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jeudi, décembre 30, 2004

on me dit que le japon est le pays de la politesse et un oiseau me cague dessus. pile sur la joue, depuis bien haut, tandis que ma joue est glacee au bord de la riviere, et ca fait mal comme une petite gifle. la politesse, je n'y crois plus.

je trouve qu'il ne fait pas tres froid dans mon appartement, mais hier soir il faisait 10 et ce matin, a 5 h quand je me levais pour partir au marche de gros, il faisait 9 (si le thermometre de mon chauffage a toyu marche bien). je ne sens pas un froid effrayant, meme si je suis subjectivement beaucoup mieux sous la couette, mais je suppose que le corps sait que c'est plus froid que ce qu'il aime. c'est difficile de se lever quand il fait tres nuit. mais se lever quand il fait en plus froid, ca releve de l'exploit surhumain, quand on a des raisons de mon type - "aller regarder a quoi ressemble ce marche".
si le marche de gros est le "ventre de la ville" (meme si c'est un peu stupide puisque c'est plutot son assiette, mais c'est vrai que l'aspcet confine dans des grands hangars avec une agitation perpetuelle evoque bien le ventre en pleine digestion), alors Kyoto a un bien plus gros appetit que Marseille. L'espace sous lequel le marche se deroule est immense, certainement plus grand que celui de marseille en surface, et surtout beaucoup plus dense. Les machines pour transporter les palettes sont presque toutes electriques, portant un conducteur et beaucoup plus jolies que celles que l'on voit chez nous. plus maniables et rapides aussi, filant d'un bout a l'autre du marche, parfois a vide, evitant de justesse le pieton ou le velo qui passe. A certains carrefour, il y a une ronde de ces machines, arrivant a toute vitesse, se laissant la priorite au dernier moment, se melangeant a de vraies camionettes ou camion, avec, au milieu du traffic infernal, un espece de policier de pacotille avec un sifflet et un baton rouge clignotant, completement ridicule comme seuls les responsables de la circulation savent l'etre ici. une classe incroyable que de savoir montrer avec serieux une direction a des gens quand ils n'ont pas le choix. peut-etre croient-ils etre impressionnant et inciter a aller plus vite ? j'ai bien sur filme les machines et le bonhomme avec delectation.
dans le marche, il y a deux grands sous-espaces, l'un est pour le poisson, l'autre pour les fruits et legumes. je suis venue pour voir les encheres, mais je ne les ai pas trouvees, alors j'ai regarde les stands. le poissons est souvent pre-emballe, ou alors il est decoupe par des jeunes gens souriants aux cheveux decolores dans une arriere-allee, le sang coule a flot. bien sur, les manutentionnaires sont encore plus beaux que les jeunes gens dans la rue, dit la bourgeoise aux fantasmes peu originaux sur les proletaires. j'ai trouve des bouts de poissons pour sushi deja tout decoupes, certainement vendus aux restaurants qui font du sushi un peu cheap. j'ai reussi a observer quelques negociations, que j'ai reperees parce qu'elles ressemblent beaucoup a celles que l'on voit sur le marche des arnavaux. l'acheteur interpelle le vendeur, lui designe le produit, et emet des sons du type "et pour ca, tu me fais quel prix ?" puis le vendeur s'approche, regarde, lui dit. visiblement l'acheteur n'etait pas tres content mais ne se sentait pas vraiment en position de force, il a regarde d'un air petit, puis pas tres content mais sans revolte vers le produit, tres silencieux, il a montre un autre et a parle, l'autre lui a repondu. c'etait des reponses sans agressivite mais fermes et calmes. ca ne laissait pas trop de place a la discussion, a mon sentiment. il y avait l'hesitation, comme s'il n'avait pas envie de partir, mais que vraiment le prix n'allait pas non plus. j'imagine au vu du dialogue et de l'interpellation initiale, qu'ils se connaissent. mais tout ca, c'est sur les connaissances marseillaises que je base ca, et j'imagine que les modes de communication ne me sont pas si lisible.
etonnement : du cote fruits et legumes c'est vraiment tres tres calme, alors qu'on est a deux jours du premier de l'an, ou tout le monde fete en famille en s'en mettant plein le ventre. soit tout passe par des supermarches et c'est ailleurs que les echanges ont lieu, soit je n'etais vraiment pas au bon endroit (et pourtant, deja, c'etait grand).
il y a une magie de moins, car la plupart des produits ne sont pas exposes, ils sont dans leurs caisses, fermees. par contre les petits poeles a toyu servent a chauffer des bouilloire ou meme cuire des patates douces que des gens se partageaient en rigolant. les boxes sont tres petits et reunissent des petits groupes de manutentionnaires, vendeurs, acheteurs. il y a plus de femmes que sur le marche de marseille. autour du marche il y a des magasins de materiel de cuisine pour restaurant ou collectivite, des couverts, assiettes et empaquetages en plastique, des patisseries "occidentales" genre croissants et brioches pasquier, un bar et un restaurant. quand je repars, un type me sourit et me dit hello, je m'arrete. il dit " you do sighseeing". je reponds "kenkyuin desu" et je montre que je regarde. il dit "kenkyu-in. mmm. what do you study ?" "economics" "which university?" "kyoto university" "oooo. very clever". la kyoto university evoque toujours l'intelligence et fait sourire les gens en grand, comme donnan plus confiance encore. "be careful if you go around, people are going mad, here", et c'est vrai que pour survivre au milieu des machines roulantes dans tous les sens, il faut une certaine vigilance.
je jette un dernier coup d'oeil aux immeubles voisins, plein de gens qui ont droit a ce bordel au petit matin. une ville comme ca avec le marche de gros en plein centre, ca laisse reveur. je comprends assez bien les politiques de delocalisation dans les villes francaises.
partout, et deja quand j'ai quitte la maison a 5h45, les magasins qui cuisent le riz et font des gateaux blancs a la pate de riz emettent une vapeur tres blanche avec des odeurs de... riz cuit, vous aviez devine. ce sont les gateaux omnipresents pour le premier de l'an, avec une vague forme de cloche retournee et qu'on est cense laisser sur un meuble pour passer le premier de l'an. c'est pour les dieux, bien sur. on peut manger ces gateaux apres le premier, mais je ne sais pas quoi en faire et ils me semblent mi-cuit. trouver une japonaise qui m'explique (ne pas compter sur les japonais pour la bouffe).

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