mardi, mars 08, 2005
paris s'eveille
bilan de cette journee de la femme 2005 : nous n'avons pas encore pris le pouvoir pour transformer radicalement les rapports humains dans la societe, rendre plus doux le commerce, supprimer la valeur positive associee au pouvoir d'un individu sur un autre, transformer les regles du mariage pour le rendre plus souple (moins heterosexuel monogame a but procreatif), reduire la frustration sexuelle moyenne des pays indistrialise et la violence subsequente. la poesie continue a etre enseignee de facon autoritaire dans la plupart des colleges et lycees en france, les petits japonais peuvent encore faire des bizutages qui entrainent le suicide sans etre inquietes, george bush se fait reelire, et les femmes se comportent autant comme des connasses que les mecs.
tout va donc bien dans le meilleur des mondes et je ne vois pas pourquoi ca changerait.
bonjour paris qui commence sa journee.
nous avons ici la visite de mon ancien directeur de these, officieux, Francois Bousquet, un genie discret.
c'est mardi et je pense que c'est pas encore aujourd'hui que le savoir va avancer grace a moi. moi, je faineantise en lisant les journaux francais et des blods en bd tres "bd francaise contemporaine"
http://www.zanorg.com/frantico/index.php?max=2
j'ai le droit car ce week-end, j'ai un peu travaille.
apres une reunion a yokohama ou j'ai presente devant un parterre de vieux serieux en cravate qui ne font pas du tout la meme recherche que moi et n'ont donc produit aucune question, je suis partie vers fukushima, d'ou j'ai blogge joyeusement la trouvaille sous la neige de la gender equality house, ou les enfants de la ville viennent faire du sport d'interieur et lire les livres. c'est la que je me suis documente serieusement sur les livres pour les moins de 3 ans.
le matin suivant (abandon des lecteurs) j'ai trouve le lieu de ma reunion d'agriculteurs biologiques que j'etais venu espionner (qui etait au rez-de-chaussee du batiment ou je logeais). en attendant le discours inaugural du prefet de fukushima, je suis allee me promener trois heures dans la neige pour detruire mes jolies chaussures a la mode et mouiller mes pieds d'angineuse pour la journee (strategie japonaise : faire comme si on n'avait pas mal et se faire encore plus mal).
puis la conference a commence. tous les interlocuteurs du depart parlaient un vague anglais. je m'excusais d'etre la sans parler japonais, mais on m'avait conseille de venir faire des contacts. au bout d'un certain temps, un monsieur est arrive.
ce monsieur est Hashimoto Shinji, un des principaux responsables de l'association que je rencontrais la, qui a fait des voyages lors des conferences de AMAP en france, et qui a ete traducteur pour Jose Bove quand il est venu au japon. tres sympa. de plus en plus sympa au fur et a mesure qu'on a discute arts martiaux et manga. Il est agriculteur biologique depuis 17 ans, revenu du bresil ou ses parents ont migre pendant une periode (au japon, ceux qui sont parti au bresil ont un peu de mal a se remettre dans la societe normale, a ce que j'ai compris), apres la fac, il a commence son activite. avant, il etait 100% teikei. maintenant, il fait aussi du commerce normal et accepte la certification. je vais expliquer ce point. apres il m'a lachee, alors je n'ai rien compris pendant un bon moment. voyant que je me faisais royalement chier, un type m'a presente un autre monsieur, responsable des relations internationales. puis un professeur d'universite est passe, puis un type qui revient de 12 ans d'ong au bangladesh pour le developpement de l'agriculture organique, puis j'ai commence a rencontrer des jeunes qui parlaient anglais (aussi dans les ong mais aux philippines), puis une etudiante coreenne qui va commencer sa these, puis une prof de fac qui forme ses etudiants a l'organique et fait beaucoup d'education sur le sujet a tokyo. finalement, a la fin j'avais plein de copains. c'est le debut qui est un peu dur. quand on ne connait personne ET quand on ne comprend rien aux discussions officielles. mon japonais a un peu progresse dans la comprehension, je repondais bon aux gens qui me posaient des questions a la fin (d'ou je viens, qui je suis, comment je m'appelle...).
les problemes contemporains de l'agriculture organique au japon.
