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mardi, mai 31, 2005

la greve ou quoi ? 

impossible et pourtant reel, l'escalier de la fac n'est plus nettoye en ce moment, et on nage dans des monceaux de brindilles et de poussiere dans l'escalier. c'est tres etrange que des japonais laissent une situation pareille, quand on sait que le balai est ici le meilleur ami de l'homme (apres le cafard, dont je ne parlerai pas ici car hier ma colonie de vacances etant absente, je n'ai pas pu admirer le merveilleux travail de la nature qui, en fonction de son age, donne a l'adorable animal une texture et une forme bien differente, allant de la larve translucide a la grosse maman debordant d'oeufs, de meme qu'une demarche et une agilite qui varie d'individu en individu, le plus mignon etant de surprendre des adolescents en pleine fornication sur une orange, on ne se lasse pas de les admirer et d'ecouter le bruit lors de leur disparition dans une autre strate de l'univers -
finalement j'en ai parle).

et yoko sensei dit que vraiment la religion catholique c'est debile. je suis desolee mais je me sens obligee de consigner ceci fidelement dans mon blog. ca fait deux japonaise attentives au monde qui me disent du mal des religions monotheistes, meme si on note ritsuko s'est quand meme convertie a ne plus manger de porc.
pour l'anecdote, j'ai suivi yoko, aujourd'hui, sur une grand aspiration. ce n'est pas du chinois, c'est de l'aikido, et c'est la premiere fois que je reussi a suivre un epu sur une aspiration de yoko. je suis plutot contente, malgre mon dos tordu et douloureux. car il ne faut jamais oublier que d'etre une patate-uke me rend toujours aussi triste.

lundi, mai 30, 2005

savoir une bonne chose (si c'est) (que) 

shake shake shake,
l'europe se secoue sur sa base,
elle danse le rock & roll
acrobatique
charmés surpris chaque jour par nos élus
grandis par des discours
assassins en haut de l'affiche requins a la présidence
shake shake shake
une techno opaque sort de l'enfer
individu roi sûrement sans frontière
honnêteté qui bouche le port de marseille.

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je pense sincerement que j'ai peur de nos elus, peur du mensonge qui pegue aux ailes de la democratie et qui la fait devenir lutte du fort contre plus rien du tout car ca y est, les renes sont bien ancres dans les mains.

je suis contente du sursaut d'expression de pas contents, satisfaite qu'il y ait aussi tant de gens qui ont vote "oui" (parce qu'au moins, ceux-la leur vote est clair, ils sont tous 'pour' l'europe quelle qu'elle soit). pour une fois je crois a un vote - discours, mais j'ai du mal a croire que ce soit un discours anti-chirac. je le sens anti-mensonge et -manque d'analyse. par contre, je ne suis pas persuadee qu'on va gagner en lisibilite (seule essentielle chose necessaire demandee voulue).

les sites flash qui trainent sur des sites d'autres gens pointes eux-memes par d'autres gens (je ne risque pas de savoir chercher toute seule)
si vous n'avez pas le temps, prenez quand meme votre cafe devant le premier, un triptyque vraiment superbe
http://www.moxomoxo.com/
les autres un peu plus normaux, meme si reussis.
http://www.anonymes.net/v2/index.htm
http://www.lesondujour.com/soundscape/main_load_content.html

toujours a lire frantico qui est tres celebre. apparemment, il a fabrique avec ses copains un superbe faux (la reunion internationale des bloggers en coree) avec site oueb bidon et donc faux voyage qu'il raconte depuis plusieurs jours. il va falloir voir si c'est vrai a moyen terme, mais si c'est le cas, chapeau a un gars qui ne savait pas allumer son mac il y a trois mois. ca m'a mise de bonne humeur.
les commentaires de lecteurs revelent qu'on attend de l'auteur d'un blog qu'il dise la verite, ce qui est fort cocasse. on rencontre tout parmi les lecteurs de blog, apparemment. des plus innocents aux plus aguerris.

dimanche, mai 29, 2005

il ne faut pas.... 

lire des polars en picolant jusqu'a deux heures du mat', parce qu'apres on se leve pas pour zazen et on prend un coup de froid qui fait mal au dos.
c'est tres mal, surtout si on a ecrase un cafard juste avant, le karma se prend de gros coups dans la gueule.
en ce moment, j'assume assez bien ma tendance a la reverie faineante (ou a la faineantise reveuse). finalement ce n'est peut-etre pas si grave.

samedi, mai 28, 2005

yoko sensei est de retour ! 

c'est pas que j'aime pas les cours d'asako, manu, vlad ou ikedasan, mais c'est tout de meme pas pareil quand c'est la chef. y'a pas a chier, c'est un boulot d'enseigner et de pousser tout le monde a pratiquer. a cette prof qui a la caracteristique de ne pas trop se prendre la tete, mais j'expliquais que c'est un sacre avantage de croiser les enseignants de haut niveau dans leur environnement naturel. vu de france, le prof du hombu dojo ou affilie est une figure vaguement mythique, qu'on ose pas regarder dans les yeux de peur de faire une faute de protocole. vu d'ici, c'est un monsieur (ou une dame pour les affilies - pas de femme au hombu dojo pour l'instant) qui passe au milieu de tout le monde pour faire travailler et donner des conseils, qui dit bonjour et au revoir en partant, qui peut meme se melanger aux autres pour l'apero (et encore, je pense a endo sensei qui se comporte un peu en chef de secte classique). ma sensei nous fait les crepes (en ecoutant le sumo). certes, on doit faire quelques efforts de politesse dans le discours, mais pas beaucoup plus qu'avec toute personne plus agee, finalement.
et tandis que yoko se faisait perdre les bagages entre vancouver et osaka (apres qu'ils aient ete egares a l'aller entre osaka et vancouver, ce qui fait humour un peu repetitif), le petit nicholas (que j'appelle petit par son age de 20, mais qui est un americain format normal pour un jeune pousse dans les annees 80-90, donc equivalent de deux bons japonais) prend son avion dans le sens inverse. nous avons donc dignement dejeune l'occasion avec du porc pane (ou autre produits pane - je redemanderai le nom de ce plat pretendument delicieux que je trouve bien trop gras) avec lequel on recoit du sesame qu'on s'ecrase soit meme dans son bol et sur lequel on verse de la sauce pour melanger, et qu'on se fait servir avec riz a volonte, petits tsukemono bons, moutarde, chou coupe a volonte, miso soupe a volonte. je continue a ne pas apprecier la miso, ce qui est fort etrange pour tout un chacun, a la limite de l'aberrant. ma repulsion est infiniment moindre que celle au nato, on s'en doute.

en ce moment, je tue plein de cafards, que je regarde se secouer, que je brule quand ils se cachent dans les plaques au gaz. je les vois agoniser et n'ai pas d'autre choix que de les tuer (crois-je). je pense en parallele que c'est mal, pourquoi se donner le droit de faire ca. mais je les trouve sales et envahissants. il y a neanmoins des questions de karma (incomprehensibles, donc) derriere tout cela.
je cite boulet dans son blog "Tu as vote chirac ? tu seras reincarne en morpion de Jean Lefebvre"
hier j'ai legerement festouille car moncho m'avait encore invitee a son mix, cette fois-ci je ne payait pas trop la frime. en rentrant, j'ai vu deux jeunes femmes en habits de lumiere et froufrou vert et jaune, immenses faux cils, comme on en croise a londres souvent, a shibuya a tous les coins de rue le samedi soir, a kyoto jamais. une extravagance qui rend difficile la sortie du taxi mais qui fait agreablement sourire les passants.

la nuit, la lune est rousse.
le jour, il fait chaud a se mettre en mini-jupe
le soir, le vent souffle froid a mettre un sweat-shirt de la maison hantee offert par son cheri qui tient chaud.

vendredi, mai 27, 2005

des envies de sumo 

c'est vrai, j'ai des envies de sumo. plutot de regarder, moins de pratiquer, mais comme si c'etait vraiment quelque chose qui maintenant me serait necessaire (avec le noh, dont je profite encore mercredi prochain si la pluie ne vient pas tout perturber).
en fait, je viens de commencer la lecture des memoires de Kirishima Kazuhiro, un grand sumo apparemment, et l'energie distillee me fait envie. Je revois encore yoko sensei, requisitionnant la place de faiseuse de crepes pendant une soiree, car elle lui assurait la proximite avec la radio gresillante qui rediffusait le match du soir. un jour, asako m'a dit que son favori avait perdu quand elle etait au match, et qu'elle s'en etait voulu de lui avoir donner une mauvaise energie par sa presence. c'est une passionnee. beaucoup de gens le sont, et asako admet qu'elle a decouvert ce sport - art avec grand plaisir (en suivant yoko). c'est l'idee d'energie et de determination quelles que soient les circonstances, qui sont importantes.
apres un travail regulier et que j'espere a l'occasion dans une direction pas aberrante, inutile ou dangereuse, j'ai l'impression de percevoir pour la premiere fois la notion de "neutralite" en aikido. c'est-a-dire l'attaque sans intention autre que de donner son energie. sans anticipation (recommandation de lilou sensei, il y a des mois). enfin dire "de percevoir" est une faute de francais car il s'agit "d'avoir percu". tout comme tori sentir tout le uke jusqu'au bout de l'orteil, ce que nous recommande endo, a ete percu quelques instants par je.
j'ai du mal a comprendre pourquoi c'est si long, si impossible, si evident quand on le sent. puis on le perd a l'instant d'apres, de facon tout aussi evidente. comme une transformation de l'utilisation des muscles qui met du temps a s'ancrer. mais pourquoi si long ? et pourquoi si difficile a transmettre, que chacun doive passer par une repetition sans concession ?
ou en sont les chercheurs en sciences du sport, bon sang ? comment comprennent-ils ce formattage ? pourquoi l'intention et l'action sont-ils si fortement imbriques que l'un mene a l'autre et reciproquement ?

