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samedi, décembre 31, 2005

Dernier retour 

Sous la neige une bonne partie du temps dans la capitale française, crainte pour le froid de mes cellules dans mon appartement à l’isolement improbable, mais ici c’est 8 qu’il fait dehors, avec soleil présent pendant toute la durée du jour. Le voyage en avion est un des pires que j’ai connu jusque là : tentative pour suivre un conseil peu approprié, je picole du champagne huit verres, et finalement je suis bourrée mais je ne dors pas plus.
cette nuit, je dors 16 heures. un record.
je n’ai donc rien à raconter.

samedi, décembre 17, 2005

lecteurs chanceux 

sur que la, vraiment, lecteurs chanceux, la decouverte de mon ecrivant saoule, fine, apres pas tant d'alcool ingere, mais finalement une resistance de l'ordre de la fourmi neurasthenique (aie, j'ai laisse mon littre a kyoto et toutes les fautes possibles dans l'ecriture tombe sur mes chastes epaules). donc bourree. un peu remplie nourritalement aussi du restaurant qu'il y eut autour de l'alcool (bon sake moyen vin excelleeeente biere importee d'angleterre dieu du ciel pourquoi tant de courroux ?).
car courroux il y a, manifeste par la neige drue que toute la journee nous avons regarde tomber a travers les vitres de l'universite et que soudain, sortant de la voiture pour passer a l'hotel et tournant de la rue j'ai pris en pleine face....
j'interromps.
je suis un etre humain de contree normale.
je veux dire ni desertique (si vous trouver le desert normal, ok, desolee), ni eneigee la moitie de l'annee (fachee avec le canada je suis maintenant). normal. genre la neige tombe verticalement.
j'ai bien connu manchester a la pluie horizontale, mais ou il suffit de se recouvirir du bas en haut de caoutchou pour que finalement, tout aille bien. plus ou moins.
ici la neige va avec le froid. etrange combinaison.
je passe a l'hotel poser mes affaires, et tourne le coin de la rue ou la voiture s'est pose. vent, neige, horizontal donc, dans ta face sale race. donc de la main, protection de la sus-dite face mal en point qui ne peut regarder, mais juste se proteger. marcher dans un vide de sensation a part le fouet leger et la resistance maximum qui oppose. arrivee devant la porte ou un type en jaune fluo bosse a degager la porte. elle bloque (cette belle porte automatique de ce bel hotel ou les chiottes commencent a couler quand je m'assieds dessus - surement pour se proteger du bruit de pipi si l'on est fille delicate et pour l'hygiene meme que pour ne pas reveiller les voisins a 3 heures du matin il faut eviter de trop se baisser sur cette cuvette aux senseurs malefiques ). bref la mega porte over sophistiquee ne fonctionne plus et il faut, sans grimace, mettre ses papattes sur chaque bord de vitre froid pour pousser sur les cotes de dur mecanisme et s'introduire dans le sas. la seconde porte est ok, protegee du blizzard.
on peut appeler ca blizzard.
j'ai d'ailleurs passe deux heures a etudier les possibilites d'evasion (du bout du monde - l'universite du futur, hakodate, a la thematique mad maxienne indeniable) depuis cet aeroport ou les avions ne sont pas surs de decoller avec le vent. moi, ca rigole pas : j'ai un avion a 12h45 lundi matin pour la france pour mettre une ou deux poutrelles de securite a mon couple haletant d'une distance que ca vous fait surement marrer, vous qui ne connaissez pas 10000 km et 8 heures de decalage horaire d'ecart dans la communication. aussi pour voir mon cheri parce que c'est agreable (ya pas que de l'utilitaire dans la vie). mais bref, angoisse quand je comprends que si le vent est pas dans le bon sens et si fort que j'ai du mal a marcher, alors les avions decollent peut-etre pas (la fille, la, elle a fait 3 mois et quelques a maroua, cameroun, la, et elle a meme pas compris que l'avion decolle quand il veut bien. surement elle a pas assez duré). alternative train, ou meme - cocasse - train + bus qui me fait arriver a la gare a 6 h 46 a kyoto apres 19h de trajet, rentrer a la maison (7h 46) pour une arrive de taxi vers les 8h vers les ciels francais (12 h d'avion et du taxi par la suite). je dis pas ca pour me faire plaindre, mais en entendant le son du vent (la neige s'est arrete maintenant) et en pensant a l'esprit samourai qui ne rechigne pas face aux plans looseur, je pouffe.
que faire d'autre que de pouffer quand on est a hakodate et que finalement c'est pour quelques heures alors que certaines personnes y sont perdues pour la vie alors qu'au moins bourges ya un festival cool ou que finalement en france, une ville chouette est forcement a moins de 2 heures de train (pas 8).
putain de lieu ailleurs.
putain de moi bourree dans cette espece de cantine froide et eclairee par les neons de distributeurs deprimants et decoree de plantes vraies (en dehors du fameux sapin) mais qui ont un faux air de plastique de chez jardiland.
mais apres une soiree de beuverie nippone, je reve de ne pas comprendre precisement le contraire de ce que disent les gens (genre un type explique qu'il ne peut pas faire deux choses en meme temps - ecouter de la musique et travailler, regarder la tele et discuter - et je comprends le contraire : qu'il peut). c'est pas mal en terme d'apprentissage mais quid en terme de vie quotidienne, quid ?
et de lecture de livres ?
ah la jamais rien je ne comprendrais.
mieux vaut dormir pour affronter l'adversite meteo incertaine.

