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mardi, février 28, 2006

l'histoire des lettres 

manu m'explique d'ou viennent les lettres japonaises. les katakana, ceux que personne n'aime parmi les europeens, etaient utilises par les moines, sous heian (je crois) pour donner la prononciation des prieres directement importees de chine et ecrites en kanji. c'etait une ecriture d'hommes. des femmes, qui a cette epoque etaient plus emancipees que dans les periodes suivantes, on alors invente une ecriture, les hiragana, pour ecrire leurs journaux intimes. le style journal intime etait si populaire que des hommes se sont fait passe pour des femmes pour pouvoir ecrire eux aussi en hiragana des recits de voyage. dieu merci maintenant il n'y a pas que des hiragana dans les textes.
ma prof yoko dit qu'une fois qu'on a 400 kanji, on a une structure de base sur laquelle on peut commencer a broder. je ne sais pas si c'est vrai. j'attends.

sinon pour mes fideles lecteurs, le shodan s'est bien passe, meme si j'etais fatalement insatisfaite de ma performance. il y a une forme de gaite au moment de la fin du stress, qui se transforme aisement en une legere hysterie niaise. ca fait du bien, aussi, d'avoir du soutien moral - ne jamais sous-estimer.

lundi, février 27, 2006

demain 

demain, je sors de mon nombrilisme morbide, promis.
(dans 24 heures je serai passée à travers l'examen de shodan qui me coince la glotte et me tort l'intestin grêle)

dimanche, février 26, 2006

naoko s'en va 

quand naoko de l'aikido part sur tokyo, nous faisons une fête avec des pleurs autour du champagne. sinon dimanche est pluvieux et c'est bien sur le jour ou je dois faire la lessive. dans mon appartement, le balcon n'est pas assez large pour la machine a laver (on met sa machine dehors, devant la porte dans la rue dans certains quartiers), car il y a un porte fleurs qui me ravit chaque jour. cela me force a utiliser le lavomatic qui est à 200 mètres de chez moi. cela a deux défauts : (1) il faut une longue plage horaire pour faire une lessive, surtout si on souhaite utiliser le sèche linge dans la foulée (2) il est plus facile de perdre une chaussette (celle qui manque sur la paire). hier j'en ai perdu une grise très jolie et toute douce dont la soeur ira bien avec la rose un peu plus basse qui restait esseulée depuis un voyage précédent. je commence à penser à rentrer et à voir comment me débarasser de l'immense encombrement de mon appartement. une chaussette de moins, cela fait un gain de 12 grammes, et cela m'emplit d'une joie sans nuage.

samedi, février 25, 2006

trop faire 

mon grand âge n'a toujours pas eu raison de mon pire travers, le besoin de tout faire. "tout" est une exagération caractérisée, car si on regarde bien je passe aussi beaucoup de temps à ne rien faire, à rêvasser hors de toute action. il n'empêche que ce samedi, à courir avec un genou en vrac entre un cours d'aikido, lamentablement stresse par l'imminence d'un passage de grade que j'ai tout a fait le droit de planter si c'est comme ça que va la vie, le marché de kitano et mon cours de japonais, pour finir en mangeant la moitié de "la fin du monde" de murakami et en écrivant une heure mon roman qui commence à vivre hors de moi, je me suis un peu fatiguée physiquement et nerveusement. car l'anticipation d'actions à venir, dans les crises d'hyperactivités, se révèlent plus anxiogènes et fatigantes que les actions elles-mêmes. on finit sur la seule rotule valide, c'est ennuyeux.
ceci étant le quart d'heure "pathologies" du matin.
avec y. ma copine, nous avons vu un peu du marche de kitano, qu'elle connait comme sa poche. pendant que je m'achetais des kimonos a 1000 yen le sac plastique plein a ras bord (en fin de journee c'est plutot un sac poubelle apparemment), elle regardais les kimonos anciens en indigo, a 120 000 yen la piece. il existe des goûts de luxe dans la nature et ce sont eux qui ont le plus de classe.
le marché était empli de bourgeons à peine éclos (pruniers à cette date en ce lieu). je n'ai pas profité des geisha pour touristes cette année, car j'avais vu les femmes blanches l'an dernier, bu leur thé et mangé leur bon gâteau. cette année mon appareil photographique s'est un peu concentré sur les preneurs de photos - avec des appareils réels ou des téléphones portables à bout de bras. les fleurs étaient moins belles que l'an dernier au même moment, comme si l'hiver avait décidé de durer encore quelques jours, pour notre plus grand plaisir bien sûr.

vendredi, février 24, 2006

retour 

que dire a part que ma sensei est revenue et qu'elle nous fait rire en nous parlant de la france. elle nous fait travailler et nous sommes contents. car elle est notre sensei.
c'est clair ?


je passe une soiree avec un quatre japonais dont mon pote d'osaka du labo et un qui part bosser en libye dans un mois. je me demande quel choc culturel il va pouvoir subir. nous parlons de tout et je pose mes questions fetiches sur les relations hommes-femmes - est-ce vrai que les garcons japonais ne cherchent pas de relation serieuse en ce moment, mais veulent garder leur argent sans partager avec une petite amie (theorie qui sort d'un article de journal en anglais lu il y a quelques temps). je dis qu'il me semble que les valeurs sont 1. travail, 2. argent, 3. petites amie. un type fait une remarque qui est assez juste : ici les femmes apprecient les hommes tres absents a cause du travail. je suis botee en touche par une relation systemique ou la poule et l'oeuf sont impossibles a identifier. nous parlons alors de romantisme et je dis que je ne comprends pas pourquoi les japonais sont si fascines par le romantisme et si peu prets a l'appliquer (pas de compliments, pas d'expression de sentiments en public, etc..). j'explique par exemple qu'offrir un bouquet de fleurs a un rendez-vous est un signe gentil et tres apprecie. le garcon a l'air tres etonne "mais si je lui donne un bouquet de fleurs a chaque rendez-vous elle va en avoir marre". le concept de "petite attention qui ravive la flamme" n'est pas passe. passant par un autre versant de la montagne, je dis "la surprise ! c'est important. par exemple vous avez rendez-vous mercredi et puis lundi tu l'appelles pour lui dire un mot gentil et qu'elle te manque, que tu aurais aime la voir plus tot, que tu vas attendre mais que tu te sens sabishii. hop. ca mange pas de pain et elle a la sensation que tu penses tout le temps a elle, c'est gagne." "mais je ne peux pas penser tout le temps a elle". "noooooooooooon mais il faut faire semblant". les deux filles sont effarees de tant d'incomprehension de processus psychologiques primaires. les garcons, ce sont eux qui ne comprennent rien.
toute une education a refaire...