jeudi, mai 26, 2005

arbeit macht.... 

je ne sais pas ce que ca fait aux aures, mais visiblement, le travail en solitaire me deprime de facon catastrophique. ca me bloque le cerveau, la honte de se detendre ou de profiter tend les epaules, la migraine vient ajouter a l'incapcite de se concentrer ou de stocker une info nouvelle. bien sur la pile de courrier en retard ne diminue pas quand on revasse sur des inventions geniales. alors on repousse on repousse (franquin a ecrit 20 tomes la-dessus).

toujours dans les questions : pourquoi les japonais sont-ils si timides, si capables de se concentrer et de travailler sans broncher des heures (meme inefficaces parfois). comment ca se fabrique ? (et donc comment le refus de bosser s'est construit en france dans les dernieres annees - question connexe). je n'ai pas de reponse, je regarde peut-etre meme pas au bon endroit.
nicolas le toulousain regardait le cours pour enfants au hombu dojo, et a aussi ete temoin d'un cours de kendo pour tout petits. vers 5-6 ans. il semble que la patience des enseignants est infinie, et que jamais ils ne s'enervent, ne reprochent, ne contredisent. l'enfant court en tout sens, l'enseignant attrape le petit, le remet a la bonne place. le petit repart immediatement en courant. l'enfant est attrape doucement, remis a la place. il repart, le professeur retourne le chercher pour le remettre. apparemment il y a deux enseignants, et on peut passer du temps a ca. a force, finalement plutot vite, l'enfant se lasse et fait les bons gestes. mais il n'est jamais fache, gronde, on ne lui "dit" pas forcement ce qui est mal ou bien. juste on le met dans la situation de faire jusqu'a ce qu'il commence a faire. la, on va corriger de facon repetitive autre chose.
noter que ca ressemble enormement a ce mode de transmission que je trouve si efficace chez yoko sensei. la repetition sans agacement est un moteur de honte tellement efficace que je ne peux pas mal faire si longtemps (si je remarque qu'on me corrige, puisqu'il arrive que trois ans plus tard on se rende compte que tel personne, a tel moment, avait deja mis un petit probleme en avant...). par contre pour moi, un passage a la verbalisation est encore et toujours necessaire : si on me dit pas "je te mets la parce que" ca ne risque pas de rentrer. noter aussi que souvent les debutants - japonais ou autres - me remercient d'avoir verbalise quelque chose qui raclait trop sans evoluer. et aussi, si on demande a un japonais (que ce soit asako ou ceux des cours de la fac), il peut verbaliser pour expliquer, sans probleme et avec details efficaces, mais ca n'est pas spontanne. et a priori, d'apres ce qu'on m'a explique de nombreuses fois, la verbalisation n'a de toute facon rien a faire sur un tatami. on n'as pas a parler. on a a faire sentir. mais encore (j'arrive pas a stabiliser une pensee, la) - ca prend surement beaucoup plus de temps, et surement plein de gens ne vont jamais dans la direction ou on souhaiterait car leur corps n'interprete pas pareil. mais est-ce grave que l'on n'aille pas dans la direction souhaitee ?
bref : l'aikido c'est complique pour les intellos (on n'en doutait pas trop).
je me souviens alors d'un texte d'ethnographe sur les journaux intimes de jeunes adolescentes, et la decoucerte par l'observatrice que les enfants ne s'opposent pas aux parents, qu'il n'y pas de periode "adolescence" vecue comme conflictuelle. si les descriptions d'education sont vraies, alors ca peut etre coherent : il n'y a visiblement pas grand chose a quoi s'opposer si toute l'education est uniquement de la mise en forme patiente.

mercredi, mai 25, 2005

le soleil, la pluie a venir, quoi d'autre ? 

ben pas grand chose. la periode est peu propice a la pensee, a l'action. le travail ou la tentative de mange le temps et l'energie. la plus deviante activite consiste a decouvrir le restaurant indonesien du nouveau pote que je me suis fait a une fete, a prendre le soleil, donc, sur imadegawa, en profitant car la saison des pluies promet de faire chier le bas peuple. la seconde deviante activite est de lire du alan turing, que l'on n'est pas cense suivre car c'est un suicide d'etat, de ces humains sacrifies a la bien-pensee occidentale. le japonais est toujours aussi ingrat, voyager sur un velo dans kyoto toujours aussi beau, manger des epices fait toujours un peu pleurer, j'arrive a faire rigoler les copains du labo en faisant des blagues (certains).
petite vie retrecie.

mardi, mai 24, 2005

carnet virtuel 

apparemment la discussion sur les blogs en ce moment, c'est qu'on doit dire bloc, ce qui est ultra laid par rapport a carnet. ou a blog, qui n'est a l'origine pas plus un mot anglais que francais et pourquoi on le mangerait pas nous aussi ? si c'est nouveau ?
mais la loi veut pouvoir decider. c'est son travail et si on lui interdit, elle est malheureuse.

comme j'aime m'impregner de culture nippone, j'ai regarde hier mauvais sang, en me demandant sans cesse pourquoi leos carax n'a pas ete foutu de faire DEUX films bien. hein ? un film est excellent, meme si tres annees 80, et les autres sont ploutch. il est a l'institut du kansai, et si des lecteurs peuvent l'emprunter.
le travail empeche de profiter de la pluie, ce qui est bien dommage.
finalement, il y a trois points communs entre manchester et kyoto. certaines architectures modernes pour riches, la pluie chiante pendant de longues periodes (il parait qu'on va avoir un ete particulierement froid), le vol de velo.

lundi, mai 23, 2005

le blog et la censure 

c'est vraiment fou, ca, on n'a meme pas le droit de mettre n'importe quoi sur le blog, on se fait engueuler par
- les amis qui trouvent qu'on dit des choses pas correctes/ polie/ ouvertes d'esprit (bon, a la limite, les amis, c'est important)
- des gens a qui on n'a rien demande, qui envoient des mails ambigus, et dont on se moque (bien qu'il soit mal de se moquer). or, recevoir un mail non desire est un evenement qui, convenons-en, provoque un courroux legitime.
dommage que l'info a la tele ne soit pas aussi bien surveillee, on verrait moins de conneries. mais je suis un peu genee qu'un blog ait une quelconque importance (et de 1) et que ca ait une importance pour des inconnus (et de 2)
les circonstances : j'avais pretendu qu'une demande de participation a un ouvrage collectif (tombee du ciel) etait une arnaque. ce n'en etait pas, le livre sort maintenant et je me fais taper sur les doigts. j'ai donc transforme le blog du 7 decembre, je m'excuse aussi parce que ce n'etait pas bien de supposer le pire, en ces temps ou deja la confiance est au plus bas entre les hommes. et c'est ainsi que le monde va mieux. (mon erreur etait d'avoir copie le mail recu en prime, je pense, et je comprends...on apprend, on apprend).
j'ai pour l'instant propose de faire de la pub. en reparation pour le prejudice moral, on dira. donc je deviens un media a part entiere.
mes reves de grandeur se realisent enfin !

j'apprends par guillaume, a l'occasion, que la loi sur la diffamation est un peu stricte en angleterre : genre macdonald peut attaquer des gens qui disent que la nourriture est pas bonne. quand meme !! ces anglais !!!