vendredi, décembre 16, 2005

une ville boite 

je me souviens : j'avais inconsciemment dit du mal de hakodate, la ville-boite (textuellement les batiments-boite). il faut dire que la laideur de la banlieue hakodatienne n'a d'égal que les quartiers les plus tristes de clermond-ferrand - si vous ne connaissez pas c'est pas la peine d'essayer, c'est moche - ou buffalo, new-york state mais à 8 heures de voiture de new-york city. je reviens ici pour une conférence après des mic-macs incroyables où un prof a une fois de plus besoin de moi pour peupler sa conférence qui devient alors "internationale" (j'exagère la dernière fois il y avait deux autres européens, venus ensemble). l'international (こくさい, je pense) est très à la mode dans ce bas monde. l'organisateur est le monsieur avec qui je pensais travailler ardemment, et qui par manque de temps a disparu (non réponse aux mails durant 4 mois), méthode classique ici. pourtant, je n'ai pas vu beaucoup d'autruche au japon, peut-être un autre animal donne-t-il l'exemple ? j'aimais bien ce monsieur : envie de conduire plein d'expériences, salle d'expé, étudiants corvéables à merci (la FUN, Future University, みらいだいがく, est le plus grand dortoir hightech que j'ai vu jusqu'à maintenant pour les gentils étudiants nippons qui habitent loin car la fac est en plein campagne et entourée de neige 6 mois dans l'année avec des ours en promenade à l'occasion - quand on a trop regardé les séries télé et qu'on s'ennuie, pourquoi ne pas aller faire une petite expérience sur la réciprocité avec cheap talk, hein ?). mais je suis tombée dans une oubliettes pour une raison qui m'est encore inconnue, invitée malgré tout comme invited speaker (deux fois cette année, je suis très fière, il n'y a pas que les rides pour marquer le passage du temps), je reviens au pays de l'いか (seiche) et de l'immense crabe qui gigote dans l'aquarium en attente de dévoration.ai-je dit la dernière fois que tous les panneaux sont doublés en russe plutôt qu'en anglais à l'aéroport car hakodate était l'un des premiers ports ouverts sur l'extérieur et d'ici on voit les sakhalines par beau temps. un quartier entier est bigarré de russitude avec en particulier des églises orthodoxes à flanc de montagne.
le vent siffle derrière la fenêtre et je suis contente de ma localisation : au rez de chaussée, dans l'espace wifi free spot, à un mètre des distributeurs automatiques de tout ce qui est bon a boire. j'ai profité de ce centre ville plein de neige, et d'un mer blanche qui a pris la couleur du ciel, quand mon avion a atteri à 4 heures quand le soleil se couchait en orange sur les montagnes. de quoi rêver. et, faut-il le dire, j'aime bien la neige et les promenades. je me suis perdue dans un departement store et en ai profité pour acheter des tonnes d'algues à l'air vague à un monsieur qui m'en a vanté les vertus laxatives et donné une bonne quantité, après m'avoir gavé de soupe en rigolant. l'algue a vraiment une tête particulière, si j'y pense je vous donnerai le nom. c'est bon mais vraiment étrange à regarder.
hakodate : la ville où on me répond en japonais quand je parle en japonais (pas dans l'anglais approximatif du kyotoite moyen qui est aujourd'hui, sans me vanter, moins bon que mon japonais) et où tout le monde me regarde en riant. c'est beau la province. je me dis qu'un japonais à bob et appareil photo à Chateauroux doit aussi produire son effet. dans l'hotel où je loge il n'y a que des hommes visibles pour l'instant, business hotel où l'on sert au rez-de-chaussée (1階) un de ces currys pur sauce pas très enchanteurs agrémenté de trois bouts de légumes marinés sucrés atroces qui fait pourtant partie intégrale du quotidien des japonais (= peuple qui mange moins souvent du sushi qu'un parisien branché). la réceptionniste habillée de rose ouvre une porte en bâillant. en passant dans les magasins, je continue à m'étonner que les japonaises, belles femmes minces et bien centrées, s'habillent avec des habits de pétasses et ne sortent jamais sans surmaquillage intensif. c'est dommage de ne pas se rendre compte que le naturel est charmant.
il parait d'ailleurs que les mâles japonais ne font, par habitude, jamais de compliments à leur femme ou petite amie. c'est une habitude fort étrange qui s'accorde assez bien avec pas mal des coutumes de distance outracière entre les sexes.
le sapin artificiel est fait uniquement de guirelandes clignotantes mises en forme de sapin (ça simplifie sacrément la décoration de l'acheter ainsi) et évolue en chatoiements bien programmés du orange au bleu en passant par un gris-argent qui ne me convainc pas immédiatement que la neige l'a enveloppé car je suis froide et sans coeur. je n'entends même plus la musique légère dévidée autour de moi depuis une heure. dans la rue, par contre, j'ai bien ressenti une agression violente par les hauts-parleurs très nombreux et criards qui peuplent les environs de mon hotel.
mais c'est plus joli en hiver. vraiment.

