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vendredi, mars 31, 2006

retour mouvemente 

je sais que je suis rentree a kyoto depuis deux jours, et que le contrat est d'ecrire tous les jours pour mes lecteurs attentifs zet aimes. mais aujourd'hui j'ai du envoyer mes caisses en france, dont ma belle commode dont je pris pour qu'elle supporte le voyage et mon meuble porte-kimono adore, avec plein de choses inutiles dont je me demande meme pourquoi je les ramene a part pour rester ancree sur terre par des possessions, des attaches bien futiles.
hier, je me suis fait un deuxieme cadeau d'anniversaire (apres la semaine a me faire jeter dans tous les sens par des humains en pleine forme a toute vitesse pendant quatre heures par jour, pour me refroidir dans les glaces du matin en attendant la demi-heure entre les pratiques dans les courants d'air du dojo), qui est d'inviter ma prof d'aikido a manger des soba dans la montagne a yamashina. nous avons parle d'aikido et de futur et de present et du reste. elle a en particulier une analyse du sumo qui passe par un regard de maman sur la personnalite des principaux lutteurs du moment - asashoryu comme enfant inquiet a gros complexe d'inferiorite qui le force a se persuader qu'il est le plus fort avant chaque combat - hakuho comme dernier fils gate par sa mere pour qui la vie est facile et qui est par consequent un peu lent et sans inquietude - il vient de passer oseki apres sa superbe performance a ce basho - a propos kotooshu etait tres blesse ce qui explique sa grande raideur). c'est cool d'avoir une prof d'arts martiaux, je pense que tout le monde sous-estime la valeur d'un regard de mere sur la pratique des brutasses.
sinon la semaine au hombu aura ete tellement utile que je suis maintenant capable d'etre detendue pendant un cours entier. j'espere juste que les sensations et la forme resteront un peu dans mon corps, et que la crispation et l'arret de la respiration en court de mouvement me lacheront la grappe. je comprends maintenant ce que sont les sensei, grands et moins grands. on en comprend des choses avec la patience.
cours de japonais. je promets que je raconterai mes aventures de provinciale perdue a shinjuku dans les prochains jours. mais demain : fete d'anniversaire. dimanche : combats de sumo au temple d'ise. la vie est tres occupee a certaines periodes. et l'introspection moins de rigueur.

dimanche, mars 26, 2006

un lecteur 

je remplirait plus tard ce blog de mon emerveillement face au sakura deterre et rempote au centre de la gare de ueno. pour l'instant l'information du jour : j'ai rencontré un lecteur de mon blog dans le métro de tokyo. sachant que j'ai eu au cours de la vie de ce blog, au maximum 20 lecteurs inconnus, ce qui frise le miracle a faire autentifier par le pape... à tokyo en ce moment on est dans les 10 millions, non ?

vendredi, mars 24, 2006

le ridicule ne tue pas 

bizarrement, dans le pays de la timidité et de la peur du ridicule, j'ai perdu cette peur qui pourtant hantait mes jours et mes nuits. ce matin je pratique au hombu dojo et quand nous chantons en coeur sur l'exercice du rameur, je crie un "ho" de trop, qui dépasse nécessairement dans le silence soudain des 60 personnes présentes. pratiquant avec geute, à deux doigts de l'évanouissement face à la fluidité et la précision du jeune homme qui est le seul gaijin prit comme uke par le doshu, je piétine la tête d'un type à terre. finalement, en sortant, je saisis devant le doshu ma chaussure par la semelle. enfin le soir, il vient me corriger car je saisis les poignets et pas les coudes. comme je suis venue à tokyo pour travailler la perception et l'endurance, il est un peu normal dans ma logique que ce soit là où je me plante. mais il y a peu de temps toutes ces anecdotes m'auraient catastrophées. maintenant je suis juste contente pour ceux qui ne font pas toutes ces conneries. tokyo est une ville un peu plus grande que ce a quoi je suis habituee, aux restaurants parfois hors de prix et d'autres a l'agréable ambiance populaire et peu cher. avec un architecte plasticien un peu fou, nous nous promenons et trouvons enfin la jetee; bar du nom du film de chris marker aue je cherchais depuis ma lointaine visite a tokyo dans ma jeunesse. le bar est plutot cher sans qu'aucun prix ne soit affiché ; la célébrité permet tous les excès.

jeudi, mars 23, 2006

perspectives decalées 

arrivée à tokyo, la capitale. dans la montée de l'escalier automatique qui me sort des sous-sol de la gare de tokyo, je regarde ceux qui descendent et un léger vertige me saisit. l'escalator a un angle très aigu qui transforme la posture de ceux qui descendent et les rend plus verticaux que moi, je me crois penchée en arrière. dans la descente personne ne se sent mal, dans la montée les visages ont l'impassibilité des salarymen fatigués, rien ne dépasse de la fatigue.
dans le bain de l'hotel je regarde l'autre bout et les lignes remontent comme dans un film de david lynch, je traverse le bain pour m'asseoir sans que mes cheveux ne flottent en souillant l'eau collective, mais c'est encore une illusion de l'eau a une profondeur identique dans l'ensemble du bassin.
je sens qu'ici je vais me faire surprendre un peu dans cette ville.

mercredi, mars 22, 2006

departs 

quand on vit dans une communaute internationale emplie d'etudiants, on sait que les gens vont partir. hier soir, vladimir, dit valodja car ce nom la est possible a prononcer pour les japonais, faisait chez moi sa fete de depart. bien sur une fete de depart en semaine attire moins de monde qu'en week-end et je pense que nous aurions pu etre plus nombreux, la fete eut-elle ete programme un autre jour. mais la soupe russe est toujours agreable a manger. il ne part pas loin. s'il a son visa, il ira travailler vers nagoya. apres diego qui est retourne a valence ou il est effraye par la violence quotidienne des interactions, voici une second disparition de paysage. mais je sais que moi aussi, mon temps raccourcit et les amis commencent a me dire au revoir. c'est une sensation assez agreable, le depart. je profite.
sumo. ce soir, je ne pourrai pas voir le match, car je serai a la gare de kyoto en partance pour la capitale. je suis tres triste. les deux invaincus du haru basho, asashoryu et hakuho, se rencontrent et le match au sommet sera certainement beau, effrayant, epoustoufflant, rebondissant, ecrasant, sans concession. nous avons vu les premiers sourires de hakuho quand il a battu Kotoôshû, peut-etre verrons-nous les premieres rides de deception s'il perd face a asashoryu. etrangement, le calme total de ce jeune homme me rappelle celui demon petit frere simon dont l'enthousiasme lui aussi sait se faire discret jusqu'aux grandes occasions. leurs carrures sont aussi differentes que le fil de fer et le poteau electrique, mais sauf a faire des inferences etranges, il y a peu de raison que physique et caractere soient lies, je suppose.
disparition pour cause de travail et d'aikido jusqu'au 30 mars. en gros...