sinon, jolie fete hier soir pres de la fac, sur le terain vague alternatif des etudiants. (celui ou il y avait des boxes pour les reunions des clubs, qui avaient brule mysterieusement quand les etudiants et la fac etaient en bisbille). c'etait tres relaxant, plutot hippie dans l'ame (natural people dit la jeune femme qui m'a invitee). pas mal de gaijin pour une fois pour ecouter de la house teintee de rythmes latins et parfois africains. je croise deux djs que je connais, ce qui veut dire que je commence a etre integree chez les fetards (il y a tellement peu de teufs que je fais parie des reguliers, maintenant, c'est la premiere fois que j'atteinds ca dans une ville, vu ma frequence baaaaasse de sorties).
un petit enfant dans les 3-4 ans jouait dans la boue en remplissant un grand seau rouge, pied nu et petit short rouge, et comme il faisait une humidite frissonnante, ca me faisait froid de le regarder. mais lui il etait content. plein de jolies filles comme dans les fetes free en france avec des cheveux qui font des remontees improbables, des maquillages trop etranges qui font des yeux immenses, et treillis tee-shirt moulant qui va si bien aux jeunes. garcons crane rases-barbichette, bonnet (voire bonnet reagge)-barbichette, pour une fois j'en n'ai pas vu de super lookes. une grande europeenne a cheveux longs dansait en tournant, vaguement bourree ; son alter ego male a cheveux longs en tres bourre occupait la scene devant les djs en se tremoussant et, malgre les douces tentatives de retour au calme de la part des organisateurs, faisait mine de manger des pommes de pins en direct devant nous (avec grimaces).
a cette occasion j'ai rencontre un traducteur de manuels, anglais-japonais, qui parlait tres tres tres mal anglais.
aussi un homme qui dessinait. c'etait un tokyoite qui venait d'arriver a kyoto apres un periple de 9 jours a velo, durant lesquels il avait croque. dessins qui me rappellent un peu guibert-celui qui fait la guerre d'alan, quand il fait lui aussi ses carnets de croquis, promenades dans paris ou dans la campagne. je lui ai explique que ca plairait beaucoup, en france, un bouquin comme ca. il etait tout fier (c'etait tres chouette a mon gout, avec une succession d'elements assez varies). mais ce n'est pas son travail. il s'occupe d'handicapes (ca c'etait en anglais dans le texte).
tous les croquis etaient signes et indexes par date ou lieu, sauf un grand paysage qui datait seulement de 15h37 (la petite information, essentielle et solitaire, m'a fait rire). il avait aussi un portrait de lui au milieu, realise par un espagnol a velo, qui quant a lui faisait le voyage fukuoka-sapporo, autrement plus long pour ceux qui visualisent la carte (c'est total sud a total nord). je ne sais pas s'il dessinait aussi pendant sa promenade, mais le portrait etait tres reussi.
ces rencontres et la visite de l'apred-midi m'ont permis de reviser mes cours de japonais
demande de permission. mite mo ii desuka. (je peux regarder ?)
shashin o totte mo iidesuka. (les photos c'est ok ?)
combien de temps ? donogurai kakarimashitaka.
comment (moyen). tookyo ni jitensha de mo kaerimasuka. (iie, il est pas si fou (ou il a pas tant le temps), il prend le train pour le retour).

dimanche, mai 22, 2005

le voisin de la rue de lorette 

rue de lorette, a marseille, un monsieur en bob bleu squatte le bas de mon immeuble toute la journee (sauf les poses pour aller chercher des parts de pizzas rue de la republique) et fait des commentaires sur le temps. il semble un peu perdu loin du bled et ronchonne contre son proprietaire, mais il est tout de meme eminemment sympathique. eh bien, j'ai vu son sosie a cote de chez moi. meme bob, meme demarche un peu raide, meme costume rape. juste une tete un peu plus nippone. legerement. malgre le temps pourri, j'etais soudain rendue a la maison de la-bas.
apres-midi de rencontre de notre nouvelle association europeo-nippone. des japonais qui ont envie de parler francais nous trouve des plans de visite cool. aujourd'hui le paradis des alcooliques, le musee du sake a fushimi, ou est expliquee la fabrication du sake - tres connu et meme remercie par l'empereur - gekkekan (ce qui veut dire laurier). leur petit vin de prunes c'est keke chose. pour l'apero. dommage qu'ils ne sachent vraiment pas faire le fromage ici, parce que tout le reste est plutot bienvenu dans la bouche et l'estomac.
je ne parle pas du nato. adore par tous mes amis mais que je considererai plutot comme une honte nationale si j'etais eux.
le sake se fait a base de riz qu'on rape pour lui faire perdre ses couches superficielle. plus on retire de couche, plus c'est cher (mais pas plus c'est bon, dis le vieux qui nous accompagne, anciennement dans le sake, et qui nous montre son amour des bonnes choses en sautant sur du japfizz - sake-fizz au lieu de gin-fizz - a la boutique du musee). puis on met de la bonne eau. tres neutre en gout. puis on laisse gonfler le riz, puis on le cuit a la vapeur, puis on lui met de la levure, puis on le laisse fermenter. on voit les cuves, on sent la fermentation.
le petit film de presentation nous fait rire par son aspect ultra industriel. en imaginant l'equivalent en france, on voit un vieux vigneron dans une salopette bleue avec sa casquette, en train de remuer a la main son raisin, au fond d'une grange. la, c'est une grande usine et les maitres de la fermentation sont en costard avec de grosses lunettes carrees comme on voit sur tous les vieux salary man. meme les experts gouteurs ne donnent pas envie par leur aspect super aspetise et degouttes de la vie. on voit meme des films d'animations avec la levure qui mange les petites proteines de glucose pour les recracher en alcool. c'est trop serieux (donc trop drole).
le temple d'a cote me permet d'apprendre que (attention point culturel important) : les petits papiers accroches partout dans les temples sont les feuilles que l'on obtient quand on tire au sort une baguette dans les temples, ca je savais, mais pas tous. processus : on secoue la boite, un baton tombe avec un numero, la dame ou le monsieur donne le papier qui correspond, et on trouve un japonais pour le lire pour nous. parfois, c'est dans une encre speciale qu'il faut jeter dans l'eau pour qu'elle apparaisse et qui disparait des que le papier seche (dit benoit qui a une experience immense et une copine japonaise). et alors (dit-il aussi) si le papier annonce une bonne nouvelle, on le garde avec soi. si le papier annonce une mauvaise nouvelle, on le laisse au temple, accroche sur un arbre ou un promontoire destine a cet effet.
d'ou : le plaisir des yeux, c'est les mauvaises nouvelles.

samedi, mai 21, 2005

la princesse au petit pois 

hier soir je ne trouvais plus mon telephone (legerement bue, j'etais), et ce matin je l'ai retrouve cache sous mon oreiller, surement qu'il avait profite d'un instant d'inattention pour me faire une blague. resultat : leger torticolis. je suis d'une delicatesse de princesse, c'est trop la classe.
ca va mieux, merci.

aujourd'hui l'institut franco-japonais vidait son fonds hors sujet: ecrivains des pays de l'est traduits en francais, livres en double, vieux disques 33 et 45 inecoutables sur les chaines nippones, livre sur l'egypte ancienne, diapositive sur la france et les francais avec des images des annees 60. voir julien clerc a 18 pres a nous tirer une chansonnette a travers ses boucles d'ephebe, ca rejouit le coeur.
j'ai ete raisonnable et me suis arretee a 16. c'est bien !
la foule etait dense. mon dieu. tous ces gens qui aiment la culture...

vendredi, mai 20, 2005

mon araignee grandit 

je ne parle pas de celle que j'ai au plafond, qui me mange deja l'integralite du crane, on ne peut pas faire plus.
je parle de l'araignee du labo, qui vit sur mon bureau, et que je crois tous les mois environ car elle n'a pas de raison de se rendre trop visible. elle a double de taille depuis que je suis la. passant de 1/2 a 1 cm de diametre (avec les pattes, ce qui explique qu'elle ne me cause pas de desagrement, moi qui phobise facilement). car elle est joliment ronde avec des petites pattes qu'on sent pleines de vie et de puissance. elle est beaucoup plus jolie que le gregor samsa que j'ai ecrase hier chez moi, tout assome qu'il etait par les produits anti gokiburi que j'ai repartis dans mon minuscule appartement.
cette araignee qui pourrait s'appeler naomi me confirme qu'il etait fondamental de garder mon bureau au labo.

j'ai declare a la police que mon velo s'est enfui pour cause de mauvais traitements, comme par exemple oubli regulier d'attachage (heureusement que je ne parle pas japonais car le dialogue aurait ete encore plus difficile si j'avais VRAIMENT dit ca). comme le nom de la proprietaire (moi) avait ete ecrit dans ma phase pre-katakana, il ne ressemblait pas tellement a mon ecriture officielle de nom. resultat un long quiproquo avec le policier qui me prenait pour mon amie, venue declaree le vol. puis nous nous sommes compris, et le papier adequat fut empli.

une fois n'est pas coutume, j'ai ete felicitee par un enseignant d'art martial nippon, au cours de iai hier. celui-ci est un homme fort jovial et sympathique dont je ne me souviens pas le nom, pas plus que les 50 mots qu'il m'a enseignes dans la description du beau sabre, de son fourreau et de sa petite ficelle. apparemment, j'ai appris en un cours beaucoup plus que je n'etais censee (meme en tant qu'aikido girl), et le professeur en etait tout a fait rejoui. je raconte cet evenement car il faut toujours remarquer les aventures positives et rares. progres : pour survivre jusqu'a la saison nouvelle, j'avais achete les petits molletons sous les genoux (ou plutot un des deux, car le paquet est un paquet de 1, ce qui est d'un pratique absolu et difficile pour moi a anticiper, mais la gentille espagnole qui parle francais m'a sauvee de la deroute).
sinon, l'atmosphere est toujours froide a kyoto, ce dont on ne se plaint guere, et d'une douceur dans la lumiere qui est rejouissante. c'est un climat ideal. c'est pour cela que mes journees sont consacrees a l'ecriture d'articles ingrats, devant mon ordinateur, en compagnie de naomi, ma seule vrai amie.
je suis en outre obligee de rendre hommage a morgan, toujours truffe de bonnes informations ouebesques zet organiques (ou bio comme on dit chez nous)
http://www.storewars.org/

jeudi, mai 19, 2005

la non-existence 

c'est la-bas qu'on veut aller, non ?

