égosillait sur le terrain vague, sans certitude de qualité. j’ai suivi les informations de moncho mon pote djay et suis venue malgré une fatigue mon dieu que je suis naze en ce moment avec même pas l’envie de me lever le matin, rien du tout si vous saviez. je suis allée à 11 h et quelques et suis repartie a 2h, en dansant en gros non stop tout le temps.
il y a eu 1/ moncho qui fait de la destruction de son, genre du vvm en plus dansant par moment et du beaucoup plus trash quasi-inaudible de face à d’autres (il dit qu’il se force parce que s’il s’écoutait personne danserait jamais). il monte sur scène avec un masque, je lui ai parlé de vvm sus-cité qui est toujours masqué et souvent entièrement déguisé, qu’il ne connaissait pas - marrant quand je suis partie l’autre dj plus clairement drum and bass pas mal mais dur à danser était lui aussi masqué. il a eu un vj qui déchire sa race, on en voit pas mal ici quand même. par exemple : des constructions géométriques sous forme d’un réseau de lignes droites en 3D, comme un ensemble de cubes partiellement tracé, et des cubes qui se promènent le long des arrêtes et laissent un cube bleu à un sommet tous les deux sommets visités, très beau ; des utilisations drôles des images windows ; des boucles de morphing hyper réussi avec des yeux qui deviennent un soutien-gorge de maillot de bain très drôle, et je me souviens bien que quand j’avais 15 ans le morphing apparaissait et semblait si hype qu’on bavait sur des trucs de merde ; un dessin animé qui semble super mimi au début et se transforme en gore attitude trop nippone.
2/ héritant d’un vjay qui ne sait que faire des cercles et des carrés avec des jolies couleurs, c’est poll box qui est passé. très cool plutôt dansant au début mais pas tellement original. une technique irréprochable dans un expérimental minimaliste. un peu trop de styles représentés pour que le peuple adhère réellement, ça faisait danser en minimal.
3/ une minette encore pas trop servie par son vjay, sexy food qu’elle s’appelle de nom de scène. cette jeune femme nous a servi de la jungle qui m’a rappelé mes années dans le grand nord. la nostalgie et le bonheur face à la qualité de son rythme, l’humour des sons (on a eu du brame de shubaka), les enchaînements sans fautes et les mix étonnants m’ont rendues vraiment heureuse sans compter que je ne pouvais pas ne pas danser dans tous les sens. en discutant avec elle je découvre qu’elle est revenue il y a 7 mois de Manchester, où elle habitait à Moss Lane west dans une maison qui faisait la fête tout le temps. pas de surprise, donc, si elle sert du UK dans les nouvelles tendances, une jungle avec un rythme de plus en plus net en arrière-fond. elle dit qu’une boite d’Osaka propose ça, ce qui risque de rendre les aller-retour plus fréquents.
4/ lå, je ne pouvais plus danser, la fatigue du grand âge, alors j’ai un peu écouté les mélodies latino sur-rythmées par des boîtes à rythme aux sons gras, puis j’ai opté pour la raison malgré un vjay qui suivait en rythme et amplifiait la plupart des bonnes trouvailles de brisures de tempo.
je redis : pourquoi se passer de ces teufs quand on aime danser, c’est au-delà de la qualité des gros clubs d’ici, très loin.
le dimanche se passe conséquemment à ne rien faire (ranger, laver, pas travailler).

