vendredi, novembre 19, 2004
Il existe des choses cool dans la vie. Par exemple, la télécommande du chauffage qu’on peut actionner depuis son lit et qui prépare la sortie, voire le siège des toilettes qui chauffe gentiment pour que ce soit agréable de s’asseoir ( j’ai toujours détesté les sièges froids…. pensons à ma mère qui me raconte son enfance avec du papier journal comme pq, vraiment !!!!) Cette nuit je me suis réveille a des horaires indus, une fois de plus, pour constater qu’un monstre avait voler mes chaussons des toilettes pendant que je dormais. Finalement, une fois mes esprits retrouvés, j’ai constaté que j’avais moi même laissé ces pantoufles au milieu de la pièce principale (rappel : il y a une pièce, une kitchenette dans l’entrée, un chiotte, une salle de bains, un grand placard dans la pièce, un balcon qui porte la machine à laver. Tous les appartements sont comme ça, à ce que j’en comprends…). Or donc, j’ai encore une fois fait une erreur de quotidien, en oubliant qu il y a des chaussons pour la maison, des chaussons pour les toilettes. Au dojo de la fac, c’est pareil : quand on entre dans les chiottes, des tong vous attendent pour aller commissionner. Des tongs communes. C est comme les bains communs, d un point de vue tout est hyper propre ici, d’un autre point de vue c’est pas cool de tout partager. Comme quoi la propreté… J ai réfléchi un peu à mon histoire de cours de japonais. Ici j’aurais tendance à trouver tout un peu humiliant, mais je dois paranoier. Je dois me souvenir qu’à chaque début de cours il y a 1/4 d’heure de test sur les connaissances du cours précédent, c’est la règle. [Une note par rapport a la norme. Dans le cours de japonais, on m’enseigne “rule” et tous les exemples sont des interdits. La règle est l’interdiction de choses - c’est pareil chez nous ? un sujet de réflexion…. ] Je ne sais pas si tout leur enseignement est comme ça, mais clairement on ne peut pas trop ronfler près du radiateur pour ne réviser qu’une semaine avant les exams. Ca me plairait pas trop. Même si on s’habitue a tout. Hier je suis allée dans un magasin a 100 yens (75 centimes d euros, redite) et j’ai malencontreusement fait tombe une petite cafetière. J’étais assez contente, pour plusieurs raisons : déjà casser quelque choses, ça fait exister, ça donne l’impression de maîtriser un peu la matière et donc la vie, ça me change des derniers jours ; ensuite, j ai attiré l’attention, même si le processus de ramassage s’est déroulé sans moi et que je restais transparente, le bruit a nettement fait levé le nez des autres clients qui m’ ont REGARDEE (si si) ; enfin au delà de ces considérations de dépressive j’étais contente de savoir comment ça allait se gérer, ce genre d’écart a la norme, si on me ferait payer, si on aurait l’air mécontent…(j’ai le sens du suspense ethnologique). la dernière fois que j’ai expérimenté ce type d’aventure, c est en pologne, ou j’ai fait tomber un pot de confiture de pruneaux (comme je regrette maintenant ce pot, au pays du riz à tous les repas !!!), et j’avais payé tout de suite le pot avant de continuer mes courses, c’était apparemment la règle. J’imagine qu’aux Etats-Unis ils s’excuse en ayant peur d’un procès pour risque de blessure… Bref. Alors je montre que je veux payer, on m amène au comptoir. La chef de rayon (plus vieille, plus chef) a ramassé la cafetière bodum sous la forme de petits morceaux de verre et bouts de plastique et a tout remis dans la boite, qu’elle pose bien refermée sur le comptoir. Je trouve ça étrange, mais c’est bon pour mon ethnologie. Je signale que j’achète encore des trucs, reviens avec un cahier, vais pour payer ; une autre nana est derrière le comptoir, tous mes objets sont là, je signale à la fille que je ne vais pas prendre celle qui est cassée, je vais la payer (je