mercredi, mai 18, 2005

le reveil des etudiants 

c'est tres triste, un des etudiants du labo a oublie son portable sur le bureau derriere moi. il a sonne a 8h00 puis 8h30, et je suis sure que pendant ce temps-la, le pauvre etudiant ronflait et a rate tous ses cours du matin. la catastrophe est si facilement arrivee.
hier premier cours de iaido, ou un gentil prof est venu me montrer ipponmae. pendant une heure, j'ai sorti un sabre en bois de son fourreau pour l'y remettre. d'un sens, ce serait plus agreable avec un vrai sabre. d'un autre sens, comme j'ai reussi a faire tomber le sabre une fois (le rouge couvre encore mes joues), il valait mieux du bois. a ma decharge, le cours debute par une heure de kata inconnus, les douze honmae, ou honme (j'entends pas bien) qui sont peu mais beaucoup pour un premier cours. on les repete quatre fois d'affilee en decalant les lignes des pratiquants vers l'avant. au 4ieme tour, quand il faut rattacher son hakama, regarder ses voisins, detendre les epaules, regarder dans son dos pour certaines techniques (la strategie de la position : plus au milieu des 40 camarades, a travailler), couper, monter, noto, assis, ouille aux genoux (les petits molletons : a acheter), on fatigue un peu - d'accord il ne faut pas trouver d'excuse a ses incompetences, mais c'est un peu trop haut niveau pour moi juste maintenant. en tout cas, pour vider la tete, il n'y a rien de tel. apres c'est mou et ca coule par les oreilles. d'ou difficulte pour les cours de japonais ulterieurs.

anecdote oubliee. samedi, j'ai l'occasion de rencontrer un peu plus ben, l'ami de guillaume qui a squatte chez moi pendant mon bangkok. il etait a l'annexe de jean zay, puis au lycee jean zay, juste un an apres moi, connait tres bien david schreiber et baptiste le pianiste. bref, des bouts de mon enfance - adolescence. une rencontre hasardeuse sur la face cachee de la terre...

mardi, mai 17, 2005

Les temps changent 

Il suffit d’un tout petit événement, une éraflure de la vie quotidienne, pour perdre un confort infini. Certainement que jamais plus je ne me laisserai bercer par la croyance en une humanité une et indivisible, ignorant la vilenie, marchant main dans la main vers une aube meilleure. Dorénavant, j’aurai un comportement de petite bourgeoise paranoïaque, fermant les yeux pour ne plus lire sur les visages cette fausse douceur de sirène, déniant à mes contemporains la capacité d’amour, me crispant dans un repli individualiste ; tout contact avec l’extérieur me semblera une agression potentielle.
Bref, j’attacherai systématiquement mon vélo.
Si c’est comme ça.
(Pinocchio a été volé – selon toutes hypothèses par un monstre froid et amer)


[manu de l'aikido a eu une aventure similaire et les policiers ont retrouve sa monture. six mois plus tard, tres loin de chez lui et il a du pedaler beaucoup au retour. une "dame" ni jeune ni punk ni beurrette avait commis le larcin. quelqu'un de tout gentil-normal. de kyoto. et la morale dans tout ca].
cafard en japonais se dit gokiburi et il existe de tres efficaces repulseurs, me dit-on.
on peut constater a ce niveau que mon quotidien est un peu entache de desagrements futiles. periode etrangement precedee d'ignobles cauchemards qui me font trembler au fond de mon lit, osant a peine respirer au reveil de peur de faire resurgir les fantomes. je lis donc le prix nobel jelinek, sublime et un peu sordide, et ca me distrait.

lundi, mai 16, 2005

un sage chinois ca picole 

jusqu'a hier il y avait un show shohaku, peintre tres celebre du XVIIIieme, connu pour ses personnages outranciers et caricatures. il a en particulier une representation de bouddha, confucius et laotseu en train de gouter du vinaigre qui est assez cocasse. beaucoup de sages chinois ont l'air goguenard et bourres, les ermites se comportent mal, cet homme n'etait pas tendre avec son temps. les visages sont parfois d'un "modernisme" etonnant. les paysages vaguement inspires de chine sont superbes. les animaux peuvent etre plutot beaux, surtout quand schematises ou en train de se faire attaquer par des faucons.
les musees d'art sont plutot plein le dimanche selon mon experience personnelle, et il faut dire qu'on se pele tellement qu'il n'y a pas d'alternative tres rejouissante.
meme manger une glace au soleil devant la copie du penseur de rodin prend un air caverneux quand on frissone malgre les rayons.
dans le musee, il y a des gros bouddhas, des kimonos, des pointes de fleches du neolithique nippon, qui ressemblent beaucoup a celles de chez nous selon mes yeux de sous-experte, des vases chinois, des superbes rouleaux de dessins, de vieux textes imprimes bien avant gutemberg et de lettres a la main par des empereurs qui ecrivaient vraiment comme des cochons.

dimanche, mai 15, 2005

aoi matsuri 

ce matin promenade au milieu de la foule nippone un peu tassee (et decoree de blondinet plus caucasiens). il y a encore une ceremonie quelconque, et encore le peuple s'egaye en suivant des jolis costumes. aujourd'hui les fetes aux relents d'empire stagnant me debectent, la fete de jeanne d'arc vient hanter mes souvenirs et je suis triste qu'entre ca et la tele, l'humanite hesite a passer ses journees. c'est mon quart d'heure d'intolerance, ou le folklore me semble abject et reproduction de mensonges sans nom, de silence sur la realite des rapports de force dans la societe (les riches et les bien informes sont bien installes et voient toute la ceremonie sans probleme, ici encore).
ici, kyoto, on decouvre ce que veut dire le froid. c'est hallucinant ce temps pourri qu'on a les amis. je passe de 20 a 35 a 20, ca calme assez sec.

je sais qu'on ne fait changer personne d'avis sur la constitution, mais je sais que je vote contre apres avoir lu du vendredi, mai 13, 2005, ou il est montre que les pays ne signeront meme pas le meme texte parce que la traduction est faite par des patachons. (pour le texte polonais, meme le systeme de vote est different !!!!!!!!!!).
la, quand meme, le fait qu'on nous prend pour des cons devient un peu trop evident....
hier dans l'avion, une vieille femme dont le nombre de rides, si nous fonctionnons comme les arbres, lui donnait environ 2000 ans, lisait un journal d'investissement boursier. les gens ont-ils autre chose a faire en vieillissant que de donner encore plus d'argent a ceusses qui en ont deja trop, sans meme en tirer de profit (je me permets de penser qu'elle a moins besoin de thune qu'une bonne partie des jeunes que je croise au quotidien).
le vendredi soir, j'ai trouve le quartier recommande par guy t. ou les voitures sont absentes et ou l'on se sent comme "dans bangkok d'il y a 25 ans" dit-il. vu que j'y ai acheter une super mini jupe en jeans, je doute que ce soit reellement comme il y a 25 ans, mais pour la zone sans voiture, c'est merveilleux. j'ai trouve des temples sans en connaitre le nom et vu l'ancienne maison du roi je pense. c'etait la fin d'un marche et le jour partait, le vent commencait a souffler et des clochettes se faisaient entendre depuis l'interieur du temple. il parait que dans ce coin, on peut acheter des animaux de l'eau et les rejeter a la riviere pour faire une bonne action. ce qui permet aux enfants de plonger, recuperer les animaux et les revendre apres, deuxieme bonne action. une vieille edentee m'a souri, un vieux pas tout frais non plus ajustait un grand parka et m'a designe un gros nuage sombre qui ressortait encore legerement sur un ciel de nuit, venu de l'est je pense. j'ai pris le chemin du retour malgre le plaisir d'etre en ce lieu a cet heure avec le vent qui chassait la chaleur etouffante et melangeait les odeurs d'arbres et de nourritures grillees. je suis repassee devant le theatre, devant mon gentil vendeur de durian, et suis arrivee a temps pour le dernier bateau. la pluie a commence a tomber. vraiment tomber, comme dans cette periode de debut de saison des pluies. le temps de traverser le ponton, six metres a dix metres, j'etais trempee comme une soupe et tremblante de froid. puis a commence le periple sur la riviere, pour remonter jusqu'au bts (metro aerien). un long voyage ou le conducteur et son copain ont verifie patiemment a chaque fois si quelqu'un voulait monter ou descendre avant de se garer, en sifflant a tout va, ou les arrets nets au milieu du fleuve pour eviter d'autres bateaux, souvent mal eclaires, etaient frequents et ou le son de pluie contre la bache rouge ne donnait pas envie de la soulever pour admirer le paysage des hotels de luxe ou se deroulaient concerts et receptions pour americaines decolorees. la violence de l'element est assez etourdissant et met dans un etat second. et frigorifie. sur le ponton je n'avancais pas bien vite a la montee ou la descente, car l'huile et l'essence moussaient glissamment, et l'apres-midi, au bord d'un canal, je m'etais viande la tronche comme rarement. un superbe vol plane ou je suis tombee a plat, sans dommage car je n'ai pas eu le temps de me crisper, et sur le dur, pas dans l'eau, ce qui m'a fait remercie les esprits en ce vendredi 13, et a fait rire les passants.
bilan sur bangkok : moi qui pensait sincerement ne pas aimer l'"asie", je suis de plus en plus seduite quand je mets les pieds dans les diverses contrees.