au passage j'evite de signaler qu'en france aussi une majorite de garcons sont incapables d'une quelconque grace dans la seduction. je laisse flotter cette belle aura de romantisme qui nous enveloppe et qu'il serait dommage d'ecorner. (sinon quel debouche pour l'industrie de luxe de ma fiere nation ? sans le japon, il ne resterait que les emirats arabes unis et la mafia russe pour acheter du vrai vuitton)

jeudi, février 23, 2006

de langue et de chat 

je ne sais plus si j'ai deja raconté l'existence de la langue de chat au japon. en france, la langue est associee au chat dans les cas ou on se sait pas et pour faire plaisir aux enfants. au japon, la langue de chat signale qu'un individu n'aime pas boire le liquide brulant, comme il est servi de façon normale (tel le the ou la soupe). quelqu'un qui a la langue de chat souffre au japon pour cause de brulures et deplaisirs associes ou, pour pallier au danger, attente prolongee en station assise dans des espaces pas toujours chaleureux (tels des batiments en beton nu).
je me demande sincèrement d'où vient cette relation entre langue humaine et langue de chat. rien sur la langue de chien ou de vache (bien plus impressionnante que la langue de chat) à ma connaissance.
dans la rue ce midi un enorme camion surplombé de plusieurs nacelles encombrait la rue et portait au ciel des petits hommes verts, obsedés par les fils d'un gros poteau électrique.tous ces hommes s'agitant au centre d'une grosse toile d'araignée à haute tension me semblait assez gai. les fils electriques en exterieur choquent beaucoup les visiteurs de kyoto, surtout quand ils sont repartis dans une zone aux maisons encore traditionnelles. on m'explique à midi que la ville de kyoto ne fait rien pour que les habitations soient construites de façon harmonieuses ou régulières. le département tente de préserver les vieilles maisons mais la ville ne s'intéresse pas à se battre pour la beauté du site. on se croirait dans les batailles politiques françaises entre maires et conseilles régionaux, ou même ville département région. le résultat c'est que les maisons sont laides, les savoir-faire se perdent, les appartements sont minuscules. aucun bombardement, aucun gros tremblement de terre, juste le temps qui passe et la laideur qui envahit tout.

sinon je découvre une archive (que tout le monde a l'air de connaître déjà) à travers des films de propagandes anti-japonais pendant la guerre. c'est effrayant de stupidité et le commentaire dit que ça marche pour convaincre des gens pendant une guerre.
http://www.archive.org/details/MyJapan1945
je me permets de rapprocher cela de la déclaration d'un américain face à des attentats en irak. j'aime beaucoup la capacité à se sentir désengagé et les raisons de l'engagement s'il perdure. dans le cas de la guerre actuelle, la propagande et l'action des adversaires (abstraits) est plus efficace que la propagande interne, je pense (même si, puisque je suis parano, je crois toujours que les américains fabriquent des attentats ou les laissent se dérouler pour mettre le feu aux poudres).
http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26832108@7-37,0.html
enfin, il parait que le cinéma engagé réapparait à hollywood. c'est donc le début de la révolution culturelle. dès aujourd'hui.

mercredi, février 22, 2006

quand la chaleur d'un printemps s'annonce 

la langueur reprend au coeur l'exilee qui sait que kyoto a de la valeur pour quatre mois dans l'annee, au milieu de ces arbres dont les shows aux mille couleurs ravissent les passants. aujourd'hui en japonais j'apprends a parler du climat, comme d'une thematique aussi fondamentale qu'ailleurs. a propos de climat, parlons d'energie. j'apprends que le japon -s'il est pays les pays developpes le moins consommateur d'energie et le moins polluant par tete du fait de ses industries propres - utilise l'equivalent de la production d'au moins une centrale nucleaire rien que pour les vending machines.
sinon j'ai trouve a la bibliotheque, "conversations in japan", un livre qui me semble difficile a trouver ailleurs qu'ici. les bibliotheques de la fac de kyoto sont d'une richesse qui me laisse pantoise, surtout maintenant que je sais que tout livre academique etranger double presque son prix en etant importe. Apres les bibliotheques anglaises qui rendent la vie plus simple, ca donne envie de voir les bibliotheques americaines qui doivent avoir tout (j'ai bien dit tout)
donc les conversation in japan sont les journaux intimes de deux voyageurs, une auteur de roman et un sociologue (Evelyne thompson and David Riesman). Ca date de 67 et c'est vraiment fascinant de voir leur rencontre avec les intellectuels, artistes et etudiants japonais. chez les universitaires, un radicalisme bien plus grand qu'aux etats-unis dans les opinions et, surtout, la necessaire appartenance a un groupe de pensee, sont notes. apparemment on n'a pas le droit de melanger les genres - c'est ce que decrivait Riesman avec un leger etonnement. experience personnelle : je continue a me demander si un des chercheurs qui avait plaisir a discuter avec moi a dejeuner, n'a pas decide de me classer chez les ennemis le jour ou je lui ai montre un travail legerement neo-classique (il est "critical theory" dont post marxiste mais je ne sais pas quelle obedience plus precisement, inspire de la recherche hollandaise de gauche). Riesman est celui qui a ecrit "the lonely crowd", apparemment celebre dans les annees 60 aux etats-unis, mais je ne suis pas sociologue alors je peux sans fausse honte faire etalage d'un trou culturel juste : la.

mardi, février 21, 2006

onomatopons 

on me dit (mon petit littre) que l'onomatopee est evocatrice du son de l'action qui se deroule. je suis assez frappee de constater que les differentes cultures ont l'oreille formee de facon si differentes que notre ouah ouah, ou coin coin ne semblent pas des evidences universelles. je suis aussi frappee par les differences entre les mots qui, a l'oral, indiquent sentiment, etonnement, hesitation en s'ajoutant au discours - du type aie aie aie, ben..., ah la la, euh... ainsi en japonais, on aura des eto, ano, saa, maa, aa (dont je ne sais que faire en regle generale). ce matin, l'explication de "ah la la" a laisse deux francais sans voix. il y a un certain nombre d'aspects de la langue orale a propos desquels nous n'avons pas eu d'explications a l'ecole, et je suppose que c'est pour ca que nous sommes incapables de formuler une regle d'usage.

mon araignee du bureau est revenue et pietine avec allegresse mon papier en cours de correction. je me demande si c'est bien la meme, ou si c'est sa cousine, car je remarque une blancheur peu familiere au niveau du thorax. une coccinelle se promenait dans ma chambre hier. nous revenons vers le printemps et de nombreux cafards vont revenir peupler mes blogs.

je sais que les liens ne dureront pas, mais tout de meme celui-ci me plait
http://www.liberation.fr/page.php?Article=313053&Template=GALERIE&Objet=58892
nous avons dine avec un des etudiants de master chinois qui nous expliquait que "tout se passe a shangai". j'en deduis que ce qui est decrit est un phenomene assez banal puisque ca se passe a pekin - pas tres branche. on peut donc se dire que les chinois riches ont atteint un stade de degenerescence mentale assez proche de celle des vieilles californiennes blondes en un temps record. encore une fois, il y a de quoi se rassurer puisqu'il existe des invariants culturels : la richesse rend abruti.
j'aimerais vraiment visiter dubai pour rigoler.
(je pense que beaucoup de mes lecteurs sont choques par le radicalisme de certains de mes propos. je tiens a preciser que la violence ne me sert qu'a ne pas m'etendre sur des phenomenes somme toute peu interessants, mais a marquer mon implication affective face a certaines informations).

lundi, février 20, 2006

la poste 

la poste - qui est encore publique - est une institution sacree. c'est elle qui cree un lien non virtuel entre les individus. par exemple, elle permet la circulation du fromage et du saucisson a travers les mers, causant une joie infinie que la reception d'un email ne saurait engendrer. elle peut bien sur, aussi, faire arriver des livres mais etrangement, la nourriture spirituelle a beaucoup moins de valeur que le plus bas materialisme. d'aucuns diront qu'apres m'etre gavee de nabe et de sashimi dans les derniers jours, je pourrais eviter de m'empiffrer de saucisse. mais non. les kilos partiront au printemps quand la pluie cessera et que le froid humide quittera la contree.