jeudi, décembre 15, 2005

le vrai courage 

je cours en short.
si c'est pas ça le vrai courage.
un type joue de la musique le long de la rivière, dans le vent. un instrument de type oriental comme une petite harpe. il a un gros bonnet, un blouson épais et sûrement les doigts gelés.
si le courage ressemble à autre chose...
une jeune fille habillée en lycéenne jupe et petit pull, les cheveux qui s'agitent en rythme, saute à la corde à sauter. je compte 30 le temps de passer pendant mon footing.
courageuse, je dis.
les ajoncs (ou joncs, ou bambous ou végétal qui aime les pieds dans l'eau et a une houpelande sur la tête - si je savais reconnaître les plantes, ça se saurait et ma mère n'aurait pas besoin de se cacher le visage de honte dès que mon ignorance crasse se révèle, elle dont la main verte fait pousser des fleurs de toutes les couleurs, et mon père n'aurait pas besoin de se moquer de moi, lui qui collectionne avec assiduité les arbres à fruits d'espèces disparues) se sont relevés en quelques jours et commencent à refleurir après le passage d'une pelleteuse qui recreuse le fond de la kamogawa qui s'encrasse de sédiments.
les plantes aussi sont courageuses.
et les travailleurs qui la nuit agitent leurs petites lanternes pour nous faire éviter les pièges de la chaussée tandis que les travaux continus leur avalent goûluement leur vie de famille, et qu'ils se cassent les reins en deux pour nous remercier d'être passer par là, ne pas être tombé dans le trou.
courage nocturne.
les petits vieux qui se promènent à toute heure, accrochés à leur chariot roulant et dont le dos a été sacrifié à la culture du riz pour faire vivre leur fier pays sur sa ressource première.
et ces jeunes étudiants qui viennent avec leur sac de couchage le matin, pour finir allongé par terre même pas saoul mais juste en milieu de charette. et le type qui passe son après-midi à tailler ses arbres au secateur, branche par branche, aiguille par aiguille. et les ramasseurs de feuilles au détail. et les distributeurs de mouchoirs en papier par n'importe quel climat devant les gares de métro et train tokyoites.
bref, les exemples sont multiples. faire les choses difficiles et dans la douleur sans jamais se plaindre.

si je me moque souvent des japonais, c'est rarement une moquerie profonde. voilà ce que je veux en dire.

mercredi, décembre 14, 2005

smileys 

surement vous utilisez les smileys. (merci g)
http://club.pep.ne.jp/~hiroette/en/facemarks/

si vous n'utilisez pas de smileys, ne faites pas comme moi, ne perdez pas vos gants juste quand il fait vraiment froid et que les doigts gêlent au bout des mains sur le guidon. les oiseaux qui squattent le mur de mon appartement n'ont pas l'air importunés, ils couinent encore dès le petit matin. sur mon balcon, un grillade étouffant les empêche de venir dégouliner leur repas digéré sur mon linge ou mes plantes encore pleines de couleurs malgré la terre gelée. si l'on doit aborder le sujet des doigts de pieds, même au fond des chaussures, ils ne sont pas fiers, et pourtant c'est à peine l'hiver. mon visage garde de façon presque perpétuelle une couleur rouge écarlate quand je suis au labo, obtenue grâce au contraste de température quand j'entre dans cet espace propice à une confortable sieste. la nature fait de belles choses. mes cheveux sont vingt fois plus ébouriffés que d'habitude avec le vent glacé qui les déplace et les fige dans le même mouvement. le soleil sort chaque jour pour se moquer de nous, et lui qui rappelle cruellement le trou dans la couche d'ozone au-dessus de nos tête dès le mois de mars, joue maintenant le timide en service minimum-lumière. mon appartement, s'il me protège efficacement des crottes d'oiseaux, ne semble pas aussi bien garantir contre le froid, et un courant d'air perpétuel circule entre l'omoplate gauche et l'omoplate droite, quel que soit l'angle selon lequel on est assis. je peux dès maintenant économiser l'énergie en arrêtant le frigo, ce qui est une compensation outrageusement minime. pas besoin non plus d'humidificateur d'atmosphère, la buée couvre entièrement les vitres et permet l'entretien d'un doux froid pénetrant au plus profond des os.
le pire : dans deux jours, je pars à Hakodate, sur l'île d'Hokkaido, et je me demande si la descente de huit degrés sera supportée par mon organisme qui déjà rechigne à la sortie de lit. a Hakodate, c'est là qu'il y a des ours, ceux qui sont intelligents et qui hibernent.

mardi, décembre 13, 2005

difficile de raconter 

même répondre à la question "c'était bon ?" est un peu compliquée.
je ne regrette pas, c'est une première réponse, même si pour le prix de chaque repas payé hier, j'avais un blouson un peu chaud ; et pour les deux et le sake, à certaines périodes de l'année, un voyage aller-retour en france.
ça n'a l'air de rien le luxe, mais c'est cher.
de fait, ce n'est pas si cher non plus, il faut éviter d'exagérer, et l'assurance de la voiture doit largement éclater le plaisir des papilles, des yeux, de la conversation.
je n'ai pas beaucoup profiter de la conversation. mais madame, la femme du propriétaire (homme affable que j'avais rencontré il y a longtemps sur un parking sous un soleil de plomb, pour un barbecue de luxe) est venue discuter avec nous une demi-heure. elle nous a servi le sake d'aperitif dans une coupelle minuscule, dont on peut dire qu'il se laissait boire allégremment, meilleur encore que celui qui a été servi par la suite, dans de petites coupelles de cristal, conservé dans un bac à glace élégant. elle etait habillee traditionnellement et m'a mis la serviette sur les genoux car, innocente que j'étais, je ne savais pas qu'une serviette blanche se place sur les genoux (les canons du luxe varient d'un pays à l'autre, donc).
nous avions, pour nous servir, une charmante jeune femme très polie, jolie et joliment habillée, qui nous était réservés. la pièce était très grande, donnant sur des sakura malheureusement très nus en ce moment. quinze cuisiniers s'activent en cuisine, pour servir certainement moins de clients (au vu de la taille des pièces et du bâtiment).
en début et en fin de repas, on boit de l'houjicha légèrement salé, ce qui est très bon. les plats sont tous très beaux (j'ai un tas de photos mais ce blog est textuel - les photos ne sont pas très réussies de toute façon), servis dans des récipients qui eux aussi font rêver. crabe simple et en salade servi dans des petits oiseaux en bois très élégants avec légumes et sauces diverses, soupe au gomadofu (tofu de sesame) et crabe, sashimi de fugu et de x accompagnés de sauces succulentes dont du wasabi frais qui ne piquait donc pas désagréablement, viande grillée froide recouverte de zest de citron et accompagnée de chips d'ail, souple de yuba (la couche supérieure qui se forme sur le sommet quand on prépare le tofu si j'ai bien compris - délicieux bien sûr), grillade de poisson présenté dans des papillotes sur un plat fumant et odorant au milieu des feuilles d'érable, grillade de légumes, riz aux tempura d'huitre avec (la seule fausse note pour moi) soupe gluante qu'on trouve parfois ici, riz blanc, fruits frais excessivement goutu arrosés de cointreau issu d'une bouteille qu'on dirait de parfum et de sauve au basilic sucrée et légèrement épaisse à se pâmer de délice, petit gâteau au soba (sarrazin) avec thé vert épais.
ce qui est compliqué, c'est que rien ne ressemble à ce que l'on connait. tout est à une température précise, dans une quantité précise, et les goûts sont de très légères variations sur de la légèreté. à un seul instant j'ai reconnu un goût, mais même le yuba que je consomme allégremment ne se ressemblait pas. du début à la fin du repas, on se sent devenir plus sensible à la délicatesse, plus attentif.
je sais que ça n'a pas de sens, mais ma seule sensation à la fin du repas, était que dorénavant ce n'est plus la peine de manger. même la satiété était au juste degré, impossible à ressentir - un état qui ignore la faim comme la sensation de trop manger.
ca ne veut sûrement rien dire, mais c'est ainsi. on se sent transformé.
et je pense que c'est le but (d'après ce que le propriétaire explique).

