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mardi, mai 30, 2006

changement d'adresse 

je change d'adresse car je change de vie
www.juliettebleueback.blogspot.com

vendredi, mai 19, 2006

couleur des enfants 

ce qui change dans la vie quotidienne, ce sont les détails. ici les enfants sont tous de couleurs différentes, très mélangés, des cheveux plus ou moins frisés et crépus, capables de prendre des coups de soleil ou plus noirs que je ne serai jamais même après 5 bio-transformations par ajout de mélanine artificielle. ils s'entendent bien et rigolent beaucoup. preuve d'intégration, ils chantent (approximation) "nous sommes marseillais, (...) et nous les niquerons". puis commentent doucement "c'est une chanson de supporter". ne nous inquiétons donc plus pour les prochaines générations. inquiétons nous plutôt pour celle de maintenant qui se débrouille à ne pas s'aimer et à s'exclure le droit de cité. comme si le vieux continent (tout comme la vieille ile au bord du pacifique) pouvait encore se permettre une uniformité illusoire. avoir un visa, même quand on a un travail, est délicat. l'accès à certaines formations est réservé aux français. et pendant que nos élites s'enfuient pour toucher de meilleurs salaires aux états-unis ou au japon, on importe celles de pays en difficulté financière. je ne me plains pas, tout ça permettra de voir de vraies révoltes ouvrières.
administration : pour ceux qui veulent faire revenir leurs meubles et affaires de l'étranger. pour être exempté de taxes de douane il faut être resté plus d'un an ailleurs, revenir de façon définitive et être résident ici. c'est simple et non quand on n'a pas de maison.

mercredi, mai 17, 2006

la dénomination 

l'un des bars mythiques et pratiques de marseille se situe à côté de la plaine. il s'agit de chez hassan. c'est un petit bar qui se prête aux discussions enfiévrées et aux commentaires de retours de cinéma, à la frime brancheuse des petits jeunes gominés et à l'honnête sortie de quinquagénaires au teint frais. mélangé donc.
si vous cherchez dans le bottin, vous ne trouverez ni la plaine, ni hassan. car marseille est ainsi faite qu'elle a ses dénominations personnelles, aptes à égarer les visiteurs mal renseignés. certainement toutes les villes sont ainsi perturbantes, mais ici la présence conjointe de pièges à touristes, de circuits pour néo-marseillais (qui sont en général des parisiens mal deguisés), de lieux adaptés aux seuls vrais de souche qui savent se reconnaître entre eux, le tout s'alliant à des travaux et à une hausse des prix des mauvais restaurants, tous ces facteurs économico-sociaux construisent une complexité qui perturberait les plus rapides du ciboulot.
autant au japon les prix étaient toujours vrais. (correspondant à la valeur de l'objet dans le contexte local). autant ici les prix sont toujours faux (dépendant de la trogne de l'acheteur).

lundi, mai 15, 2006

le natto sur internet 

on peut trouver du natto sur internet. c'est un peu étonnant de constater qu'un français se lance dans la fabrication de ce type de produit gluant et apprécié de moins de la moitié de la population nippone, pourtant fort accoutumée à d'étranges textures, pour régaler des petits franchouillards qui préfèrent certainement le cassoulet (je compare la forme du met, pas l'odeur).

http://www.natto-dragon.com/nattotradition.htm
on appréciera l'argumentaire portant sur la santé, pas sur le goût.

ce matin, j'ai traversé noailles pour atteindre la rue de la République, apercevant un bout de port. devant un boucher, j'ai eu la belle vue d'un camion frigorifique grand ouvert, les carcasses pendant devant mon nez ébahi.
hier, au bord de l'eau à la plage du prophète, au milieu des odeurs d'égout, j'ai pu profiter du pasage d'un grand bateau aux larges voiles. j'ai soudain découvert que certains quartiers de marseille sont plus perdus et plus agréables à vivre que d'autres. je parle du roucas blanc. plus agréable que le haut de la canebière (par exemple).
les motos et cyclo sont très dangereux car ils choisissent des passages où leur largeur et celle de l'espace où ils s'engouffrent sont peu différents. souvent, ils portent deux personnes et roulent à grande vitesse. tout le monde ici donne la sensation d'être sans cesse pressé. les vieilles dames un peu folles sont les seules à prendre le temps de parler. les vieux hommes un peu fous chantent dans le métro.

