mercredi, janvier 05, 2005
poupoum pidou
encore une journee ou j'ai peu a dire.
alors un petit tour culturel. une chose importante, c'est la grande valeur des fruits ici, qui servent a faire des dons. tout texte sur les dons au japon est bienvenu, j'en trouve finalement peu on the oueb et voudrais bien approfondir. alors que je suis face a une des economies les plus florissantes du moment, non capitaliste et completement ancree dans le primitivisme de la circulation de dons (primitivisme, si l'on en croit les penseurs economiques contemporains), qui y participe tres visiblement - en plus !!! - a la floraison de cette economie florissante (ca va on suit ?). j'ai trouve trois textes en langue etrangere sur le sujet (j'ose imaginer que les japonais savent de quoi il s'agit, et encore... je ne sais pas dans quelle mesure ils posent ce type de questions...). ou alors plein de description de situation chez les ethnologues qui racontent leur terrain et la grammaire du don, super elaboree. on nous parle de l'art floral, de l'art calligraphique, de l'art de l'origami, mais je suis sur qu'on peut avoir des dans dans l'art de choisir le bon don au bon moment. notez qu'on a eu ca en europe aussi fut un temps, les petits traites d'etiquette. certaines personnes gagnent encore leur vie avec ca autour des grands de ce monde et de notre petit president.
donc la grande valeur des fruits. un type de melon tres precis au dessin tres beau apparemment, coute hors de prix. seulement quelques grossistes specialises - genre deux ou trois sur kyoto - le vendent au marche. c'est un melon tellement cadeau incroyable, que si vous etes a l'hopital et que quelqu'un vous l'offre, c'est un mauvais signe, ca veut dire que c'est bientot la fin. j'ai bien aime l'anecdote :(
ce type de fruit n'a pas une grande incidence sur l'economie quotidienne, ceci dit. heureusement, aussi.
voila, c'est tout.
quoique. je profite du retour des collegues pour me re-amuser un peu. ils m'aident un peu avoir avoir de nouveau des occupations en contact populationnaire.
car n'ayant que peu acces a l'intimite, laissons le temps au temps, et faisons des paris sur les emotions cachees derriere les visages. ce qui etant approximatif est forcement hilarant. ce matin un coup de fil avec un gentil collegue inconnu pour savoir ou trouver un medecin du genou deplace un peu qui parle anglais.
oui je sais je me fais tout le temps mal, vous avez des remarques plus originales ?
donc au telephone le jeune homme a d'abord eu des reponses positives mais il etait encore en attente de reponses definitives, puis il y a eu des doutes, puis ca allait mieux, puis c'etait foutu. j'ai note que la fin de la conversation etait du meme accabit que quand on telephone aux mairies de quartier a marseille "ah ben non c'est pas ici qu'il faut appeler. clac". genre contente d'etre debarassee, la cagole.
donc j'arrivais a peu pres a suivre, mais parfois il etait assez enthousiaste, alors que la nouvelle etait du cote du non. je me fais donc encore avoir.
a l'hopital, pareil, le type a tout fait parfait, sourire, content, c'est vraiment une bonne idee d'etre venu nous voir, m'a fait remplir le papier, m'a fait attendre, puis au bout d'un quart d'heure ou tout allait jusque la tres tres bien, il m'a explique de toute facon les consultations etaient finies depuis 11 heures et pour le genou, c'est vendredi matin, voila. alors j'ai demande une personne qui m'explique en anglais plus preciment et il m'a amenee a une collegue.
la, il lui a explique mon cas pendant longtemps. longtemps. longtemps. enfin, plus longtemps que toutes les discussions qu'on avait eues plus le coup de fil de renseignement moins le remplissage de la fiche. pendant toute la periode ou il lui expliquait, je pouvais meme pas regarder ailleurs parce que la fille faisait sans cesse des petits gestes pour me signifier que j'etais incluse dans la conversation et qu'a chaque instant elle pouvait se mettre a me traduire. vigilance. presence non feinte exigee. ensuite le type est parti et la fille m'a tout reexplique en anglais, enfin elle a redit ce que je savais. apres j'ai pu lui demander des precisions. si je veux voir un chirurgien orthopediste non specialiste, je peux venir demain, si je veux que pour le genou vendredi. bon, je verrai. elle parlait tres tres bien anglais. tres gentille.
