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mardi, décembre 13, 2005

difficile de raconter 

même répondre à la question "c'était bon ?" est un peu compliquée.
je ne regrette pas, c'est une première réponse, même si pour le prix de chaque repas payé hier, j'avais un blouson un peu chaud ; et pour les deux et le sake, à certaines périodes de l'année, un voyage aller-retour en france.
ça n'a l'air de rien le luxe, mais c'est cher.
de fait, ce n'est pas si cher non plus, il faut éviter d'exagérer, et l'assurance de la voiture doit largement éclater le plaisir des papilles, des yeux, de la conversation.
je n'ai pas beaucoup profiter de la conversation. mais madame, la femme du propriétaire (homme affable que j'avais rencontré il y a longtemps sur un parking sous un soleil de plomb, pour un barbecue de luxe) est venue discuter avec nous une demi-heure. elle nous a servi le sake d'aperitif dans une coupelle minuscule, dont on peut dire qu'il se laissait boire allégremment, meilleur encore que celui qui a été servi par la suite, dans de petites coupelles de cristal, conservé dans un bac à glace élégant. elle etait habillee traditionnellement et m'a mis la serviette sur les genoux car, innocente que j'étais, je ne savais pas qu'une serviette blanche se place sur les genoux (les canons du luxe varient d'un pays à l'autre, donc).
nous avions, pour nous servir, une charmante jeune femme très polie, jolie et joliment habillée, qui nous était réservés. la pièce était très grande, donnant sur des sakura malheureusement très nus en ce moment. quinze cuisiniers s'activent en cuisine, pour servir certainement moins de clients (au vu de la taille des pièces et du bâtiment).
en début et en fin de repas, on boit de l'houjicha légèrement salé, ce qui est très bon. les plats sont tous très beaux (j'ai un tas de photos mais ce blog est textuel - les photos ne sont pas très réussies de toute façon), servis dans des récipients qui eux aussi font rêver. crabe simple et en salade servi dans des petits oiseaux en bois très élégants avec légumes et sauces diverses, soupe au gomadofu (tofu de sesame) et crabe, sashimi de fugu et de x accompagnés de sauces succulentes dont du wasabi frais qui ne piquait donc pas désagréablement, viande grillée froide recouverte de zest de citron et accompagnée de chips d'ail, souple de yuba (la couche supérieure qui se forme sur le sommet quand on prépare le tofu si j'ai bien compris - délicieux bien sûr), grillade de poisson présenté dans des papillotes sur un plat fumant et odorant au milieu des feuilles d'érable, grillade de légumes, riz aux tempura d'huitre avec (la seule fausse note pour moi) soupe gluante qu'on trouve parfois ici, riz blanc, fruits frais excessivement goutu arrosés de cointreau issu d'une bouteille qu'on dirait de parfum et de sauve au basilic sucrée et légèrement épaisse à se pâmer de délice, petit gâteau au soba (sarrazin) avec thé vert épais.
ce qui est compliqué, c'est que rien ne ressemble à ce que l'on connait. tout est à une température précise, dans une quantité précise, et les goûts sont de très légères variations sur de la légèreté. à un seul instant j'ai reconnu un goût, mais même le yuba que je consomme allégremment ne se ressemblait pas. du début à la fin du repas, on se sent devenir plus sensible à la délicatesse, plus attentif.
je sais que ça n'a pas de sens, mais ma seule sensation à la fin du repas, était que dorénavant ce n'est plus la peine de manger. même la satiété était au juste degré, impossible à ressentir - un état qui ignore la faim comme la sensation de trop manger.
ca ne veut sûrement rien dire, mais c'est ainsi. on se sent transformé.
et je pense que c'est le but (d'après ce que le propriétaire explique).

ainsi, ici, mon incapacité à rendre compte de ma visite dans le meilleur restaurant du japon.

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