l'agriculture organique s'est beaucoup developpe dans les annees 70 sous l'impulsion de consommateurs des villes. premiers problemes alimentaires serieux avec des empoissonnement et leurs diverses catastrophes industrielles au mercure et autres. prise de conscience que le gouvernement ne fait rien pour le bien etre des gens mais obeit a des lobbies. decouverte aussi que les traites de fin de guerre poussent le japon a accepter des importations de produits americains en grande quantite, qui se revele croissante, sans garantie sur la qualite. probleme de destructuration des campagnes ou les agriculteurs se font exploiter la moitie de l'annee dans des boulots de merde, apres avoir ameliore leur equipement en suivant les conseils gouvernementaux. jamais une aide versee par le gouvernement national (un contexte donc bien different de chez nous).
alors les consommateurs du centre ville, plutot aises, menes par des femmes a la maison haute education, se sont mis a subventionner directement les campagne.
je suppose qu'ils ne voudraient pas l'appeler comme ca, mais leur systeme de teikei ressemble a une subvention spontannee et distribuee. avec quelques moments ou la reciprocite rend l'analyse un chouilla plus complexe. j'y viendrai.
les groupements de consommateurs, c'est en general quelque chose de tres repandu au japon, plus sous forme reellement asociative avec participation active des membres. on se groupe pour avoir tel ou tel produit, pour pallier aux manques du systeme marchand habituel. donc dans l'histoire du biologique, les femmes se sont mises a discuter, se plaindre de la qualite, s'inquieter pour leurs enfants. elles se sont rassemblees et sont parties a la campagne trouver un gentil paysan qui commencait a etre greve de dettes et a devoir vendre son ame en ville. elles ont propose : vous vous convertissez a l'organique pour nous donner du bon miam miam et on discute de ce que vous plantez et on vous paie tous les mois contre ce que vous pouvez nous fournir. certains ont dit oui, et le teikei est ne.
dans certains cas, les trois premieres annees, les prix n'ont pas ete negocie, une caisse de solidarite a ete collectee pour les cas de coup dur, les paniers sont arrives de plus en plus surement et bien rempli vers les villes. au bout de quelques temps, il y a eu renegociation des prix. tous les 6 mois, les produits plantes sont discutes. un jour il y a eu, pres de kobe, des grands gels pas au bon moment, et les consommateurs ont payes pendant quelques semaines sans rien recevoir en echange. une fois en ete, il n'y avait pas de produits, mais toujours les consommateurs payaient pour que leur agriculteur vive et leur donne a manger de la bonne nourriture.
de la, le systeme s'est repandu, le reseau cree a servi de noyau a des resistance ponctuelles contre des projets d'amenagement (en particulier des golfs). c'est dans ce type de contexte de resistance qu'est nee l'idee de planter des arbres possedes en collectivites, qui sont impossibles a arracher pendant 7 ans grace a la culture shinto (et les permis de construire etant de 5 ans, c'est bien). il y a un certain nombre d'articles sur le sujet, mais en anglais, si ca interesse.
donc ca ressemble a de la subvention faite par les intellos du centre ville. en outre, les intellos allaient "aider" les agroculteurs, restaient parfois un week-end par mois sur la ferme pour apprendre a preparer les produits. les enfants allaient courir dans les pres ou ceux des paysans venaient respirer les gax d'echappement. on etait en plein annees 70-80, ca gazait a fond la collaboration entre l'urbain et le rural, l'echange de savoir et de biens sans se preoccuper des prix.
la ou la subvention n'est pas si nette est qu'a l'occasion, la reciprocite a ete accomplie plus que largement. lors du grand tremblement de terre de Kobe, ceux qui etaient en galere monstre en ville, ont vu arriver des colis des gens qu'ils avaient aide lors des grands froids, et ont meme ete nourris par des gens de plus loin, des amis de "leur" fermier. cette anecdote, meme si elle est unique, montre que la question est celle de la creation d'un lien fort, hors proximite geographique ou d'activite.
je note en passant qu'il est tres commun au japon d'avoir un ami agriculteur qui vous envoie du bon riz en cadeau. puisque les cadeaux de bouffe sont si importants.
je note aussi en passant (il faut passer) que les agriculteurs japonais ont des mains normales pour des europeens. car les japonais ont de petites mains toutes fines et jolies comme des mains de filles delicates, en general. donc pa de grosses paluches meme chez ceux de la terre.