mardi, mars 21, 2006

fleurs et betes sauvages 

nous sommes au japon. ici, l'arrivee du printemps se signale par des fleurs discretes et odorantes. en ce moment les pruniers sortent leurs tonalites variees de rose et rouge. le prunier est beaucoup moins fourni en fleurs que le cerisier, celui qui sort bientot et marque la saison des agapes le long de la riviere et dans les jardins. loin de representer une fete, le prunier donne l'espoir. ses quelques pointes de couleur collees a de grosses branches epaisses eclairent un ciel qui n'a pas encore bien bleui. certains arbres ont une chevelure abondante. les odeurs variees des fleurs peuvent enchanter la journee. dans kyoto on circule entre des temples au encens charge (aujourd'hui, les ancetres reviennent une fois de plus visiter les humains), et ces plantes qui vivent meme devant les kombini les plus centraux de la ville.
nous allons voir le spectacle de marie chouinard a osaka. au milieu des grand complexes autoroutiers qui sont la norme de cette ville que je trouve encore plus futuriste que tokyo, nous trouvons la salle de spectacle et partons faire un voyage dans un autre monde. le sacre du printemps est celui du canada. la-bas, les cerfs se battent et les oiseaux rivalisent de seduction, ils baisent joyeusement et s'etonnent du reveil de leur sens. le spectacle est sauvage et intense durant presque une heure. on se sent epuise par cette tension sexuelle et cet enthousiasme instinctif qui depasse les corps qui le porte. le choc culturel est bien sur immense, car le calme est la regle encore quand on regarde les fleurs.
encore une fois (j'ai vu seulement deux spectacles de Marie chouinard), les hommes ont des roles plutot ingrats et des mouvements sans grace. meme le faune et ses ebats sexuels priapiques est joue par une femme (qui s'en sort avec splendeur). cet a priori nous fait sourire et certainement plaisir.

lundi, mars 20, 2006

enfants 

sur le bord du quai a fushimi inari (keihan), trois enfants sont seuls. les deux grands, visiblement soeur et frere du petit, entourent la poussette. ils sont legerement agressifs, comme des enfants qui jouent mechamment a laver fortement la figure d'un plus petit, ils s'accrochent a la poussette en lui parlant comme a une poupee qu'on fache, le petit hurle. le quai est presque vide et les quelques adultes sont plonges nerveusement dans leur manga. a un moment, la poussette bascule et le petit tombe, il se releve, car il est assez grand pour marcher. je me precipite pour le reconforter, mais je ne sais rien dire. un adulte qui a failli s'arreter me voit m'approcher et prend peur, il s'eloigne et disparait en une seconde. les enfants m'ignorent d'autant plus que je ne sais pas quoi dire. je regarde les types autour, et ils sont toujours absents. il n'y a pas de responsable de quai. soudain les enfants commencent a courir. nous sommes sur un quai de gare, et en plus le train arrive. je les suis un peu, mais le plus petit se dirige vers les toilettes, ou je suppose qu'un adulte responsable se trouve. je prefere penser ca, je finis par prendre le train. il parait que j'etais un peu fermee a l'aikido. je me suis rarement sentie aussi merdeuse de ne rien faire, et impuissante face a une situation ou tout me depasse. la transparence totale, dans une situation completement surrealiste.
fushimi-inari. ce temple me fait toujours aussi peur, et maintenant la gare aussi est decoree d'une ambiance de stress mou, brouillard anxiogene et malsain.
la grande soeur avait moins de cinq ans.

dimanche, mars 19, 2006

neige 

comme il faut toujours que les situations empirent, la neige se mele a la partie. elle n'intervient pas au hasard et, comme elle sait si bien le faire, arrive pile pendant mon jogging en short. c'est assez interessant de subir des contrastes violents. on change de couleur et le sang circule soudain si vite ! je ne fais que me plaindre du climat, j'en suis desolee, mais il le merite vraiment.
le dimanche apres-midi, c'est la fete a tranq room, avec un peu de musique electronique a base de sample plutot classique mais sympathique, puis un type avec un etrange instrument. c'est une machine que je n'ai jamais vu mais qui doit etre assez repandue car elle ne coute que ichi man en (10000 yen, soit 75 euros) - deux antennes l'une verticale et l'autre horizontale - servent a regler hauteur de son et volume sonore, produisant au final un effet assez unique. le type fait d'abord un workshop d'explication, puis deux filles montent sur scene pour essayer, la deuxieme reussissant presque a faire une gamme, ce qui est etonnant face a un objet aussi barbare. je ne comprends pas les details, et je ne peux pas savoir ce que ces antennes envoient - electromagnetique, je suppose, ou captation de changement de pression, bref, un peu etonnant et sympathique. je crains un instant que toute la performance ne vire au high tech, et puis finalement nous avons droit a un concert ou cet instrument du futur s'associe a des scies musicales, un violon, un piano electrique au son tres classique, un lap top de chez apple des plus traditionnels. une reprise de summertime tres aerienne et dansante fait rire.

je tiens a informer mes amis que du vendredi au dimanche soir les resumes du sumo de la journee sont remplaces par - des images de discussions de parlementaires, une emission de varietes insupportables, une vieille qui presente des images du japon rural. c'est inadmissible. j'ecris de ce pas a la nhk.

samedi, mars 18, 2006

car toujours il s'agit de pluie... 