samedi, mai 14, 2005

j'ai écris un poème 

il y a longtemps j'ai écrit un poème et je le poste en changeant la date du blog pour faire croire que je le mets alors que je serai dans l'avion.
on nage en pleine science fiction, mon cher.

c'est un poème écrit avec des couleurs différentes

le lendemain en pleure (violet)

sous le regard froid (noir)
un coeur sans fond et bouillardant (orange)
stipule ratio sous-aliment (marron)
le re-pas-cher s'rait grandissant (vert)
et les rumeurs s'éteignent (bleu nuit)



voilà, en vrai je suis serai dans l'avion vers la maison. (maison temporaire)

vendredi, mai 13, 2005

la destinée et la chance 

il y a certains pays où on n'a pas la même conception de la chance. au bouthan, c'est aujourd'hui qu'est signée le document statuant à l'existence du comité de bassin-versant dans la zone de montagne où travaille françois mon ancien directeur de thèse officieux (noter accessoirement : un genie). parce qu'au bouthan, le 13 est un chiffre porte bonheur, et donc ce vendredi 13 a été choisi spécifiquement pour que le comité ait des chances de bien fonctionner.
dans la langue thai, on dit kaa en fin de phrase quand on est une fille, et crap quand on est un garcon. je me demande si les gens qui regardent le français de l'extérieur trouvent ça aussi drôle que moi les diverses langues asiatiques que je croise. il doit y avoir de quoi se moquer avec le français, mais je n'ai pas les bons yeux pour le voir. c'est vraiment dommage, parce qu'en plus, les détails débiles, c'est là que je les connaîtrais le mieux, a priori.
encore vu des marchés, de la vente. le pays est incroyablement marchand, je me demande si les japonais ne sont pas battus. ici, surtout, on mange beaucoup dans la rue, aux petits restaurants, juste une petite soupe en passant, trois nouilles, et ce à n'importe quelle heure de la journée. la quantité de stands est conséquemment conséquente. et les jus vous attendent partout, frais comme sortis du pis de la vache, de l'orange à la goyave qui se trouve être particulièrement pas bonne, ou la carotte. on mange ici les fruits en ajoutant un peu de piment dessus. je n'ai pas essayé mais ce soir oui.
le marché de nuit à côté du parc de lupini (qui contient plein de "h" dans son écriture sur le plan) est vraiment de plus en plus étonnant. après l'avoir trouvé drôle, j'ai constaté qu'il changeait d'atmosphère en fonction des jours, mais aussi qu'on ne retrouve aucun de ses marchands d'une fois sur l'autre. c'est un marché variable, qui a certainement une périodicité dans les produits proposés, mais apparemment ils remballent tout d'un jour sur l'autre. quel courage.
mais le courage, la capacité de travail, c'est quelque chose qu'on découvre en asie, et dont on ressent d'autant plus le manque ensuite dans notre société mourante. l'europe pue vraiment d'un manque d'imagination et de plaisir dans l'action. le foisonnement qui a été étouffé par notre industrialisation et le formattage des rues par les diverses générations d'urbanistes, on en ressent les manques. c'est épuisant, certes, mais quelle sensation que les gens existent sans question, quel plaisir de voir l'humain qui se rencontre sans cesse et se confronte à l'autre. et le japon, même la thailande, montrent que ce n'est pas qu'une question de pauvreté ou de richesse, comme on pourrait le croire chez nous où les rares marchés populaires proposent des produits franchement bas de gamme à des populations pas très à l'aise. par contre, je ne suis pas sûre que ce type de vie, impliquant beaucoup d'intermédiaires, donc de transports hâitfs, soit vraiment idéale pour l'environnement. la pollution découle en grande partie du transport d'humains et de marchandises entre tous les lieux où ils se rencontrent. et ici, ça pue.
je suis passée très rapidement seulement dans le quartier où les européens vont voir les prostituées. apparemment ici 95% de la prostitution est destinée aux thai, car cest dans la culture que d'aller chez les putes même quand on est marié. je suppose d'ailleurs que comme au cameroun il y a prostitution des mères de familles, donc c'est sympa comme ambiance, monsieur paie une dame pendant que sa femme se fait payer par un monsieur. on rêve un peu sur terre, face aux conventions sociales.
toujours est-il que cécile a du mal à communiquer, parfois, avec les européens qui disent "je m'adapte, si les thai vont chez les putes, moi aussi". mais c'est peut-être parce que souvent, nous autres filles comprenons mal que l'idée de payer pour la relation sexuelle soit vue comme autre chose qu'un gros problème d'ego blessé. ce qui semble être complètement à côté de la plaque.

jeudi, mai 12, 2005

souvenir 

à saku j'ai suivi le groupe de toulousain vers l'arbre sacré. un petit parc qui ressemble à un golf, des jeux pour enfants, et au fond, un grand arbre dont l'âge est discuté, entouré de stèles funèbres. j'en ai déjà parlé.
là-bas l'énergie est à un très haut niveau, même si on ne sait ce qui est insufflé.
nicolas le toulousain est venu faire la sieste ici il y a quelques jours (d'où des couleurs au-delà du cuivré), et à la nuit tombante, un aigle est venu se poser devant lui sur les branches de l'arbre. au fond, le volcan.
tout le monde commente la bonne augure. l'aigle est dans toutes les cultures un symbole de force, puissance.
je m'assieds près de l'arbre. une superbe mouche à merde et quelques moustiques me rendent visite.
mon karma a un avantage : je ne peux guère tomber plus bas.

mercredi, mai 11, 2005

les semences 

il pleut sur Bangkok le soir après que les semenciers ont creusés un sillon de boeuf magique. la pluie forme des mares d'huile et d'essence dans lesquelles on éclabousse ses pieds. visqueux.
le matin à huit heures, la chaleur transperçait les habits, les parapluies fleurissaient (et cécile avait des oreilles de pikatchu sur le sien). on achetait à manger, à boire, on filmait une européenne pour la télé (moi) assise à côté d'une mère nourissant son fils aux nouilles, on attendait patiemment à l'ombre tandis que le boeuf augure choisissait la nourriture qui désignait la saison à venir (savoir le lendemain dans les journaux quel fut son choix), et finalement, d'un mouvement d'un seul, un signal invisible ouvre les barrière et précipite la foule sur les semences. car qui mélange les semences sacrées aux siennes sera prospère et verra ses récoltes protégées. c'est vrai car tout le monde y croit.
la ruée d'achève très vite, et le vendeur de sac en plastique a été bien utile à tous les badauds. on peut boire du jus de citron sucré-salé qui rafraîchit.

mardi, mai 10, 2005

jungle 

On se demande comment les premiers explorateurs ont pu délirer en découvrant Siam. Les films de Fritz Lang nous racontent un peu, mais franchement, du serpent à la jungle dense, la chaleur, les éléphants, le fait qu’il ne faut pas montrer du pied et bien saluer pour ne pas se faire péter la gueule, ça a dû être compliqué au début. Apparemment on est ici chez les méditerranéens de l’Asie et c’est vrai que même s’ils bossent beaucoup, l’ambiance est un peu comme chez les maghrébins. Tout le temps au magasin (le commerce ah la la) mais plutôt cool quand même dans le quotidien, on ne prend pas les choses avec stress et tout est histoire de karma, ou d’Allah, enfin bref, pas trop de culpabilisation intime. Juste il faut éviter de troubler la paix sociale, de trop demander – revendiquer – faire de conflits.
J’aime bien une petite histoire : quand quelqu’un agit très mal, ayant une attitude anti-sociale ou conflictuelle, on suppose qu’il est rempli d’esprits, et il convient alors de le tabasser vertement pour faire sortir ces méchants qui se sont installés en lui. C’est une méthode éprouvée pour libérer le pauvre hère de ses harceleurs. Bonne façon de formaliser la punition (lire sur la punition en Europe monsieur Foucault, assez intéressant sur l’évolution des représentations à cet égards).
Pour la nourriture : salade de papaye verte, avec des cacahouètes et de la sauce qui pique, quelques crevettes, miam. Brochettes, riz gluant. Viande frite, grillée, pieds de porcs cuits en sauce longtemps à en devenir fondants, miam. Œufs mollets, frits, omelette en lanière dans les plats, un peu obsessionnel. Fruits (mangue ou durian apparemment) sur riz gluant avec lait de coco par-dessus ou lait d’amande, je ne sais plus, délice universel un peu sucré. Divers plats de légumes et viandes, légumes pas très cuits, très croquants, miam. Des gâteaux chinois merveilleux, des gâteaux secs, des boissons lactées vert anis sur lit de glace et de petits fruits gluants qu’on avale à la paille.