samedi, mai 13, 2006

l'odeur des thuyas 

j'avais oublié l'odeur des thuyas et, pour en profiter, ai arraché sans scrupule un bout de branche, pour l'effriter entre mes doigts. l'odeur ressort plus forte et accompagne longtemps. on peut décrire l'expérience comme un plaisir.
j'ai rencontré ma prof de japonais. elle est jeune et parle bien français. je parle et elle comprend. elle parle et je comprends. tout est très simple et je suis toujours pas mal bloquée. elle s'est fait volé son portable cette semaine, et en un an et demi de vie à marseille, c'est son premier problème. le caca par terre est plus ennuyeux que la violence urbaine. j'approuve.
j'approuve sur tout.
en ce moment.

vendredi, mai 12, 2006

fragilité des tickets 

le ticket rtm n'est pas solide.
(rtm : régie des transports marseillais, une institution qui sait manier la grève avec douceur, subtilité et finesse, et qui inspire au bas peuple un amour pur et une confiance inébranlable en sa fiabilité et sa ponctualité)
quand on met un ticket rtm dans sa poche, et cela est vrai du ticket unique tout autant que de la recharge 12 euros correspondant à dix voyages, il s'écrase et sa bande magnétique devient inopérante. c'est-à-dire : lorsque le consommateur glisse sa feuille dans la fente prévue à cet effet, le portillon grince de récrimination, la lumière rouge clignote d'excitation, le videur-surveillant-chef du chien pousse une gueulante. le ticket est de la taille de quatre billets de métro parisien, guère plus rigide, ce qui le rend particulièrement sensible à la pliure. de plus, contrairement au billet orléanais qui, fut un temps avait la même texture, le décompte du nombre de voyage utilisé ne s'inscrit pas à l'arrière du ticket, ce qui est un peu étonnant et signifie qu'on doit se souvenir de la contenance de sa carte à chaque instant.
comme le consommateur (ici une consommatrice dont nous tenons à conserver l'anonymat du fait de certaines pratiques délictueuses signalées par la suite) a une tête innocente et de bonne famille, elle (changeons de genre en cours de phrase) a le droit de passer sous le portillon (elle ne peut pas passer au dessus car cette consommatrice anonyme a une entorse à la cheville). le cerbère se fâche, gronde et jure que cette mesure d'exception est unique, mais laisse donc passer sur la simple bonne foi "j'ai utilisé seulement quatre voyages ! qu'est-ce que c'est que ces cartes de merde !" (dit la consommatrice qui n'a pas la langue dans sa poche).
suivant le conseil du représentant de l'ordre vitupérant mais compréhensif la consommatrice se rend au poste de vente de la joliette, triste échope contenant une employée, coincée à l'entrée du couloir sordide de la gare de métro joliette. là-bas, la machine plus sophistiquée identifie la valeur de la carte, et cela occasionne un remboursement sous forme de ticket individuels compensateurs. la consommatrice apprend qu'en cas de malversation plus importante sur sa carte, elle aurait eu à attendre 10 jours son remboursement, car la carte aurait dû être traitée dans un centre spécialisé qui est capable de déchiffrer les bandes magnétiques les plus torturées.
du fait de sa malhonnêteté foncière et répréhensible, la consommatrice ne signale pas qu'elle a profité d'un voyage offert depuis le cour julien et gagne un (1) ticket gratuit. soit l'équivalent d'un euro et vingt centimes. soit l'équivalent aujourd'hui de 141,66 yen. la même personne avait en outre évité de signaler, dans un restaurant parisien, l'oubli d'un café sur l'addition. il s'agit ici de montrer, pour ceux qui ont un peu suivi, l'importance du contexte social sur le comportement d'un agent rationnel.

monsieur descola parle à l'ecole des hautes etudes en sciences sociales. il est intéressant d'écouter les penseurs reconnus par le collège de france. on se sent intelligent.

mercredi, mai 10, 2006

ah, une belle femme comme vous, ... 