c'est bien ca le probleme. sans la pluie, tout irait bien. on se sentirait leger malgre le froid piquant, on regarderait les oiseaux sans se proteger sous un de ces parapluies transparents si etonnant pour les nouveau venus. mais voila. c'est la soupe qui attend les braves et qui remonte le long du pantalon.
cependant, je suis allee filmer bridget. car bridget, ma copine, non contente de participer aux soirees de beuveries de guiness de la saint patrick, danse le samedi apres-midi dans la salle de spectacle de la fac, celle qui s'orne d'une immense etoile jaune et se rend inaccessible au fond du terrain vague des anciens clubs de la fac, celui dont j'ai raconte une fois qu'ils avaient brule (criminellement ou accidentellement) quand les etudiants refusaient de ceder les lieux a l'administration universitaire. quand aucun festival n'est organise, c'est un depotoir aux allures lunaires qui accueillent les groupes de musique en repetition (puisqu'ici c'est dehors qu'on repete, son petit ampli raccorde a un aussi petit generateur a essence dont le nom soudainement m'echappe. bord de riviere ou abord de fac sont les espaces ideaux d'une expression musicale au public heterogene et bien difficile a acquerir). en ces temps de pluie, le terrain vague est un espace dangereux dont les grandes flaques inquietantes ne laisse pas soupconner leur profondeur. bridget danse sur des images qui nous avons monte la veille, des fleurs de prunier sous la pluie, le son battant sur le parapluie organisant l'ambiance, et la boite a musique de son anniversaire ajoutant une thematique plus tournante. elle est dans un pot a bonzai, petit ume bonzai qui veut devenir grand tandis que les immenses fleurs projetees sur l'ecran la regarde. on s'amuse bien quand on fait de l'art. elle danse toujours de facon impressionnante et tres minimaliste et c'est surprenant de voir combien des image assez banales sur petit ecran peuvent devenir impresionnantes et communiquer de facon adequate avec un corps des qu'elles s'agrandissent.
finalement, je suis rentree a temps pour le match de asashoryu qui a tartine son opposant d'un kotenage. pourtant, celui-la ne semblait pas facile a impressionner. la tele permet vraiment de sentir les nuances de la relation des deux lutteurs, quand ils sont un peu expressifs, et combien cela rend ce jeu interessant. beaucoup de gens penseront que je raconte n'importe quoi.

vendredi, mars 17, 2006

demenagement 

aujourd'hui au labo nous avons tout demenage. comme je me prends pour une princesse je suis arrivee apres tout le monde, en ne m'excusant pas le nez a terre comme les quelques rares arrives en retard, juste j'ai dit que j'etais desolee. c'est un peu fort. a l'aikido il faut dire que nous avions la visite d'un ancien a nous, geute, qui est maintenant au hombu dojo a tokyo. geute c'est un grand balaise plutot dynamique. ca rigole pas quand il est la. maintenant, le demenagement est fini et je n'ai pas gagne au change. maintenant il fait froid dans mon bureau.

sinon hier nuit, j'ai regarde une fois de plus asashoryu en train de gagner. va-t-il gagner tout le tournoi ?
j'ai hate de le voir face a hakuho. tiens, d'ailleurs internet me fait savoir que hakuho a gagne encore aujourd'hui. 6-0.

je me demande si le sumo passe quelque part sur le cable en france.
ma vieille accoutumance televisuelle se reveille sur quelques points, apparemment. serie tele culte et monstres sacres.
c'est meme la fievre.

jeudi, mars 16, 2006

la television 

comme vengeance de ma soiree ratee, j'ai regarde la television en faisant des kanji. "faire des kanji" est un raccourci pour signifier que j'apprends a les dessiner, a les lire, et a en connaitre le sens, grace a un livre dont la methode douce et progressive, proposant principalement des mots utiles, me plait particulierement. basic kanji, 500. en fait je pensais tout d'abord que le livre que je tenais en main m'apprendrait 500 kanji, mais j'ai compris recemment que tout en arrivant a la fin, j'atteignais tout juste la moitie. il y a deux volumes. un rouge et un bleu. ensuite viens le jaune, pour les intermediaires. ces intermediaires sont de lointains explorateurs qui ont deja assimiles les rudiments que je recrache peniblement a ma prof dont le sourire ne se crispe ni ne s'emaille d'un peu de desespoir face a mes anneries. elle est vraiment parfaite. la patience incarnee. je continue a apprecier chaque jour la pedagogie japonaise : toujours sourire, ne jamais reprocher a quelqu'un d'avoir oublie ce qu'on lui a deja enseigne, ne jamais prendre un air agace quand ce qui est produit ressemble a du bas-flamand metisse de tibetain. et bien sur corriger toutes les fautes comme si elles etaient du meme niveau de gravite. ecrire un kanji dans un mauvais ordre ou faire un contre-sens absolu sont identifie par le meme niveau de "non". ni plus rude, ni plus doux, ni plus imperatif, ni plus laxiste. en ce moment, je suis dans une phase tres optimiste pour le japonais car j'ai commence a ecrire mon nikki, journal intime, en japonais, qui me permet de tester des phrases qui commencent a devenir un peu complexe, et me les faire corriger par la prof. je ne le fais que tous les deux jours, mais c'est miraculeux pour la mise en application des principes, grace a des essais de phrases toujours plus perilleuses. en plus, cela permet de verifier que ces kanji que l'on croyait parfaitement acquis (試験, par exemple) sont en fait coincee sur le bout de la mine ou prennent des allures fantaisistes d'oiseau boiteux qui s'envole. les explorateurs de la pensee nippone d'importation chinoise qui sont passes par la comprendront. le grand bonheur du jour, c'est quand la professeur dit en partant "ジュリエットのにっきはとてもおもしろいですから、毎日書いてください。”c'est la gloire. (en gros, c'est interessant - ou drole, je n'arrive toujours pas a comprendre ce que veut dire omoshiroi - il faut continuer). je ne sais pas pourquoi, mais des que je decris mes aventures a des japonais, ca le fait rigoler ou ouvrir de grands yeux. je me demande ainsi parfois si je suis parfaitement integree a la mentalite locale.
sinon, la television m'interess surtout pour les publicites, bien sur. hier une publicite pour du vin en bouteille de deux litres, avec une jeune femme qui boit dans un verre et un etranger de type europeen qui lui susurre a l'oreille avec un accent de type polonais 380 en francais. le type n'est pas francais, mais la, ca ira. elle gemit alors comme surprise par un plaisir infini. il redit 380, elle re-gemit. c'est une promotion a 380 yen pour les grandes bouteilles de rouge que la fille etait en train de boire, ou de blanc. quand on connait la qualite du vin au japon, pour 380 yen, on conclut que le gemissement doit avoir un autre sens que du plaisir, encore un code social incomprehensible.
ensuite, le pompon. la pub マクドナルド (maku donaludo) - une fille en kimono, avec une branche d'arbre qui sort de ses cheveux vers le haut de l'ecran (artifice dont vous allez comprendre tout de suite le role dans la narration) mange un chicken mac nugget trempe dans une sauce rouge. a chaque bouchee, non seulement elle sourit d'un air etonne, mais un effet est soudain visible sur la branche d'arbre ou les bourgeons se transforment en fleurs. a chaque bouchee, l'eclosion se propage jusqu'en haut de la branche.
le role de la publicite televisuelle est d'implanter une esthetique au sens riche dans la culture populaire.

