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jeudi, février 09, 2006

Une épaule humide 

L’humidité est la cause de l’attaque de mon epaule par un fungus (en anglais). celui-ci apprécie poitrine et dos où il s’accroche et se développe, en particulier dans la torpeur humide de l’été japonais, et s’amuse de ma pratique trop sérieuse de l'aïkido qui fait transpirer. c’est un médecin chinois qui me le dit. il dit aussi “je suis chinois c’est pour ça que je parle anglais”. il me montre des photos de mon fungus dans son livre d’horreurs où je le reconnaît très nettement en face d’une langue et d’un pénis atrocement crevassés, après plusieurs pages de membres tuméfiés et bleuis, de rougeurs sanguinolentes, de zébrures noirâtre, de taches jaunes graisseuses. mon fungus a une tête vraiment bénigne au milieu de cette exposition. je sais maintenant pourquoi les médecins ne s’inquiètent que rarement quand ils voient nos affections. pire il y a. tandis que je devise avec ce monsieur en évitant du regard ces images sans grâce, deux autres médecins femmes poussent des cris de surprises étonnée (les mêmes que ceux que l’on entend face à de belles couleurs d’automne dans les temples, mais moins forts) face aux échantillons de mon parasite qui sont sous le microscope. la crème que je reçois peut éventuellement provoquer des démangeaisons et éruptions cutanées étendues. j’aime quand la vie est ainsi imprévisibles, et que plusieurs chemins s’ouvrent devant nos pas.
dans la section ophtalmologie, on teste la vision avec des cercles épais auxquels sont retiré un sixième de leur circonférence. il faut dire si le trou est en haut, en bas, à gauche ou à droite. je préfère ça à des katakana car je me serais une fois de plus ridiculisée à ne savoir les identifier. mes larmes sèchent trop vite, c’est pour ça que j’ai mal. je suis dans une journée banale, où rien n’est grave. à l’entrée du service de dermatologie, un petit autel nous accueille, portant un moumine en peluche, une fleur origami verte, un récipient en bois qui contient du sel ou des épices, des toupies recouvertes de tissu de kyoto, un petit personnage en plastique sorti d’un mange quelconque, posé sur un socle qui indique Coca Cola, dans la calligraphie arrondie habituelle. chez les médecins de l'oeil, un dépliant recommande aux vieux de donner leurs yeux pour des greffes, des étendoirs présentent des géllules qui "préservent", et une bédé. je note en passant que les coupes d'oeil montrent une paupière largement moins largement ouverte que dans les coupes françaises.
A l’institut franco-japonais, on trouve une bande-dessinée où se rencontrent les dessinateurs japonais en mode en france (genre taniguchi) et des dessinateurs français célèbres en france : JAPON. l’initiateur est boilet, une type d’une platitude qui me déprime pas mal (j’ai une allergie à ce type, qui se vante en long et en large de son gaijinisme vulgaire de tokyoite brancheur), mais sinon c’est assez marrant de lire du de crécy, davodeau, guibert ou neaud en japonais. plus dur pour sfar qui nous a fait un grabouillage plus illisible que la plupart de ses pires planches, ce qui ne m’aide pas à comprendre avec l’image, considérant que je chope un mot sur huit dans les bulles. je note en passant que de crécy a eu dans sa chambre d’hotel le même dérouleur de papier que celui qui soutient les rouleaux dans mes toilettes, avec explications de la posture adéquate pour hommes et femmes. j’hésite à voler ce dérouleur pour mémoire et ai déjà étudié son éventuel dévissage, mais peut-être ce dessin qui est si ressemblant me suffira-t-il. je suis restée à le contempler avec délice. le jour où je le croise à “roule ma poule” (si ça existe toujours et s’il est toujours à montpellier) je lui demande si son dérouleur aussi faisait de la musique. le mien me réveille parfois la nuit, avec son déclenchement qui me semble absolument aléatoire. sinon, une page sur le sus-cité éditeur de ce volume marrant : http://www.actuabd.com/article.php3?id_article=2835
sinon j’ai sur mon bureau les trois premiers volumes de XXth century boys, qui vont allégrément remplacer friends en ces temps de fin de cinquième saison qui annonce un changement radical dans ma vie, un sevrage qui va me ramener vers des choses plus saines : de la junk culture, mais au moins en japonais. d’ailleurs, la quasi-totalité de mon interaction avec le service ophtalmo s’est déroulé sans anglais (sauf les histoires d’allergie à des médicaments). je dis ça pour frimer un peu. l’ego est bon pour l’ego.
le matin.
un petit garçon allait à l’école, un livre à la main, absorbé dans sa lecture, son sac jaune sur le dos. dans les six ans. imperturbable.

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