samedi, octobre 08, 2005

arrière-goût chocolat 

nous avons vu un film il y a trois jours, dans une grande salle en un soir ou les filles paient moins cher (seulement 1000 円). il y a avait surtout des filles (99%, salle pleine), quelques petits amis, et deux ou trois binoclards coincés qui venaient profiter de la présence de la population de l’autre sexe (mon hypothèse). l’image vaut franchement le coup, le son est les vibration sont immenses, on est content de la salle. les bandes annonces sont des blagues, comme dirait un de mes accompagnateurs : toujours un musique tonitruante, des arrêts sur image angoissants et apparitions de phrases choc ou titres accompagnés de coup de tonnerre. quel que soit le sujet du film.
nous avons donc vu Johnnyyyyyyy avec une coupe au carré et un visage lisse capable de se décomposer en une seconde pour réapparaître normal après un flash-back monomaniaque, une très légère pointe d’hystérie autiste et son ambiguïté homme-femme sous certains angles qui ne semblent pas le quitter depuis l’adolescence. comme on s’en doute, il est l’acteur parfait, il peut tout, surtout l’impossible. autour de lui, tout le monde joue aussi très bien mais sur un mode mineur, uni-dimensionnel, du gentil petit garçon au fou de technologie agressif, du père richissime et prêt à tout céder aux femmes au grand-père ouvrier fidèle et parfaitement aliéné. dans la chocolaterie, en reprenant un propos qui n’est pas le sien, on a un peu l’impression que burton fait un essai. il n’a pas fait (pour moi) un film, il a fait un échauffement, joué une petite étude dans laquelle il vérifie sa capacité à manipuler tous ses vieux trucs, pour les polir une fois de plus, dans un but beaucoup moins clair que d’habitude. pour tout dire, dans un burton c’est seulement la deuxième fois que je ne m’oublie pas dès la deuxième image, que je me souviens du siège, de la pièce, du pop-corn mâché. la première fois, c’est avec ed wood, où un autre fou hystérique et d’une sincérité sans appel, qu’il m’avait fait voyagé dans du trucage de cinéma, rappelant sans cesse à celui qui regarde que tout cela ne lui est pas donné en cadeau, et qu’il faut imagination, effort et sacrifice pour que l’entertainment (même le plus miteux) voit le jour.
ici il me propose dès le début les secrets des chocolats, ou en tout cas une partie des secrets, celle qui est la plus prévisible, image classique d’une usine (classique mais tellement belle ici - on est dans batman presque), de machines qui se meuvent, se passent avec souplesse des plaquettes, emballent, rangent, classent. comme dans tout format de narration classique, un petit mystère, une main intervient qui interrompt la mécanique pour poser un papier - pause qui permet de respirer au milieu d’une musique des années 50 (super nulle, grand orchestre à l’américaine) - qu’on remarque sans comprendre encore puisqu’il s’agit du ressort qui initie l’histoire à venir. on a cru voir les secrets, mais on saura très vite que l’on a vu le politically correct, pas la véritable R & D qui va bientôt nous horrifier et nous dégoutter.
concours, héros désigné dès le début qui gagne malgré des doutes passagers, et qui passera tous les tests, on le sait déjà même sans avoir lu le livre, car il y a derrière le film une petite histoire presque morale, un gentil garçon qui réussit, malgré lui et grâce à son grand coeur, toutes les épreuves.