la discussion du moment chez les agriculteurs biologiques : teikei ou certification ? apparemment, JOAA, Japanese Organic Agriculture Association, a perdu un grand nombre de membre il y a quelques annees (depuis 5) quand le gouvernement a commence a imposer les normes et certifications. pour l'instant, ils ont 60 organismes de certification de l'agriculture biologique, la plupart pas completement independant d'association de producteurs ou de groupements militants. le gouvernement tente de faire une unification des criteres et une clarification du systeme.
en face, les agriculteurs se plaignent de ne pas etre assez lisibles et de ne pas pouvoir faire assez de pub, seduire les consommateurs.
en parallele, ils ne veulent pas de l'unicite de la certification, et meme certains (les radicaux, qui ont quitte joaa) refusent tout net la certification du gouvernement.
soyons logiques : pour developper un marche de masse, si on n'a pas de reconnaissance qualite assez nette et precise (aoc et compagnie), on ne voit pas comment ca pourrait marcher.
reponse des agriculteurs zet consommateurs - on ne veut pas du marche, on veut du teikei, avec respect de la relation humaine et pas de marche (a ceux-la, pour poser des questions, il a fallu que j'explique d'abord que mes parents etaient communistes, excusez-moi les parents pour le leger detournement). ceux-la n'aident pas beaucoup a la diffusion de l'agroculture biologique et du teikei car ils sont vieux, et quand es jeunes veulent entrer dans des groupes deja constituer, ils les saoulent assez vite de principe. on n'est plus dans une epoque ou ca marche assez, ca.
deuxieme argument, plus technique et dont je ne peux pas du tout verifier la validite : la certification proposee par le gouvernement n'est pas adaptee a la production japonaise. les modeles de production autorises sont importes des etats-unis, ou la notion d'agriculture integree ne peut pas fonctionner comme au japon. ca, je suis perdue.
troisieme argument au refus : deja la norme etait pas terrible, mais la nouvelle norme va simplifier l'importation de produits organiques pour les grandes chaines. jusqu'a maintenant, l'import doit se faire en provenance de pays ou des normes existent et les produits doivent suivre ces normes. maintenant, la norme iso 65 est appliquee de facon independante des classifications des pays. certitude : pour l'instant les petits agriculteurs bio qui pour l'instant sont les seuls a tenir le marche (ou presque que les seuls) vont voir debarquer du chinois douteux qui aura des super tampon a l'entree et vont se faire balayer. enfin, ils vont se retrouver salary man la moitie de l'annee, manipule par les yakusa.
argument sur la quantite d'emmerde de la certification : les papiers a remplir sont impossible pour les vieux (le japon aime produire de l'administratif, je me sens a la maison) et les surveillances des bureaux sont completement a l'ouest - genre tous les deux mois il y a un enqueteur qui fait perdre une journee a la ferme, chouetto.
enfin, le Hashimoto Shinji qui s'est lui-meme mis a la certification dit que les competences en terme de verification sont quasi nulles (meme pour les inspecteurs emmerdants) en ce qui concerne les processus de production. seule la tracabilite des produits est assuree. pas le manque d'input pas bon.
il faut dire que meme moi, en ecoutant et en lisant des histoires de production, je me suis permis de poser des questions sur la reelle immunite des pratiques et on m'a concede qui oui, des fois la notion d'organique est limite. exemple il y a un systeme de recuperation de dechets des citadins, pour utiliser comme compost sur les cultures bio - ca me semblait aberrant puisque les citadins ne consomment pas que du bio - et donc le compost n'est pas plein que de bonnes choses. mais tout cela est complique.
bref, les personnes qui ont le plus les pieds sur terre la dedans se mettent surtout au network selling (qui ressemble beaucoup plus a ce qu'on a en france) - ils ont des amis a qui ils proposent leurs produits, avec une demande reguliere plus ou moins sous la forme d'un package ou d'une reponse a une demande ciblee - ils livrent les produits une fois par semaine - il n'y a pas d'engagement a long terme des consommateurs (pour le teikei c'est un an). bref, on retombe dans un marche, plutot sympathique, mais ou la negociation sur le type de produits plantes est moins vive. donc suivant hirschman, la voice est moins importante, et l'exit redevient le mode majeur de modification des relations. c'est pas cool pour mon boulot, ca, que le teikei disparaisse, c'est vrai qu'il y avait vraiment un mode d'organisation de la distribution alternatif au marche et interessant theoriquement. je sais le cynisme de l'universitaire n'a pas de borne quand il observe les petits humains bouger devant ses yeux.
