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dimanche, avril 09, 2006

des sakura aux sakura 

on ne sait plus ou donner de la tête puisqu'ils sont partout. dans une fête de bourgeois où l'on écoute de la récitation poétique traditionnelle japonaise sur des poèmes classiques traduits en anglais - ce qui sonne aussi bizarre que ça en a l'air. au bord de la rivière au-dessus de japonais ivres, le long du chemin des philosophes où les bourrasques commencent à faire une neige drue et odorante, au gosho, où le héron stoïque supporte le vent qui fait bouger la nappe de pétales sur la mare.
on aura compris que pour moi, une fois les cafards oubliés, l'animal de kyoto est ce héron - qui n'en est peut-être pas un mais qui sait faire la différence peut venir m'expliquer - qui a partout cet air flegmatique et bien campé, neutre à toutes les interpéries et activités humaines environnantes, au vol plus doux qu'un rapace et plus planant qu'un canard.
elles sont arrivées d'un coup, sans prévenir presque, et nous abandonnent vite, grappes blanches telles d'énormes flocons de neige, parfois roses et blanches sur le même arbre - et les cris fusent pour indiquer le bonheur de cette vision - le coeur se gorge de... - et l'âme s'adoucit et s'endort dans une douce somnolence quand on laisse ce ciel de pétales nous protéger du monde environnant. nous nous hâtons de sortir, souvent dans le froid hivernal qui n'a pas compris qu'il n'était plus bienvenu. hier, le désert de gobi a envahit les lieux, le soleil était un disque blanc translucide qu'on prenait pour la lune et regardait dans les yeux sans gêne, les montagne étaient cachées par un brouillard de fin du monde, rappelant le sirocco qui parfois vient frapper les rues de marseille. c'est bien le signe du départ, si le désert vient à ma porte me rappeler que la vie est partout la même.
nous mangeons des hanami no dango, pâte de mochi verte rose et blanche sur petit bâton de bois. comme toujours ici la symbolique des couleurs, si elle est traduite par un goût variant, ne se laisse pas saisir par un palais aussi rustre que le mien qui conclut au "sucré" là où l'on me vend des mochi-macha ou mochi-sakura.
aujourd'hui encore hanami. puis théâtre de marionnettes. le travail se fait la nuit, durant les insomnies du départ, la nervosité de la perte des amis et des lieux. "on le saura" répondra mon chéri qui supporte avec stoïcisme les délires fuyants de sa femme. bien sûr c'est quand on part que la valeur des choses augmentent et que la cristallisation s'amplifit.
il faut se souvenir de l'impermanence de l'existence.
et tout va mieux.

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