le film nous parle d'ambiguïté, un personnage qui réussi mais n’est qu’un paumé sans repères relationnels ou sociaux, qui vend les bonbons les plus merveilleux du monde qu’il construit avec les plus grands soins mais n’aime pas particulièrement ses consommateurs, qui veut donner sans accepter que l’on fasse ce que l’on veut de son don, de produits miraculeux produits grâce à un esclavage pas du tout déguiser, bref, du visage de Johnny Depp, lisse et beau, ridé et angoissé. toute cette ambivalence va être diffusée tout au long du film par des effets visuels enchanteurs (qui équivalent - je me répète - batman, dans sa mécanique bien enchaîné) et des raccourcis narratifs cachés effrayants. l’image nous montrent un premier degré de la réalité, beau et bien huilé au départ, mais toujours prêt à déraper dans l’horreur si on ose intervenir un grain se glisse dans la mécanique. on l’a vu dès la première scène, ce qui est important est la joie du petit spectacle, et Willy Wanko applaudit malgré les explosions et le feu qui ont détruit les poupées chantantes. Quand on ne voit que la face brillante, on peut se réjouir sans cesse. L’atroce est rejeté en hors champ - incinérateur supposé, pressage de la fillette pour la rendre normale, sauvetage du jeune goinfre dont on ne sait pas avant la fin s’il s’en sortira ou non, appareil à élongation - et à chaque fois l’explication évasive et la rapidité pour oublier l’embarras font monter un peu plus le malaise. on découvre en outre que tous les ouvriers de l’usine (personnellement, je trouve le personnage du nain tout droit sorti de lynch, ce qui fait partie d’une des références dont je parle après, mais je ne sais pas si c’est moi qui fantasme ou...), dont l’adoration du dieu chocolat en fait une main d’oeuvre corvéable à merci, ont en grand nombre été victimes des expériences pour affiner des produits si merveilleux. certaines expériences (les moutons roses) sont même passées sous secret, limite du bon goût même infranchissable par Willy. les tortures de l’enfance, qui reparaissent en flash-back, montrent un minimum de l’horreur de la réhabilitation incarnée (in-machinée) dans l’appareil dentaire paternel, sous la forme d’un casque disproportionné et signalant que tous les sacrifices sont bons, vraiment.
alors bien sûr quand tout le film repose en parallèle sur des références au show-biz et au cinéma, à travers des scènes d’une lourdeur qui s’assume, commentées par le maître d’un souriant “isn’t it booggie”, on finit par se demander de quoi burton veut vraiment parler. pour moi, c’est le film de quelqu’un que le cinéma dégoutte (hyp1) ou qui se complet dans un mensonge malsain en l’affirmant de plus en plus haut et fort (hyp2). on n’oublie pas qu’on est au cinéma pendant le film, mais on ne l’oublie pas après non plus et je me demande si c’est vraiment la peine de refaire citizen kane aujourd’hui. et surtout qui verra ce type de discours si ce n’est ceux qui savent déjà le mensonge international , son ampleur, ses mécanismes, son désir de transmettre et de former pour ne pas que l’empire disparaisse ? je répondrai à tim, d’une voix faible et inaudible : “si vous êtes dégoutté, n’en dégouttez pas les autres”. ce film est tellement visqueux et au second degré si ravageur, qu’on ne peut guère s’en dépéguer pour retourner tranquillement vers du premier degré.
car il existe des images belles. j’ai vu le bonheur de varda, et elle fait une surexposition là-dedans, avec la fille qui s’éloigne quelques instants de son amant, change de pièce et voit ses contours s’évanouir, pour revenir et reprendre chair en retournant vers lui (pour le pécher du même nom) - je vous raconte même pas comment avec peu de moyens mais des idées on fait des choses belles aussi.
sinon, pour ce qui est de la salle, ça avance, les étudiants sont déjà contactés (rapide pour le japon, dit notre sensei).