mercredi, mars 15, 2006

j'ai rate telefoot 

mon instinct m'a ravie dans l'apres-midi, car j'ai allume la tele a l'instant ou asashoryu, le plus fort de tous les sumo, regardait son adversaire de son air decide, juste apres avoir lance sa premiere poignee de sel. comme souvent, ils en ont jete trois fois - dans le depliant donne exclusivement aux gens venus d'ailleurs on explique qu'il y a longtemps, il n'y avait pas de limite a la duree de l'observation des concurrents, maintenant c'est seulement quatre minutes, ce qui en fait un rituel assez rapide et repetitif, c'est dommage. quand pour la troisieme fois les deux hommes se sont assis pour se regarder avant de se mettre en position, asashoryu avait deja gagne. son regard et sa presence etaient transpercants. en face, le pauvre lutteur (celui qui n'a pas de visage, une face sans nez tres etonnante) regrettait deja de ne pas avoir lu les petites lignes du contrat qu'il avait signe pour avoir ce boulot. je n'ai pas vu beaucoup de combat de sumo, mais c'est le premier ou la peur d'un des monstres est sensible a ma perception grossiere.
c'est lui le grand boss
http://sumo.goo.ne.jp/eng/ozumo_meikan/rikishi_joho/rikishi_100.html
le prefere de ma prof
http://sumo.goo.ne.jp/eng/ozumo_meikan/rikishi_joho/rikishi_2320.html
on note que la plupart ne sont pas japonais. j'ai hate de voir un grand vicking blond sur un ring a la poitrine doree sur le dohyo. la plupart sont aussi tres jeunes.
pour plus amples informations, on peut se referer a l'introduction pour debutants de http://sumo.goo.ne.jp/eng/ozumo_joho_kyoku/index.html
pour l'instant je ne connais rien aux techniques. j'espere comprendre un peu mieux bientot.
finalement je suis retourne au travail apres mon interruption de debut d'apres-midi et a minuit, je me rends soudain compte que si le bonheur du travail bien fait me deborde, je vais neanmoins rater le resume du jour des resultats de mon nouveau sport prefere. comme tele foot qui montre seulement les buts, le resume du soir ne montre que les derniers moments avant l'assaut final. un quart d'heure qui en resume huit. tres bon montage. tres bonne image. mais pas ce soir.

mardi, mars 14, 2006

defection 

si l'on regarde bien, on sent que mon âme est maintenant tiraillée entre rester ici et partir, qui s'appelle aussi rentrer. car je suis dotée d'un postérieur entre deux chaises. professionnellement : mes collègues locaux restent englués dans leur désintérêt prolongé pour mon boulot, tandis que je sens vibrer des interlocuteurs potentiels juste à deux pas de mon bureau du greqam. parallèlement : le grade est passé (j'ai eu mon diplôme officiel aujourd'hui, rouleau écrit de la main du doshu), le printemps n'arrive pas, et le douillet amour de ma vie se languit autant que moi dans ce froid.
de plus je note que les lecteurs disparaissent du blog, les deux tiers d'un coup (de 30 à 20 - oui vous êtes une petite élite - vraiment hors du commun). j'interprète ceci comme le signe d'une dégradation dans mes écrits, dont la platitude devient plus manifeste tandis que la passion disparaît et que l'ouest appelle celle qui se sent en partance. je note aussi une grande politesse de la part de ceux qui restent et qui continuent à me manifester un soutien d'apparence passif, mais d'une valeur inquantifiable.
comme souvent les valeurs sont, d'ailleurs.
inquantifiables je veux dire.
(ici on note de nouveau que le manque de foi me rend inapte à l'éco quantitative).
guide touristique : eviter le restaurant pretendument francais à cote de la riviere sur marutamachi ouest. tres moyen. lasagnes a la bechamelle pure tres peu digestes.
nouveau vendeur de yuba (peau un peu solide qui surnage en haut du tofu qui se prepare, au goût très fort - soit sous mode de pâte qu'on peu mélanger au riz, soit sous forme de lanière qui peuvent faire des rouleau fourrés ou des fritures. j'attends avec impatience de decouvrir encore quelques variantes culinaires), au magasin encore plus petit et a la face encore plus ridée que les autres. très gentil (pas loin du gosho).
des nouvelles de mon magasin de thé dont le vieux montre à l'occasion des estampes japonaises : j'achète du thé chic, à 3000 yen les cent grammes, et je goùte la préparation de la dame, beaucoup de thé pour peu d'eau. je m'évanouis de bonheur sur place. je ne lui prends que 50 grammes en me demandant comment ceci peut avoir un rapport quelconque avec la notion de thé que je connais parfois, rapant la langue ou desséchant le palais, pinçant la glotte ou déclenchant des aigreurs d'estomac. on me dirait que c'est le nectar des dieux j'y croirais sans hésiter. bien meilleur que celui du magasin le plus connu (ippodo) qui est pour tous les thé que j'ai testés, un peu plus cher pour une qualité plus âpre. le thé en question s'appeelle gyokuro. il faut le faire infuser quelques minutes en concentration extrême, très peu d'eau sur une grande quantité de feuilles. je signale en passant qu'on le trouve chez mariage freres pour au moins 50 euros les 100g voir 85. mariage freres existe bien sûr au japon, ils ont un magasin très chic dans le bâtiment bal, au rez de chaussée, où l'on peut boire divers thé en dégustant des gåteaux et en se faisant observer par les passants, car la vitre est une invention bénie qui permet de s'exposer en tant que snob dans de nombreuses circonstances. seuls les vrais riches savent rester discrets et fréquentent les maisons de thé de gion, bien cachés au milieu de leurs geishas.

lundi, mars 13, 2006

examen 

des files d'etudiants devant notre batiment. une des raisons du stress des jeunes generations, c'est l'examen d'entree a l'universite. soi-disant difficile, il force les eleves a travailler de longues heures depuis leur plus jeune age, accumulant les heures supplementaires qui les font (pour certains) manger leur repas du soir dans une salle de cours. on peut comparer ca a un systeme ou tout le monde est soumis a la stupidite de la classe prepa. ce n'est pas tres gai. les jeunes deviennent vieux et ne se souviennent pas de ce qui les a traumatise, ils l'imposent aux nouveaux jeunes. ou alors ils s'en souviennent mais ne veulent pour rien au monde que les plus jeunes soient heureux a l'age ou l'on doit s'inquieter. tous jeune est un vieux con qui s'ignore, c'est vraiment triste le manque de compassion humaine.
c'est le printemps, pourtant la neige tombe en tout petit flocons, et les etudiants mal prepares grelottent devant la porte. pour l'instant ils ont encore un aspect de jeune, alors on s'attendrit.