lundi, mai 09, 2005

bangkok 

je contreviens à la règle en écrivant d'en dehors du Japon, mais je me dis (quitte à me faire des ennemis à vie) que j'ai bien le droit puisque c'est l'Asie. bangkok n'est pas une ville reposante. on y voit approximativement tout ce qui peut susciter l'envie d'un consommateur européen moyen PLUS une bonne partie de ce qui peut susciter les désirs d'un japonais PLUS un australien PLUS un américain PLUS un malais PLUS un indonésien PLUS un nouveau riche chinois PLUS... c'est un lieu qui sait se rendre commercialement aimable.
les temples changent pas mal de la maison, où la sobriété est plutôt de règle. ici, bouddha est doré et adoré. on se jette à ses pieds en multiples imprécations. comme dans le shinto, on aime plein de petits esprits à qui on donne à manger contre de la sécurité. les moines sont beaucoup plus gais, oranges (souvenons-nous de ma couleur préférée...) et avec un air beaucoup plus dépouillés sur leurs petits pieds en sandales que les obèses à bmw de kiyomizu. c'est certainement une illusion car les boîtes à dons sont aussi nombreuses et les fidèles très nombreux aussi. les temples ont des toits dans une espèce de céramique assez hétéroclite,en superposition de couches assez plaisante. les fruits sont PEU CHERS. ce qui permet de se gaver de durian, delice universel, de mangues, d'ananas, de lychees, ... il faut faire attention à ne pas manger que des fruits, me dit-on, je me demande pourquoi, puisqu'il y a tout le temps du riz aussi... il faut boire beaucoup. il ne fait que 35, la semaine dernière, 40 à l'ombre.
le transport est par tchouk tchouk, sorte de mobylette utilitaire, à peu près ce qui est le plus nul car ils se veulent très chers alors que le confort est 0, des taxis, très chouette car climatisés, bus, train aérien, métro, bateau, pieds. on peut voir, outre les temples, des serpents dans une ferme où le cobra a beau être tout petit il est assez effrayant, des chiens pouilleux mais moins qu'il y a quelques années car le roi s'en occupe maintenant, des chats très affectueux contrairement à ces snobs de chats japonais, des européens accompagnés de femmes beaucoup plus jeunes et plus jolies qu'eux, des centres commerciaux climatisés, des centres commerciaux de nuit, des food centre où l'on prend des petits coupons pour payer sa nourriture à tous les stands réunis autour d'une zone où on peut s'assoir et parfois écouter de la musique étourdissante, surtout des reprises de rock (je parlerai de nourriture et de musique, toutes deux très présentes, quand j'aurai un peu plus exploré), un parc où plusieurs groupes font de l'aérobic de façon très enthousiaste et des hommes soulèvent de la fonte, torses nus. on peut se promener, acheter, se faire masser les pieds, acheter, manger, acheter, s'assoir dans le parc.
j'ai vu une vieille dame couper les durian pendant 15 minutes avant de mes les vendre.
j'ai été aidée par un gentil professeur d'école primaire un peu collant mais qui m'a expliqué plein de choses sur les endroits à voir.
j'ai appris que bouddha est sacré, ainsi que le roi, la tête, autant que le pied est sale et méprisable.
j'ai constaté qu'on peut dormir de façon normal dans la rue, parfois en travers de la rue, au bord d'une autoroute très active.
j'ai noté qu'on se salue avec les mains devant, et qu'on sourit beaucoup. la langue est à ton, ce qui est toujours cocasse (mais il ne faut pas se moquer car perdre la face est pire que TOUT (ce qu'on oublie souvent quand on écrit un blog)).

vendredi, mai 06, 2005

rebonds (2) 

aujourd'hui aussi, je lis la constitution. je m'arrete a l'article I-3 - les objectifs et je me demande si on peut prendre des cours de langue de bois. ca m'interesse, j'aimerais bien etre capable de me contredire vingt fois en trois lignes comme ca, en gardant un air calme et sans que la sueur ne degouline de mon plastron. la liberte et le libre echange economique, mais qui peut encore y croire apres toutes ces annees d'histoire ? comment peut-on encore formuler comme un ideal du XVIIIieme siecle des croyances creuses et seduisantes dont on sait qu'elles sont irreconciliables ? j'apprecie tout particulierement la juxtaposition de solidarite et de concurrence (surtout l'expression "une économie sociale de marché hautement compétitive") qui me semble une forme d'aberration logique. si on me demande de signer pour un truc qui raconte n'importe quoi, je ne vois pas pourquoi je le ferai.
je promets que je continuerai la lecture, mais c'est trop pour aujourd'hui.

note pour les fideles lecteurs : vous etes 5 a avoir repondu au test des lecteurs en envoyant un email la ou j'avais demande ou sur mon email habituel. je ne me sens vraiment pas beaucoup de responsabilites sur terre. tout va bien.