montre mon argent) mais pas la prendre, c’est peut-être pas la peine (j’avoue que mon esthétique logique s’outrage, à ce point-là). Alors la fille la met à la poubelle et me la fait pas payer. Je suis assez étonnée, ainsi qu une autre employée qui a été témoin de toute la scène mais n intervient pas pour insister. Bref, je ressors en ayant cassé sans payer et sans faire exprès. Je suis grillée auprès de la fille et peut-être la chef. Ce que dit maki (et que j’avais vaguement remarqué) c’est que de toute façon, je ne retrouverai pas la même vendeuse une prochaine fois, ça change de façon aléatoire (quoiqu’à force d’aller a la banque, le monsieur qui accueille en criant bonjour commençait à me faire des sourires). Ayant une impunité presque certaine, ma honte non ressentie ne sera pas plus présente la prochaine fois – c’est pas comme ça que je vais devenir japonaise. Je me sens vaguement de bonne foi, et perdue dans la mélasse communicationnelle… Frustration : pas d’aïkido. Pas d’aïkido parce que Samedi il y a démo, alors au lieu des cours ils font entraînement libre pour répéter. Le concept est un peu étrange pour moi : supprimer deux cours pour passer son temps à bavasser sur le tatami, tout ça pour un show devant les autre étudiants. J’observe l’entraînement et je les trouve soudain très chorégraphiques. Quelques uns m’inspirent l’envie de pratiquer, certains se défoulent sur des débutants, d’autres sont très beaux et très fluides, mais un peu à se regarder le nombril. Le jeune prof (très très jeune) a de la gueule. Deux d’entre eux m’ont reconnue de la dernière fois où j’avais pratiqué là et font un sourire encourageant. Je viendrai voir la démo comme on m’a proposé et je reviendrai au cours la semaine prochaine. Ne pas voir de jugement dans mes remarques, la déception de ne pas pratiquer m’a fait acheter de la bière, le soir, il est donc normal que je sois un peu langue de pute à les trouver frimeurs. De toute façon, en france, l’autre fédé considère déjà qu on est des frimeurs dansant, mais a la pratique, je sais qu’ils ont tort a priori. Donc : patience et attente de savoir ce qu’il y a derrière les belles attitudes d’un club où la familiarité tend à l’endogamie. En général, je suis obligée d’être sur-interprétative. C’est mal, mais je manque de choix. Je dois narrer pour ne pas oublier les choses qui touchent et sont visibles. Déjà, je ne m’étonne plus quand les feux verts font cui cui pour me dire de traverse, je trouve normal que la lampe du plafond puisse se régler en trois intensités grâce à un petit fil, je n’entends même plus les vendeurs parler sans arrêt (de nouveau une remarque juste de maki), je ne remarque plus que les taxis s’arrêtent pour laisser passer mon vélo (!!!!). Les courses deviennent plus simples à force d’avoir goûté les choses, vivement que je sache faire la miso. Je note que l’exotisme européen est représenté pas UN plat : la spaghettis Bolognese. Il y a plein d huile d olive, de parmesan, de pâtes surtout spaghettis et de sauce toute prête. Cette que j’ai mangées le premier jour étaient très bonnes. Vu (et encore interprété en fonction de ce qu on nous dit de ce pays) : un magasin Lawson éclairé, vers 8h le soir, les étagères totalement vides (c’est un convenience store, ouvert 24 sur 24 je crois), avec 5 employés en uniforme et en rang d’oignons devant un type derrière le comptoir en train de leur parler. Je m’arrête sous la pluie en faisant semblant de remettre en place mon parapluie pour assister à ce que je prends pour une engueulade d’employés au moment de la fermeture du magasin. Ou alors juste expliquer qu’ils sont virés, peut-être pas de culpabilisation supplémentaire. en tout cas l’atmosphère est lourde derrière la vitre. Je ne reste pas longtemps.
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