dimanche, février 19, 2006

munich 

avec y. nous sommes allees dans ce superbe cinema vendeur de popcorn au couloir decore d'un petit jardin pseudo-zen dont les lumieres colorees vivement changent a nos pieds, et au sol en moquette a motif de pierres taillees que je n'avais pas remarque la derniere fois (sachant que pourtant dans la vie, les details sont ce qui compte le plus). le soir du samedi est plutot vide car apparemment le cinema est associe aux achats, et se pratique plus volontiers l'apres-midi dans ce grand mall plutot central.
nous avons vu munich, et une fois de plus spielberg me traumatise beaucoup dans sa thematique et son traitement (je dis une fois de plus car je suis de ceux qui ont pleure en voyant ET). je suis sure que certaines informations sont un peu fausses (il parait qu'un meurtre d'innocent est oublie), mais il n'empeche que le film, par sa lenteur et sa precision dans les details, plus demonstratif que n'importe quel film d'action, permet de ressentir assez nettement la froideur et le cynisme du fonctionnement des services secrets de tous les grands pays du globe. il est troublant de constater que ce qui est palpitant et drole dans un James Bond - le meurtre par pelletees de mechants qui tentent de proteger un terroriste international - devient triste et glacant quand on se situe proche d'une realite historique et que les bonnes raisons de chacun sont les mauvaises raisons de tous. la complexite des protections, entraides reciproques, circulation d'information entre les differents services de renseignement, deja dans les annees 70, me fait sincerement me demander a quel niveau de complexite on se trouve aujourd'hui. le degre de manipulation sans vergogne des travailleurs de terrain fait aussi un peu froid dans le dos, quel que soit le cote ou se situe le terrorisme actif. le cote vain de l'action, tres largement souligne dans le film, ne semble pas beaucoup deranger nos grands de ce monde, qui profitent sans remord des generations de males bourres de testosterones qui debarquent chaque annees, et des vieux a tete de pere ou des femmes a tete de mere pour les manipuler.
bizarrement, le barbarisme du film me rappelle deux autres fictions historiques - "soldat bleu" et le massacre des indiens, "la passion du christ" - qui eux aussi demontent doucement, par le detail et a travers des decoupages vifs et sans ennuis, tortures et assassinats de sang froid dont la cause appartient a des spheres qui m'echappent assez largement. je manque de foi et d'appartenance ethnico-nationaliste pour assimiler les besoins d'eliminations d'ennemis. pour assimiler la notion d'ennemi, meme. je suppose que le parcours individuel permet la definition de ce terme chez les individus qui en ont besoin.
je pense que ce qui me trouble le plus dans ce film, c'est que je crois encore un peu a la revolution comme moyen de changer la situation politique, et que je dois me rendre a l'evidence que cette revolution est certainement une action brutale et sans lendemain prometteur.
de facon plus gaie on peut noter que l'acteur principal et sa femme sont les acteurs les plus sexy que j'ai vu depuis bien longtemps et que c'est fort agreable a regarder.

samedi, février 18, 2006

loin dans le passe 

Les dieux n'etant plus et Jesus-Christ n'etant pas encore, il y a eu, de Ciceron a Marc Aurele, un moment unique ou l'homme a ete seul.
(en fait c'est Flaubert qui a dit ca, c'est pas Marguerite, elle le cite juste souvent).

vendredi, février 17, 2006

mon champagne est plus cher 

certains se battent pour savoir qui a reçu le champagne le plus cher.
puis pour prouver qu'ils savent d'où vient le champgane.
les snobs qui parlent du japon, en france, ils sont pareils.

jeudi, février 16, 2006

viscosite 

je n'ai jamais aimé la physique, mais j'ai compris la notion de viscosité d'un liquide tandis que je rechargeais mon bidon de chauffage à pétrole (j'ai osé dire "essence" dans un post précédent et j'ai été vertement corrigée). le contexte est assez habituel : il fait froid alors je suis tranquillement à moins de deux mètres de mon petit poële, je regarde la neige tomber, le vent souffler, "friends", un livre, mes ongles d'orteil en me disant que s'il faisait moins froid dans la salle de bains j'irais bien les couper pour ne pas blesser les amis à l'aïkido, le vide, et soudain, un bip se fait entendre deux fois par seconde, plutôt aigu, le genre de son qu'on aime arrêter. comme mon chauffage est très intelligent, il peut simplement me signaler que je suis installée depuis trop longtemps dans cette douce chaleur et qu'il commence à se demander - légitimement car il n'a pas d'yeux, ni d'oreille, ni d'odorat, et que je suis trop loin pour les autres sens - si je ne suis pas partie me promener dehors en l'abandonnant à tous les risques d'incendie, ou dans un royaume peuplé de rêves où il est dangereux d'errer tandis que son corps reste à proximité d'un producteur de gaz que les poumons ne savent pas utiliser. l'autre hypothèse est que la jauge est presque au plus bas. il crie pour être remplit, et si je ne lui obéis pas, il s'arrête.
souvent, j'ai les doigts très froids, presque bleus, car ma circulation aléatoire décide de s'occuper d'autres pas parties du corps sauf les orteils. si ce son se fait entendre quand mes doigts sont insensibles et bleus, c'est embêtant, car il me faut un minimum de dextérité pour effectuer la tâche qui m'est confiée. j'ouvre la porte fenêtre, je vais dire bonjour aux fleurs qui s'agitent dans le vent ou sont blanches de neige, et je dévisse le bouchon bleu de mon petit container vide. parfois je souffre légèrement car comme j'ai dit, mes extrémités sont bien gourdes. le gros bidon plein de pétrole et la pompe attendent bien rangés. j'ouvre le gros bidon, j'enfourne doublement la pompe dans les orifices, puis pompe, en prenant garde de porter un peu le gros container bleu ciel, parfois un peu lourd quand il a ingurgité 18 litres il y a peu, pour placer son niveau au dessus de l'autre, puis j'attends que la magie de la physique fasse son oeuvre. quand le petit bidon demande grâce, je sors la pompe en la vidant.
c'est là que je découvre les propriétés de ce liquide étonnant qu'est l'essence. si ce qui est transvasé était de l'eau, je sais qu'en peu de seconde toutes les gouttes résiduelles auraient quitté les deux tubes emboités que je tiens avec précaution au milieu, partie non humide, non puante, et d'un rouge franc et gai. mais ici, je vois sur les bords couler ce visqueux élément, couler, couler, couler encore. je fais souffler ma pompe mais rien n'y fait, nous dégoulinons en prenant notre temps. bien sûr, si juste avant je faisais un petit effort de pompage et portage, suffisant pour maintenir une production de chaleur protectrice, me voilà immobile, les doigts ballants qui ne savent s'ils vont être capables de faire coulisser cette porte qui coince un peu. souvent, j'interromps par paresse et malaise frigorifique l'égouttage de la tige, la pose sur le sac plastique résiduel, et tâche allégrement mon balcon, m'en foutant au passage plein les mains.
inutile de me demander comment je peux être aussi maladroite, j'ai essayé de dire que c'est la faute du froid mais je vois que vous ne me croyez plus et que vous comprenez que je suis incompétente pour toute activité manuelle. bon sang ! découverte !
ensuite il suffit de rentrer, remettre le machin dans la machine, pousser le bouton rouge et attendre un redémarrage rapide. souvent, comme la température de la pièce en a profité pour dégringolé, je me tasse devant le chauffage quelques instants, puis je relance le dvd de "friends". du moins je relançais car maintenant j'ai fini la saison 7 et ma vie n'a plus de sens. je me retrouve à devoir lire ou travailler. la plaie.