desolee pour le manque de clarte aussi, c'est premier jet.
tout va donc bien dans le meilleur des mondes et je ne vois pas pourquoi ca changerait.
bonjour paris qui commence sa journee.
nous avons ici la visite de mon ancien directeur de these, officieux, Francois Bousquet, un genie discret.
c'est mardi et je pense que c'est pas encore aujourd'hui que le savoir va avancer grace a moi. moi, je faineantise en lisant les journaux francais et des blods en bd tres "bd francaise contemporaine"
http://www.zanorg.com/frantico/index.php?max=2
j'ai le droit car ce week-end, j'ai un peu travaille.
apres une reunion a yokohama ou j'ai presente devant un parterre de vieux serieux en cravate qui ne font pas du tout la meme recherche que moi et n'ont donc produit aucune question, je suis partie vers fukushima, d'ou j'ai blogge joyeusement la trouvaille sous la neige de la gender equality house, ou les enfants de la ville viennent faire du sport d'interieur et lire les livres. c'est la que je me suis documente serieusement sur les livres pour les moins de 3 ans.
le matin suivant (abandon des lecteurs) j'ai trouve le lieu de ma reunion d'agriculteurs biologiques que j'etais venu espionner (qui etait au rez-de-chaussee du batiment ou je logeais). en attendant le discours inaugural du prefet de fukushima, je suis allee me promener trois heures dans la neige pour detruire mes jolies chaussures a la mode et mouiller mes pieds d'angineuse pour la journee (strategie japonaise : faire comme si on n'avait pas mal et se faire encore plus mal).
puis la conference a commence. tous les interlocuteurs du depart parlaient un vague anglais. je m'excusais d'etre la sans parler japonais, mais on m'avait conseille de venir faire des contacts. au bout d'un certain temps, un monsieur est arrive.
ce monsieur est Hashimoto Shinji, un des principaux responsables de l'association que je rencontrais la, qui a fait des voyages lors des conferences de AMAP en france, et qui a ete traducteur pour Jose Bove quand il est venu au japon. tres sympa. de plus en plus sympa au fur et a mesure qu'on a discute arts martiaux et manga. Il est agriculteur biologique depuis 17 ans, revenu du bresil ou ses parents ont migre pendant une periode (au japon, ceux qui sont parti au bresil ont un peu de mal a se remettre dans la societe normale, a ce que j'ai compris), apres la fac, il a commence son activite. avant, il etait 100% teikei. maintenant, il fait aussi du commerce normal et accepte la certification. je vais expliquer ce point. apres il m'a lachee, alors je n'ai rien compris pendant un bon moment. voyant que je me faisais royalement chier, un type m'a presente un autre monsieur, responsable des relations internationales. puis un professeur d'universite est passe, puis un type qui revient de 12 ans d'ong au bangladesh pour le developpement de l'agriculture organique, puis j'ai commence a rencontrer des jeunes qui parlaient anglais (aussi dans les ong mais aux philippines), puis une etudiante coreenne qui va commencer sa these, puis une prof de fac qui forme ses etudiants a l'organique et fait beaucoup d'education sur le sujet a tokyo. finalement, a la fin j'avais plein de copains. c'est le debut qui est un peu dur. quand on ne connait personne ET quand on ne comprend rien aux discussions officielles. mon japonais a un peu progresse dans la comprehension, je repondais bon aux gens qui me posaient des questions a la fin (d'ou je viens, qui je suis, comment je m'appelle...).
les problemes contemporains de l'agriculture organique au japon.
l'agriculture organique s'est beaucoup developpe dans les annees 70 sous l'impulsion de consommateurs des villes. premiers problemes alimentaires serieux avec des empoissonnement et leurs diverses catastrophes industrielles au mercure et autres. prise de conscience que le gouvernement ne fait rien pour le bien etre des gens mais obeit a des lobbies. decouverte aussi que les traites de fin de guerre poussent le japon a accepter des importations de produits americains en grande quantite, qui se revele croissante, sans garantie sur la qualite. probleme de destructuration des campagnes ou les agriculteurs se font exploiter la moitie de l'annee dans des boulots de merde, apres avoir ameliore leur equipement en suivant les conseils gouvernementaux. jamais une aide versee par le gouvernement national (un contexte donc bien different de chez nous).
