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samedi, octobre 22, 2005

feu ! 

C’est sûr que parfois on se pose légitimement des questions. A toutes les fêtes plus ou moins traditionnelles on voit des fesses à l’air. Pour le Taito c’était à l’origine l’argument traditionnel pour que toutes les femelles européennes se saisissent fissa de billets. A la fête du feu à Kurama, ce fut une demi-surprise. Mais finalement si on ne nous sort pas de jolis costumes de samouraïs et des kimonos, la fête traditionnelle amène les hommes à des exploits physiques et des dénuements gaillards. Face à ces attributs sociaux systématiques qui s’éloignent radicalement d’un quotidien aux codes plus sérieux, on est en droit de s’interroger. Que disent les ethnologues sur le sujet ?
Le déguisement, en la circonstance et plus précisément, est une forme de pagne å petites lanières de cuir sur le devant, posée par-dessus le traditionnel (ai-je déjà dit hideux ou ridicule ?) slip de type sumos qui rentre dans la raie des fesses, des chaussures de paille, une demi-chemise à charmantes décorations sur le bras gauche tandis qu’épaule et bras droits sont dénudés. Parfois, ils portent par dessus une robe de chambre - beaucoup moins de tissu qu’un kimono ou un yukata, plus proche du vêtement qui protège nos boxeurs de leurs vestiaires au ring et retour. Le but des hommes en moyenne jeunes mais parfois franchement grand-père est d’allumer puis porter une grosse torche fabriquée avec amour par la famille pendant plusieurs semaines auparavant - plusieurs pouvant sûrement être un grand nombre. Il y a devant chaque maison, à une hauteur d’environ un mètre, un foyer de pin agréablement odorant, dont la combustion démarrée à l’essence pollue un peu l’atmosphère avant d’honorer les narines. Les enfants en habits de tradition, robe de chambre rouge et bandeau dans les cheveux, des clochettes tintant au moindre mouvement, viennent se piquer les yeux à la fumée en jouant avec les braises ou de petits branches. Ce foyer sert à allumer les grosses torches qu’au moins quatre hommes déplacent en chantant le long de l’unique rue, avec plus ou moins d’aisance. Certains dansent d’un pas altier en se dandinant et en écrasant au passage quelques photographes venus en masse hystérique.
Toutes les familles pour l’occasion ont ouvert la pièce avant de la maison pour montrer aux passants les trésors familiaux. Ce terme de “trésor” m’a tout d’abord beaucoup intriguée lorsque que je me décidais à monter dans le train bondé dans la direction de la montagne, où m’attendait a priori un temps encore plus froid que dans la vallée. Il s’agit en général d’un paravent décoré somptueux devant lequel on pose un vase visiblement travaillé avec soin selon une des traditions d’ikebana (je ne sais pas bien comment formuler cette phrase, ignorante que je suis de cet art et de ses enseignements). Parfois la branche vivante il y a peu rencontre le décor et s’y fond, et malgré les policiers alentours qui nous tassent, la respiration devient aisée face à la finesse matérialisée. Des armures de samouraï, des cordes utilisées il y a cent ans dans d’autres matsuri et maniées par des femmes qui souhaitent une grossesse heureuse, des épées, de vieux meubles, et un original qui nous montre sa Ford T encore immatriculée et vigoureusement sur les routes il y a 4 ans. Je suis prête à m’attacher à ce vieux à l’air triste qui chante de la country dans un groupe et exhibe deux voitures - une mini et sa ford - des vieilles radio et deux inénarrables croûtes à l’huile à l’air bien de chez nous. Il dit avoir fait la fête dans sa jeunesse mais avoir arrêté, et sa maison fait partie des quelques bicoques où il n’y a ni homme dans la fleur de l’âge ni petit-enfant pour porter un flambeau miniature, aidé par sa mère, son père ou son grand-frère qui chantonne les deux phrases que j’ai déjà oubliée pour donner le rythme. L’ambiance, avant que le bonhomme en blanc ne remonte en psalmodiant jusqu’aux dernières maisons, sa torche à la main pour signaler à 18h le début des festivités, est très proche d’un Noël, et donc sûrement très triste sans petit à déguiser - plus joliment qu’un adulte.
En ce soir de chaleur et d’attroupement dangereux, la nourriture pour les esprits est le gimgembre et le daiko (notre brave navet, qui ici se mange avec les soba ou en tsukemono, dit pickles). De nombreux baquets d’eau s’espacent le long de la rue qui mène au seul onsen de kyoto, et nous nous demandons à quelle fréquence s’enflamment ces vêtement léger en contact quasi-permanent avec le brasier. Les maisons sont de bois, très spacieuses et visiblement rénovées. Nous sommes en quartier riche et qui évite au maximum l’installation de nouveaux arrivants (je n’ai pas de détail sur les procédure d’exclusion).
Dans le train de retour nous tombons sur des connards, et tandis que nous évoquons les circonstances diverses où l’on en rencontre au japon, en s’étonnant du manque de logique de ces individus, leur fille qui comprend l’anglais, à deux doigts de la crise de nerfs, nous demande d’arrêter. Nous sommes désolés pour elle. Les parents ne se changent pas et elle a l’air plus que consciente du problème.
Le froid est bien installé. Nous avons vaincu les cafards qui se terrent en agonisant dans les frimas. Je sais qu’ils nous battent face a la bombe atomique, mais elle vient dieu merci moins souvent que l’hiver.

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