mercredi, février 15, 2006

ルネ 

le restaurant mythique qui surplombe le magasin de la fac, c'est rune, avec ses grandes fenetres qui le rend un peu moins deprimant que celui du centre-fac qui est dans un sous-sol de béton gris. car fut un temps les architectes trouvaient que le beton gris pas recouvert était vraiment beau, adapté à l'hébergement d'individus qui ne sortirait pas de cet environement de toute la journée. vous faites confiance à ces gens-là ? jamais.
en dehors de ses fenètres qui permettent de regarder la pluie tomber, rune se caractérise par le grand choix de nourriture offerte à prix modique, montrant une diversité gustative assez rare. aujourd'hui : saumon fumé dans mon dombori pour 441 yen (3 euros 14). je me demande combien de restau u proposent des mets de cette qualité en france.
pour marquer la diversité, on trouve une vitrine à l'entrée, emplie de plats en plastique. célèbres à travers le monde, les plats en plastiques des restaurants japonais ne sont pas une légende et décorent une bonne partie des restaurants. on voit aussi des gateaux en coupe dans les magasins de douceurs, qui montrent les garnissures, des fausses glaces ou des fausses boissons dans des verre, tout cela allant très bien avec la masse de fausses fleurs et fruits qui servent de décoration générale et varie en fonction des saisons. on peut noter que ces plats inmangeables sont en outre une aide précieuse au gentil gaijin un peu attardé qui aurait du mal à déchiffrer un menu sans image.

vélo. sous la pluie, je clignote, les balaines de mon parapluie incrustée d'électronique sont rougissantes lumineusesement. je me sens en sécurité car ma tête de ce halo entourée signale mon existence aux piétons, aux conducteurs, et me tient éveillée. parfois on pourrait s'endormir en roulant, et ce serait dangereux.
arrivée a l'université j'éteinds mon parapluie dont les piles usagées m'ont donné un dernier plaisir. je le remets dans le bac collectif.
car ce n'était pas vraiment mon parapluie.

mardi, février 14, 2006

des saisons qui raccourcissent 

je suis arrivée au bout. c'est fini. je vais pouvoir redevenir un être humain ouvert sur le monde extérieur, se couchant avant deux heures et travaillant de façon régulière, allant au cinéma, au concert, au restaurant, dehors. c'était l'hiver et nous avions 7 saisons disponibles, des new-yorkais rigolo et attachants comme des personnages de sitcom réussis. d'ailleurs, il s'agit bien de sitcom et de personnages, pas de vrais humains, bien que nous discutions de leurs choix, leurs amours, et leurs blagues, avant les cours d'aikido. nous sommes plusieurs addicts.
la saison 7, déjà, était deux fois moins longues que les autres. peut–être cela a-t-il permis une lente désaccoutumance.
je me demande si je vais être obligée de regarder la télé ce soir pour chasser cette langueur qui étouffe mon coeur.

tiens, le grand nouveau de l'aikido est prêtre. on trouve de tout sur les tatamis.

lundi, février 13, 2006

estampes japonaises 

j'ai un deuxième nom indien, facile à deviner, c'est juliette l'aimée des vieux. je prefererais que les dieux se penchent sur moi car ils ont plus de pouvoir que tous les septuagénaires curieux qui me prennent en charge dans les lieux publics. en allant acheter des tasses et théière (ma folie du moment : thé et macha a longueur de journée) je me suis fait coincer par un monsieur un peu tremblant qui a tenu a me montrer ses estampes japonaises. malheureusement, nous avions affaire à des estampes chastes beaucoup moins drôles que celles que j'imaginais après en avoir entendu parlé mythiquement dans mon lointain pays d'origine.
il est arrivé du fond du magasin avec des rouleaux pliés les uns sur les autres, enveloppés dans une feuille de papier et un plastique protecteur. je pense qu'il s'agissait d'images vraiment précieuses. elles dataient de meiji. sur un papier épais étaient collées trois bouts de papier racontant une seule scène, mais souvent vieillis de façon incroyablement peu homogènes. des couleurs très franches, surtout pour les décorations dans des intérieurs d'imitation anglais, pour les kimono des geisha, les tatouages des yakusa san. rouges et violets en particulier était très marquants. pas mal un musée en bas de chez soi. il ne m'a pas offert de thé pour siroter en admirant. on imagine que j'étais quelque peu déçue.

quelques minutes plus tôt j'avais offert du pain aux moineaux zet pigeons au bord de la kamogawa. je regardais les petites bestioles se battre pour le pain, quand une ombre large s'est abattue à un mètre de moi, tombant au milieu du groupe de piafs, l'espèce de vautour monstrueux dont plusieurs représentants trainent entre imadegawa et sanjo et qui font bien leur mètre cinquante d'envegure. j'avoue avoir plus que sursauté. ça a des sales griffes ces machins et des ailes musclées. dire qu'ils viennent voler les sandwiches dans les mains. voilà une expérience parmi d'autres que je ne veux pas connaître.

dimanche, février 12, 2006

une journee productive 

le dimanche est une journee productive. fabrication de films et de gateaux au chocolat pour la saint valentin de l'aïkido et du bureau, réalisation de sablés au macha parfaitement réussis qui feraient blémir de jalousie toute bonne ménagère. un coup de trafalgar de mon ami guillaume qui m'avait caché qu'il restait des épisodes de "friends" à regarder, ce qui va encore me gâcher une heure et demie par jour que je ne pourrai consacrer à de saines lectures ou à l'augmentation de mon vocabulaire ou au sommeil ou à la préparation de mon grade d'aïkido. certains amis ne sont pas compatibles avec une grande productivité, allez savoir pourquoi...
sinon la neige tombe en bourrasques déprimantes à la tombée de la nuit, et les doigts préféreraient avoir deux paires de gants. c'est un temps qui déprime plus qu'il ne prime.