- on la fait pas attendre,
- on lui tient la porte,
- on lui trouve tout ce qu'elle veut,
- on est obligé d'être gentil - tenez, voici une pomme,
- on croit rêver quand elle sourit,
- on aimerait bien la caresser le soir,
- (alternative) on l'échangerait volontiers contre sa femme,
- on ne peut pas lui dire non,
- ressemble à une actrice.

ici, il est commun de faire des compliments à deux balles à tout ce qui n'a pas de viril attribut. certaines s'en lassent.

mon bureau de poste ayant été attaqué il y a quelques jours j'attends la réouverture au public en allant dans un autre. l'ambiance est à la mauvaise foi pour doubler sans discretion dans la queue. très agressif. une population bigarée, assez peu blanche, qui passe de longs moments au guichet où l'on soupçonne l'importance de la western union dont les publicités ornent les murs. les guichetiers ont l'air à bout. je n'ose pas la blague "ah oui c'est pénible ici, mais vous plaigniez pas vous vous faites pas braquer". ça semble inapproprié.

je préfère les calissons d'aix sans chocolat. le saviez-vous : le calisson d'aix est fait à base de melon.
après la pizza arménienne, je redécouvre l'exquise crèpe aux légumes des boulangers du centre, qui serait plus délicieuse achetée sur les puces mais plus lointaine aussi.

une explication pour un peuple de lecteurs avides de comprendre les états d'âmes, si âme il y a, de juliette bleue. la raison d'une diminution de post : diminution d'accès. en fin de transit, je n'ai pas de ligne à la maison, je rentre en france où le labo n'est pas ouvert chaque jour selon mes désirs les plus fous, le mois de mai et ses fêtes catholiques et patriotiques bloque la porte d'entrée.
et puis, le plus important reste que ce blog a existé avant tout pour le japon. malgré toute la naïveté qui me caractérise, je ne peux pas jouer la découvreuse de marseille lors d'un retour qui suit une fuite pour haine tragique des lieux. même si le merveilleux agit de nouveau, et si les cafards et les rats sont tout à fait substituables pour créer un univers urbain angoissant mais à taille humaine, je ne pense pas être capable d'observations intéressantes ici. alors je continue à bouger les doigts mais le texte s'est fini sans mot "fin", je ne me sens plus liée par un contrat moral de quotidienneté. voilà pour vous, pauvres accros qui allez devoir vous reconvertir, les jours où je disparais, vers le jt de 20 heures sur la 1, source d'information prestigieuse s'il en est et trompeur d'ennui.

mistral 

on redécouvre avec plaisir les particularités du climat local : il fait froid sous le soleil brillant quand le mistral envahit les rues. les braves chaussent lunettes et casques de pompier pour se protéger des chutes de tuiles depuis le fait des toits. à la télévision il y a des batailles de discussion très intellectuelles qui changent des jeunes filles en short tombant dans l'eau glacée des jeux sans frontière nippons. on entend partout des réflexions fines et profondes, on peut faire des blagues aux gens. je continue à ressentir un plaisir violent à l'anonymat - n'être rien de particulier ni de différent, passer inaperçue partout, ne faire sourire que par mes blagues drôles et non par crispation angoissée de machoire, échanger des propos sans conséquence que chacun oubliera. à la capitale, la sensation est moins agréable, et la grossiereté généralisée me choque sans hésiter. cas typique : on me pousse, j'entends un vague "excusez-moi" sur un ton rogue, je dis "vous pouvez pas faire gaffe, non ?", on me répond "hé, ça va, je me suis excusé - contre sens bien sûr puisque personne n'est en droit de s'excuser tout seul. je note avec un certain malaise que cette attitude de vitesse impolie ne se retrouve pas chez les populations noires, qui au contraire passe de longs instants à s'excuser et souriant et en répétant la désolation. je me demande si le climat de haine raciale qui pourrit le coin ne serait pas pour quelque chose dans ce besoin d'être plus poli que nécessaire, éviter tout malentendu. si c'est le cas, nous tomberons d'accord sur le fait que c'est affolant.
j'entends parler de : vol avec violence, vol sans violence mais perpétré par des amis de la famille, disparition d'enfants, assassinat de jeune par des videurs, arnaques, attaques de serveur informatique par des machines à générer automatiquement des mots de passe. au passage, je sauve la planète zlgurb en débranchant le serveur du labo. le climat semble moins harmonieux que de l'autre côté du monde, même si le quotidien n'est pas si agressif qu'on pouvait s'en souvenir en tant qu'exilée volontaire fuyant une oppressante multitude automobile. l'élitisme de nos hommes politiques est relayé à tous les niveaux de la société. par des fonctionnaires qui pensent à leur carrière avant de se préoccuper d'un bien commun qui les dépasse et les dérange. la france est un royaume pourrissant, mais peut-être moins déprimant qu'il ne semble depuis l'extérieur car la discussion quotidienne rend le monde plus joyeux et la pensée plus active. c'est une douche de jouvence intellectuelle que d'entendre chacun avoir un avis. va-t-on éviter la mort du pays ? la suite au prochain numéro.