ainsi, ici, mon incapacité à rendre compte de ma visite dans le meilleur restaurant du japon.

lundi, décembre 12, 2005

trois gouttes de soleil 

si on etait a huit gouttes, on aurait chaud. alors on a juste frais et les habits ne sechent pas sur le fil (vous connaissez ?).
apprentissage. toujours observation de l'humain apprenant en contexte, puisque c'est le seul sujet que je peux comprendre ici en profondeur, ayant sous les yeux un specimen qui ne m'est pas obscur absolument.
hier, je vois deux kanji dans une phrase, tandis que nous lisons un peu sur les activites du week-end, thematique habituelle pour les livres de japonais locaux. je vois marcher a pied et un monstre qui le precede, je conclus "faire une promenade" que je lis さんぽ sanpo, puis je grogne : ah mais je ne connais pas sanpo, j'ai juste deduis du contexte et du kanji apres. le prof me regarde et dit: mais oui, c'est comme ca que les petits japonais apprennent, ils voient des kanji et ils connaissent le mots alors ils supposent. mais on fait plein d'erreurs alors. oui, mais ce n'est pas grave.
eh oui, ce n'est pas grave. l'erreur n'est pas grave tant que l'on fait l'effort.
ne pas avoir de resultat en recherche, ce n'est pas grave, tant qu'on passe du temps au travail en montrant qu'on aime la recherche.
ne pas finir un mouvement a l'aikido, ce n'est pas grave tant qu'on cherche serieusement.
et caetera.
j'ai beaucoup sans cesse a redire de la culture locale sur le sujet de l'epanouissement de l'individu, mais je trouve ce rapport a l'erreur reposant. pour nous, au debut, c'est difficile, car ne sont exprimes que les points qui ne fonctionnent pas. le compliment n'existe presque pas, c'est la disparition de la correction qui signale qu'on fait juste. mais la correction n'est pas une sanction, c'est une indication pour progresser.
bizarrement, chez nous l'ecole ne sait pas neutraliser l'erreur d'une facon aussi nette, comme passage dans un processus, dont la repetition ou la reapparition n'est pas si catastrophique.

aujourd'hui, je dejeune a kitcho, je dis ca pour faire baver d'envie ceux qui aiment la bouffe de luxe dans un cadre de luxe.
http://www.kitcho.com/kyoto/english/about/12.html
(bon en meme temps c'est moi qui paie, alors il n'y a pas a etre envieux...)

dimanche, décembre 11, 2005

le clappement de la nuit 

mon littré m'informe ici que clappement ne va pas du tout pour ce que je souhaite décrire mais je persiste dans mon erreur car l'évocation sonore me semble juste. officiellement : clappement est le bruit que l'on réalise avec sa langue lorsque qu'on la détache du palais. ici, je souhaite faire référence aux claquements de bois l'un contre l'autre par ces individus à l'air louche qui traversent les rues des petits quartiers en tapant deux parallélépipèdes l'un contre l'autre. son on ne peut plus étrange qui augmente puis diminue au rythme du marcheur fantomatique. comme j'en ai déjà parlé il y a longtemps, je rappelle aux fidèles lecteurs qu'il s'agit effectivement d'un signal qui rappelle de faire attention aux feux de maison. ici, une maison part très vite, car de bois. surtout dans les petits quartiers derrière les grandes rues. les associations de quartier délèguent donc un vieux (enfin, parfois c'est une mère de famille avec ses enfants, un salary man fatigué, mais surtout les vieux tout de même car il y en a beaucoup) pour remplir ce rôle pour la paix de la communauté. la vie de quartier est très organisée dans les aspects festifs et quotidiens. je ne connais pas les détails. hier, c'était une vieille dame avec un anorak bleu un peu délavé et d'énormes lunettes qui cachaient la moitié de son visage.
bizarrement ce post est une vague copie de ce que j'ai lu d'une amie récemment. elle parlait à cette occasion de l'évolution de la taille des japonais. hier dans mon supermarché un type devait faire deux mètres. c'est vrai que les jeunes de la vingtaine, surtout les garçons, sont souvent aussi grands que les français. grands et costauds. contrastant avec le plus ancien petit et malingre parmi lesquels je suis, moi, grande (la blague). comme quoi la partie génétique dans la forme corporelle n'est pas forcément si importante et peut-être la nourriture et le mode de vie global ont leur mot à dire. bien sûr il faudrait regarder les statistiques.

samedi, décembre 10, 2005

maisoukisondonc? 