samedi, février 11, 2006

celle qui aime les grasses matinees 

j'ai décidé de vous reveler mon nom indien, "celle qui aime les grasses matinées". ce n'est pas rien de flemmasser des heures dans un lit, sous une couette chaude et molle (la majorité des couettes le sont), alors que le vent souffle derrière la fenêtre et que le soleil diffuse une lumière jaune qui, filtrée par les rideaux devient plus blanche ou plus jaune, selon la pièce que l'on contemple. depuis le lit, on entend les chattes qui miaulent sous les assauts des matoux qui savent que les petits les plus vigoureux sont ceux qui naissent au printemps, l'eau qui coule dans les conduites d'eau depuis les étages supérieurs, le tenancier de zac baran qui, légèrement gris de ses nuits de service participant (tout comme l'ethnologue participant s'efforce de se faire oublier, le barman participant se fond dans le paysage) rentre ou sort de chez lui et sa porte de grincer sournoisement, quelques enfants dégringolent l'escalier en riant, des voitures de police passent en hurlant à la mort pour effrayer les bandits ce qui se révèle d'une efficacité absolue, les oiseaux que les chats ignorent car ils s'envoient en l'air chantent à qui mieux mieux (ils croient encore que c'est ça qui fait revenir le printemps comme moi-même je crois que pour arrêter de fumer il suffit de grossir). parfois des odeurs de repas chaud passent sous la porte ou par la fenêtre, rappelant que les voisins aiment le poisson frits, que le magasin de gâteaux à la canelle a commencé son activité et si le vent vient du sud-ouest, le gras des okonomiyaki du supermarché vient me boucher les artères par voie olfactive. imaginez la scène. delassez-vous. souvenez-vous que le courier en retard est accumulé sur le bureau mais que vous n'avez pas encore pris la décision de vous lever, que le monde tourne sans vous et que si vous gardez vos soupirs, si aucun bruit ne s'échappe de votre chambre, vous aurez la chance de lire pendant des heures, votre corps enfonçé dans le futon dont l'écrasement forme un nid douillet.
bien sûr, comme j'adore les grasses matinées je n'en abuse pas (ça fait un mois que je n'en ai pas profité) et pour une fois que l'aikido était yasumi, je suis partie à osaka aux aurores pour aller faire des enquêtes sur un marché bio a tsuruhashi (quartier coréen). c'est mon ami m. qui avait le tuyau, trouvé sur internet. de fait, cela n'avait rien d'un marché, mais deux exploitants étaient installés dans une petite cahute et proposaient une dizaine de légumes. j'ai tout de même pu faire une interview pour enfin comprendre à la fin que le type me connaissait et m'appelait "la française", surnom sans grande fantaisie mais dans lequel j'accepte de me reconnaître (je suis célèbre au sein de la communauté bio du kansai, si c'est pas classe). puis je lui ai acheté du konnyaku et des umeboshi qui arrachent la tête, sa femme nous a donné des oranges bio. pour information, le type produits au court de l'année quantre-vingt (80 !) espèces de légumes et fruits différents - il faut noter que les agriculteurs bio japonais sont ceux qui font la polyculture la plus impressionnantes - historiquement la raison semble être le fait qu'ils commercialisent en grand partie par le teikei, où les clients qui reçoivent un panier veulent une grand diversité ; je suppose aussi que les habitudes de régime alimentaire poussent aussi à cette grande diversité (le moindre magasin de tsuke mono propose environ vingt légumes différents en pickles, eux-même accomodés avec 10 condiments différents). je note en passant que le teikei, ça eût payé mais ça paie plus, et que rien de tel que la certification et les supermarchés pour écouler du bio. l'anarchie viendra après que le capitalisme a capoté, mais pour l'instant celui-ci va assez bien merci, il a des petites douleurs dans les reins quand il s'assied sur des pays sous-développés - mais rien d'inquiétant -, et son bilan sanguin est parfait.
quand nous sommes partis nous avons erré dans le quartier coréen où un type nous a offert un café puis nous a baratiné 45 minutes sur son association qui propose des moyens pour arrêter l'alcool, le tabac et les femmes. l'hypnose semble bien marcher. si vous vous demandez pourquoi arrêter les femmes, tout comme moi, c'est que vous n'avez pas conscience de combien les aventures extra-conjugales tapent sur le système des ménagères japonaises qui inscrivent d'office leur mari à des programmes de rééducation qui ont pour but de les rendre impuissants ou homosexuels (affabulé-je ? ai-je mal compris ?). toujours est-il que le type était un peu collant mais gentil, content de découvrir l'existence des patchs de nicotine, se prenait pour superman. nous avons fini par décoller, trouver de l'ail au miel dans une boutique improbable, que nous avons goûté, que nous avons aimé dans la mesure où nous avons pu ingurgiter une gousse confite et arrêter tout de suite cette expérience vaguement écoeurante. je décidai de ne pas me mettre à la nourriture coréenne pour approfondir un peu mes connaissances du main stream nippon. le marché, à midi le samedi, était presque vide car il s'agit principalement d'un quartier de nuit, isakaya et sûrement hôtesses, vu le nombre de love hotels dans les rues environnantes. c'est un marché couvert qui contient boutiques de fringues et de nourritures diverses, le tout plus ou moins coréen. les rues sont petites et sombre, le sol est en béton brut non dalé, l'atmosphère général est un peu différente de mon marché habituel, sûrement à cause du nombre gigantissime de boutiques fermées. ne croyez pas que je saurais la décrire, l'atmosphère.

vendredi, février 10, 2006

saint valentin 

si vous ne saviez pas, c'est bientot la saint valentin. comme je suis tres integree, je vais preparer pour l'occasion des gateaux au chocolat pour tous les gentils garcons du labo et de l'aikido. c'est ce que les filles font. les garcons font un cadeau de retour le jour du white day, mais seulement a la fille qu'ils preferent parmi toutes celles qui leur ont fait un cadeau. on observe une interessant mythologie ou l'homme est pourchasse par toutes les femmes qu'il cotoit au quotidien et n'en elit qu'une. le fait que ca passe par le chocolat et explique dans mon livre de japonais : quand il a recu trop de chocolat, l'homme le donne a sa femme, petite amie, enfant. donc deux autres fondements mythologiques : l'homme est un etre sacrificiel et les dons qui circulent dans cette societe ne concernent que les femmes, qui les choisissent et les recoivent finalement comme tous les biens materiels. on se demande pourquoi certains articles de journaux disent que les garcons ont peur de l'engagement avec une mythologie si peu valorisante du lien et qui offre tant d'opportunites de seduction quotidienne.
tout ceci est une interpretation sans fondement.

devant mon supermarche, chaque jour (sauf aujourd'hui) on trouve des marchands devant un petit etal portable. parfois il s'agit de nourriture (okonomiyaki et teriyaki, poissons crus et grilles, gateau fourres chocolat ou haricots rouges, fritures sucrees de type beignets, pains de poisson frits, fruits et legumes frais, patisserie industrielle en proche fin de vie), parfois on peut acheter des objets manufactures (ustensiles a 100 yen, tasses et soucoupes en gre, habits de grands-meres qui font peur de laideur).
jaime bien acheter aux petits, meme s'ils sont installes devant le supermarche et que la plupart de leurs surplus de la journee se retrouve sur les rayonnages a l'interieur le soir (je parle du perissable bien sur).

jeudi, février 09, 2006

Une épaule humide 

L’humidité est la cause de l’attaque de mon epaule par un fungus (en anglais). celui-ci apprécie poitrine et dos où il s’accroche et se développe, en particulier dans la torpeur humide de l’été japonais, et s’amuse de ma pratique trop sérieuse de l'aïkido qui fait transpirer. c’est un médecin chinois qui me le dit. il dit aussi “je suis chinois c’est pour ça que je parle anglais”. il me montre des photos de mon fungus dans son livre d’horreurs où je le reconnaît très nettement en face d’une langue et d’un pénis atrocement crevassés, après plusieurs pages de membres tuméfiés et bleuis, de rougeurs sanguinolentes, de zébrures noirâtre, de taches jaunes graisseuses. mon fungus a une tête vraiment bénigne au milieu de cette exposition. je sais maintenant pourquoi les médecins ne s’inquiètent que rarement quand ils voient nos affections. pire il y a. tandis que je devise avec ce monsieur en évitant du regard ces images sans grâce, deux autres médecins femmes poussent des cris de surprises étonnée (les mêmes que ceux que l’on entend face à de belles couleurs d’automne dans les temples, mais moins forts) face aux échantillons de mon parasite qui sont sous le microscope. la crème que je reçois peut éventuellement provoquer des démangeaisons et éruptions cutanées étendues. j’aime quand la vie est ainsi imprévisibles, et que plusieurs chemins s’ouvrent devant nos pas.
dans la section ophtalmologie, on teste la vision avec des cercles épais auxquels sont retiré un sixième de leur circonférence. il faut dire si le trou est en haut, en bas, à gauche ou à droite. je préfère ça à des katakana car je me serais une fois de plus ridiculisée à ne savoir les identifier. mes larmes sèchent trop vite, c’est pour ça que j’ai mal. je suis dans une journée banale, où rien n’est grave. à l’entrée du service de dermatologie, un petit autel nous accueille, portant un moumine en peluche, une fleur origami verte, un récipient en bois qui contient du sel ou des épices, des toupies recouvertes de tissu de kyoto, un petit personnage en plastique sorti d’un mange quelconque, posé sur un socle qui indique Coca Cola, dans la calligraphie arrondie habituelle. chez les médecins de l'oeil, un dépliant recommande aux vieux de donner leurs yeux pour des greffes, des étendoirs présentent des géllules qui "préservent", et une bédé. je note en passant que les coupes d'oeil montrent une paupière largement moins largement ouverte que dans les coupes françaises.
A l’institut franco-japonais, on trouve une bande-dessinée où se rencontrent les dessinateurs japonais en mode en france (genre taniguchi) et des dessinateurs français célèbres en france : JAPON. l’initiateur est boilet, une type d’une platitude qui me déprime pas mal (j’ai une allergie à ce type, qui se vante en long et en large de son gaijinisme vulgaire de tokyoite brancheur), mais sinon c’est assez marrant de lire du de crécy, davodeau, guibert ou neaud en japonais. plus dur pour sfar qui nous a fait un grabouillage plus illisible que la plupart de ses pires planches, ce qui ne m’aide pas à comprendre avec l’image, considérant que je chope un mot sur huit dans les bulles. je note en passant que de crécy a eu dans sa chambre d’hotel le même dérouleur de papier que celui qui soutient les rouleaux dans mes toilettes, avec explications de la posture adéquate pour hommes et femmes. j’hésite à voler ce dérouleur pour mémoire et ai déjà étudié son éventuel dévissage, mais peut-être ce dessin qui est si ressemblant me suffira-t-il. je suis restée à le contempler avec délice. le jour où je le croise à “roule ma poule” (si ça existe toujours et s’il est toujours à montpellier) je lui demande si son dérouleur aussi faisait de la musique. le mien me réveille parfois la nuit, avec son déclenchement qui me semble absolument aléatoire. sinon, une page sur le sus-cité éditeur de ce volume marrant : http://www.actuabd.com/article.php3?id_article=2835
sinon j’ai sur mon bureau les trois premiers volumes de XXth century boys, qui vont allégrément remplacer friends en ces temps de fin de cinquième saison qui annonce un changement radical dans ma vie, un sevrage qui va me ramener vers des choses plus saines : de la junk culture, mais au moins en japonais. d’ailleurs, la quasi-totalité de mon interaction avec le service ophtalmo s’est déroulé sans anglais (sauf les histoires d’allergie à des médicaments). je dis ça pour frimer un peu. l’ego est bon pour l’ego.
le matin.
un petit garçon allait à l’école, un livre à la main, absorbé dans sa lecture, son sac jaune sur le dos. dans les six ans. imperturbable.