alors les consommateurs du centre ville, plutot aises, menes par des femmes a la maison haute education, se sont mis a subventionner directement les campagne.
je suppose qu'ils ne voudraient pas l'appeler comme ca, mais leur systeme de teikei ressemble a une subvention spontannee et distribuee. avec quelques moments ou la reciprocite rend l'analyse un chouilla plus complexe. j'y viendrai.
les groupements de consommateurs, c'est en general quelque chose de tres repandu au japon, plus sous forme reellement asociative avec participation active des membres. on se groupe pour avoir tel ou tel produit, pour pallier aux manques du systeme marchand habituel. donc dans l'histoire du biologique, les femmes se sont mises a discuter, se plaindre de la qualite, s'inquieter pour leurs enfants. elles se sont rassemblees et sont parties a la campagne trouver un gentil paysan qui commencait a etre greve de dettes et a devoir vendre son ame en ville. elles ont propose : vous vous convertissez a l'organique pour nous donner du bon miam miam et on discute de ce que vous plantez et on vous paie tous les mois contre ce que vous pouvez nous fournir. certains ont dit oui, et le teikei est ne.
dans certains cas, les trois premieres annees, les prix n'ont pas ete negocie, une caisse de solidarite a ete collectee pour les cas de coup dur, les paniers sont arrives de plus en plus surement et bien rempli vers les villes. au bout de quelques temps, il y a eu renegociation des prix. tous les 6 mois, les produits plantes sont discutes. un jour il y a eu, pres de kobe, des grands gels pas au bon moment, et les consommateurs ont payes pendant quelques semaines sans rien recevoir en echange. une fois en ete, il n'y avait pas de produits, mais toujours les consommateurs payaient pour que leur agriculteur vive et leur donne a manger de la bonne nourriture.
de la, le systeme s'est repandu, le reseau cree a servi de noyau a des resistance ponctuelles contre des projets d'amenagement (en particulier des golfs). c'est dans ce type de contexte de resistance qu'est nee l'idee de planter des arbres possedes en collectivites, qui sont impossibles a arracher pendant 7 ans grace a la culture shinto (et les permis de construire etant de 5 ans, c'est bien). il y a un certain nombre d'articles sur le sujet, mais en anglais, si ca interesse.
donc ca ressemble a de la subvention faite par les intellos du centre ville. en outre, les intellos allaient "aider" les agroculteurs, restaient parfois un week-end par mois sur la ferme pour apprendre a preparer les produits. les enfants allaient courir dans les pres ou ceux des paysans venaient respirer les gax d'echappement. on etait en plein annees 70-80, ca gazait a fond la collaboration entre l'urbain et le rural, l'echange de savoir et de biens sans se preoccuper des prix.
la ou la subvention n'est pas si nette est qu'a l'occasion, la reciprocite a ete accomplie plus que largement. lors du grand tremblement de terre de Kobe, ceux qui etaient en galere monstre en ville, ont vu arriver des colis des gens qu'ils avaient aide lors des grands froids, et ont meme ete nourris par des gens de plus loin, des amis de "leur" fermier. cette anecdote, meme si elle est unique, montre que la question est celle de la creation d'un lien fort, hors proximite geographique ou d'activite.
je note en passant qu'il est tres commun au japon d'avoir un ami agriculteur qui vous envoie du bon riz en cadeau. puisque les cadeaux de bouffe sont si importants.
je note aussi en passant (il faut passer) que les agriculteurs japonais ont des mains normales pour des europeens. car les japonais ont de petites mains toutes fines et jolies comme des mains de filles delicates, en general. donc pa de grosses paluches meme chez ceux de la terre.
la discussion du moment chez les agriculteurs biologiques : teikei ou certification ? apparemment, JOAA, Japanese Organic Agriculture Association, a perdu un grand nombre de membre il y a quelques annees (depuis 5) quand le gouvernement a commence a imposer les normes et certifications. pour l'instant, ils ont 60 organismes de certification de l'agriculture biologique, la plupart pas completement independant d'association de producteurs ou de groupements militants. le gouvernement tente de faire une unification des criteres et une clarification du systeme.
