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mercredi, août 30, 2006

au fond de la brousse 

dans ce pays sauvage, un jeune français étudiant en anthropologie est venu pour découvrir les moeurs des fermiers du cru. fermiers bio, c'est pour cela que j'ai la chance de le recontrer dans une réunion avec ma collègue yoko. encore une yoko, même sons mais kanji différents.
il vit dans des granges et travaille de cinq du matin à cinq du soir. il ne parle pas japonais, ne sait pas grand chose du japon à part le teikei, vaguement, comme un participant de csa. après deux mois, il s'étonne de se sentir perdu, de vouloir tout abandonner, de ne plus savoir ce qu'il veut qui il est où il va. je ne m'étonne pas. même s'il sait déjà plus de choses que nous tous, citadins protégés par l'intimité de nos appartements privés, il le paie au prix fort.
juste, il adore la bouffe. ça sauve tout.

les sons changent et les insectes sont déjà ceux de l'automne. les semi se font moins vivaces, plus distants, localisés à certains arbres. la chaleur ne change pas car elle ne voit pas pourquoi.

mardi, août 29, 2006

quand les poissons se battent 

dans la mare sud du parc du palais impérial, les poissons sont excités par l'orage, se battent pour avoir priorité sur les moucherons du raz de l'eau. les carpes grosses comme une cuisse tracent des sillons imposants en convergeant vers le centre d'intérêt près du pont, et s'y poussent ou s'évitent au dernier instant dans leurs mouvements précipités. une tortue, sur un rocher, est immobile.
un cours d'aikido sans aikido, où encore un visiteur est séché, se retrouve dans le vestiaire en avance sur tout le monde, cramé dès le deuxième mouvement. est-ce le club qui est un peu vif ou le climat qui écrabouille les nouveaux. ce week-end tout le monde est parti au stage de yasuno, à nagano, pour six heures de pratique quotidienne - lever, armes, petit déjeuner, deux heures de pratique, déjeuner, trois heures, repas. il paraît que pour ces cours-là, il parle beaucoup, et permet une pratique plus calme que pour les cours au hombu dojo, ce que l'on souhaite.
la pluie ne rafraîchit rien.
la fatigue poisseuse endort.

lundi, août 28, 2006

la vieille dame du magasin 

c'est vrai que c'est une sacrée question : comment vivent tous ces gens dans les multiples magasins qui emplissent les villes nippones. on est entourés de magasins d'artisanat très fin et de vieilleries, toujours vides dès qu'ils sont hors des chemins touristiques les plus balisés. et pourtant aujourd'hui encore, la vieille dame d'antiquités de shijo me fait les éventails à 300 plutôt que 400, me fait un cadeau, puis une réduction de 900 yen (un tiers) sur mon total. je suis éberluée. mais elle a l'air si contente de la transaction que je pars réviser mes classiques de la théorie économique, car la rationalité est un mythe fondateur qui me laisse trop souvent tomber. elle me dit de ne pas le répéter, mais a fait ça devant une copine à elle qui pousse des petits cris de surprise. tout le monde est content que je parle un peu japonais, et la vieille dame fait comme si elle me connaissait de longue date (je suis venue une fois).

dimanche, août 27, 2006

きった 

J'apprends bien sûr plus de choses en quinze jours que d'habitude - plus de restau et cerveau plus prêt à recevoir du japonais que quand il était sans cesse immergé. je note que l'on peut traduire brice de nice au japon, car le geste de casse existe, mais l'expression appropriée est kitta - coupé. c'est pile la même chose. l'universalité c'est beau. bien sûr on note aussi que les coucougnettes sont aussi très importantes ici, désignées par きん玉 (le kin étant celui de or, je ne sais pas si c'est 金) donc les boules en or, messieurs n'ayez pas honte de vos parties.
au retour d'osaka, il est minuit, et tout à fait normal de voir un type par terre, une lampe électrique à la main et un carnet de note dans l'autre, regardant dans un trou béant, relevant très certainement un compteur. un dimanche à minuit c'est essentiel.
aujourd'hui rencontre organic, avec entre autres un jeune français qui se promène depuis deux mois dans des fermes japonaises bio pour travailler avec les fermiers et étudier ethnologiquement leur vie. il craque légèrement après cette immersion totale et un peu violente par ce doux mois d'août mais semble avoir appris beaucoup. ce qui est, finalement, le but ultime de l'étudiant, s'pas ?