mercredi, février 08, 2006

XXIieme 

spirituel, mystique, religieux, croyant, laic, faux-laic
baffe dans la gueule, television, bombe atomique, kalachnikov, 22 long rifle
chocolat, glace, carotte rapee, gateau au macha, puree, miel, umeboshi
machette, pit bull, magnum, fusil a lunette, fusil sans lunette, parachute
poupee, ballon, velo, jeu video, echecs, craie
petit, metisse, riche, pauvre, jaune, rouge, grand, blanc, chauve, noir, sourd-muet
chomage, puits de petrole, recession, inflation, bourse, parite
inadmissible, honteux, inqualifiable, neutralite diplomatique, negociation, insulte
livre, tableau, journal, photo, dictionnaire des rimes
philosophique, poetique, arithmetique, extatique, politique, caricatural
droits de l'homme, droits de l'enfant, droits de la femme, missile sol-sol
democratie, redistribution, tolerance, droit de vote, tueur en serie

classez ces mots dans des categories, autant que vous voulez.

je suis sure que tout s'arrangera, et que bientot nous vivrons dans le meilleur des mondes possibles.

mardi, février 07, 2006

une larme russe 

rien de plus classe que notre plus grand samourai en train de verser une larme quand on lui dit qu'il a bien eu son quatrieme dan. cette sensibilite qui fait rougir l'oeil du partenaire donne du plaisir a se faire casser la tete en public.
aujourd'hui soutenance de these au labo en japonais. je pense que je ne ferai pas ca tous les jours, malgre les progres certains que ca me fait faire dans la langue de soseki (varions les auteurs puisqu'il n'y a pas de convention comme shakespeare pour l'anglais). chaque jour je decouvre des kanji fabriques avec des bouts de kanji connus, peniblement appris pourra-t-on preciser, reassembles de facon aleatoire et sans que jai une quelconque idee d'ou le melange nous mene.
en ce moment je suis un peu courte (en blog) car je suis un peu occupee (en travail et en "friends").

lundi, février 06, 2006

la realite du marche 

"if you owe your banker 1000 dollars, he has power on you, if you owe him 1 million then you have power on him".
c'est pas moi, c'est keynes qui le dit. quelques annees avant les differents scandales de riches dont on parle en ce moment. si on lisait un peu mieux les auteurs qui parlent du pouvoir et des problemes que ca pose quand il est trop desequilibre, peut-etre saurions-nous faire plus attention et serions-nous moins degouttes au quotidien.
un autre joli "perfect competition will not protect the unperfect buyer" (Rothschild). (tout ca cite par geertz dans son "le suq de sefrou")

si vous ne saviez pas encore (merci morougan)

Les vacances pourraient devenir obligatoires au Japon
lun. janv. 16, 2006 8:32 CST164


TOKYO (Reuters) - Le gouvernement japonais fait savoir qu'il envisage de déposer un projet de loi pour obliger les sociétés du secteur privé à faire en sorte que leurs employés prennent leurs vacances.

Ce texte, qui pourrait être soumis au parlement en 2007, obligerait les sociétés à établir dès le début de l'année fiscale le calendrier des congés des employés. Elles seraient également invitées à encourager les salariés à prendre effectivement leurs vacances.

Les cadences de travail et la culture d'entreprise hiérarchisée au Japon font que, en moyenne, les salariés nippons ont pris moins de la moitié de leurs 18 jours de congés annuels au cours de l'exercice annuel achevé en mars 2005.

"Nous avons le sentiment que les gens ne prennent pas assez de congés. Nous devons dissuader les gens de trop travailler afin qu'ils parviennent à un équilibre entre le travail et la vie familiale", a déclaré un responsable du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales.

Les autorités nippones tentent depuis longtemps de convaincre les salariés de prendre leurs congés, afin notamment qu'ils dépensent dans des activités de loisirs et contribuent ainsi à la croissance économique. Ces incitations visent aussi à renforcer la natalité alors que la population japonaise a décliné en 2005 pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.

Certains "cols blancs" au Japon soulignent cependant qu'il est de plus en plus difficile de prendre des congés, en raison des cadences de travail accélérées par les réductions d'effectifs opérées ces dernières années par les entreprises nippones dans le cadre de leur politique de réduction des coûts.

"Nous avons beaucoup de vacances. Mais nous ne pouvons tout simplement pas les prendre parce que nous manquons toujours de personnel et que nous sommes tout le temps débordés", affirme un cadre d'une compagnie pétrolière japonaise.

"Quand mon patron est censé être en vacances, il vient quand même au travail", dit un autre employé. "Il a beaucoup de choses à faire et il n'a pas le temps de prendre des congés, mais il ne veut pas avoir de problèmes avec la direction."

Le projet de loi auquel réfléchit le gouvernement pourrait également permettre aux salariés de convertir leurs heures supplémentaires en congés, ce qui est impossible avec l'actuelle législation.