vendredi, octobre 07, 2005

de succes en succes 

deja, les depeches du jour du monde : un medecin anglais se plaint d'etre trop paye (ce qui declenche un tolle chez les autres medecins); des gens tentent de suaver les derniers bonobo qui (je cite) sont "connus pour régler pacifiquement tous leurs contentieux par le sexe, ont été décimés par des années de guerre et de braconnage intensif. Leur population, estimée en 1980 à 100.000 individus, est aujourd'hui tombée à quelque 10.000" - les exemples a suivre n'ont surement pas de place sur terre.

les aventures du club d'aikido.
si vous avez rate le debut (lisiez-vous tele 7 jours chez votre grand-mere ?) : le club aikido-kyoto est bien embete. ce samedi 1er du mois, jour ou les reservations de salles se deroulent traditionnellement devant un ordinateur a compter de 9 heures du matin, un groupe d'etudiants (qui se reveleront par la suite repartis en trois groupes distincts mais sont designes ici par "les etudiants") reserve des l'ouverture l'integralite des tranches horaires de la semaine pour deux salles du budo centre, delogeant au moins 4 clubs differents. etape 1 : yoko sensei se plaint en appellant les responsables centraux de la ville de kyoto et en attendant une reponse qui ne vient pas, elle se plaint aupres des gardiens du budo centre qui, n'etant pas des fleches, ne servent pas a grand chose dans un potentiel arbitrage. en cours de route, l'argumentaire se peaufine et la requete devient de plus en plus claire : il faut que les clubs aient acces pour ce mois de novembre menace a leurs horaires habituels et il faut reformer le systeme qui n'empeche pas ce type de debordements.
analyse : situation de ressources limitees, avec un systeme d'apparence concurrentiel pour l'acces aux horaires, mais avec des conventions fortes qui permettent aux membres du groupe de se comporter poliment et de respecter l'anteriorite de l'occupation horaire. en general : on regarde les horaires des autres et on choisit une place dans les espaces libres. son propre horaire se perenise ainsi de facon presque automatique. il semble que communement au japon les regles ennoncees et celles suivies soient differentes, mais que le temps long passe en communication serve a regler les differents de ce type en explication. autre alternative (dit yoko sensei) : quand il y a un probleme personne ne se plaint et ceux qui sont spollies attendent que ca passe.
etape 2 : jusque la, les etudiants n'ont pas ete rencontres, malgre la requete de yoko sensei. le mercredi apres-midi, nous recevons un mot d'ordre de rassemblement pour le jeudi matin, 9h30, depart pour le sud ouest de la ville au centre de gestion des equipements sportifs municipaux. quand nous nous rassemblons en direction des chefs administratifs (huit personnes sont venues dont quatre gaijin dont je ne sais s'ils servent en positif ou negatif), les requetes sont preparees de nouveaux : demande de rencontre avec les etudiants pour discuter du futur proche et transformation des regles pour assurer une continuite dans les activites.
a l'arrivee, nous effrayons les hommes de l'accueil en demandant d'etre accueillis a huit. ils sont terrorises, et un cafouillage "attendez, oui non, on appelle, on revient, euh..." dure quelques minutes. un homme tres a l'aise arrive, surement prevenu du nombre a l'avance mais dans tous les cas un vrai charge de communication. nous nous installons dans une grande salle en cercle, et yoko sensei expose sa comprehension de la situation comme une injustice. entre autres choses, on peut noter que ceux qui font les autres activites sont des vieux et que l'usage de la machine leur est plus penible que pour les jeunes. (pendant ce temps, naoko est en train de joindre les representants des autres collectifs qui utilisent les salles, mais nous nous posons deja en porte-parole general).
la situation est deja claire pour les administratifs, qui ont bien compris que ca n'allait pas et ont deja signale le probleme aux etudiants. la raison de leur rapatriement est la presence d'amiante, qui a fait fermer d'un coup l'integralite des salles de sport dans tous les campus de kyoto daigaku. ils sont a la rue et nous y mettent. comme l'homme nous apprend alors qu'il n'est pas question de partager les salles pendant les cours (propose par yoko sensei) car ils ne veulent pas de traffic de demi-salle, la nouvelle solution est plus radicale : leur fait annuler la reservation, recuperer nos tranches, et leur donner celles qui restent (deja assez nombreuses). l'homme s'engage alors a organiser une reunion avant le 25 pour edicter de nouvelles regles. tout le monde est tres content de cette reunion. peut-etre sera-t-il meme possible de redefinir la notion de tranche horaire en divisant plus les salles, tous les espoirs sont permis.
etape 3 : consolidation du mouvement - les autres groupes sont joints et acceptent de venir le vendredi midi a kyodai pour rendre visite a l'administration des sports. apres l'aikido, legerement ecourte, on se rend en groupe dans les bureaux de la fac, lieu de frime par excellence. tout d'abord le responsable refuse de laisser entre tout le monde, mais yoko sensei de l'interieur dit "tout le monde dedans", et nous obeissons plutot a notre prof qu'a un inconnu. la, les trois representants, yoko sensei, une vieille dame et un moyen vieux monsieur, parlent au type en recitant la meme litanie et les memes demandes. apparemment, il y a des chances pour que la rencontre avec les etudiants se fasse la semaine prochaine. venir en bande a l'air d'etre un bon argument. yoko sensei attend la rencontre avec les etudiants en partant du principe qu'ils seront bien plus faciles a manipuler (je repete: on n'est pas en france !). elle compte les mettre devant la machine, leur faire annuler leurs reservations, prendre ses tranches horaires. en tout cas, c'est dynamique et efficace.