dimanche, mars 12, 2006

le sumo a osaka 

le deuxieme tournoi de la saison a lieu a osaka et il debutait hier. nous y sommes alles en bande organisee, aikido oblige, et nous avons eu des billets a 2000 grace a nos amis qui ont gentiment fait le trajet a 8 h en ce dimanche matin un peu froid. de ces billets premiers prix, nous avons fait bon usage en nous installant sur des sieges de riches, devant. l'interpretation de chris: puisqu'il faut faire bonne figure a la tele, on doit faire semblant d'avoir salle pleine. par consequent, les resquilleurs qui squattent les premiers rangs sont bienvenus jusqu'a ce que les spectateurs qui ont reserve ces places arrivent a leur place. une fois installes, les legitimes se font livrer bento et boissons a volonte, assez cher bien sur. ceux qui paient encore plus chers sont juste au bord du ring, ont une veste marron sur le dos pour signaler qu'ils ont mis plus de 15000 dans leur billet, et ont le droit de prendre un sumo sur la tete a l'occasion. quel honneur.
en tant que squatteuse, j'etais sur une place de journaliste, qui n'est jamais venu voir la rencontre. pas tres serieux.
le sumo est encore plus impressionnant en vrai qu'a la tele, on n'en doute pas, surtout qu'on a l'occasion de les voir arriver ou meme s'echauffer en s'elancant contre le mur ou en marchant en canard sur vingt metres. en plus d'une force assez impressionnante, ils sont dotes d'une souplesse extraordinaire. pour les plus vieux, on sent bien un calme absolu jsute derriere cette facade de grande force. les jeunes sont beaucoup moins gros, preuve que c'est un veritable travail que d'attendre ces volumes marquants. l'odeur dans leurs cheveux est un plaisir et certaines se tiennent bien collees derriere les sumo pour renifler les effluves de leur parfum.
le meilleur sumo du moment, Asashoryu, est vraiment au-dela de l'impressionnant. quand il se releve pour chercher du sel pour la troisieme fois, l'autre n'etant pas pret a lancer l'attaque, il se retourne avec une vigueur de dragon qui bat de la queue. rien qu'en le regardant bouger, je perds l'equilibre.
Hakuho est le chouchou de notre prof. il est jeune et monte doucement, mais il a une belle attitude, dit chris. nous le voyons gagner.
les resultats du premier jour sont la
http://sumo.goo.ne.jp/eng/hon_basho/torikumi/tori_1_1.html
je rate le matin, et les amis qui y sont deja assistent a une epaule demontee qui est acceptee avec stoicisme par celui qui subit la blessure (que faire d'autre que d'accepter avec stoicisme quand on se met dans ce type de situation, de toute facon).
il est vraiment difficile de decrire la force qui se degage de ces combats. pendant cette journee, beaucoup de retournement de situation sont impressionnants et certains duels difficiles a juger par les juges. j'aime beaucoup quand soudain l'un des combattants vole soudain desquilibre et sortant du ring en hauteur. on ne s'attend vraiment pas a ce type de trajectoire pour un montagne sacree qui l'instant d'avant etait fortement ancre dans le sol.

j'ai achete une petit poupee sumo a mettre sur mon sac de voyage, bien sur.

samedi, mars 11, 2006

rangement 

en ce moment, c'est le grand rangement. au labo dans quelques jours nous allons jeter et demenager la piece dans laquelle je bosse. chez moi, je commence a anticiper un depart prochain (d'autant que mes objets vont partir avant moi). cela me permet d'apprecier la quantite de paquet, papier cadeau, emballages, boites tres jolies, papier bulle, que j'ai accumule en un an. c'est un record, je pense. l'accumulation d'emballage ici impressionne donc au moment du bilan tout autant qu'au quotidien. malgre tout cela le japon reste le pays le moins pollueur parmi les pays developpes, et de loin. c'est la petite quantite de voitures et les usines dont les normes de proprete sont tres elevees qui fait la difference.
J'ai donc descendu mon gros sac poubelle de plastique et papiers d'emballage, mais je ne savais pas ou mettre ces produits, surement a recycler. en effet, dans mon garage, il n'y a pas d'avis expliquant le fonctionnement des poubelles, et donc je ne peux pas lire comment se deroule la gestion des poubelles (puisque c'est tout ce que je suis capable de comprendre).
pour ce qui est du printemps, il est bien la, aujourd'hui j'ai snobe le blouson. les fleurs sentent la fleur et rosissent au soleil tandis que leur pistil jaune s'elance tel un dard vers le ciel. les bourgeons pas encore sortis font pression contre l'ecorce legere qu'on sent prete a craquer. la sensualite de la saison nouvelle n'echappe pas aux photographes amateurs, que l'on suppose erotomanes, comme tous les types installes a l'entree du combini du coin et qui devorent les bedes pornos a 367 yen. les gateaux au mochi sont a la prune, et on sent que les cerises vont arriver bientot.
le long du chemin des philosophes, le nombre des touristes augmente. je trouve un magasin extraordinaire dont l'obsession de decoration est le chat, aux vendeuses charmantes et au chat du comptoir un peu vieillissant et ronronneur. la fin de journee est lente et sans que l'alarme du matin ait eu un quelconque effet sur la fin des reves. une journee sans reveil, de ces jours heureux et cotonneux ou a aucune moment la conscience ne sort au grand jour et ne force a l'action ou a la comprehension. benis.

vendredi, mars 10, 2006

perdre au loto 

sans vouloir jouer l'etre au destin hors du commun, extraordinaire ou surprenant, je dois quand meme signaler que quelque chose m'etonne vraiment. de ma vie, jamais je n'ai gagne un seul centime au loto. pas que je joue regulierement. pas que je crois que jai plus de chance que la probabilite infime qui m'est attribuee a chaque tirage. mais tout de meme. je connais des gens tres bien qui gagnent parfois. trois bons numeros par exemple. pas de quoi se distinguer, juste de quoi payer une biere et un paquet de cacahuetes chez monoprix. pour feter l'evenement.
je n'ai donc pas cette chance-la. heureusement que d'autres me tombent sur la tete regulierement. surtout dans la rencontre des etres humains. singulierement, depuis quelques temps, je ne rencontre que des gens bien. peut-etre que la proportion a augmente recemment. comme ils sont rassembles tous les pas sympa a des postes de ministres qu'on ne rencontre pas souvent quand on appartient a la plebe, ceux qu'on croise sont pris dans la meilleure partie de l'espece. le haut du panier.
un petit texte a lire sur internet, chez liberation (c'est mon ancien maire qui ecrit, merci a mon pere pour la suggestion).
http://www.liberation.fr/page.php?Article=365570