Le temps de travail annuel au Japon est supérieur à celui enregistré aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou encore en Allemagne, montre une étude publiée en 2005 par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques.

dimanche, février 05, 2006

umeboshi 

depuis mon arrivee au japon il manquait un element a une integration reussie. j'aimais le natto, le the, le riz, le poisson, pas trop de tonkatsu mais je peux en manger, la miso meme si je ne tuerai pas pour en avoir, tempura (les bons seulement), le sushi hors supermarche, bref, on ne pouvait me reprocher qu'un probleme de gout : mon refus categorique de me mettre au umeboshi, cette prune amere sechee pendant un a deux ans pour atteindre a l'amertume salee la plus pure et la plus abjecte. il faut dire que, comme toujours, j'avais deguste des objets venus du supermarche, erreur. hier j'ai suivi miki et reiko dans un magasin de umeboshi, specialise et connu depuis des annees dans sa production. je riais sous cape a l'idee de penetrer dans un magasin ou je deteste la quasi integralite de l'offre. puis un jeune homme nous a attrapees comme cliente et nous a fait gouter plein de ses umeboshi, plus ou moins sucrees, amere, melangees a de l'algue (ijiki). et moi l'irreductible, j'ai fondu et suis devenue une adepte de cet essentiel attribut du bento japonais (casse-croute). bien sur ce sont des produits hors de prix, mais cela empeche-t-il la naissance d'une nouvelle vocation ?
autre vocation : le the - j'ai achete mes ustensile a macha, ait goute d'ailleurs le delicieux macha au lait a la mousse amere-sucree, et me suis fournie en the avec du gyorokku (a corriger) qu'il faut preparer avec une eau a 60゜seulement sans quoi il n'a aucun gout (j'ai deja reussi et rate une fois la revelation de l'arome - pour aller a 60゜on transvase simplement entre des pots froid la bonne eau qui vient juste de bouillir - trois transvasages avant de verse fait un the delicieux).
un dimanche assez serieux dans l'affinage du gout.

samedi, février 04, 2006

se chauffer 

pour chauffer sa maison ouverte a tout vent, on peut utiliser un chauffage a l'essence, toyuu, appele communement chez nous "chauffage japonais", ce qui rend largement plus aisee ma description que pour un objet barbare. depuis le debut de l'hiver, le prix du toyuu est passe de 1200 pour 18 litres (presque deux semaines d'usage regulier) a 1430 pour la meme quantite. sachant que l'an dernier, nous etions a 990. je veux pas dire par la que le petrole devient cher, loin de moi l'idee de tirer des conclusions sur la politique internationale a partir d'une observation purement locale et partiale. mais je le lirai dans les journaux, je serai pas surprise.
autre solution quand on a froid : aller a l'une des nombreuses ceremonies du feu de setsubun. j'en ai vu (partiellement) trois cette annee, ce qui m'a donne beaucoup plus d'informations que l'annee precedente. a heian jingu, le grand temple aux couleurs exhuberante, a l'immense cour dans laquelle on peut jouer du noh a la lumiere des torches, a qui est relie (je suppose) la grande porte megalomane de jingu dori, les demons passent a l'attaque. ces demons sont des acteurs qui se tiennent le dos rond, marchent d'un air perdu avec un monstrueux masque sur le nez, des faux cheveux et de jolis habits colores. avec leur pique, ils surveillent, poussent la porte (ou elle s'ouvre - j'ai oublie), rentre doucement, puis en courant (ce qui n'aide pas celle qui veut faire des photos) vers le batiment principal du temple, ou les pretres (suppositions) les chassent avec les haricots seches. a chaque fois qu'un pretre s'occupe d'un demon, un autre essaie de revenir a la charge et se prend une charge de haricots dans la tete, s'enfuit comme un petit chien qui prend une tape sur le nez. ce serait bien de pouvoir faire ca aux grands vrais demons, que je ne citerai pas ici par egard pour la democratie qui fait que ce sont eux qui nous dirigent, un attentat a coup de haricots seches semble plus sympathique que les techniques habituelles. une fois les demons partis, les pretres passent devant les fideles pour les racketer, comme le veux la tradition. c'est toujours assez abject de voir un gros gras pretre en habits de soie se pencher vers un petit enfant pour qu'on lui fasse l'aumone. je sais que je vais avoir l'air anticlericale, ce ne sera pas completement faux du reste, mais je suis obligee d'insister une fois de plus sur des aspects de la religion qui sont intolerable : l'incapacite a se restreindre dans l'accumulation des biens pour le clerge. c'est vraiment un probleme qui n'a ete resolu nul part, sauf par les chinois qui ont des methodes assez radicales, du type eliminer : le clerge pour eliminer sa richesse, que j'ai aussi du mal a soutenir.
tout de suite apres, la scene aberrante commence. la catastrophe de la journee : je n'etais pas au courant. je ne savais pas que j'allais assister a une scene d'hysterie collective, tres commune lors des ceremonies religieuses puisque les gens ne vont pas trop au foot et que seuls les vieux et les femmes a la maison ont les temps d'aller se taper sur la tete les uns des autres pour un pretexte (que je considere comme ) futile voire aberrant. donc quand les monstres ont passe la porte et que les pretres retournent au batiment principal, on lache les fils de protection et la foule se rue vers les pretres pour recevoir leur petit paquet de haricots secs. les pretres se mettent en effet a balancer des sachets en plastique contenant des haricots et des haricots enrobes de sucre colore d'environ 3 cm sur 3, que de vieilles dames et des jeunes se disputent sans plus aucune civilite selon mes criteres, pourtant durement eprouves par 3 annees de vie marseillaise. je pense que la queue pour aller au stade un soir ou le psg vient nous provoquer (chez nous !!) est un lieu largement plus harmonieux et moins barbare - et puis une fois encore vu leru age ceux qui se bastonnent a marseille ont au moins des hormones ultra actives qui peuvent expliquer leur connerie. en essayant de l'approcher pour prendre des photos j'ai donc pris des coups de coude, de pied, des vieilles m'ont poussee energiquement. tout ca pour que finalement, en repartant, les gens s'arretent devant moi pour me donner leur precieux butin (j'en ai eu deux ainsi et marie aussi). bien sur, cela me rappelle singulierement la ceremonie des graines a bangkok, avec les paysans qui s'echarpent pour quelques graines sacrees qui vont rendre leur champ fertile.
je suis partie sans voir le buchet, je suis certaines que c'etait encore exagerement hysterique, les grands temples manquent vraiment de poesie. les cars de touristes avaient deja reduit de moitie. peut-etre certaines personnes ont-elles fait plusieurs heures de bus pour ce quart d'heure d'enthousiasme interesse.
ensuite, je suis allee a cote de chez moi, a shogoin, dont le feu a porte ses effluves jusqu'a mon appartement pendant quelques temps. la-bas on m'a offert un delicieux amazake prepare avec amour par les bigottes du coin. ensuite, j'ai pu voir des chants et tapouillis dans les main et soufflages dans des cornes en peau (j'ai beaucoup de mal a decrire cet objet inhabituel, voyez-vous). tout le monde avait de jolies boules marronsaccroche a un costume jaunatre, c'etait tres charmant. comme les pretres avaient l'air melange a ceux qui les accompagnait, je n'ai pas pu comprendre la structure du rassemblement. des femmes etaient en train de prier a l'interieur du temple pendant cette ceremonie, je suppose que c'etait suite a un bakchich consequent. finalement quand le vieux pretre a eu fini une petite representation (lui avec un faux sabre en train de couper l'air puis jeter un bout de bois decore de voeux, repete plusieurs fois), nous avons constate que tout etait fini. tout le monde a arrache les decorations autour du feu et recupere une bras de pin, puis est alle se rechauffer au brasero ou au feu dans la cours d'entree.
le soir c'etait yoshida, avec ses kilometres de vendeurs de junk food, son lecteur automatique des palmes de la main (un scanner envoie votre ligne de main a un ordinateur et vous recevez un papier imprime automatiquement qui vous annonce votre avenir), ses canards en plastique a attraper avec une petite canne a peche, ses poissons rouges a vendre, ses policiers dark vador (au baton orange) et ses pompiers en habits argentes de protection. toujours cette infernale fournaise. le defaut de yoshida est qu'il est impossible d'etre trop pres, sous peine de fondre, et d'etre trop loin sous peine de glaciation rapide surtout en cette soiree enneigee, sans compter la queue en espace frigorifiant avant de pouvoir monter les marches. la fete de yoshida ne repondait donc pas aux besoins de chauffage que je demandais a la vie.