l'experience globale n'etait pas desagreable, parce que si vous voyiez le hall de l'hopital et la zone de paiement, c'est plus sympa que la moyenne des centres commerciaux en france, on viendrait bien y rencontrer des copains.
je retiens neanmoins : vivement qu'il n'y ait plus besoin d'intermediaire, qu'est-ce qu'ils parlent longtemps pour dire un petit truc, il faut vraiment tout le temps montrer qu'on ecoute la conversation - en general on fait mmm mmmm hai hai mmmm au choix. les deux derniers points ne sont pas franchement desagreable non plus, c'est pas mal de bien tout formuler. il semble que ce soit lie a la grande ambiguite de cette langue. elle est tres tres minimaliste. avec des "il s'agit de", "a tel moment", "a tel endroit", "avec le chandelier", pas de difference futur passe - disons que les langues europeennes sont tres redondantes (du style "deux chats", on met un "s" alors qu'on savait deja qu'il y en avait un nombre superieur a 1), donc c'est pas elegant, mais ca permet de savoir precisement qui fait quoi. tandis qu'en japonais on saura tres precisement quel est l'etat de pensee du locuteur et de la personne dont on parle, etc, mais moins bien ce qui se passe. les sentiments avant tout. c'est etrange ce pays ou on valorise a fond l'expression verbale subtile des sentiments, on trouve tout a fait normal que les gens en ressentent plein plein tout le temps et on le valorise meme, mais ou on interdit leur expression. sauf bourre. l'alcool plus belle invention de l'humanite.
en fait je suis contente d'etre ici parce que quand les gens me diront :les japonais sont comme ci ou comme ca, je dirais "ah oui, tu trouves ?"
comme ca, je dirai.
parce que je saurai plus de choses qu'avant.
parce que les japonais sont dans mon bureau, dans mon immeuble et dans ma rue. ils sont partout, ils me sourient et m'evitent sur le trottoir, me regardent, ont envie de me parler ou me meprisent, me vendent un pain ou un bout de riz, me pretent un livre a la bibliotheque et reglent mon telephone portable. les japonais sont partout. avec quelques chinois et deux trois indiens qui trainent. les japonais ont des tee-shirt ecrit en mauvais francais ou en mauvais anglais, des beau bonnets et chapeaux pendant cet hiver, des jeans, des bottines si ce sont des japonaises, ils aiment les gateaux qui ont des tetes de gateaux de mariage europeens et des petites boules de riz, les crepes, les glaces, les spaghettis bolognese, les sushis, les sashimis, le poisson grille et les okonomiyaki. les japonais vont en boite et dansent sur de la musique de merde ou vont en boite et dansent sur de la bonne musique. apres, a la sortie, bourres a pas marcher droit, les japonais me proposent d'aller tirer un coup dans la voiture au parking. quand les filles parlent, elles parlent une langue qui est differente de celle des garcons et les garcons les prennent pour des truffes. les cheveux des japonais ne sont jamais vraiment blonds clairs, mais ils peuvent prendre plein de couleurs de l'auburn au blond fonce, je les soupconne neanmoins d'abimer leurs cheveux avec des produits pour qu'ils ne soient pas noirs. ceci dit ils ont une sacree masse qui est assez belle et fofolle. certains garcons japonais ont des dread locks et ca c'est une honte parce que c'est tellement joli que c'est troublant.
bref, les japonais sont assez diversifies finalement.
je ne sais pas tres bien comment ils sont.
par contre ils ne parlent pas comme moi.
je dirais que je ne tire pas grand chose de plus du voyage.
par contre, la nouvelle thematique c'est pourquoi ecrire alors que finalement on ne raconte que des banalites incompletes qui se contredisent et affligent toute personne douee d'un peu de bon sens. car on pourrait croire qu'ecrire c'est vouloir comprendre. mais en fait, ecrire aide a mieux saisir, a mieux percevoir, a plus justement sentir (pour des esprits echauffes comme le mien). ne pas expliquer, meme si expliquer et narrer ont ca de commun qu'ils se font avec des mots. juste derouler sur une surface qui dure ce qui n'existe sinon que dans l'instant et qu'on oublie finalement trop vite. les sentiments, c'est volatil.
sur voyager, je ne suis pas sure. sur ecrire, j'ai moins de doute. sur lire, chacun est juge de sa propre pratique.