si un jour vous vous demandez où sont les gens (d'une façon très générale), je peux suggérer un lieu : kiyomizu. au moment où le temple est éclairé, deux ou trois fois l'an, ce n'est pas la panique comme au premier de l'an, où la prière a une vertu encore plus salvatrice, mais déjà on se demande pourquoi la nuit froide attire tant le peuple. A certains moments, kyoto rappelle un peu rome, et les grands temples saint pierre. je me demande parfois si les kyotoites ne passent pas plus de temps à s'adonner au culte que les marseillais à l'apéro.
en même temps je comprends assez bien l'amour qu'on peut avoir sur cet immense édifice à l'aspect un peu fragile. les deux grands échaffaudages de bois qui ressemblent un peu au cube d'urbicande (mais posé droit sur le bureau) et soutiennent les bâtiments centraux, puissamment illuminés dans un jeu d'ombres contrastées, on se promène au milieu des érables rougissant sous les lampes, la ville dans sa splendeur nocturne est à nos pieds. de quoi s'émerveiller bruyamment. les petites mares dont la noirceur est renforcée par les éclairages réfléchissent élégamment les arbres bariolés, les statues sont mises en valeur par des projecteurs agressivement orientés, et tout le monde se prend au jeu de la photo, ajoutant des flashs joyeux à cette débauche luminescente si contrôlée.
je me demande d'ailleurs si les jeux de lumières ont été institués une fois pour toute ou s'ils varient en fonction des saisons et des années, sujets à des évolutions occasionnelles. tout comme l'architecture des jardins, on imagine bien le processus un peu figé en hommage à un grand ancêtre créateur.
pour un immense rassemblement : pas un seul gaijin dans les environs.

vendredi, décembre 09, 2005

nudite 

il y a plusieurs types de nudite. la plus visible en ce moment est celle des arbres, qui entraine l'apparition de nombreux expirateurs et la multiplication des sacs plastiques gonflés à la feuille colorée. j'attends le jour où le "moment juste" jettera dans les rues des tas d'humains de bonne volonté, pliés au niveau des hanches, collectant la matiere vegetale en debut de putréfaction. ai-je déjà dit que la bonne volonté et son expression généralisée est ce que je préfère dans ce pays ? après le natto.
l'autre nudité, qui plait plus aux goût moyen que celle des arbres décharnés, c'est celle des danseurs et danseuses contemporains. une chose est sûre à propos des danseurs, c'est que parmi les felés que comptent le milieu du spectacle, ils peuvent aisément être vus comme les plus barrés. imaginons : exprimer tous les sentiments de façon visible, sur une scène, avec un décor, quelques ustensiles, un corps. c'est assez limité et force à toutes les exagérations. d'où une tendance à se jeter à terre ou contre les murs, à se battre contre des objets, à faire jouer la musique fort, à faire des acrobaties et pousser des cris multiplement évocateurs. d'où la nudité répétée qui présente l'avantage de montrer beaucoup de détails. ainsi, à l'instar du lutteur de sumo, le danseur japonais est en petite tenue, privilégiant le slip blanc ou couleur chair. contrairement au lutteur de sumo, le danseur japonais se pose de façon publique beaucoup de questions sur son identité, sa sexualité, sa vie quotidienne. comme le lutteur de sumo il connait bien la télé, mais plutôt parce qu'elle lui vole de l'argent plutôt que parce qu'elle lui en rapporte en douche de billets ; il est très souple, capable d'accéleration comme de moment lent, de concentration, apprécie les ovations. comme un arbre, il est parfois droit et raide, immobile. contrairement aux arbres et aux lutteurs de sumo, il est assez peu populaire et attire difficilement 120 spectateurs dans une soirée. il faut dire qu'il lui manque ces rondeurs subtiles et cette agressivité de vainqueur qui fait du lutteur de sumo un animal que les autres bêtes de la ville associent à la position de chef. même s'il est bien habillé, coiffé à la dernière mode et occasionnellement snob, le danseur conserve cet air de clown triste et maigrichon qui renvoie l'humain à ses angoisses existentielles.
or si l'humain a acheté une télé, ce n'est pas parce qu'il aime affronter les angoisses existentielles.
les danseurs que je vais voir assez régulièrement ont choisi comme terrier la salle de danse du kansai, appelée danse box et dont j'ai déjà parlé, surtout parce que sa location incroyable me fascine : au dessus d'une salle de catch et au sein d'un parc d'attraction minimal encastré entre un quartier de restaurant de poissons un peu populaire et des lignes de métro aérien, que j'ai toujours visité parfaitement fermé, éteint et vide hormis quelques fantômes qui le traversent aussi hâtivement que moi pour se payer un moss burger ou attrapper une glace italienne en sirotant un café.
hier dans le spectacle, j'étais filmeuse officielle de ma copine pendant les répétitions costumes. j'avais donc droit de dire bonjour à tout le monde et à être installée devant pour avoir un bon angle. parfois on se sent privilégié. j'ai donc vu les filles manger leurs spaghettis noires horriblement effrayantes avant tout le monde. à la fin de la journée, elles ont fait trois repas d'une texture atroce et d'une couleur dégouttante, filmées par une caméra infrarouge qui renvoyait sur un grand écran noir et blanc leurs têtes de chien-loups effayés habillés en danseuses sexy petits lapins, des boules de papier maché caché dans les collants, formant des varices artificielles et énormes.
ma pote les a qualifiées d'"expérimentales".

