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mercredi, janvier 04, 2006

le ramen qui pue 

Parfois il faut savoir s'arrêter sur l'évocation des lieux mythiques de la culture populaire. A quelques pas de Sanjo, sud au bord du ruisseau, on trouve le ramen le plus célèbre de la ville, identifié comme le meilleur par quelques spécialistes de mes amis. d'autres diront qu'il n'est pas le meilleur mais le plus courru, le ramen des sorties de boite ou de karaoke, un rôle central, donc.
ラーメン - ramen - est la soupe de nouilles chinoises, nourriture qui emplit le brave sans vider son porte-monnaie. elle est essentielle dans le quotidien de tous ceux qui se retrouvent loin de leur maman - femme à l'heure où leur estomac crie.
personnellement, je ne suis pas une grande fan de ramen, souvent trop salées et dont la forme m'est de loin moins sympathique que l'udon épaisse.

le ramen qui pue porte un nom évocateur dans la communauté francophone. de loin, on sent les effluves qui s'en échappent. ceux qui le connaissent témoignent d'une atmosphère très pittoresque : on peut voir le cuisinier sortir, d'un bac de plastique évoquant la poubelle, une entière colonne de boeuf, qu'il jette dans la marmite devant les clients qui attendent leur soupe. et la déguste ensuite. quand on a beaucoup bu, le dégoût n'existe plus.
de fait, de nombreux restaurants japonais nous font nous reposer la question de la relativité de la propreté, évoquée entre autres par Mary Douglas dans purity and danger - de la souillure en français. ici, j'ai eu l'occasion de m'étonner que nous passions, nous autres européens, pour des barbares indélicats et sales, tandis que tout le monde fait du bruit en mangeant sa soupe, renifle plutôt que se moucher, partage ses chaussures et son bain, que les jeunes femmes dégainent en public ces petits papiers qui aspirent la graisse superflue exhudée par la peau (j'ai essayé et c'est atroce, on passe le papier sur le nez et il se tâche de gras)... les critères se décalent. quand on pénètre dans un restaurant, on peut en général s'attendre à ce que la cuisine soit d'une saleté telle qu'aucun inspecteur de l'hygiène français n'accepterait de ressortir de l'établissement sans avoir dressé un procès verbal ou reçu un pot-de-vin conséquent. souvent les murs sont noirs de gras, le sol glissant du fait de la présence de la même substance, et seuls quelques centimètres carrés du plan de travail semblent échapper à la malédiction. laver est un geste réflexe au quotidien, fait légèrement et de façon visible (le pas de porte), c'est un travail de groupe deux fois l'an dans les espaces partagés (dojo, labo,...). bien sûr il y a des exceptions - je m'étais étonné à yamashina de voir un curry avec hotte et équipement d'une propreté impecable - certains dojo sont nettoyés de façon relativement efficace après chaque usage - certaines pièce de labo sont propres. je ne prétendrais pas que "chez nous c'est mieux", mais simplement que nous ne sommes pas si barbares que cela, nous qui comme toujours privilégions la réalité du fait sur sa démonstration.
les problèmes de communication interculturelle, alors que la toute jeune mondialisation n'a guère que 30 siècles d'histoire écrite, ne seront pas réglés si vite que ça par internet, je crains.

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