2 mai. deuxieme jour. le stage continue et je me glisse dedans. d'un point de vue technique, les stages d'endo sensei se ressemble pas mal dans ce que j'en ai vu. comme c'est un travail sur l'"interne" comme dit nico, on ne doit pas forcement effectuer des formes tres complexes. on prend contact et on gere le contact - sur l'epaule, par le poing, sur la tete, sur la hanche, avec une ou deux personnes a promener. apres on passe a des attaques par saisie ou par shomen ou l'on doit prendre le contact et faire bouger l'autre. on conclut en general par un kotegaishi, un shihonage, un irimi, surtout en ce premier jour pour moi ou je percois principalement du travail de ura (je percois surement pas grand chose, notez, vu que je suis paumee grave). c'est donc surtout parce que ce stage permet de toucher beaucoup de ses eleves, qui font sentir en general tres bien les points importants, que c'est bien - beaucoup d'aspiration et ne jamais laisser le uke s'arreter, ne pas faire de forme qui entre trop durement (un retour de irimi tres arrondi - circulaire), ne pas trop suivre non plus (qui est mon defaut de base, qui me permet de dire que je suis une mauvaise uke, le manque de "poids" malgre les kilos superflus). note sur la position de la jambe qui balance sous le dos du uke au moment de la projection et qui laisse un genou sous le dos si on ne bouge pas assez vite.
il est bien sur complique d'en parler, surtout en ne comprenant rien. endo sensei a beaucoup de charisme et reussit toujours ce travail de rapprochement des gens. quand a un moment j'ai un peu de mal a travailler avec une femme, nous avons l'occasion de le toucher quelques instants, et soudain tout se passe mieux entre nous. je suppose que c'est en partie le role de l'enseignant, puisque je constate que yoko sensei fait cet effet aussi. mais chez endo, je le ressens a des degres bien plus impressionnants.
il nous encourage a sentir, a se sentir, a sentir l'autre. il recommande de ne faire qu'un, de ne vouloir que la reussite du contact, sans recherche de technique qui passe. il dit que le tori ne doit jamais se fatiguer. il espere (un peu plus tard dans le stage) que nous avons senti quelque chose, et propose de reflechir a ce qui nous a fait sentir ce nouveau, chercher pourquoi nous avons changer notre perception, en nous situant dans quelle recherche. finalement, il insiste beaucoup sur les etirements de fin de cours (5 bonnes minutes y sont consacrees) et fait faire une petite meditation originale et fabuleusement efficace dans le contexte mental qu'il demande pour sa pratique : s'assoir en seiza et penser a tous ses partenaires du cours. ca, vraiment, c'est nouveau pour moi et ca donne envie de le recommander. c'est encore mieux (pour moi) que de saluer tous ses partenaires de pratique comme le fait faire yoko sensei, apres le cercle post-salut.
de fait, les exercices et les discours seront un peu identiques tout au long du stage, avec un peu plus d'irimi un jour pour gerer du yokomen. la difference sera dans le nombre de rencontres, qui fait sentir de mieux en mieux de quoi il s'agit.
malgre tout, la rencontre avec endo lui-meme est un peu complexe, car il se fout un peu de ma gueule a chaque fois qu'il s'adresse a moi. c'est pas que ca me derange en soi qu'on se foute de moi devant tout le monde, mais tout ce qui est procede systematique m'emmerde (on me connait) et visiblement, au bout d'un moment, ca me fait craquer un peu.
(en repensant j'exagere : quand je lui parle hors du tatami, il est tres aimable a chaque fois, disant qu'il sait que je viens de kyoto - tout se sait ici - et disant qu'on se reverra avant que je parte du japon, donc pas malaimable).
la vie autour : le matin je me suis levee a 6h30 (un peu trop tot) pour participer aux preparatifs du petit dejeuner. bien sur je me ridiculise immediatement en ne coupant pas les bananes comme il faut (mais arigasan assure en mangeant la banane pour reparer la catastrophe), ou en ne sachant pas les arranger de facon harmonieuse sur le plat. car il est essentiel que la presentation soit belle. on n'y peut rien, c'est essentiel. quelques jours plus tard le tcheque qui parle francais me decrira la transmission d'informations pour les trains par endo sensei: il ecrit les informations prises au telephone, il les reecrit en romanji, il les recopie encore pour que ce soit plus joli, et finalement encore une fois pour assurer bien. quatre bouts de papier. le tcheque est traumatise.
on part voir le maire peu de temps apres, qui nous donne une bouteille de calpis (eau speciale pour sportifs) et nous explique que la ville est specialisee dans la carpe (comme la tchequie, ou ils ont envoye des chercheurs apprendre des methodes d'elevage ou de preparation, on ne sait pas), qu'il y a 101000 habitants (reunion de trois villes) et que le volcan qui fait une erruption par an, dont certaines importantes, crache sa fumee de l'autre cote, n'abimant pas la ville.
on va au stage, les cours sont de 11h a 15h, et a la pose la bouteille de calpis du maire se revele parfaite. les tcheques rient beaucoup car le maire ressemble a leur ancien president communiste.
le soir je discute avec le chef des tcheques qui explique comment l'aikido a du etre reinvente par les gens sous le regime communiste, a partir de judo, de karate, de video et de livres, qu'une femme francaise (je ne sais pas qui) a ete la premiere a venir diffuser pour eux, il y a dix-douze ans. c'est interessant. dommage que le andrejw en question soit un type si bizarre, agressif et dominant au quotidien, mais a la pratique merveilleuse.
le soir, c'est la petite fete de la chanson, avec le sensei de shiatsu de nicolas qui joue de la guitare, tandis que sa femme chante de l'opera, endo sensei chante, un joueur de flamenco qui fait les restaurant nous chante une chansonnette, un italien (le seul non-professionnel) nous lance un o sole mio des familles. finalement, une chanteuse danseuse de danses traditionnelles nippones nous fait une demonstration completement hallucinante, beaucoup plus belle que tout ce que j'ai pu voir du no aux geishas, et nous ne nous etonnons plus que le sensei l'aite prise en demonstration de bon usage du corps pour se lever / bonne posture quelque heures plus tot. l'explication de sa voix grave et intense (par elle) est qu'elle relache le maximum de muscle de son corps, et se sert de l'integralite comme caisse de resonnance. fascinant. etonnement quand endo sensei, dont la femme est presente, crie qu'il veut tomber amoureux.
il y eut un soir il y eut un matin, troisieme jour.
3 mai. de nouveau lever pour faire la cuisine, de nouveau pratique que je sens assez similaire, les francais s'egaillent vers le shiatsu ou le honsen. pendant l'apero, je me fait brancher par un nombre impressionnant de vieux profs, qui finalement me lachent quand je leur dis mon age. comme si j'etait trop vieille, finalement, pour qu'on plaisante avec moi comme si j'etais une etudiante. sensei en economie les fait marrer mais les calme aussi un peu. les etudiants (gros groupes d'etudiants) sont arrives ce jour-la, et on est tres serres sur le tatami. (le soir a l'apero ils offrent une chouette a endo sensei qui se moque d'eux - tout le monde offre des chouettes a endo sensei, car c'est l'animal fetiche de sa femme). tout se passe tres bien et le travail marche avec la majorite, l'ambiance est gaie et tout le monde se sourit en bossant. je trouve tres difficile de suivre endo sensei, qui n'attend pas du tout. ses bras droits sont pour moi plus communiquant dans la pratique.
le soir je discute avec le slovaque qui fait un travail tres gore relie a la mafia. je suis tres etonnee, sincerement, qu'on soit un sensei important en aikido dans son pays et executeur de basses oeuvres pour des questions financieres peu scrupuleuses. encore une question complexe, des elements nouveaux a assimiler, des mondes possibles qui s'ouvrent.
il y eut un soir, il y eut un matin, quatrieme jour.
les etudiantes logent dans le dortoir, ainsi qu'une femme avec un enfant qu'elle allaite. a 4h30 l'enfant chouine, a 5h30 les premieres sonneries de telephone se font entendre, souvent se repetant toutes les cinq minutes car la proprietaire est la seule a ne pas se reveiller. on pourrait vraiment s'etonner de l'imagination des sonneteurs de portable, mais a ce moment, c'est plus de l'agacement que je ressens - ca me fait chier qu'on me reveille comme ca. a 6 heures je me leve et je pars sur mon velo pour monter dans la montagne. promenade ou je vois les activites agricoles de la region, beaucoup d'arbres fruitiers dont les agriculteurs s'occupent des le petit jour. montee sur la montagne et rencontre d'une maison magnifique - moderne a double toit majestueux - de chiens aboyant aussi debiles que des chiens francais, ecoute attentive d'une radio a fond la caisse au milieu des champs. retour au dojo ou le petit dejeuner est pret (je suis donc partie longtemps). apres le dejeuner, on part visiter des temples avec des francais et nicolas II nous montre un arbre superbe, entoure de steles funebres. le lieu est si charge en energie que j'en suis fascinee sans savoir pourquoi. comme si cet arbre immense et vieux etait un dieu apaisant, mais capable de degager une fureur sans limite. on se croirait immediatement dans Princesse Monomoke, au sein d'une foret fantome detruite par les hommes et leur amour du progres (cf la constitution europeenne) mais dont la puissance triste est encore presente. le volcan est visible et crache regulierement sa petite fumee. plus loin, un temple et un beau bouddha, un petit cimetiere dans la foret, c'est une partie plus villageoise de saku, qui sinon est une vaste zone industrielle parsemee de champs et de quartiers residentiels contemporains.
il y a la demonstration, tres organisee, avec un groupe dont je ne saisis pas l'origine, les etudiants de diverses fac, le club de saku (avec les petits enfants pendant une longue demo et arigasan et les autres qui les font chuter ou se font demonter la tete ; et une autre demo ou des mecs attaquent des filles qui font semblant de se promener, une fois avec l'attaque qui finit, une fois avec la fille qui evacue son agresseur ; le tout tres ludique), les femmes (dont une troisieme dan superbe et avec qui j'avais adore pratiquer), les etrangers et le hombu dojo (et dont le tcheque, le slovaque, le finlandais, le super bras droit de endo du hombu, qui ne sourit jamais mais est une perle a la pratique). andrejw le tcheque fait rire tout le monde en faisant un "bouh" de type matrix super impressionnant et dans le temps, bien sur, qui stoppe net son uke. vu de l'exterieur, il est tres credible, meme s'ils l'ont prepare et repete et qu'ils se foutent de ma gueule quand je leur dis que c'etait credible. ce que je ne comprends pas, car j'ai deja vu des enseignants le faire en vrai, sans preparation, et je sais que ca peut tout a fait marcher de prendre le centre a distance comme ca. mais bon, visiblement la thematique est au foutage de gueule puisque le lendemain, andrejw se vante de s'etre jete a la riviere devant le sensei apres s'est mis a poil, difficile de savoir ce qui est cherche dans la mise en avant perpetuelle, en dehors du fait que c'est a l'occasion hilarant. je continue a sincerement essayer de comprendre, car je constate que ca m'a reellement perturbee.
a la fin de la demo, endo sensei se presente avec quatre hommes et trois femmes. c'est plutot beau, mais un peu moins free que ce qu'on en connait d'habitude, sauf avec arigasan ou c'est tres drole a mon gout. il fait un discours non traduit. puis on passe a la pratique. ca se passe merveilleusement bien, tout coule. on fait l'exercice du dos a dos ou il faut faire bouger son adversaire. c'est tres charmant et horriblement complexe.
le soir il y a la soiree. discours. je me retrouve avec le maire et des types qui me font gouter plein de bon sake.
il y a la presentation officielle des deux couples qui se sont rencontres et maries grace au stage de saku, et on a droit a des petites blagues un peu nunuche, un peu vulgaire, mais qui ne sont rien par rapport a ce qu'on pourrait trouver une japon (genre les types qui font semblant d'etre un couple et les filles aussi, ce qui fait d'abord rire tout le monde ; puis des couples homme-femme se forment, mais pas les vrais, ce qui dure tres peu de temps car est vraiment trop inconvenant ; enfin on retrouve les deux couples reels - ensuite il y a hommage / imitation du sensei, plutot reussie meme si pas super fine). ici, une intervention du grand finlandais signale que lui aussi a rencontre sa femme ici, qu'ils sont tous les deux presents (elle est allemande, et ils sont ici avec leur enfant), mais qu'ils ne sont pas presentes comme un couple-saku, ce qui l'etonne. que peut-etre il faut etre ou avoir ete ushideshi pour etre presente ainsi. mai personne ne releve.
enfin presentation du restaurateur qui a debute son restaurant suite au stage de saku ou il a appris a cuisiner, et qui a ete aide beaucoup par les gens du club. bref, devant mes yeux se revele le sens de la secte, comment elle s'instancie toujours au japon comme une communaute qui englobe l'integralite de la vie quotidienne, rend perpetuellement hommage au chef, et en voir la version la plus soft - des gens normaux la plupart du temps, mais nous excluant par un ostracisme discret, en riant de nous tres souvent - sensation diffuse chez les europeens qu'ils se marrent sans cesse en nous regardant, se dediant integralement a des activites communautaires auxquelles on ne nous convie pas alors qu'eventuellement on voudrait bien aider (pile comme le club d'aikido de la fac ou j'ai decide d'arreter de faire des tentatives patte blanche), ca me fout une trouille du tonnerre de zeus. le jeune tcheque rigole en disant "c'est chouette le communisme".
je me dis que suis vraiment trop sensible et qu'etre si facile a traumatiser releve d'un probleme pathologique. nico traduit ca en disant "arrete de juger" mais je ne suis pas d'accord qu'il faille arreter, car tous les rapports au monde on le droit d'exister.
resultat, comme je n'aime pas et que ca fait trop, je fais mon habituelle reaction au malaise diffus et je tombe malade de l'alcool, en vomissant 6 fois (je devais vraiment vraiment vraiment en avoir ras la casquette). ca me rend tres malade et m'empeche de participer au dernier cours. le matin je le signale a arigasan qui me dit "ok", endo sensei passe en demandant "kaze?" et je n'ai pas le temps ni la force de lui repondre, et deux minutes plus tard, madame endo debarque a mon chevet pour me sentir la temperture. je lui dis que ce n'est que l'alcool, la traductrice rit et la femme me dit, comme la super grand-mere qu'elle est, de boire beaucoup de l'eau de saku qui est tres bonne et va me faire du bien, de bien me reposer.
par contre, je peux aider a nettoyer apres le cours, meme si le sensei m'arrete une derniere fois et que je ne sais pas si c'est pour me preserver (deja un petit jeune avait voulu m'arreter parce que je n'etais pas en forme) ou pour m'empecher de participer. toujours une ambiguite dans la non-communication, oui-non ?
dans son discours de fin, il dit qu'il faut venir participer au stage et aussi inviter ses amis. je le crois aussi, mais je ne comprends toujours rien a la notion de participation. juste l'obeissance aveugle reste pour cet apprentissage, et c'est vraiment si loin de mon education post-soixante-huitarde qui demande l'explicitation de la logique sous-jacente, qu'il y a conflit incorpore.
d'un autre sens, j'ai confiance puisque pour la pratique, sa methode me semble excellente. laisser son cerveau au vestiaire est toujours impossible pour moi et je ne suis pas sure d'en avoir envie.
tout le monde nous dit au revoir chaleureusement, en particulier un des ushideshi charmants dont j'ai perdu le nom et qui me dragouille depuis le debut (a la japonaise, en me disant, "tu t'appelles juliette, c'est ca ? ca te plait ici ?" qui est deje le comble de la drague vu que c'est lui, le mec, qui m'aborde, oh la la).
retour en train : fin de golden week, la moitie du voyage debout et en particulier dans les trois heures d'express. car le shinkansen est un cadeau des dieux, mais l'express est 1000 fois plus inconfortable que nos corails dont il est l'equivalent.
il fait chaud a kyoto, et heureusement que la pluie de depeche de revenir.
peut-etre des details me reviendront. excuse-moi lecteur de mon empetrement perpetuel dans des details sans interet.