vendredi, février 03, 2006

la bonne distance 

aujourd'hui, j'ai eu droit a un moment de grace et en travaillant avec noriko, j'ai compris ce que voulait dire trouver la distance juste. vous avez compris que je parle d'aikido. apres j'ai essaye avec manu pendant un long nombre d'echange, trop content d'avoir senti ou mes mains devaient se poser pour etre devant moi, entre lui et moi, sans intention ni stress, vraiment attachees a mon ventre. serait-ce le chemin vers un corps moins disperse ? la densite ardemment recherchee ?
l'ingratitude de cette discipline, c'est que maintenant je sais d'avance que pendant trois semaines je vais galerer a rechercher cette sensation, telle tintin et le capitaine haddock dans leur course au tresor de rackam le rouge. ceux qui se souviennent de la fin savent que je viens de faire une remarque optimiste, ce qui change du desespoir sombre que je me plais a incarner (j'aime bien, ca me donne un petit air romantique).
pour continuer du cote orange de la vie, le prochain gateau au macha sera, je le sais deja, bon. je dis orange plutot que rose car chez moi la couleur du bonheur, c'est le orange - et d'ailleurs je vous ai menti - comme me l'a signale manu : je surabuse de cette couleur sans meme m'en rendre compte puisque mon sac d'aikido, trimbale au bas mot 4 fois par semaine, est un faux north face ramene de thailande, orange ultra-petant.
ce soir c'est le feu de yoshida jinja et la rue est emplie de boutiques qui vendent des portes bonheur et des teriyaki, des clementines d'amour (version adaptee de la pomme d'amour), des barbes a papa et des sushi porte-bonheur (un suhsi non coupe qu'on mange en regardant vers le sud-sud-est cette annee), de l'alcool a n'en pas douter, vu la voix qui enthousiaste et la demarche chaloupee des jeunes hommes en groupe hier soir. cet apres-midi, les rues sont emplies de types habilles en costumes luminescents d'un autre temps, petits chapeaux sur tete rasees, jouant l'histoire des temples et de setsubun (la vraie nouvelle annee avant les contacts avec la degenerescence venue de l'ouest). il y a aussi des retraites pour jouer le role des touristes. je pars dans quelques minutes pour apprecier la kermesse de shogoin et les demons de heian jingu. malgre la tempete.

jeudi, février 02, 2006

rouge jaune vert bleu... 

rouge, c'est la couleur des portes shinto, c'est ma couleur preferee dans le pays, meme si je ne la mettrais pas dans une chambre a coucher car on concoit bien ses vertus excitantes. c'est aussi la couleur de la tasse kit kat qui orne mon bureau au labo, et qui me permet d'absorber le cafe que je dois boire en quantite limitee. c'est finalement la couleur du vin que je bois plus volontiers que la biere ou que le sake en ce moment. l'arbre de l'hiver qui eclaire le chemin de la philosophie, est un buisson aux petits fruits rouges pareil a des boules de houx. rouge la pate de haricots qui peut etre sucree et donc ecoeurante a trop haute dose dans le mochi (pas touche a du haricot rouge depuis un an).
jaune c'est la couleur des joncs au milieu de la riviere et dans mon vase au bureau, ils sont maintenant tres secs mais encore un peu debout, et forment toujours les plus beaux toupets dans le vent. cette annee c'etait la couleur de l'arbre le plus joliment transforme de l'automne, le ginko, dont on peut manger les fruits en cassant leur coque avec les dents (aspects exterieur de noisettes mais moins agressif pour l'email de celui qui s'y attaque). pas loin du jaune il y a le tatami de la chambre a coucher, celui qui a besoin d'un coup d'aspirateur par semaine parce qu'il genere (je ne veux plus croire qu'il ne fait que stocker, il doit fabriquer aussi) 8 tonnes de poussiere a l'annee. jaune est la pochette de plastique qui me sert a transporter le travail du jour, urgent et toujours en retard.
vert, c'est la couleur des tiges de fleurs sur mon balcon, celles que je laisse crever avec une regularite desesperante en oubliant de les arroser - tous les trois mois je dois changer la moitie du bac pour faire partir celle qui sont devenue jaune (voir ci-dessus) - je rappelle que mes deux parents ont la main verte (justement) et aiment les plantes qu'ils rendent heureuses et epanouies ; nous concluons que certaines competences humaines ne se transmettent pas du tout genetiquement. d'autres tatamis, ceux de l'aikido, sont verts, poussiereux eux aussi, comme si c'etait partie integrante du tatami ou (autre hypothese) de l'objet installe a kyoto dont les maisons faites d'un bois qui pourrit plus vite que le temps qu'il ne faut pour apprendre a dire tchuushadjoo (parking), s'envolent dans les airs et penetrent les demeures environnantes. vertes est la montagne de yoshida, avec un peu de rouge de tori shinto. vert le gateau au macha que j'ai peut-etre reussi aujourd'hui apres avoir demande 20 conseils et fait une synthese des diverses reponses.
bleu, virant presque au gris noir sur la montagne ou l'on soupconne la pluie, est le ciel de cet hiver qui vire au printemps pour nous rassurer et nous faire attraper le rhume par negligence. bleu le lac biwa que l'on voit parfois lors d'un pique-nique, la mer a kobe depuis le train, la riviere kamo quand elle est de bonne humeur. bleu les habits des hommes qui font la circulation a l'interieur de l'enceinte de l'universite, legerement rehausses d'un jaune tres lumineux qui les met en valeur sous les phares des voitures. bleu parfois les peluches de totoro mais la mienne est grise. bleue la moquette (preciserais-je poussiereuse ?) du labo, mes sous-vetements quand mon jean neuf deteint encore, des papiers en vrac dans mon sac quand ma cartouche fuit.
orange mon telephone portable, mes chaussures et mon col-echarpe, mais c'est tout car il ne faut pas abuser des bonnes choses.
(on me dit que mon blog manque de couleurs)

mercredi, février 01, 2006

installation 

il y a un an, je parlais de l'installation des forains pour le feu de yoshida qui signale le nouvel an lunaire. comme le nouvel an, par definition, se reproduit avec une periodicite de precisement 12 mois lunaires, nous voici en train d'admirer la reapparition des roulottes des forains. il parait qu'il y a beaucoup a dire sur cette population en peu en marge qui tient la vente de nourriture et de petits objets lors de toutes les fetes populaires des temples. bien sur moi je n'ai rien a dire, comme les yakusa. des fois on en voit, on sent qu'ils se comportent differemment, mais on ne sait pas pourquoi precisement. deja il est difficile de connaitre les regles de comportement, les croyances et les motivations des gens qu'on frequente au quoitidien, alors ceux qu'on voit de loin sont un mystere sans fond. le pire : ca s'applique aussi en france. tragedie de l'incommunication humaine.

hier soir, reception pour les chercheurs etrangers presents a la fac de kyoto. nous bavassons en mangeant sashimi, sushi au rollmops (etrange mais d'une acidite interessante), gigot d'agneau qui fait saliver, rosbif, plats cuisines divers, legumes et fruits. finalement, encore un trait universel qui est revele par les buffets : les humains sont des morfales pret a tout pour prendre le maximum de sashimi en oubliant les autres. je me fais regarder mechamment par des gens quand je prends sept sushi dans mon assiette (que j'ai partages avec mes deux camarades, diminue d'un qu'une bonne femme nous a pique discretement). comme d'habitude la soiree s'arrete brutalement, nous sommes ejectes, nos badges recuperes, portes closes.

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