alors un petit tour culturel. une chose importante, c'est la grande valeur des fruits ici, qui servent a faire des dons. tout texte sur les dons au japon est bienvenu, j'en trouve finalement peu on the oueb et voudrais bien approfondir. alors que je suis face a une des economies les plus florissantes du moment, non capitaliste et completement ancree dans le primitivisme de la circulation de dons (primitivisme, si l'on en croit les penseurs economiques contemporains), qui y participe tres visiblement - en plus !!! - a la floraison de cette economie florissante (ca va on suit ?). j'ai trouve trois textes en langue etrangere sur le sujet (j'ose imaginer que les japonais savent de quoi il s'agit, et encore... je ne sais pas dans quelle mesure ils posent ce type de questions...). ou alors plein de description de situation chez les ethnologues qui racontent leur terrain et la grammaire du don, super elaboree. on nous parle de l'art floral, de l'art calligraphique, de l'art de l'origami, mais je suis sur qu'on peut avoir des dans dans l'art de choisir le bon don au bon moment. notez qu'on a eu ca en europe aussi fut un temps, les petits traites d'etiquette. certaines personnes gagnent encore leur vie avec ca autour des grands de ce monde et de notre petit president.
donc la grande valeur des fruits. un type de melon tres precis au dessin tres beau apparemment, coute hors de prix. seulement quelques grossistes specialises - genre deux ou trois sur kyoto - le vendent au marche. c'est un melon tellement cadeau incroyable, que si vous etes a l'hopital et que quelqu'un vous l'offre, c'est un mauvais signe, ca veut dire que c'est bientot la fin. j'ai bien aime l'anecdote :(
ce type de fruit n'a pas une grande incidence sur l'economie quotidienne, ceci dit. heureusement, aussi.
voila, c'est tout.
quoique. je profite du retour des collegues pour me re-amuser un peu. ils m'aident un peu avoir avoir de nouveau des occupations en contact populationnaire.
car n'ayant que peu acces a l'intimite, laissons le temps au temps, et faisons des paris sur les emotions cachees derriere les visages. ce qui etant approximatif est forcement hilarant. ce matin un coup de fil avec un gentil collegue inconnu pour savoir ou trouver un medecin du genou deplace un peu qui parle anglais.
oui je sais je me fais tout le temps mal, vous avez des remarques plus originales ?
donc au telephone le jeune homme a d'abord eu des reponses positives mais il etait encore en attente de reponses definitives, puis il y a eu des doutes, puis ca allait mieux, puis c'etait foutu. j'ai note que la fin de la conversation etait du meme accabit que quand on telephone aux mairies de quartier a marseille "ah ben non c'est pas ici qu'il faut appeler. clac". genre contente d'etre debarassee, la cagole.
donc j'arrivais a peu pres a suivre, mais parfois il etait assez enthousiaste, alors que la nouvelle etait du cote du non. je me fais donc encore avoir.
a l'hopital, pareil, le type a tout fait parfait, sourire, content, c'est vraiment une bonne idee d'etre venu nous voir, m'a fait remplir le papier, m'a fait attendre, puis au bout d'un quart d'heure ou tout allait jusque la tres tres bien, il m'a explique de toute facon les consultations etaient finies depuis 11 heures et pour le genou, c'est vendredi matin, voila. alors j'ai demande une personne qui m'explique en anglais plus preciment et il m'a amenee a une collegue.
la, il lui a explique mon cas pendant longtemps. longtemps. longtemps. enfin, plus longtemps que toutes les discussions qu'on avait eues plus le coup de fil de renseignement moins le remplissage de la fiche. pendant toute la periode ou il lui expliquait, je pouvais meme pas regarder ailleurs parce que la fille faisait sans cesse des petits gestes pour me signifier que j'etais incluse dans la conversation et qu'a chaque instant elle pouvait se mettre a me traduire. vigilance. presence non feinte exigee. ensuite le type est parti et la fille m'a tout reexplique en anglais, enfin elle a redit ce que je savais. apres j'ai pu lui demander des precisions. si je veux voir un chirurgien orthopediste non specialiste, je peux venir demain, si je veux que pour le genou vendredi. bon, je verrai. elle parlait tres tres bien anglais. tres gentille.