jeudi, octobre 06, 2005

situation volatile 

c'etait ecrit sur un tee-shirt aujourd'hui, ou le soleil a fait croire a l'ete.
en faisant de la protestation pour recuperer le dojo d'aikido, j'etudie la negociation au japon (ma raison d'etre ici) militantisme et terrain qui se lient, ca rend les choses plus simples.
je tente de mettre ca au clair vite.

mercredi, octobre 05, 2005

baston 

en general je n'aime pas beaucoup les combats de rue car ma lachete legendaire me fait craindre des debordements douloureux. mais hier, voir ce type qui en attaquait un autre a coups de pieds en hurlant m'a plus fascinee qu'effrayer. la rarete transforme necessairement le sens et donne a l'evenement une dimension dramatique hors du commun. un homme plutot age, avec cravate et costard, s'est donc fait agresser par un type qui le connaissait visiblement bien. cinq hommes etaient en bras de chemise avec le look habituel du salary man en goguette, trois pour maitriser le forcene et un qui rassurait le vieux, qui sortait de sa poche ses cigarettes, avec un air de faux-calme tout nippon. il ne tremblait pas, mais la fureur percait sous le masque impassible et les gestuelles banales. l'autre continuait a crier du fond du parking, tentant de se degager pour revenir a la charge. l'energie qui circulait laissait a penser qu'il valait mieux que l'homme n'ait plus rien a perdre, car il risque de ne plus avoir grand chose ce matin.
aujourd'hui, voila.fr m'annonce "aujourd'hui c'est sainte fleur, offrez-lui des fleurs", qui tombe un peu a plat.
section : tourisme et vie quotidienne.
tranqroom et etw sont fermes le mardi soir. il est recommande d'aller entre oike et nijo sur teramachi, cote ouest on trouve atha, petit restaurant-bar en longueur confit de gens branches et dont la serveuse peut emouvoir des coeurs bien accroches. recommandation speciale : leur ricard a 500 yen "on the rock" dont la dose servie permet d'affirmer qu'il est moins cher, apres conversion, que celui du bar de la plaine (il est bon de demander un verre d'eau fraiche en parallele, que l'on utilisera discretement pour le blanchir). non-recommandation : le "milk wine", traduction approximative de vin mongol, alcool opaque blanc plutot sucre et dont on ne prend qu'un seul verre - existe en 3 declinaisons, 16, 36, 48 degres.
la pluie, que l'on attendait tant, ne nous quitte plus et, a la limite, commence a nous prendre la chouffe sec.

mardi, octobre 04, 2005

recensee 

j'existe au japon car on me recense et on sait qu'une etrangere qui ne travaille pas habite au troisieme etage sur huit dans un appartement de quinze tatami.
une fille, grassement payee pour sa tache, compte les voitures en des points de kyoto pour une etude qui vise a comprendre comment reduire les embouteillages. elle travaille 24 heures d'affilee.
dans ma boite aux lettres, je recois un petit papier qui me propose de venir a la fete du troisieme age du quartier et qui annonce que j'ai gagne un cadeau. ca fait rire ceux qui lisent pour moi.
dans ce beau pays, on ne favorise les arts martiaux qu'en theorie. dans le club de quartier, les jeunes qui dansent le hiphop ont priorite sur les vieilles qui s'adonnent aux danses folkloriques wisigothes tout autant que sur nous. au budo centre, il faut reserver au debut de chaque mois pour le mois suivant. le premier, au petit jour, se livre une course electronique entre plusieurs points de la ville ou le plus rapide gagne pour s'inscrire dans sa tranche horaire. cette fois-ci nous nous sommes fait doubler par les jeunes de la fac - dans les locaux sportifs on a decouvert de l'amiante et ils fuient a grandes enjambees. comme ils ont pris tous les matins toutes les salles, nous nous plaignons d'injustice. notre avantage comme club recrutant beaucoup de gaijin avec une grande proportion de francais, c'est que nous avons une pratique de la manifestation et de l'occupation de locaux, avec un entrainement assez intensif a la periode lyceenne en general, et que nous allons pouvoir epauler notre professeur dans la reforme (esperee) de ce systeme de location absurde. sinon, l'idee de casser la gueule aux etudiants nous fait deja rire. mais ne pas esperer trop tot des amusements rares dans ce pays de paix sociale.