en face, les agriculteurs se plaignent de ne pas etre assez lisibles et de ne pas pouvoir faire assez de pub, seduire les consommateurs.
en parallele, ils ne veulent pas de l'unicite de la certification, et meme certains (les radicaux, qui ont quitte joaa) refusent tout net la certification du gouvernement.
soyons logiques : pour developper un marche de masse, si on n'a pas de reconnaissance qualite assez nette et precise (aoc et compagnie), on ne voit pas comment ca pourrait marcher.
reponse des agriculteurs zet consommateurs - on ne veut pas du marche, on veut du teikei, avec respect de la relation humaine et pas de marche (a ceux-la, pour poser des questions, il a fallu que j'explique d'abord que mes parents etaient communistes, excusez-moi les parents pour le leger detournement). ceux-la n'aident pas beaucoup a la diffusion de l'agroculture biologique et du teikei car ils sont vieux, et quand es jeunes veulent entrer dans des groupes deja constituer, ils les saoulent assez vite de principe. on n'est plus dans une epoque ou ca marche assez, ca.
deuxieme argument, plus technique et dont je ne peux pas du tout verifier la validite : la certification proposee par le gouvernement n'est pas adaptee a la production japonaise. les modeles de production autorises sont importes des etats-unis, ou la notion d'agriculture integree ne peut pas fonctionner comme au japon. ca, je suis perdue.
troisieme argument au refus : deja la norme etait pas terrible, mais la nouvelle norme va simplifier l'importation de produits organiques pour les grandes chaines. jusqu'a maintenant, l'import doit se faire en provenance de pays ou des normes existent et les produits doivent suivre ces normes. maintenant, la norme iso 65 est appliquee de facon independante des classifications des pays. certitude : pour l'instant les petits agriculteurs bio qui pour l'instant sont les seuls a tenir le marche (ou presque que les seuls) vont voir debarquer du chinois douteux qui aura des super tampon a l'entree et vont se faire balayer. enfin, ils vont se retrouver salary man la moitie de l'annee, manipule par les yakusa.
argument sur la quantite d'emmerde de la certification : les papiers a remplir sont impossible pour les vieux (le japon aime produire de l'administratif, je me sens a la maison) et les surveillances des bureaux sont completement a l'ouest - genre tous les deux mois il y a un enqueteur qui fait perdre une journee a la ferme, chouetto.
enfin, le Hashimoto Shinji qui s'est lui-meme mis a la certification dit que les competences en terme de verification sont quasi nulles (meme pour les inspecteurs emmerdants) en ce qui concerne les processus de production. seule la tracabilite des produits est assuree. pas le manque d'input pas bon.
il faut dire que meme moi, en ecoutant et en lisant des histoires de production, je me suis permis de poser des questions sur la reelle immunite des pratiques et on m'a concede qui oui, des fois la notion d'organique est limite. exemple il y a un systeme de recuperation de dechets des citadins, pour utiliser comme compost sur les cultures bio - ca me semblait aberrant puisque les citadins ne consomment pas que du bio - et donc le compost n'est pas plein que de bonnes choses. mais tout cela est complique.
bref, les personnes qui ont le plus les pieds sur terre la dedans se mettent surtout au network selling (qui ressemble beaucoup plus a ce qu'on a en france) - ils ont des amis a qui ils proposent leurs produits, avec une demande reguliere plus ou moins sous la forme d'un package ou d'une reponse a une demande ciblee - ils livrent les produits une fois par semaine - il n'y a pas d'engagement a long terme des consommateurs (pour le teikei c'est un an). bref, on retombe dans un marche, plutot sympathique, mais ou la negociation sur le type de produits plantes est moins vive. donc suivant hirschman, la voice est moins importante, et l'exit redevient le mode majeur de modification des relations. c'est pas cool pour mon boulot, ca, que le teikei disparaisse, c'est vrai qu'il y avait vraiment un mode d'organisation de la distribution alternatif au marche et interessant theoriquement. je sais le cynisme de l'universitaire n'a pas de borne quand il observe les petits humains bouger devant ses yeux.
desolee pour le manque de clarte aussi, c'est premier jet.
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