jeudi, mars 09, 2006

l'humeur des fleurs 

il parait que les cerisiers aiment le grand froid et les contrastes viloents de temperature. ce sont des arbres bien adaptes au kansai, donc. ils seront tres rapides a sortir des que la chaleur se stabilisera, me dit-on. les pruniers quant a eux sortent doucement de leur torpeur et on peut admirer quelques arbres bien charges a gosho (le palais imperial). dans le petit bois, la plupart sont encore en train de faire doucement sortir leurs bourgeons, ce n'est pas encore le pic, c'est a dire que deux semaines de retard semblent une bonne estimation par rapport a l'an dernier. les branches de pechers etaient par contre tres chargees et resplendissantes a chaque fois que je les ai rencontre dans un vase.
tout cela annonce que bientot la chasse au photographes sera ouverte. l'an dernier je n'avais pas d'appareil photo et je me suis contente de regarder les milliers de vieux en casquette et treillis, le pied sur l'epaule et l'enorme appareil accroche au bout, partant pour cueillir la plus belle photo de fleur. cette annee ils seront dans la boite, j'espere.

mercredi, mars 08, 2006

histoires de famille 

lecture : ayako de osamu tezuka. osamu tezuka, c'est le herge japonais (pour me complaire dans un style journalistique). c'est lui qui a ecrit la vie de bouddha, astro boy, black jack. en general on peut apprecier la liberte de son expression, la simplicite de son trait. je suppose qu'il a ete tres important pour la suite des mangaka, puisqu'il possede quelques caracteristiques qu'on retrouve dans tous les manga par la suite - rupture de rythme d'image entre des gros plans ou seul le visage apparait, sans fond, des scenes larges tres global et aux details tres fournis, des mouvements rapides tres exageres grace a des traits amplificateurs qui sont souvent associes a une grande simplification du personnage qui devient une silhouette. on note aussi une grande variete d'angles de vue pour observer les personnages : depuis les arbres, seulement les jambes et l'ombre pendant un dialogue, un oeil seulement. pour opposer a herge (par exemple) il est assez rare chez herge qu'on voit quelqu'un a travers les feuilles d'un arbre sans penser qu'un autre personnage l'observe depuis ce point - ici la convention est tres differente. j'en oublie certainement, mais nombres de ces elements se retrouvent tres souvent dans le manga, meme chez des gens qui ont un style tres original (je pense par exemple a celui que je lis en ce moment - naoki urasawa et ses 20th century boy ou monster).
l'histoire chez osamu tezuka est assez dure en general - entre la vie de bouddha qui n'est pas gaie ou les aventures de black jack le chirurgien borgne et mercenaire qui doit sans cesse sauver des individus dans des situations incroyablement gore - coudre des morceaux de corps ensemble tels les mains d'un grand maitre de sushi qui continuent a bien couper le poisson sur quelqu'un d'autre dans le maitre est mort, detacher des monstres incrustes dans une personne qui, tel un demon, la fait mal agir (on retrouve un peu cette idee chez sfar dans une histoire du professeur bell), sauver la ville d'un ordinateur fou qu'il faut soigner - on n'est jamais dans un univers rassurant.
ayako est l'histoire d'une jeune femme dans une famille incestueuse et criminelle a la fin de la guerre. je ne vais pas raconter puisque je recommande la lecture. j'aime bien ce genre de rencontre qui rappelle que le japon n'est pas qu'un pays tres civilise et poli, mais aussi plein de gens bourres d'ambition et depourvus de morale, ce qui rassure sur son propre pays ou c'est largement plus visible mais finalement peut-etre pas plus generalise. comme information culturelle-historique, j'aime beaucoup la description du conseil de famille traditionnel qui fait que tout le monde se couvre et se protege face a la justice.

mardi, mars 07, 2006

laque 

la laque japonaise (urushi) dont on m'a dit qu'il y a un type a kyoto et un type dans le nord, a l'air d'etre un peu complexe a utiliser, que ce soit pour diluer la resine qui est toxique, appliquer, secher, reappliquer (puisque plusieurs couches sont necessaires), poncer.
http://www.dotapea.com/laquejaponaise.htm
http://www.escale-japon.com/articles/laque/laque.php
http://www.meublepeint.com/laque.htm
une fois finie, la laque peut etre vieillie artificiellement par frottement, faisant disparaitre les couches superieures pour faire des contrastes de couleurs. meme les objets les plus simples sont tres beaux.
c'est tres etrange de constater combien les gouts changent en restant ici, que ce soit pour la nourriture ou les objets (comme je disais sur le tanuki). je me mets a avoir serieusement des gouts de luxe et les amis qui vivent ici depuis x annees sont bien sur encore plus difficiles. meme si on vit certainement la meme chose des qu'on demenage dans une ville differente ou les habitudes sont etonnantes au debut et les points attrayants semblent tout d'abord peu amusant, ici le decalage est bien sur de l'ordre de l'immense. en observant la profondeur sans cesse plus aspirante de la culture locale, j'ai l'impression que ce qui fait la "puissance" d'une culture (si tant est qu'on puisse ainsi la qualifier), ce n'est pas tant la diversite des objets, rituels et savoir-faire, mais plutot la reaffirmation perpetuelle de cette puissance culturelle par le discours historique et esthetique. c'est un peu frustrant de sentir ainsi combien la possession de la langue ecrite et du temps pour formaliser les codes est un avantage (de classe) qui fait exister plus fortement des pays, des langues ou des arts. des fois ca m'embete de me laisser autant impressionner par cet heritage de riches pretres, aristocrates ou bourgeois, qui ont laisse mourir toutes les connaissances transmises a l'oral et ne valorisent que la beaute de leurs propres activites.
par exemple : http://kyoto.japon.free.fr/K_Arts.html
donc je filme les types qui reconstruisent le toit en face de chez moi (je laisse la camera travailler quand moi-meme je travaille). il parait que c'est du cinema experimental.