lundi, octobre 03, 2005

vidage de poubelles 

aujourd'hui les etudiants vident les poubelles. certains jours, ils vont en groupe chercher les bouteilles que tout le monde boit ici sauf moi (du ginger ale, ce qui correspond vaguement au canada dry je pense). le chercheur de la piece d'a cote entre dans la piece, designe deux etudiants, et il les accompagne a la recuperation. il faut mettre \50 a chaque fois qu'on se desaltere. les poubelles sont confiees aux plus jeunes. c'est bien normal.

dimanche, octobre 02, 2005

Tout la journée, nous aurons attendu la pluie 

Ce qui continue à marquer chaque jour ici, c’est que tout est fait au maximum, au plus profond et que jamais une intention ne reste suspendue dans une demi-réalisation hésitante. il n’est pas besoin de despote mégalomane pour réaliser des versailles car ce sont les petites mains, les braves gens du quotidien, qui vont mener à bien les tâches qui permettent d’atteindre à la complétude de la forme. Ainsi, quand un temple commence sur une montagne, peut-être le promeneur sera-t-il fatigué de sa visite exploratoire avant même d’avoir saisi la géographie de l’ensemble; sûrement sentira-t-il saturation de signes face à la multiplicité des ex-voto (si ce n’en sont pas, strictement, ils sont frères), des reproductions, statuettes, fleurs vivantes et séchées, senteurs d’encens qui surgissent sans fumée. à fushimi-inari on peut contempler les très célèbres et très recommandées enfilades de tori rouge-shinto. il s’agit de monter dans la colline et de suivre ces allées à la perspective perturbante, éclairées la nuit par des lanternes de pierres rares et qui ne rassurent pas ceux qui sont trop sensibles à la présence des esprits. car au japon, ces ancêtres devenus puissants dans la mort ne sont pas renvoyés dans un au-delà dont la limite est claire et définitive, mais ils semblent se réserver un espace dans les pierres, les édifices de bois silencieux, les cordelettes qui flottent au vent ; quand on passe à proximité et plus encore quand on s’enfonce dans les dédales de stèles moussues, on se sent accompagné d’une énergie immense et poliment indifférente.
tenter de sortir des chemins peuplés de touristes participants activement et bruyamment aux rituels d’entretien du temple peut être très dangereux car les araignées des forêts de cette ville tendent des toiles d’une résistance telle que l’on découvre l’angoisse de la mouche après quelques pas d’une promenade inattentive. manquant de courage face à ces monstres dorés larges comme la paume, il arrive qu’on cherche plutôt des allées déjà clairement balisées. et malgré la thématique obsessionnelle de la porte noir et rouge, on peut suivre des routes de pierres bien plates qui serpentent entre des bambous sur pieds, à l’air guère plus naturel que leurs cousins maintenant transformés et peints que l’on a quitté avec la foule. Tout en haut, un temple très discret d’où les renards sont totalement absents, remplacés pas des dragons blancs aux dorures clairsemées. Ce temple semble avoir à voir avec la littérature et une statue de scribe y côtoie des petites plaques de bois qui représente une jeune femme éperdue. peut-être une femme malheureuse dont l’histoire nous dit qu’elle a perpétué le suicide d’amour. dans ces zones on croise principalement de vieux hommes droits comme des piquets au bob clair fièrement planté sur la tête, déambulant comme pour une promenade de santé. en continuant à s’enfoncer, on tombe sur des renards et des stèles arrangées dans un désordre compulsif à flanc de montagne, et sur 100 m2, on peut prier au moins 10 fois face à des autels odorants et cachés.
en fuyant quelques instants la montagne-temple dont les renards au regard fixe donnent une sensation de présence importune, on rencontre encore un de ces lieux de prière, encore plus vide que tous les précédents. pour couronner la sensation de malaise et de fascination, un terrain vague avoisinant accueille un vieux poêle qui s’est consumé et dégage fumée opaque et odeur de feu de maison tandis que des habits témoignent que ce lieu est habité. encore des petits tori déposés par les prieurs et des autels, des renards, des renards en famille, parfois très vieux à la tête manquante, parfois tout fraîchement déposés. une cavité permet, si on le souhaite, d’aller se laver sous la douche jaillissante d’eau détournée de la rivière pour les ablutions (qu’on imagine matinales) du prêtre.
un ami. au regard fixe et troublant au milieu des statues d’animal sacré. un de ces chats européens qui rappelle invariablement un animal que l’on a connu jadis, et qui pour un chat japonais n’est ni snob ni trouillard mais en demande de caresses, encore dans une jeunesse qui ne lui a pas laissé le temps d’oublier les soins ronronnant de sa mère.
retour lent à la civilisation pour croiser des enfants pleins de morve qui ne craignent pas les mille-pattes piqueurs. le vent dans les bambous provoque des bruits de château hanté et fait voleter des feuilles encore vertes. des allées de tori, des japonais mal habillés et portant une serviette sur le cou, car venus pour l’exercice dans cet enchevêtrement de portails aux tailles variables et à la calligraphie plus ou moins uniforme. encore des ondes telluriques, c’est le pays où la moindre pierre semble chaude et prête à trembler de fureur (les bretons sont sûrement habitués). à la sortie, après le ras-le-bol qui suit le lessivage de cerveau, on retrouve les splendeurs rassurantes des stands de gâteaux et de souvenirs de mauvais goût, indispensables à tout voyage en terre sacrée. cette forêt trop sèche donne soif et la pluie qui gorge les nuages ne se décide pas à nous rejoindre.