jeudi, décembre 08, 2005

ce que l'on remarque 

aujourd'hui la neige avait disparu mais daimonji etait encore legerement recouvert, ce qui fait une montagne de toutes les couleurs de l'automne et un grand champ blanc triangulaire au milieu duquel il y a un grand "grand" (大)
j'apprends que chaque école locale a une chanson personnelle, entonnée par tous les enfants lors des réunions qui ont lieu environ une fois par mois. je trouve que je ne suis pas très au courant de la culture des indigènes, heureusement que la télé va pallier à mon abrutissement et me garnir d'une conversation réellement intéressante.
il est bon de noter que la television francaise va devoir s'excuser contre mon aimé qui avait été indûment filmé et intégré dans des scènes diffusées pour ensuite se faire traiter de profiteur lors de sa plainte.

je regarde comme toujours "cite dans le texte" de libération qui n'est pas forcément bon loin de là mais..., et une réflexion me fait rire (je ne dis pas qui elle concerne à cause de ma politesse innée mais on peut se référer à l'épisode du 8 novembre) "est-ce que lui il aimerait qu'on l'insulte de nain de jardin ou des trucs comme ça ?".

dans la montagne, je vois deux hommes qui se promènent main dans la main. ils sont tous les deux japonais. c'est excessivement surprenant (taboo).

mercredi, décembre 07, 2005

mouvements desordonnes 

tandis que je perdais quelques precieuses minutes de travail sur mes blogs habituels, une de mes lectures m'a renvoyée sur le blog de miss france 2006 (http://pancakes.skyblog.com/index.html) qu'à travers le filtre de mon habituel désenchantement j'interprète comme un blog à visée commerciale. je peux bien sur faire erreur.
tandis que j'admirais la grande capacite de la jeune femme à être toujours parfaite sur les photos - où l'on voit bien que c'est un art - mon regard s'arrêta sur les liens commerciaux pour y lire "gagne ton CD Vibrion" (juste avant "restez Zen"). or vibrion, groupe de marseille, c'est les potes de mon chéri.
donc j'ai lié mon chemin par un clic pour tomber sur
http://www.ecureuil.fr/html/ca-vient-de-sortir/actus_detail/actualites_id/1819194306438d93bc58c79
et en lisant le commentaire, j'ai beaucoup ri. je me demande s'il s'agit de pub negative ou positive, finalement...

mardi, décembre 06, 2005

 

aujourd'hui c'est la neige fondue qui est tombee du ciel. il ne faisait pas tres froid, par contre l'humidite agressait les rhumatismes des vieilles de mon genre. mon pied (sans cesse mal place, sans cesse pietine) crie vaillamment a chaque evenement qui le fatigue. tout le monde parle de sa nouvelle bouillotte qui lui tient chaud jusqu'au matin (je n'ai qu'une couverture electrique qui chauffe le lit avant mon entree mais qu'il faut eteindre par la suite).
seul avantage : en hauteur il fait vraiment froid, alors la neige est sur les montagnes et c'est joli.

je me suis renseignee pour le sumo (apres j'arrete promis) : les lutteurs jettent du sel pour purifier ; ils ont 3 minutes et quelques pour lancer l'attaque, personne ne dit quand c'est, aussi, parfois, le combat ne demarre pas parce que l'un des deux se met en position mais ne se sent pas pret, alors il est temps de remettre un peu de sel, ils se levent, jettent du sel, reprennent position ; dans l'enveloppe qui est donnee a la fin je ne sais toujours pas ce qu'il y a.

lundi, décembre 05, 2005

sumo (bis) 

quand il fait froid, la tele rechauffe le coeur. je regarde donc encore des cassettes de sumo. les meilleurs de cette annee ont ete selectionnes sur cette cassette et c'est pas de la tarte. ca bastonne sec, et un coup d'epaule dans le new fait jaillir le sang immediatement. dommage que je ne comprenne pas les noms. je note neanmoins que :
1. pour commencer il faut attendre que le copain ait pose les deux poings a terre (si on n'obeit pas on doit payer une amende). ils sont vraiment comme des sprinter dans les starting-block. finalement le sumo c'est un peu comme un 100 metres qui ne durerait qu'un metre, car gros comme ca ils ne peuvent pas courir trop loin.
2. le cercle est tout petit et on en sort facilement, mais surtout il est place sur une tribune. souvent si on est pousse hors du cercle, on tombe sur les spectateurs. c'est un drole de choix que de payer tres tres cher (surement, ces places-la ne sont pas accessibles a des rigolottes de mon genre, mais reserves aux meilleures familles) pour se prendre des mecs de 180 kilos qui acheve alors une chute tres sincere.
3. au debut du combat, les lutteurs jettent quelque chose au centre du cercle (je l'ai deja dit) mais comme on est au japon, un type est presque en permanence en train de faire le tour du cercle avec un balai pour retirer les saletes qui viennent d'etre repandues.
4. les sumo montent sur le ring, font des gestes un peu effrayants et leur balancement si complexe a reproduire, lancer la jambe en l'air et retomber en mettant bien tout son poids pour taper le sol. ensuite, c'est pause-pub ou je ne sais quoi, des gens montent sur la scene avec des panneaux colores, dont un sur lequel je distingue vaguement, peut-etre en me trompant, un hello kittie. hello kittie en sumo est une idee surrealiste (j'imagine mieux snoopy dans le role).
5. tous les sumo qui descendent ont un regard plutot vide, car on suppose bien qu'il faut faire le vide dans son esprit pour s'entrainer tous les jours de l'annee a partir de 5 heures du matin, comme un malade bien sur, et venir passer quelques secondes d'affrontement avec des types qui ont tout fait pour avoir un centre de gravite plus bas que le sien.
6. comme la television est bien organisee, on peut voir le moment ou les lutteurs se font recoiffer entre deux combats, c'est assez charmant.
7. ne comprenant pas les regles, je me demande pourquoi ils sont affubles de tiges qui semblent en plastiques et font comme un pagne, qu'ils poussent sur les cotes au debut du combat pour ne pas etre genes, et arrachent a la fin, en particulier avant de recevoir je ne sais quoi des mains de l'arbitre. avant de prendre les enveloppes (argent ? preuve de victoire ?) de la main du juge, ils font des petits signes de la main comme pour benir ce qui leur est donne.
8. avant et apres le combat, un type monte dans le cercle et tape des bouts de bois (les memes que ceux du debut de zazen, des gens qui passent dans la rue pour prevenir des risques d'incendie), tape plusieurs fois, crie le nom des lutteurs, part.
on peut conclure qu'il y a ceremonie autour du combat, ce qui suggere que c'est important pour tout le monde.

