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mercredi, juin 08, 2005

kokeru, ochiru 

l'avantage des aventures aberrantes de cassage de gueule, c'est qu'on apprend que le mouvement involontaire et violent du haut vers le bas, si possible drole a regarder pour les spectateurs, c'est kokeru. que tomber simplement c'est ochiru. que faire tomber c'est otosu.
parce qu'il faut quand meme apprendre, plutot que lire du mishima tout le temps, car comme tous les auteurs vrais il ne nous apprend rien sur le japon, mais sur l'humanite, alors je suis toujours aussi perdue quand je regarde les japonais quotidiens, finalement assez peu passionnes et epris de purete, ce qui marque tant dans les volumes qui m'obsedent. et toujours ce grand mystere de pourquoi les auteurs super rigides de droite sont si beaux a lire, aussi. s'il commencait a y avoir des valeurs communes entre la droite nationaliste japonaise et la gauche europeenne, ca voudrait dire qu'il y aurait des points communs entre tous les hommes a travers toutes les cultures et les formes de quotidien developpees. entre tous ceux qui se demandent ce qu'est l'etre ensemble de l'humanite, qui developpent des recherches tres tres differents voire antagoniques, il y aurait parfois des rencontres, comme des formes de verite qui planeraient ? ce serait effrayant.
j'aime beaucoup comment le heros de mishima, hyper rationaliste, est pres a sentir des phenomenes impossibles pour lui (la transmigration des ames), et a finalement l'admettre apres juste un chouilla de torture morale. si les scientifiques etaient comme ca, on serait moins empate dans la lourdeur ideologique qu'on connait dans les sciences. le bon rationnel en est, au debut du troisieme livre a se dire "tiens, je serai curieux de voir ce que donne cette deuxieme reincarnation", presque detache. j'adore. (mais aussi parce que j'ai des gros problemes de comprehension pour cette mythologie et la morale qui y est liee /// entendons-nous la theorie du big bang aussi est une mythologie pour moi, puisque je n'en comprends ni la demonstration, ni les consequences pour la comprehension de l'univers).

tout ca pour dire que la grandeur morale est parfois mise a mal aussi au japon. deja, nous autres europeens continuons a etre tres etonnes du traitement de l'activite extra-scolaire des jeunes, qui peut prendre la forme de l'aikido, de la musique, du clown... en fait, ici, une fois qu'on a choisi une activite on ne peut pas s'en defaire avant la fin de son cycle d'etude. la perseverance, le serieux et la regularite sont les valeurs centrales - la reussite est un peu annexe (on retrouve une purete la-dedans). par contre, si l'individu ne peut vraiment pas s'adapter a une activite, par laquelle il a ete seduit en passant mais qui ne lui correspond pas dans le cadre donne, il ne peut pas partir, car cela montrerait (lui montrerait et aux autres) qu'il n'a ni perseverance, ni serieux, ni regularite. on ne change pas d'etude trop facilement non plus, je suppose (un an de geographie, un an d'histoire, un an de FLE, avant de monter sa boite de livraison de pizzas). bien sur on voit les avantages, puisque parfois la capacite declenche le plaisir, c'est dans le temps qu'on apprend a apprecier, et les activites complexes necessitent qu'on s'y accroche de toute facon. chez nous cet argument est parfois utilise, par des parents qui torturent leurs enfants durant des annees en les asseyant devant un piano plutot que de leur laisser sainement lire des bds.
[je concede a la decharge des parents accuses ici que l'individu dont je connais intimement la vie douloureuse abandonne toujours un peu trop vite et qu'il fallait effectivement pousser un peu le cochonnet.]

mais on constate quand meme qu'ici ca atteind un degre hallucinant.
en iaido, j'arrive, au bout d'une semaine on me dit que si je suis la au moment des examen, en octobre je passe le premier kyu et en mars le premier dan. personne ne sait ce que je vaut, mais si je viens regulierement, je suis recompensee par mes dan. a comprendre que si dans le systeme d'education on ne demande pas la meme chose aux gens, on ne recompense pas non plus suivant les meme criteres. juste participe. pas de grandes ecoles a selection difficile. des grandes ecoles a selection sur le fric des parents : une grande famille depuis si longtemps merite bien d'avoir des enfants encore hauts places par la suite. j'extrapole peut-etre un peu, et puis le scandale de la democratie deliquescente en france montre qu'il y a une equivalence occasionnelle entre les deux systemes.
et alors les gens qui n'ont pas envie de participer, je ne vois pas pourquoi il n'y aurait pas des mutations dans ce sens-la (genre ma pote asako avant qu'elle decouvre l'aikido, d'apres ce que j'ai compris de son histoire personelle), pas de place. pas de recompense.
cf une fois de plus le livre de miyamoto masao.

en iaido, notons en passant que l'examen du premier dan se fait maintenant en japonais, et que les potes espagnols a qui on avait propose de le passer quand ils sont arrives, on vu l'arrivee d'une nouvelle regle (en plus de la disparition de l'anglais comme langue officielle) qui est celle d'avoir vecu au moins six mois au japon pour avoir le droit d'etre grades.
regle presentee comme obligatoire et innegociable.
comme ils ont dit et repetes qu'ils ne pourraient pas revenir 3 mois de plus, tant pis pour le grade, on leur a dit que bon, on allait s'arranger pour qu'un mois de plus suffise. ca va un mois de plus ?
et puis que s'ils ne peuvent pas le faire en japonais, ok, bon on va leur faire en anglais, mais alors les questions seront plus dures.
le jeune homme etait tres tres tres enerve du micmac.
je pense qu'ils ont fait l'erreur de venir en esperant passer leur dan.
il ne faut pas venir en esperant quelque chose au japon. les choses arrivent, mais on ne sait pas pourquoi.
ce n'est peut-etre pas un pays moral, mais c'est un pays miraculeux, et ca mishima le raconte plutot bien.


[ajout
et la france, c'est moral ou miraculeux ?
http://www.liberation.fr/page.php?Article=302214
Le procès ouvert le 21 mars porte sur un système où les entreprises de BTP qui obtenaient des marchés de construction ou de rénovation de lycées en Ile-de-France entre 1989 et 1995 auraient été contraintes de verser 2% du montant des contrats pour le financement de plusieurs partis, notamment le RPR.]

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