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samedi, décembre 03, 2005

I was born an angel and died an elephant 

j'entends dire que mes perpetuelles descriptions de la vie locale, visite de temple et admiration de cris face aux erables, suivi d'aikido, monotonise le lecteur assidu. il est si difficile de plaire a ce lecteur qui ne se rend pas compte que le redacteur ne peut quand meme pas passer son temps a avoir des idees gaies et droles qui sortent de son quotidien somme toute un peu repetitif. avoir froid aux pieds et manger de la soupe, tout le monde sait faire ca sur terre en hiver.

la television japonaise. elle apparait legerement dans lost in translation ce qui permet a tout un chacun de decouvrir son fonctionnement. c'est un lieu d'hysterie absolue (different du dehors sauf dans quand le dehors est bourre ou enerve contre ses subordonnes) où tout le monde est beau et bien habillé ou bien ridicule (comme dehors) et ou on parle beaucoup, souvent, et avec beaucoup d'enthousiasme de nourriture (comme partout). en deux jours, à chaque fois que je l'allume je vois quelqu'un qui croque dans quelque chose et s'écrit oishii la bouche pleine, les yeux équarquillés d'un étonnement que je pense légèrement travaillé. je constate que les publicités contiennent un bon cinquième de gaijin blancs. surement nous faisons vendre. ici aussi la femme recure les toilettes et gère les taches sur les habits ou les lingettes pour nettoyage du sol. les pubs de voitures sont un peu moins phalliques il me semble (c'est pas difficile) et tout est très très gai, on sourit et on sautille sans cesse. les films sont coupés après moins de dix minutes de développement, sans préparation, et je passe de voldemore a une sautillante jeune femme en tee-shirt vert et pantalon moulant blanc. j'ai parfois du mal a comprendre que la pub est finie et que c'est l'émission qui a reprit, les codes me sont encore etrangers. au football les gros plans prennent encore plus les expressions des joueurs, tristes ou rageurs, tout comme on voyait en gros plan les sumo pleurer.
sumo. j'ai vraiment bien aimé et il me reste encore une cassette. sauf ceux dont le ventre fait des vagues quand ils se secouent, qui sont vraiment trop laids. sauf ceux a l'air mechants qui ne font que mettrent des baffes en restant en arriere et profitant de leurs longs bras qui sont vraiment trop lâches. mais les sumo a l'air honnêtes et direct... j'ai déjà essayé de copier une super technique pour embéter manu à l'aikido et, sous le coup de la surprise, ça a un peu marché. le gentil sumo (il devient le gentil s'il fait cette feinte-là car elle me plait) est en déséquilibre soudain, l'autre a réussi à le reverser avec la hanche, on ne donne pas cher de sa victoire, il est entraîné. soudain, la jambe trouve un point d'appui, parfois juste à la limite autorisée, se bloquant contre le petit rebord, elle est tendu et bien ferme et soudain, il se réapproprie son partenaire en descendant un peu et le chopant sur sa propre hanche, signe qu'il n'est jamais parti bien loin de son centre, et c'est sa jambe qui lui sert de pivot. ce renversement de situation m'emplit de béatitude. je n'oserai prétendre que j'ai fait précisément ça, mais sur un ikio je me suis replacée un peu avec intention de prise de centre du grand manu, il en faut peu dans la journée pour me mettre de bonne humeur.
les emotions des rikishi. le lutteur de 150 kilo pleure devant les cameras. c'est normal ici, on n'est pas chez les latins et le machisme n'a pas besoin de cacher ses larmes. il pleure quand il a perdu, il pleure quand il coupe les cheveux de son ami (si on coupe les cheveux en public lors d'une cérémonie à un lutteur, c'est qu'il s'arrête de se battre), il pleure quand il gagne un combat qui est son dernier de tout l'année et il a a tout gagné. dans les films aussi, les hommes pleurent, abondamment, en faisant du bruit et s'écrasant au sol. ils font des têtes souvent exagérées pour signifier joie ou énervement, comme le ferait des acteurs de noh, tandis que moins souvent dans la vie réelle (plutôt que de réalité je ferais mieux de parler de matérialité, car la télévision est réelle pour sûr).
filmer le sumo. il n'y a rien de très palpitant à faire face à du sumo quand on est un réalisateur. on peut se mettre très près des visages, c'est sûrement toujours intéressants car la tête d'un abruti agressif ou d'un type hyper concentré est toujours une belle image. on peut faire des plans larges pour montrer que la foule est dense (mais je n'ai pas encore noté ce travers si apprécié des réalisateurs de foot), on peut se concentrer sur l'arbitre qui a mis des habits de frimeur pour être regardé (chapeau haut et kimono très coloré pour ne pas qu'on le confonde avec une fraise des bois) mais encore une fois, il semble un élément du décor. le combat lui-même est filmé du même angle quasiment tout du long, avec le même champ - il faut dire que l'espace est petit et c'est donc facile de tout voir d'un seul regard. c'est seulement pendant les ralentis que les autres angles de vue nous sont offerts. hors du combat on a droit à la montée sur le ring (on dit le dohyo) des deux gars qui jettent je ne sais quoi sur le sol (je devrais regarder sur http://www.sumofr.net/ mais jai la flemme) et qu'on voit de face avec leur air de pas content. finalement, mon moment préféré numéro deux, c'est le départ des lutteurs, que l'on voit saluer, descendre et que la caméra suit de dos tandis qu'ils passent à travers la foule. c'est sublime ce monstre qui fend la foule amassée et maigrichonne. je me permets un vocable un peu cru, car j'ai du respect pour ces humains qui se constituent en monstresuosité dans une tradition millénaire. manu me rappelle que les types que je contemple ont 22 ou 25 ans (ils sont impossibles à dater, mais vieux) et que quand ils ont 40 ans, soit ils sont morts, soit ils sont abandonnés par leur superbe femme top model attirée initialement par l'argent, parce que (il cite) "il ne peut même pas se torcher tout seul" (sûrement elle dit ça à la télé, lieu de toutes les confidences intimes). c'est un certain destin, et on imagine bien qu'il est principalement réservé à des pauvres qui montent ainsi en statut, avec un coût assez hallucinant - on se croirait à la boxe avec les noirs américains, c'est gai.
et ce soir, je vais aller voir harry potter avec ma copine yola, parce que j'ai vu la fin du précédent (au milieu des filles qui font du stretching comme j'ai dit précédemment) et que l'acteur principal était interviewé après pour faire de la retape. trop forts les arguments du gadjo.

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