l'experience globale n'etait pas desagreable, parce que si vous voyiez le hall de l'hopital et la zone de paiement, c'est plus sympa que la moyenne des centres commerciaux en france, on viendrait bien y rencontrer des copains.
je retiens neanmoins : vivement qu'il n'y ait plus besoin d'intermediaire, qu'est-ce qu'ils parlent longtemps pour dire un petit truc, il faut vraiment tout le temps montrer qu'on ecoute la conversation - en general on fait mmm mmmm hai hai mmmm au choix. les deux derniers points ne sont pas franchement desagreable non plus, c'est pas mal de bien tout formuler. il semble que ce soit lie a la grande ambiguite de cette langue. elle est tres tres minimaliste. avec des "il s'agit de", "a tel moment", "a tel endroit", "avec le chandelier", pas de difference futur passe - disons que les langues europeennes sont tres redondantes (du style "deux chats", on met un "s" alors qu'on savait deja qu'il y en avait un nombre superieur a 1), donc c'est pas elegant, mais ca permet de savoir precisement qui fait quoi. tandis qu'en japonais on saura tres precisement quel est l'etat de pensee du locuteur et de la personne dont on parle, etc, mais moins bien ce qui se passe. les sentiments avant tout. c'est etrange ce pays ou on valorise a fond l'expression verbale subtile des sentiments, on trouve tout a fait normal que les gens en ressentent plein plein tout le temps et on le valorise meme, mais ou on interdit leur expression. sauf bourre. l'alcool plus belle invention de l'humanite.
en fait je suis contente d'etre ici parce que quand les gens me diront :les japonais sont comme ci ou comme ca, je dirais "ah oui, tu trouves ?"
comme ca, je dirai.
parce que je saurai plus de choses qu'avant.
parce que les japonais sont dans mon bureau, dans mon immeuble et dans ma rue. ils sont partout, ils me sourient et m'evitent sur le trottoir, me regardent, ont envie de me parler ou me meprisent, me vendent un pain ou un bout de riz, me pretent un livre a la bibliotheque et reglent mon telephone portable. les japonais sont partout. avec quelques chinois et deux trois indiens qui trainent. les japonais ont des tee-shirt ecrit en mauvais francais ou en mauvais anglais, des beau bonnets et chapeaux pendant cet hiver, des jeans, des bottines si ce sont des japonaises, ils aiment les gateaux qui ont des tetes de gateaux de mariage europeens et des petites boules de riz, les crepes, les glaces, les spaghettis bolognese, les sushis, les sashimis, le poisson grille et les okonomiyaki. les japonais vont en boite et dansent sur de la musique de merde ou vont en boite et dansent sur de la bonne musique. apres, a la sortie, bourres a pas marcher droit, les japonais me proposent d'aller tirer un coup dans la voiture au parking. quand les filles parlent, elles parlent une langue qui est differente de celle des garcons et les garcons les prennent pour des truffes. les cheveux des japonais ne sont jamais vraiment blonds clairs, mais ils peuvent prendre plein de couleurs de l'auburn au blond fonce, je les soupconne neanmoins d'abimer leurs cheveux avec des produits pour qu'ils ne soient pas noirs. ceci dit ils ont une sacree masse qui est assez belle et fofolle. certains garcons japonais ont des dread locks et ca c'est une honte parce que c'est tellement joli que c'est troublant.
bref, les japonais sont assez diversifies finalement.
je ne sais pas tres bien comment ils sont.
par contre ils ne parlent pas comme moi.
je dirais que je ne tire pas grand chose de plus du voyage.
par contre, la nouvelle thematique c'est pourquoi ecrire alors que finalement on ne raconte que des banalites incompletes qui se contredisent et affligent toute personne douee d'un peu de bon sens. car on pourrait croire qu'ecrire c'est vouloir comprendre. mais en fait, ecrire aide a mieux saisir, a mieux percevoir, a plus justement sentir (pour des esprits echauffes comme le mien). ne pas expliquer, meme si expliquer et narrer ont ca de commun qu'ils se font avec des mots. juste derouler sur une surface qui dure ce qui n'existe sinon que dans l'instant et qu'on oublie finalement trop vite. les sentiments, c'est volatil.
sur voyager, je ne suis pas sure. sur ecrire, j'ai moins de doute. sur lire, chacun est juge de sa propre pratique.
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