samedi, août 26, 2006

les moeurs 

on découvre une fois de plus que les moeurs varient. par exemple, ici, le ventre de la femme enceinte est vu comme un lieu assez peu privé ou intime, contrairement à ce qu'il est chez nous. par exemple, personne, même quasi inconnu, n'hésite à caresser ou tapoter ce qui dépasse de l'anatomie, et il arrive même qu'on jette sa tête sur la maison du petit pour écouter les bruits. étonnant. à part les amis proches, ou la famille, je ne pense pas que ce soit commun chez nous.
comme toujours, le tout est de réfréner les mouvements de recul initiaux et de laisser s'exprimer les habitudes des autochtones. en tout cas, ça émeut beaucoup la populace, qui pousse de hauts cris et en parle pendant des heures. ambiance sympa.
je découvre une nouvelle isakaya vers shijo-karasuma, un peu au sud, ichirakuya (一楽家) très bon et agréable, plutôt vide, pas très cher.

jeudi, août 24, 2006

présentation 

après des années du même boulot, je suis toujours à moitié tétanisée pour une présentation sur deux, environ. ce la me rend incapable de profiter des orateurs précédents, et je me consume pendant de longues minutes sur ma chaise, jusqu'au déclenchement des muscles fessiers qui me redressent. puis ouverture de bouche, et en général, relatif succès - les informations passent.
cette fois-ci, je ne parle pas dans le désert. outre des personnes assez proches qui me font des commentaires, un inconnu m'aborde et m'explique qu'il n'a rien écouté après mon discours, car il tentait de faire un modèle que le mien lui a inspiré. son modèle est élégant et sobre, et je suis fière de générer cela. trois personnes intéressées est un record pour une conférence de cette taille, entre personnes peu connues. ça peut semble petit, mais c'est notre destin. jusqu'au prix nobel bien sûr. après on se faire boire les paroles sur les lèvres et on peut raconter toutes les banalités qu'on veut.

mercredi, août 23, 2006

se déguiser 

je m'habille en yukata pour la soirée de banquet de la conférence. plus de vingt personnes viennent me voir pour me féliciter, me complimenter. il suffit donc d'enfourcher l'habit traditionnel pour être soudain belle aux yeux de quantité de gens. assez simple finalement. la nourriture est excellente - un fois de plus recommandons les réceptions à la tour de l'horloge de l'université de kyoto. qu'il soit servi par la coopérative étudiante ou par le restaurant la tour (censément français), on se régale du repas.

lundi, août 21, 2006

maximum zizi 

il existe une chaîne de patisserie dont le nom évocateur me fait - une fois de plus - m'interroger sur les motivations profondes de ceux qui attribuent des noms français aux établissements commerciaux pour leur conférer du chic. il s'agit de zizi. le plus gros magasin de la ville, sur oike dori sud, à deux blocs de teramachi, s'appelle maximum zizi. on peut y déguster le zizi, préparation dont la texture ferme et crémeuse évoque la crème brulée avant son passage au fer. on peut dire que le zizi est très bon. mais que le magasin réussisse ainsi à se prendre au sérieux, j'ai du mal à concevoir.