rebondir 

c'est toujours difficile de reprendre la plume apres quelques jours d'absence, tout comme il est exasperant de voir combien on perd en japonais quand on ne prononce plus un mot, et combien il est ingrat d'ecrire un blog en ayant du recul par rapport aux evenements. car en quelques jours, il y a deja un bout de digestion des evenements, c'est toujours plus complique d'etre innocent. (surtout quand on ne peut pas s'empecher de tout dissequer, justement ou non, le defaut le plus intimement incorpore dans mon etre, suivi de peu par mes problemes de pieds tordus et tortures). j'hesitais a rediger par jour vecu a leur reelle place dans le blog, mais on ne peut pas ecrire en datant retrospectivement, le point de vue est trop faux. donc c'est aujourd'hui le 6 mai, passage express au boulot et preparation du voyage pour la thailande, ou je raconte mes quelques derniers jours, durant lesquels je suis partie a saku pour le stage de printemps d'endo shihan (gare sakudaira sur la ligne tokyo-nagano du shikansen). auparavant, j'ai vu plastik man sous son nom richie hawkin a osaka, a triangle. (donc ici : teuf et aikido).
soir du 30 avril. j'ai retrouve alex et sa nouvelle cherie tres sympa a la station de metro. nous avons fouille un petit peu pour trouver triangle, qui est en fait installee juste sur le parc triangle dans le quartier de teuf pour lyceens - debut de fac. tres beau quartier festif, qui doit etre un melange entre shibuya (looks delirants qui va du minet decolore maigrichon aux tics un peu tante caricaturale, aux gothicloli un peu rondouillardes (gothic lolita, la minijupe et les dentelles noires qui evoquent nos corbacs des annees 80 avec en cadeau des collants rose et des accessoires brinquebalants sur les portables et les clefs - dark et nunuche, donc)) et roppongi pour la quantite de gaijin qui sortent la dans le but de se taper une petite japonaise pour la nuit.
triangle est une boite tres agreable, pas tres grande, organisee sur trois etages. un etage avec la scene et la dance floor, un etage avec de grand sofa sur lequels tout le monde s'installe en retirant ses chaussures (des panneaux specifient que le chill out n'est pas fait pour dormir mais je m'y suis un peu laissee aller vers les 3 heures) et qui donne sur la salle du dessous, en formant un "u" autour de la scene, d'ou l'on voir bien et on peut aussi un peu se secouer, et finalement un etage superieur qui est payant 2000 de plus (c'est deja 3500 la soiree) et qui est protege par une vitre, surplombant la scene. je ne connais pas ce dernier lieu, les happy few m'ennuient souvent trop pour que je paie pour les frequenter.
bon, la soiree etait une soiree comme les autres, commencant tres house - un dj plutot bon puis un excellent, residents du club, puis un copain a plastik man qui faisait un peu monter la sauce sur de la techno housisante, un canadien. il etait un peu frustrant car il faisait vraiment des effets de montee en nous laissant beaucoup beaucoup sur notre faim. on sentait un vrai potentiel pour faire bouger, mais comme retenu pour ne pas faire d'ombre a la star, j'etais un peu frustree. d'autant qu'a ce moment il y avait presse, toute la population etant arrivee dans le club (il etait vers les 1h30). finalement richie hawkin a fait un set techno tres radicalament techno, et ca tombe mal, j'aime pas trop danser la-dessus. alors on a trouve un petit cafe francais hyper classe avec un serveur fatigue, ouvert jusqu'a cinq heures, et on a ecluse nos cafes, certains assortis de cheese cake. je suis rentree a 7h chez moi (le premier train n'est pas du tout un express, oh la la) pour dormir trois heures dans le but de repartir a saku apres avoir accueilli paul et melanie qui squattaient chez moi quelques jours.
comparativement a la soiree de jeudi soir avec les petits djs locaux, j'ai trouve le son moins adapte a l'individu juliette, mais j'ai bien senti (une fois de plus) combien un bon sound-system permet de profiter plaisamment de la danse sans s'epuiser la tete outrageusement. car le break beat distille a deja voo, plutot bien mixe malgre des defauts de jeunesse, etait tuant au dela de deux heures a force de gresiller nasalement.
1er mai. voyage en train de presque 5 heures. shinkasen pour nagoya (encore une grosse ville), express pour nagano, shinkansen pour saku daira. du retard sur un train, ce qui vaut la remarque car c'est RARE. surement la golden week.
quand j'arrive, j'ai communique largement avec vlad qui a insiste pour venir me chercher avec ariga san. vlad c'est notre russe de l'aikido. arigasan c'est prof super classieux (dont je n'ai toujours pas compris si c'est le prof du dojo de saku ou pas) qui organise toute la bouffe et la gestion du stage hop hop a la baguette. genre de bonhomme grand large d'epaule avec une tete de repris de justice qui me fait bien entendu craquer tellement il a la classe, que ce soit quand il fait sauter les patates au corned-beef pour nourir 50 personnes ou quand il fait une demo d'aikido ou il se fait demonter la tete par une petite fille de 7 ans (sa femme aussi est charmante - pour dire que c'est pas "craquer" vraiment, jute que c'est le heros parfait). il a une cicatrice sur la joue, hyper classe aussi, dont nicolas m'apprend qu'il l'a faite en tombant sur une bouteille de biere, completement bourre, il y a deux mois. c'est ce genre de classe-la (parfois un peu relative). en tout cas, il est sympa et des le depart on sent qu'il est d'une efficacite pour l'organisation qui depasse tout. c'est suffisamment rare de voir cette forme de chefs, sur terre en general et surtout au japon, pour que je reste tres impressionnee.
ce soir-la, je ne dine pas, je me couche a 9h dans le dortoir des filles. j'ai eu le temps d'apprecier la beaute du dojo de saku, maison construite il y a 15 ans, qui contient sur trois etages un grand dortoir en tatami et deux petites pieces, deux terrasses pour etendre le linge, une salle pour laver le linge, deux salles de bains et des toilettes, un bureau d'administration, un dojo de taille correcte, une cuisine separee dans un autre batiment. toutes les pieces servent la nuit a mettre des futons pour faire dormir les 50 personnes entassees dans le lieu. le stage avait commence ce matin-la et j'avais rate une journee.
note : aujourd'hui, le labo est vide, dehors c'est la tempete et la pluie.

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