lundi, mars 06, 2006

details 

etrangement, plus ca va et plus j'oublie les details impressionnants qui emaillent le quotidien de ce pays. c'est certainement un signe qu'il faut rentrer puisque je ne m'etonne presque plus de l'etonnement.
quand nous avons fait les gateaux, j'ai oublie de preciser que les amateurs avaient droit a un ensemble de consignes d'hygiene que je n'avais pas rencontre depuis que j'allais voir mon petit frere dans sa couveuse. deja, nous devions mettre un tablier, puis un fichu dans les cheveux, ensuite retirer ses chaussures pour les remplacer par des chaussons que nous n'aurions pas a toucher pour les retirer avant (imperativement) de se laver les mains. une fois dans la salle nous avons regarder le monsieur pratiquer, puis nous avons mis un masque comme si nous avions la grippe et des gants en caoutchou. il semble assez evident que pour une activite de ce type le gant est parfaitement handicapant, puisque les sensations sont annulees. apres lavage de main et considerant que les gateaux etaient finalement pour notre consommation personnelle, l'incongruite de la pratique atteignait des sommets.
premier detail.
la second aventure etrange en sortant de notre foret pleine de singes et de sangliers (nous n'en avons vu aucun mais je fais confiance a mon amie qui a meme apercu des cerfs la-bas) notre retour a la civilisation a debute par la visite de ce petit magasin de laques perdu dans un quartier residentiel. la femme a fait des paquets pour chacun des objets achetes, meme s'il ne s'agissait pas de cadeau. bien sur elle a d'abord mis un papier blanc puis un papier cadeau. elle faisait les paquet et a un moment a commence a paniquer. s'agitant, elle a commence a dire anshin shimasu (je me fais du souci) et etait a deux doigts de pleurer. face a sa detresse nous avons mis un petit moment a comprendre qu'elle avait legerement dechire le papier qu'elle attachait autour d'un bol qui m'etait destine. je lui ai alors dit que c'etait le mien, pas de probleme, mais elle a continue a avoir l'air affole et les yeux pleins de larmes. finalement elle a finit le paquet et la facon qu'elle a eu de le sceller a fait qu'on ne voyait absolument pas la dechirure. mais nous avons echappe de tres peu a une grave crise.
deuxieme detail.
dans ces moments-la, on sait qu'on ne comprendra jamais rien a nos amis les contemporains.

le soir je suis rentree chez moi et j'ai ete interpellee par le vendeur d'en bas de chez moi qui m'a offert un gateau, pour cause de fermeture hebdomadaire le lendemain. j'ai choisi celui aux epinards, qui se revele sans gout. il m'a annonce qu'il allait devenir pretre, partir pour deux ans dans une ecole de pretrise a partir de la fin du mois. j'avais remarque qu'il avait rase ses cheveux mais je n'avais pas associe ca au bouddhisme - il arrive que les jeunes gens branches se debarrassent de leur cheveux. et voila un jeune homme branche qui part dans une autre dimension du monde.

dimanche, mars 05, 2006

okashi 

okashi - le gateau japonais - est une institution, encore une, qui date du 7ieme siecle d'apres le panneau qu'on a lu pour moi au musee du gateau de kyoto. la-bas, je me suis amusee a faire des gateaux avec plusieurs couleurs d'une pate assez similaire a de la pate a modeler mais plus sucree. le premier etait une catastrophe mais les suivants se tenaient. bien sur l'invention des modeles que j'ai effectuee posait probleme par rapport a la norme de pure reproduction de formes classiques qui etait d'office instituee pendant le cours. le type qui faisait les gateaux (d'apres l'organisateur il avait ete selectionne expres pour les meres de famille que nous etions parce qu'il etait le plus beau) n'etait pas beau mais avait de beaux gestes qui resumaient vingt cinq ans d'experience a modeler des fleurs et feuilles dans cette texture bizarre. dans le principe, soit on utilise une seule couleur, soit plusieurs qu'on melange afin qu'elles se fondent avec harmonie. comme c'est le printemps, les couleurs appropriees etaient vert, rose et jaune, toutes produites a partir de colorants alimentaire a partir d'une base de farine et de haricots. pour faire un gateau, on fait la forme avec ses mains ou avec des appareils en bois sur lequels on met de l'eau sucre pour aider a decoller la pate fortement ecrasee. soit des planches a rainures, soit des tamis pour faire une imitation de pollen, soit des appareils a faire des traits, soit des moules a forme de fleur qu'il faut taper violemment sur la table pour extraire le gateau une fois fabrique. on signale que la taille de ces moules utilises dans toutes les patisseries a diminue au cours du temps. ce qui ne m'a pas plu, c'est de devoir faire cinq petales. a chaque fois, j'arrive a equilibrer a quatre ou six, mais cinq, point de facilite. est-ce un probleme culturel ou manuel ? normalement chaque participante devait avoir une seule boite pour ramener les gateux-bonbons (en fait la meilleure traduction serait "sucrerie" je suppose, j'y ajoute personnellement cette nuance un peu etouffante et manquant de subtilite qui correspond a la situation), mais comme je suis une gaijin forcement un peu demeuree qu'on traite comme une enfant, j'ai eu deux boites.
comme c'est encore un jour ou on se dit "tiens le printemps" (les dafodills sont de sortie et les oiseaux se font moins discrets), j'ai fait un footing et une marche dans la montagne. en partant de shisendo, on peut marcher plus de deux heures en faisant un bout de la visite de la montagne. cette ville revele chaque jour des surprises innommables, et ses forets en pleine ville ne sont pas les moindre. depuis les sommets on voit clairement la ville - une colline pleine de foret - la ville - les montagnes-foret - la ville. bien sur dans chaque foret il y a myriades de temple. la, c'etait le temple pour la protection des voitures. pour 50000 yen par an, vous etes protege contre les accidents. bridget me dit qu'une fois qu'on connait le badge fluo orange qui vient de ce temple, on le croise partout a kyoto. je suppose dont que c'est un temple riche. il offre une tres belle vue et a un petit air de drive-in assez etonnant - il parait, encore que ce serait un bon point d'observation des feux de obon au mois d'aout, mais que tout le monde y vient en voiture et laisse le moteur tourner (un habituel travers peu sympathique des chauffeurs locaux). ensuite le temple contient des tanuki, animal mythique et hideux. toujours a dire de bridget, on s'habitue au tanuki qu'on finit par trouver normal, apres un lavage de cerveau de plusieurs annees a kyoto. le tanuki a un pelage d'ours, un nez de souris, un chapeau de pelerin et un sac de riz. ce qui le rend repugnant est - en dehors du mauvais gout du materiau dans lequel il est moule - son ventre enorme, ses seins proeminents comme un sumo, son sexe et ses couilles qui pendent sous l'enorme ventre. apparemment chaque bout a un sens - la fertilite, le bonheur, la chance. je ne veux pas laisser a penser que les sept divinites centrales du japon - qui proposent de aspects comme longue, fertilite, chance, argent, art, guerre (selon mes suppositions je ne les connais pas bien) - presentent une iconographie de tres bon gout mais en general sculptes dans une pierre grise assez noble et vetus de toges ils sont un peu moins abjects que les tanuki peints. pour corroborer les dires de bridget je dois avouer que je suis moins degoutee qu'a mon arrivee par ce monstre imaginaire, mais j'en ai trop vu en haut de cette montagne aujourd'hui.
finalement la promenade s'est fini dans un magasin de laque ou j'ai fait des folies. on prend des gouts de luxe dans ce pays. au debut j'aimais beaucoup les magasins a 100 yen et il semble que depuis quelques semaines mes exigences de qualite dans la main d'oeuvre ont sensiblement augmente.

