vendredi, décembre 09, 2005
nudite
il y a plusieurs types de nudite. la plus visible en ce moment est celle des arbres, qui entraine l'apparition de nombreux expirateurs et la multiplication des sacs plastiques gonflés à la feuille colorée. j'attends le jour où le "moment juste" jettera dans les rues des tas d'humains de bonne volonté, pliés au niveau des hanches, collectant la matiere vegetale en debut de putréfaction. ai-je déjà dit que la bonne volonté et son expression généralisée est ce que je préfère dans ce pays ? après le natto.
l'autre nudité, qui plait plus aux goût moyen que celle des arbres décharnés, c'est celle des danseurs et danseuses contemporains. une chose est sûre à propos des danseurs, c'est que parmi les felés que comptent le milieu du spectacle, ils peuvent aisément être vus comme les plus barrés. imaginons : exprimer tous les sentiments de façon visible, sur une scène, avec un décor, quelques ustensiles, un corps. c'est assez limité et force à toutes les exagérations. d'où une tendance à se jeter à terre ou contre les murs, à se battre contre des objets, à faire jouer la musique fort, à faire des acrobaties et pousser des cris multiplement évocateurs. d'où la nudité répétée qui présente l'avantage de montrer beaucoup de détails. ainsi, à l'instar du lutteur de sumo, le danseur japonais est en petite tenue, privilégiant le slip blanc ou couleur chair. contrairement au lutteur de sumo, le danseur japonais se pose de façon publique beaucoup de questions sur son identité, sa sexualité, sa vie quotidienne. comme le lutteur de sumo il connait bien la télé, mais plutôt parce qu'elle lui vole de l'argent plutôt que parce qu'elle lui en rapporte en douche de billets ; il est très souple, capable d'accéleration comme de moment lent, de concentration, apprécie les ovations. comme un arbre, il est parfois droit et raide, immobile. contrairement aux arbres et aux lutteurs de sumo, il est assez peu populaire et attire difficilement 120 spectateurs dans une soirée. il faut dire qu'il lui manque ces rondeurs subtiles et cette agressivité de vainqueur qui fait du lutteur de sumo un animal que les autres bêtes de la ville associent à la position de chef. même s'il est bien habillé, coiffé à la dernière mode et occasionnellement snob, le danseur conserve cet air de clown triste et maigrichon qui renvoie l'humain à ses angoisses existentielles.
or si l'humain a acheté une télé, ce n'est pas parce qu'il aime affronter les angoisses existentielles.
les danseurs que je vais voir assez régulièrement ont choisi comme terrier la salle de danse du kansai, appelée danse box et dont j'ai déjà parlé, surtout parce que sa location incroyable me fascine : au dessus d'une salle de catch et au sein d'un parc d'attraction minimal encastré entre un quartier de restaurant de poissons un peu populaire et des lignes de métro aérien, que j'ai toujours visité parfaitement fermé, éteint et vide hormis quelques fantômes qui le traversent aussi hâtivement que moi pour se payer un moss burger ou attrapper une glace italienne en sirotant un café.
hier dans le spectacle, j'étais filmeuse officielle de ma copine pendant les répétitions costumes. j'avais donc droit de dire bonjour à tout le monde et à être installée devant pour avoir un bon angle. parfois on se sent privilégié. j'ai donc vu les filles manger leurs spaghettis noires horriblement effrayantes avant tout le monde. à la fin de la journée, elles ont fait trois repas d'une texture atroce et d'une couleur dégouttante, filmées par une caméra infrarouge qui renvoyait sur un grand écran noir et blanc leurs têtes de chien-loups effayés habillés en danseuses sexy petits lapins, des boules de papier maché caché dans les collants, formant des varices artificielles et énormes.
ma pote les a qualifiées d'"expérimentales".
l'autre nudité, qui plait plus aux goût moyen que celle des arbres décharnés, c'est celle des danseurs et danseuses contemporains. une chose est sûre à propos des danseurs, c'est que parmi les felés que comptent le milieu du spectacle, ils peuvent aisément être vus comme les plus barrés. imaginons : exprimer tous les sentiments de façon visible, sur une scène, avec un décor, quelques ustensiles, un corps. c'est assez limité et force à toutes les exagérations. d'où une tendance à se jeter à terre ou contre les murs, à se battre contre des objets, à faire jouer la musique fort, à faire des acrobaties et pousser des cris multiplement évocateurs. d'où la nudité répétée qui présente l'avantage de montrer beaucoup de détails. ainsi, à l'instar du lutteur de sumo, le danseur japonais est en petite tenue, privilégiant le slip blanc ou couleur chair. contrairement au lutteur de sumo, le danseur japonais se pose de façon publique beaucoup de questions sur son identité, sa sexualité, sa vie quotidienne. comme le lutteur de sumo il connait bien la télé, mais plutôt parce qu'elle lui vole de l'argent plutôt que parce qu'elle lui en rapporte en douche de billets ; il est très souple, capable d'accéleration comme de moment lent, de concentration, apprécie les ovations. comme un arbre, il est parfois droit et raide, immobile. contrairement aux arbres et aux lutteurs de sumo, il est assez peu populaire et attire difficilement 120 spectateurs dans une soirée. il faut dire qu'il lui manque ces rondeurs subtiles et cette agressivité de vainqueur qui fait du lutteur de sumo un animal que les autres bêtes de la ville associent à la position de chef. même s'il est bien habillé, coiffé à la dernière mode et occasionnellement snob, le danseur conserve cet air de clown triste et maigrichon qui renvoie l'humain à ses angoisses existentielles.
or si l'humain a acheté une télé, ce n'est pas parce qu'il aime affronter les angoisses existentielles.
les danseurs que je vais voir assez régulièrement ont choisi comme terrier la salle de danse du kansai, appelée danse box et dont j'ai déjà parlé, surtout parce que sa location incroyable me fascine : au dessus d'une salle de catch et au sein d'un parc d'attraction minimal encastré entre un quartier de restaurant de poissons un peu populaire et des lignes de métro aérien, que j'ai toujours visité parfaitement fermé, éteint et vide hormis quelques fantômes qui le traversent aussi hâtivement que moi pour se payer un moss burger ou attrapper une glace italienne en sirotant un café.
hier dans le spectacle, j'étais filmeuse officielle de ma copine pendant les répétitions costumes. j'avais donc droit de dire bonjour à tout le monde et à être installée devant pour avoir un bon angle. parfois on se sent privilégié. j'ai donc vu les filles manger leurs spaghettis noires horriblement effrayantes avant tout le monde. à la fin de la journée, elles ont fait trois repas d'une texture atroce et d'une couleur dégouttante, filmées par une caméra infrarouge qui renvoyait sur un grand écran noir et blanc leurs têtes de chien-loups effayés habillés en danseuses sexy petits lapins, des boules de papier maché caché dans les collants, formant des varices artificielles et énormes.
ma pote les a qualifiées d'"expérimentales".
Comments:
Enregistrer un commentaire