sinon, je commence a dire a mes collegues que dorenavant c'est bien d'ecrire les mails en japonais, et que j'essaie de repondre itou.
il faut se lancer dans la vie. le ridicule ne tue pas.

dimanche, décembre 04, 2005

cinema 

ma copine m'emmene dans un cinema neuf des faubourgs de la ville. il est grand, dans un centre commercial qui connait aussi les plaisir du patchinko geant et des salles de jeux generalistes enfumees. le cinema vend pour 600 yen un immense bac a popcorn odorants et une boisson. je pousse un cri de surprise a l'idee de tant de plaisir pour un prix si vil et yola se moque de moi. quand on accede aux salles, un long couloir nous conduit. il est assez sombre, eclaire sur les murs par un decor de faux take (bambous) derriere des vitres, ou la source lumineuse se trouve derriere la rangee de blambous de plastique. au sol, au centre, une vitre protege un jardin zen de centre commercial, graviers et rochers arranges en decoration classique. un amas de rocher tous les trois metres environ, lumiere dont la couleur change par tranche de 5 secondes en faisant la gamme de l'arc en ciel. le reste est consistue de mur noir en matiere plastique legerement reflechissante tendance 2001, on s'eclate ici.
j'ai pris plein de photos.

a propos d'aikido (j'y reviens toujours, na): hier le cours s'est deroule tandis qu'une troupe de theatre repetait a cote - en faisant en particulier des exercices de prononciation en hurlant ou des dialogue d'engueulade tres convaincants. en plus les trois petits garçons du couple qui vient regulierement pratiquer etaient la, 6, 4, bientot 2 qui commence tout juste a marcher. ils sont adorables et parfois etonnamment sages. en fait, que ce soit la petite allemande qui est venue sur le bord pendant un mois ou ces trois la qui viennent souvent, je note qu'a part quand ils se prennent des gadins et geignent en consequence, les petits regardent les grands qui sautent partout avec etonnement mais sans vraiment se faire remarquer.

samedi, décembre 03, 2005

I was born an angel and died an elephant 

j'entends dire que mes perpetuelles descriptions de la vie locale, visite de temple et admiration de cris face aux erables, suivi d'aikido, monotonise le lecteur assidu. il est si difficile de plaire a ce lecteur qui ne se rend pas compte que le redacteur ne peut quand meme pas passer son temps a avoir des idees gaies et droles qui sortent de son quotidien somme toute un peu repetitif. avoir froid aux pieds et manger de la soupe, tout le monde sait faire ca sur terre en hiver.