samedi, octobre 01, 2005

savoir regretter perpetuellement 

je regrette perpetuellement (seulement quand j'y pense) mon non-apprentissage du japonais. en dehors de mon post apparemment incomprehensible d'hier je vois : le plaisir de constater que les kanji rentrent et commence a se repondre un peu maintenant ; je suis capable de suivre une petite conversation en japonais entre deux personnes dont l'une est etrangere et cela me permet de communiquer plus abondamment avec qui ne parle pas anglais ; je profite ainsi d'un tas d'informations sur les soirees a tranqroom, mais quand travaille-t-elle bon sang entre ses soirees et son aikido, d'autant que parfois les deux sont lies comme ce soir avec l'anniversaire de la prof d'aikido qui a un demi-siecle et ne les fait pas surtout quand elle est sur le tatami a eclater la tete de jeunes gens qui ont moitie son age. sur vingt-cinq personnes au club, nous en avons deux dont c'est l'anniversaire aujourd'hui, ce qui permet de remercier dieu des petits evenements fort pratiques dont il parseme notre vie.
marguerite y., la grande marguerite, dit qu'un poete japonais parle autant des desagrements de la saison que de ses agrements, et qu'en particulier, l'ete ne prend realite que quand les insectes courrent sur son corps. je ne suis pas sure que c'est parce qu'il est japonais qu'il parle des animaux, mais bien parce qu'il se promene sur une terre ou les mantes religieuses et les mille-pattes font au bas mot trois kilos. on ne peut plus me reprocher mon obsession des insectes si meme basho l'a. vraiment, la...
un autre auteur dont le nom m'echappe dit que le patchinko ne peut prendre qu'en terre de bouddhisme zen (il a ete introduit en 1954 et l'auteur predit sa survie 11 ans plus tard, 40 ans de plus et je confirme : c'est toujours la). c'est simplement que le patchinko est la non-action, dit-il, le non but, le rien. il semble quand meme qu'il soit possible de gagner sa vie quasi exclusivement en se cassant les oreilles toute la journee a la bille de metal. une bien belle vie gagnee.

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