samedi, mars 04, 2006

bars le soir 

nous trainons parfois dans les bars le soir. un des pubs de kyoto n'est pas un horrible piege a gaijin ou tout ce que la planete comporte de plus malsain se reunit pour draguer l'exotisme. il parait qu'il y a une deuxieme emdroit sympathique ainsi. avec y., nous apprecions qui une tarte au citron qui une guiness. avant, c'est oliver twist, film qui ne me marquera pas plus qu'une production de la bbc de bonne qualite, mais qui a un generique drole : il y a deux pickpocket consultants - il faut dire que les scenes les plus reussies a mon gout sont celles de vol, pour l'entrainement d'oliver l'ange pur.
l'aikido etait tres dur et interessant, principalement avec des gens avec qui je ne travaille pas tres souvent et avec asako comme prof qui, souvent, nous laisse chercher pendant longtemps. c'est vraiment une bonne idee - on patauge, puis le mouvement passe bien, puis on cherche un peu et plus rien ne passe, puis le mouvement passe bien. ca peut continuer longtemps et la liste des problemes potentiels s'allonge.
policier : brave homme (ou femme) qui met en garde contre les vols a la tire dans le panier du velo et offre au pauvre cycliste du soir un petit filet de protection (couramment bleu rouge ou vert) a poser sur ses biens quand on circule.

vendredi, mars 03, 2006

premiere fois 

hier en passant devant l'ascenseur de mes copains qui ont une tortue que je dois surveiller, j'ai lu l'affichette accrochee sur l'ascenseur. genre : ne descendez pas vos poubelles le soir mais le matin, .... et j'ai lu sans me poser de questions. ce qui signifie que je connais effectivement mes 300 kanji a la lecture-sens. il y a la lecture sens, la lecture son, l'ecriture, comme etapes du kanji. je l'ai deja dit et je radote a cause de l'age. aujourd'hui c'est la fete des filles, et donc il y a des jolies poupees fetees en meme temps que les filles, un monsieur et une dame assis l'un a cote de l'autre dans de jolis kimono, mais je ne sais pas quelle forme prend la ceremonie car je fais semblant de travailler depuis le debut de l'apres-midi. je sais qu'on peut manger des bonbons de toutes les couleurs, sorte de sucre enrobant des haricots grilles. la secretaire m'a fait du macha et etait contente que je sache battre le the dans le bol. mais ma mousse n'est pas uniforme, je fais des grosses bulles (ce qui manque de classe).
en allant acheter des livres de japonais et de culture en anglais, je suis tombee sur une etagere immense de livres en francais et en particuler des que sais-je. la cooperative de la fac a environ 300 que sais-je a vendre a 800 yen, allant de l'alcool et les femmes enceintes a l'histoire d'israel (c'est le cote sympa de que sais-je : il y a toujours quelque chose que non, on ne sait pas). bientot que sais-je "les blogs". ca sera vraiment interessant.
sur le monde monsieur pons qui ecrit sur le japon depuis depuis raconte des histoires de geisha, et en particulier interviewe la copine de ma copine ritsuko, qui chante a la radio en sus de ses activites d'hotesse de luxe.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-745646,0.html
article vague qui signale que les apparences sont trompeuses. je ne veux pas dire du mal des grands quotidiens nationaux, mais ce serait pas mal qu'ils soient un peu plus incisifs et interessants dans leurs articles (je ne parle pas de celui-la) dans un monde ou il se passe tant de choses a la minute que rapporte l'afp que les lecteurs meriteraient des vraies grilles de lecture. sinon ils sont obliges de lire des blogs qui leur racontent n'importe quoi avec une subjectivite sans honte.

jeudi, mars 02, 2006

cinq 

l'autre jour, dans ma phase ou le the etait l'ingredient le plus essentiel a une vie harmonieuse, j'ai achete une theiere et des tasses en soldes a cote de chez moi. voyant qu'il y avait cinq tasses je me suis dit "c'est parce qu'il en manque une que c'est moins cher". j'ai une comprehension du monde basee sur des schemas un peu ancres.
en continuant depuis a regarder les sets de vaisselle, j'ai compris que tout, ici, existe par cinq, surement pas six. d'ou un rire sincere de la part de manu quand j'ai raconte mon idee d'origine. de fait, ici, quatre porte malheur (shi veut dire mort), et les nombres pairs sont moins bons que les nombres impairs. donc cinq est une taille de set raisonnable. il parait qu'a aix, l'idee est venue de vendre les calissons par petite boite pour que les japonais puissent en ramener a leurs amis au pays. les premieres boites, de quatre, sont restees dans la vitrine. on ne peut pas du tout les donner a quelqu'un, sauf son ennemi. passant la boite a un contenu de trois unites, les ventes ont demarre.
c'est simple le commerce.
et si rationel.
il suffit de connaitre les preferences de son client.
ainsi par exemple je ne suis pas la cliente que vise la boutique lunettes de muji. j'ai essaye des paires il y a deux jours, et la barre du dessous tombe en plein milieu des yeux "c'est bizarre cette barre au milieu. drole de forme" me suis-je dit avant de comprendre que la presence d'un nez n'est pas forcement prevue par les concepteurs pour asiatiques.

mercredi, mars 01, 2006

si la pluie n'existait pas 

contrairement a une amie chere qui se plaint de ses parcours en velo sous la pluie, j'aime les moments ou, drue, battant le sol qui s'aureole d'huile de vidange dissoute, l'ondee qui rechauffe l'atmosphere cree un mur vertical qui me separe de mon environnement habituel. dans la rue, sur un velo rendu instable par le port machot du parapluie, je sens mes genoux et mes cuisses coller de plus en plus fermement a mon jean, mes gants se gorger d'une eau pure, mes chaussures s'emplir jusqu'entre les orteils de liquide sauvage, les rigoles qui s'egouttent de mon parapluie venir laver mon cou. arrivee au labo, je reste assise, degorgeant, un peu assomee par cette rencontre avec les elements, fumant du contraste d'humidite. quelques heures plus tard je suis presque seche et, o bonheur, j'ai peut-etre attraper une grippe. les gens qui se plaignent de l'hiver manquent de poesie.

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