dimanche, août 20, 2006

うなぎどんぶり丼 

c'est un jour de quête infructueuse. on pourrait en être triste, car c'est l'été, meilleure période pour manger de l'anguille, dans sa petite sauce sucrée, un délice. mais j'arrive une ou deux semaines trop tard, juste après le moment où elle est au goût du jour. les modes culinaires tout comme les modes vestimentaires sont de vie courte. au moins, ici, la saisonnalité a un sens et cela change de notre mode de vie au relief émoussé des grandes villes françaises.
mais me voilà dans l'embarras. tout d'abord dans le grand nord, vers daitokuji, recherche infructueuse. pour se consoler nous trainons, bridget et moi, vers le grand temple dans lequel un restaurant légèrement chic nous accueille. très bon repas dans le jardin, loin d'un air conditionné glacial et sous un risque de pluie qui ne se confirme pas. sept petits plats ronds en laque s'emboitent les uns dans les autres quand ils ont été vidés, apparemment tradition de moine. très mignon et repas aux goûts subtils et variés.
nous découvrons un jardin zen assez particulier, datant des années 60 il évoque une mer en furie et un continent qui se forme, contrastant avec un fond aux longues herbes joyeuses et calmes. un aspect si dynamique dans un jardin zen me surprend. c'est un temple zen chrétien, qui a caché sa foi durant des décennies, et une vierge marie est même enterrée dans ce jardin, cachée au pied d'une croix dessinée au sol. si je comprends bien, un des créateur d'une voie du thé a commis seppuku dans ce lieu. tout cela est bien particulier. bridget se fait inviter par un moine chaleureux à venir boire le thé fin septembre.
nous oscillons le long de petites rivières pour finir sur la kamogawa. c'est toujours l'été brulant. on n'en sort pas, même si ce jour semble doux par rapport à ceux qui l'entourent.
le soir, la quête du unagidon nous mène dans pontocho où les hommes ivres s'écrasent contre les murs ou vomissent sur leurs pieds. tout au bout de la rue, là où le plat est proposé, nous arrivons trop tard, le service finissant à 9 heures. nous mangeons donc un okomiyaki dans un restaurant bruyant et gai d'alcool qui fait osciller. les bords de la kamogawa sont toujours pleins de moustiques et autres animaux qui cherchent le sang. le sommeil ne vient plus, après avoir duré 13 heures la nuit précédente. c'est un bien dur atterissage pour le corps, même si l'âme est en joie.

vendredi, août 18, 2006

le budo center 

toujours aussi majestueux, le budo center n'est pas frais en été et aide la dégoulination de la dizaine de pratiquants qui s'agitent sur le tatami. depuis que je suis partie il y a des nouveaux. il y a des gens que je ne reconnais pas car leur pratique a beaucoup changé. un inconnu américain venu en visiteur s'essouffle et doit s'arrêter plus de trois fois pour boire et se reposer sur le côté. à la fin du cours, il dort dans les vestiaires. il n'y a pas que moi qui me crois dans un sauna. en deux jours je mange des nouilles froides surtout, un des mets introuvables à marseille, hors de prix dans les supermarchés parisiens que j'ai visités. cette nuit est sous le signe du sommeil très joueur, caché dans les replis du petit matin. nous discutons longuement avec la prof d'aikido, et la vie continue.
revenir fait regarder les silhouettes et les mimiques, rire des habitudes des serveurs et vendeurs. il faut aussi conserver vigilance à vélo, même si le monde est infiniment plus doux ici pour les deux roues. on double à droite, à gauche, sur le trottoir, ça peut être fatigant.
après dîner je me promène à travers le gosho et au bord de la rivière, et la pluie passe au dessus de nous sans s'arrêter, attrapant les corps dans son filet, rafraîchissant quelques instants à travers les habits qui sèchent en quelques instants. les semi font toujours leur bruit assourdissant dans la journée. à 4 heures du matin un espèce d'oiseau claquète puis arrête tout bruit. c'est un monde d'été en plein centre ville. mais le soleil se couche toujours à 7 heures et demi, cassant cette sensation d'août qui nous est familière. c'est un monde doux malgré le climat inhospitalier.

jeudi, août 17, 2006

atterir 

le vent n'est pas le même en toutes contrées, et ici, il est chaud et gluant, n'améliorant en rien la situation de poisse des pauvres humains. a la sortie de l'avion on étouffe et presque on regretterait le voyage bien climatisé, malgré les mouvemens erratiques de l'appareil pendant des heures. personne n'a vomi et on se demande pourquoi. dans la rue, je marche longuement, oscillant entre les piétons, observant les magasins, écoutant les conversations, me réjouissant des démarches des promeneurs qui savent tous m'éviter dans leur parcours. les vieux ont toujours des bobs, les jeunes femmes toujours des mini-jupes courtes, les jeunes hommes des coupes de cheveux improbables. je suis de retour et contente de retrouver une ville qui n'est plus la mienne mais n'a pas tant changer. mon téléphone portable me manque dans l'organisation de la vie quotidienne.

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