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vendredi, mai 12, 2006

fragilité des tickets 

le ticket rtm n'est pas solide.
(rtm : régie des transports marseillais, une institution qui sait manier la grève avec douceur, subtilité et finesse, et qui inspire au bas peuple un amour pur et une confiance inébranlable en sa fiabilité et sa ponctualité)
quand on met un ticket rtm dans sa poche, et cela est vrai du ticket unique tout autant que de la recharge 12 euros correspondant à dix voyages, il s'écrase et sa bande magnétique devient inopérante. c'est-à-dire : lorsque le consommateur glisse sa feuille dans la fente prévue à cet effet, le portillon grince de récrimination, la lumière rouge clignote d'excitation, le videur-surveillant-chef du chien pousse une gueulante. le ticket est de la taille de quatre billets de métro parisien, guère plus rigide, ce qui le rend particulièrement sensible à la pliure. de plus, contrairement au billet orléanais qui, fut un temps avait la même texture, le décompte du nombre de voyage utilisé ne s'inscrit pas à l'arrière du ticket, ce qui est un peu étonnant et signifie qu'on doit se souvenir de la contenance de sa carte à chaque instant.
comme le consommateur (ici une consommatrice dont nous tenons à conserver l'anonymat du fait de certaines pratiques délictueuses signalées par la suite) a une tête innocente et de bonne famille, elle (changeons de genre en cours de phrase) a le droit de passer sous le portillon (elle ne peut pas passer au dessus car cette consommatrice anonyme a une entorse à la cheville). le cerbère se fâche, gronde et jure que cette mesure d'exception est unique, mais laisse donc passer sur la simple bonne foi "j'ai utilisé seulement quatre voyages ! qu'est-ce que c'est que ces cartes de merde !" (dit la consommatrice qui n'a pas la langue dans sa poche).
suivant le conseil du représentant de l'ordre vitupérant mais compréhensif la consommatrice se rend au poste de vente de la joliette, triste échope contenant une employée, coincée à l'entrée du couloir sordide de la gare de métro joliette. là-bas, la machine plus sophistiquée identifie la valeur de la carte, et cela occasionne un remboursement sous forme de ticket individuels compensateurs. la consommatrice apprend qu'en cas de malversation plus importante sur sa carte, elle aurait eu à attendre 10 jours son remboursement, car la carte aurait dû être traitée dans un centre spécialisé qui est capable de déchiffrer les bandes magnétiques les plus torturées.
du fait de sa malhonnêteté foncière et répréhensible, la consommatrice ne signale pas qu'elle a profité d'un voyage offert depuis le cour julien et gagne un (1) ticket gratuit. soit l'équivalent d'un euro et vingt centimes. soit l'équivalent aujourd'hui de 141,66 yen. la même personne avait en outre évité de signaler, dans un restaurant parisien, l'oubli d'un café sur l'addition. il s'agit ici de montrer, pour ceux qui ont un peu suivi, l'importance du contexte social sur le comportement d'un agent rationnel.

monsieur descola parle à l'ecole des hautes etudes en sciences sociales. il est intéressant d'écouter les penseurs reconnus par le collège de france. on se sent intelligent.

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