la television japonaise. elle apparait legerement dans lost in translation ce qui permet a tout un chacun de decouvrir son fonctionnement. c'est un lieu d'hysterie absolue (different du dehors sauf dans quand le dehors est bourre ou enerve contre ses subordonnes) où tout le monde est beau et bien habillé ou bien ridicule (comme dehors) et ou on parle beaucoup, souvent, et avec beaucoup d'enthousiasme de nourriture (comme partout). en deux jours, à chaque fois que je l'allume je vois quelqu'un qui croque dans quelque chose et s'écrit oishii la bouche pleine, les yeux équarquillés d'un étonnement que je pense légèrement travaillé. je constate que les publicités contiennent un bon cinquième de gaijin blancs. surement nous faisons vendre. ici aussi la femme recure les toilettes et gère les taches sur les habits ou les lingettes pour nettoyage du sol. les pubs de voitures sont un peu moins phalliques il me semble (c'est pas difficile) et tout est très très gai, on sourit et on sautille sans cesse. les films sont coupés après moins de dix minutes de développement, sans préparation, et je passe de voldemore a une sautillante jeune femme en tee-shirt vert et pantalon moulant blanc. j'ai parfois du mal a comprendre que la pub est finie et que c'est l'émission qui a reprit, les codes me sont encore etrangers. au football les gros plans prennent encore plus les expressions des joueurs, tristes ou rageurs, tout comme on voyait en gros plan les sumo pleurer.
sumo. j'ai vraiment bien aimé et il me reste encore une cassette. sauf ceux dont le ventre fait des vagues quand ils se secouent, qui sont vraiment trop laids. sauf ceux a l'air mechants qui ne font que mettrent des baffes en restant en arriere et profitant de leurs longs bras qui sont vraiment trop lâches. mais les sumo a l'air honnêtes et direct... j'ai déjà essayé de copier une super technique pour embéter manu à l'aikido et, sous le coup de la surprise, ça a un peu marché. le gentil sumo (il devient le gentil s'il fait cette feinte-là car elle me plait) est en déséquilibre soudain, l'autre a réussi à le reverser avec la hanche, on ne donne pas cher de sa victoire, il est entraîné. soudain, la jambe trouve un point d'appui, parfois juste à la limite autorisée, se bloquant contre le petit rebord, elle est tendu et bien ferme et soudain, il se réapproprie son partenaire en descendant un peu et le chopant sur sa propre hanche, signe qu'il n'est jamais parti bien loin de son centre, et c'est sa jambe qui lui sert de pivot. ce renversement de situation m'emplit de béatitude. je n'oserai prétendre que j'ai fait précisément ça, mais sur un ikio je me suis replacée un peu avec intention de prise de centre du grand manu, il en faut peu dans la journée pour me mettre de bonne humeur.
les emotions des rikishi. le lutteur de 150 kilo pleure devant les cameras. c'est normal ici, on n'est pas chez les latins et le machisme n'a pas besoin de cacher ses larmes. il pleure quand il a perdu, il pleure quand il coupe les cheveux de son ami (si on coupe les cheveux en public lors d'une cérémonie à un lutteur, c'est qu'il s'arrête de se battre), il pleure quand il gagne un combat qui est son dernier de tout l'année et il a a tout gagné. dans les films aussi, les hommes pleurent, abondamment, en faisant du bruit et s'écrasant au sol. ils font des têtes souvent exagérées pour signifier joie ou énervement, comme le ferait des acteurs de noh, tandis que moins souvent dans la vie réelle (plutôt que de réalité je ferais mieux de parler de matérialité, car la télévision est réelle pour sûr).
filmer le sumo. il n'y a rien de très palpitant à faire face à du sumo quand on est un réalisateur. on peut se mettre très près des visages, c'est sûrement toujours intéressants car la tête d'un abruti agressif ou d'un type hyper concentré est toujours une belle image. on peut faire des plans larges pour montrer que la foule est dense (mais je n'ai pas encore noté ce travers si apprécié des réalisateurs de foot), on peut se concentrer sur l'arbitre qui a mis des habits de frimeur pour être regardé (chapeau haut et kimono très coloré pour ne pas qu'on le confonde avec une fraise des bois) mais encore une fois, il semble un élément du décor. le combat lui-même est filmé du même angle quasiment tout du long, avec le même champ - il faut dire que l'espace est petit et c'est donc facile de tout voir d'un seul regard. c'est seulement pendant les ralentis que les autres angles de vue nous sont offerts. hors du combat on a droit à la montée sur le ring (on dit le dohyo) des deux gars qui jettent je ne sais quoi sur le sol (je devrais regarder sur http://www.sumofr.net/ mais jai la flemme) et qu'on voit de face avec leur air de pas content. finalement, mon moment préféré numéro deux, c'est le départ des lutteurs, que l'on voit saluer, descendre et que la caméra suit de dos tandis qu'ils passent à travers la foule. c'est sublime ce monstre qui fend la foule amassée et maigrichonne. je me permets un vocable un peu cru, car j'ai du respect pour ces humains qui se constituent en monstresuosité dans une tradition millénaire. manu me rappelle que les types que je contemple ont 22 ou 25 ans (ils sont impossibles à dater, mais vieux) et que quand ils ont 40 ans, soit ils sont morts, soit ils sont abandonnés par leur superbe femme top model attirée initialement par l'argent, parce que (il cite) "il ne peut même pas se torcher tout seul" (sûrement elle dit ça à la télé, lieu de toutes les confidences intimes). c'est un certain destin, et on imagine bien qu'il est principalement réservé à des pauvres qui montent ainsi en statut, avec un coût assez hallucinant - on se croirait à la boxe avec les noirs américains, c'est gai.
et ce soir, je vais aller voir harry potter avec ma copine yola, parce que j'ai vu la fin du précédent (au milieu des filles qui font du stretching comme j'ai dit précédemment) et que l'acteur principal était interviewé après pour faire de la retape. trop forts les arguments du gadjo.

vendredi, décembre 02, 2005

sumo 

maintenant j'ai la tele, et je regarde le sumo. soudain je comprends l'amour qu'ils recoivent de la part de leurs concitoyens. mais imaginer la vie de galeriens qu'il menent, tout ca pour se battre graisse contre graisse quelques instants lors de tournois hysteriques, c'est etonnant. la cassette que j'ai regarde hier concerne un sumo un peu moins gros et gras, a l'air plutot sympathique, et qui fait bien comprendre la difference entre la technique fine et la violence lourde. il faisait 125 kilos, et parfois affrontait des geants de 250. je pense que je rapporterai des dvd rien que pour le plaisir.
je m'excuse aupres des lecteurs une fois de plus si ma vie est chiante a la lecture. je suis un peu fatiguee.

jeudi, décembre 01, 2005

regarder le travail 

je constate que des que ma camera a l'occasion de s'attarder sur les gestes d'un travailleur manuel, je suis heureuse. il faut trouver le bon angle, celui qui restitue mouvement, attention, precaution, sans pour autant s'interesser au resultat. je ferais mieux de bosser plutot que de filmer ceux qui le font : oui. mais malgre tout, il me semble que d'identifier le travail bien fait, le soin et le plaisir, participe d'un certain point de vue a ma recherche, moi qui refuse de me positionner dans un paradigme qui definit la valeur comme valeur d'echange et le travail comme une desutilite. comprendre ce qui donne sens a une activite individuelle permet de saisir ce qui la differencie du moment de l'echange, de l'evaluation du gain. car ces instants sont differencies et les postures mentales qui president aux differents aspects de l'activite economique devraient etre plus clairement comprises.
a mon humble avis.

sinon, nous avons eu un cours different de d'habitude mardi dernier. notre sensei a parle beaucoup (selon des criteres francais pas beaucoup du tout, mais pour nous si car elle nous fait surtout bosser d'habitude) mais la, elle a explique. surtout elle a conclu assez nettement sur la philosophie du club : apprendre a se faire confiance, a detendre et abandonner, afin d'apprendre a plus grandes enjambees. et puis pourquoi profiter d'un partenaire qui s'est abandonne ? c'est bien sur interessant pour moi la trouillarde, car cette posture permet effectivement d'apprendre plus en finesse. elle nous a prevenu aussi de prendre bien garde quand nous rencontrons des personnes dont la recherche passe par d'autres chemins - remettre sa martialite en marche doit etre l'histoire d'un clignement de paupiere si l'on veut conserver ses poignets.

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