le saviez-vous ? on trouve, dans la petite boulangerie de la rue de la République (seul mot qui mérite une majuscule dans tout mon blog), celle tenue par les deux vieilles qui proposent une tarte aux pommes sur fond de crème mythique, des calissons d'aix au chocolat. c'est une première pour moi, du jamais vu, un must.
le soleil n'est pas couché et à 19h passé on pense à aller boire l'apéro.
je profite de ma patte folle pour traîner au travail et voir le soleil se coucher, car bientôt les tatami m'appelleront de leur petit cri perçant, d'un genre qu'on ne peut ignorer, à l'instar de celui d'un enfant qui pleure ou d'un chiot qui meure de faim. et quand le cri du tatami se fait entendre, quand le pied valide et sûr se sent prêt à fouler l'herbe fraîche de nos printemps perdus, alors il n'est plus possible de jouir de ce soleil rougissant car c'est tête à l'envers que tous les soirs on roule et boule.

samedi, mai 06, 2006

partie molle 

évoluant sans grâce entre les cratères de travaux, j'arrive chez les radiologues qui hésitent ce jour là à observer mes parties molles (dans la cheville). finalement je n'ai toujours rien, juste mal.
à paris, les rues sont propres, les serveurs dragueurs mais se font facilement prendre à leur propre jeu, la ville ressemble à marseille - tong et short, cacou en vespa - pourquoi marseille se parisianne-t-elle tandis que l'inverse ?
que va-t-il arriver à l'ours ?
je redécouvre avec délice les joies de l'argumentation - arguments parfois foireux que chacun sort de sa poche. les français sont ceux qui parlent au bar, jouent de rhétorique. c'est un art finalement. ôtez-leur et ils s'étiolent, me dit-on.
on me rapporte les dires d'un jeune homme chargé de l'information : "vous avez un plan ? ici on ne parle pas avec les mains". finalement paris ne ressemble pas à marseille, car le snobisme se rencontre à tous les coins de rues.
c'est bon de comprendre ce que les humains disent et de pouvoir leur répondre des blagues.

mardi, mai 02, 2006

à travers mes lunettes de soleil 

sous le soleil du midi, je me dis que, quand même, marseille ressemble un peu à une poubelle à ciel ouvert. je me demande comment on se sent à long terme dans cet environnement. les gens ne sont pas très agressifs, à mon sens, vu ce contexte. je vois un camion qui est truck of the year 2005, il est très beau (j'aime les camions). car en plus des pizzas pourries il y a des trous dans la chaussée.
au déjeuner dans le panier, nous écoutons une longue compilation de pop des années 80 qui me rappelle mes premières boum. l'ancien et le nouveau sont aussi liée inextricablement ici.
bavarde, je n'arrive pas à arrêter d'écrire.
il y a un japonais dans mon labo, ici depuis un mois, visiblement un peu perdu dans ses procédures d'immigration. je le félicite pour son français.

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